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à‰volution réglementation secteur agroalimentaire. Enjeux et contraintes pour l'acheteur.

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par Louisa Boumaza
Université Paris Sud - M2 Achat 2016
  

Disponible en mode multipage

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MÉMOIRE PROFESSIONNALISÉ

Apprentissage au sein des Galeries Lafayette

MASTER 2

Gestion de Production, Logistique, Achats Parcours cc Achat à l'international »

Tutorat pédagogique : Mme Léandra MULLER SEGARD
Maître d'apprentissage : M. Guillaume LESOUEF
Co-Jury : M. Ahmed BOUNFOUR

Septembre 2016

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REMERCIEMENTS

Je souhaite remercier sincèrement Guillaume LESOUEF, Acheteur Sénior Alimentation
et Restauration, pour m'avoir donné la chance d'intégrer son équipe tout en
m'accordant sa confiance. Je le remercie d'avoir partagé avec moi son savoir tout au
long de cette seconde année. Il m'a permis d'acquérir les connaissances théorique et
surtout pratique qu'il me manquait sur le métier d'acheteur du secteur de la distribution
et a conforté mon choix d'orientation professionnelle.

De même, je remercie chaleureusement l'ensemble de mes collaborateurs et acheteurs
de la Direction Alimentation et Restauration, pour leur accueil bienveillant ayant facilité
mon intégration, leur sympathie, leur professionnalisme et pour leur aide précieuse au
quotidien.

Enfin, je voudrais remercier tous les professeurs et les intervenants professionnels et responsables du Master 2 - Achat à l'international, pour avoir assuré la partie théorique

de la formation et tout particulièrement Léandra MULLER SEGARD, ma responsable pédagogique à l'Université Paris-Sud XI, pour son implication, ses conseils avisés, son

aide indispensable et le temps qu'elle m'a accordé durant l'année.

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INTRODUCTION

Les règles qui encadrent l'alimentation et plus précisément la santé du consommateur, ne sont pas récentes. Depuis toujours la crainte d'absorber une nourriture contaminée a provoqué une suspicion de danger mortel pour l'Homme. La sécurité alimentaire a toujours était essentielle pour l'existence en confiance des individus. Cette préoccupation s'est traduite par des recherches de méthodes de conservation, des règles, des règlements et des lois afin que l'alimentation soit manipulée en toute sécurité.

Aujourd'hui l'inquiétude du consommateur est toujours présente, et même grandissante avec la révélation et la publicité faites à des scandales comme celui de la « vache folle », les dioxines, la présence de la bactérie E.Coli dans des concombres et des pâtisseries. Face à ces risques, le public se sent désarmé et sans moyen de recourt pour contrôler lui-même la bonne qualité de son alimentation. L'efficacité des systèmes de sécurité alimentaires nationaux constitue la réponse à ces craintes et assure la protection et la sécurité des consommateurs, dans un contexte mondial du commerce des aliments. Aujourd'hui l'Union Européenne impose ainsi un cadre réglementaire précis pour l'alimentation, par une somme de règlements qualifiés de « Paquet Hygiène ». Ces textes, qui assurent règlementairement la sécurité des consommateurs, jouent également un rôle significatif dans la promotion de la santé et la compétitivité des entreprises agroalimentaires.

Ce règlement européen, appliqué à tous les Etats membres depuis le 1er janvier 2006, concerne tous les