B. Les politiques de gestion rationnelle des
étudiants internes
Entendues comme l'ensemble des orientations et des objectifs
privilégiés par un gouvernement, une collectivité, une
entreprise publique ou un établissement public sur une question
d'intérêt public dans des domaines très variés, les
politiques publiques consistent à mobiliser les ressources publiques
financières, matérielles et humaines en vue d'atteindre une fin
donnée considérée comme collectivement
souhaitable.43
Mais dans le cadre de notre travail, les politiques peuvent
être entendues comme l'ensemble des mécanismes, des
stratégies ou des mesures que l'université pourrait mettre en
oeuvre pour une gestion rationnelle des étudiants internes.
En effet, entant qu'établissement public,
l'université peut être considérée au même
titre que tous les acteurs des politiques publiques dans le sens qu'elle a pour
mission la satisfaction de l'intérêt général. Dans
cette perspective, plusieurs politiques nécessitent d'être
évoquées dans tous les domaines pour une meilleure gestion des
étudiants internes, mais nous les avons résumées à
titre non exhaustif en ces trois grands points que voici :
a) Politique de gestion prévisionnelle des
étudiants internes
Souvent utilisée dans les sciences économiques
et de gestion, la gestion prévisionnelle consiste en
établissement de prévisions et de comparaisons
systématiques des réalisations aux prévisions. Elle
détermine les objectifs à long terme conformes à la
politique générale ou stratégie globale définie au
sommet. Dans une seconde phase, elle définit les stratégies aux
objectifs à long terme. Dans une troisième phase, elle fixe les
programmes et le budget de chaque responsable qui dans son domaine
décompose le programme à long terme et
43 Lexique d'économie, op cit,
P.662
le budget notifiés en programme à court terme et
budget détaillés par service. La gestion prévisionnelle
reproduit ainsi le schéma classique :
but-objectif-moyens.44
A cet effet, selon le contexte dans lequel nous avons pu
employer ce concept de gestion prévisionnelle dans le cadre de notre
travail, ce terme nous renvoie à la capacité d'accueil des
logements sur les cités universitaires.
Le campus avait été créé avec une
capacité d'accueil bien déterminée. En construisant les
homes et les blocs sur le campus, l'idée était de loger au moins
deux étudiants par chambre enfin que les étudiants soient
logés dans des bonnes conditions. Ce qui n'est plus le cas aujourd'hui
où les étudiants sont logés à un nombre
dépassant l'effectif prévu par le règlement d'ordre de
l'université pour une chambre.
Or, la gestion prévisionnelle telle qu'utilisée
dans notre travail suppose l'établissement d'une comparaison entre le
nombre d'étudiants logés par rapport à la capacité
d'accueil des logements sur le campus, et puis établir des
prévisions pour les années à venir en vue d'offrir aux
étudiants un logement décent. Il faudrait que l'université
puisse procéder par l'évaluation à la fin de chaque
année du nombre des pensionnaires sur les cités universitaires
par rapport à la capacité d'accueil des logis et puis
établir des prévisions pour les années à venir soit
pour construire d'autres logements ou soit limité le nombre des
pensionnaires par chambre afin d'éviter de dépasser l'effectif
des pensionnaires par chambre tel que prévu dans le règlement
d'ordre de l'université.
b) Politique de contrôle et de suivi des agents et
fonctionnaires des oeuvres estudiantines d'une part et dans le logement des
étudiants internes de
l'autre part.
? Le contrôle et suivi des agents et
fonctionnaires des oeuvres estudiantines. L'université de
Lubumbashi étant un établissement public, elle représente
l'intérêt général. Elle ne peut donc pas partager
ses responsabilités avec ses agents, dont les intérêts sont
particuliers. L'autogestion est tout à fait concevable dans l'industrie,
le commerce et l'agriculture. Mais elle ne l'est pas dans l'Administration.
L'autogestion des services publics conduirait à un transfert de pouvoir
au détriment de la collectivité et au profit des personnels.
44 Lexique de l'économie, P.439
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Aujourd'hui les cités universitaires sont
perçues comme une entreprise gérée selon la technique
d'autogestion où l'on retrouve deux structures chargées d'assurer
la gestion quotidienne des étudiants internes notamment la direction des
oeuvres estudiantines et la mairie générale. Ces structures sont
en conflit d'attributions au point que la direction des oeuvres loge les
étudiants sur le campus, tandis que la mairie générale
loge aussi. Et en plus, certains agents de la direction des oeuvres
estudiantines logent également les pensionnaires par la fraude à
l'insu du comité de gestion des oeuvres estudiantines. Alors on se
demande qui contrôle l'autre ? Ce comportement fait à ce que
l'argent qui devrait être perçu pour le compte de
l'université est détourné dans les poches des individus
suite au manque de contrôle et de suivi à leur égard. Alors
que l'université devrait définir les attributions et les missions
de chaque structure et puis, assurer le contrôle et le suivi de
manière rigoureuse pour bien gérer les étudiants
internes.
? Le contrôle et suivi dans le logement des
étudiants internes.
Le contrôle et le suivi dans le logement des
étudiants sur le campus sont indispensables pour non seulement
décourager les fraudeurs mais aussi se rendre compte de nombre de places
vacantes afin de les attribuer autres pensionnaires demandeurs de logement sur
les cités universitaires. Aujourd'hui sur le campus, n'importe qui
s'arroge le pouvoir de loger sans autorisation de la direction des oeuvres
estudiantines tout simplement parce qu'il n'existe pas le contrôle et le
suivi rigoureux pour dénicher les fraudeurs. Les maires, les
échevins et même certains agents des oeuvres estudiantines se
permettent de loger les pensionnaires afin de bénéficier de
l'argent. Les étudiants vendent leurs places après avoir
terminé leurs études ou soit lors qu'ils veulent quitter le
campus du fait que le contrôle et le suivi ne sont pas rigoureux. Cette
pratique est récurrente sur les cités universitaires avec comme
conséquence la non-maitrise de l'effectif des étudiants internes
par les gestionnaires.
c) La politique de participation des étudiants
internes à la gestion du campus. Aujourd'hui le style de
gestion qui est d'usage sur le campus c'est l'autoritarisme qui se
définit par une communication allant du haut vers le bas, des
décisions émanant du sommet sans consultation, une forte
centralisation, l'utilisation de la contrainte et de la sanction comme moyen
d'incitation entrainant un faible esprit d'équipe. Les étudiants
internes sont marginalisés et ils ne sont même pas en mesure de
présenter leurs doléances auprès des autorités
académiques qui les gèrent car jugées sans fondement par
ces dernières. Donc pour eux, l'étudiant n'a rien à dire
devant eux car tout ce qu'ils font est présumé normal. Tout
étudiant qui ose se lever pour fustiger pour les conditions de leur vie,
est soit
chassé définitivement de l'université ou
soit délogé sur le campus. Alors que les étudiants ont
aussi des besoins et des demandes qu'il faudrait soumettre à leurs
gestionnaires.
Tous les représentants des étudiants internes,
à savoir les maires, les échevins, ... sont nommés par le
recteur sans consentement des étudiants et cela fait à ce que, au
lieu que ces gens-là travaillent pour l'intérêt des
étudiants internes, ils privilégient les intérêts de
celui qui les nomme et au besoin, ils lui fournissent des informations sur tout
ce qui se passe sur les cités universitaires afin de neutraliser les
étudiants.
Le style participatif voudrait à ce que tous les
étudiants internes participent à la prise de décisions,
à la définition des objectifs, au règlement des conflits
par la désignation des représentants de leur choix à tous
les niveaux en l'occurrence au niveau de la mairie, l'échevinat, etc. Et
cela permettrait de développer un système de communication
très facile entre les étudiants internes et leurs gestionnaires
et aussi une forte coopération entre les ces deux groupes.
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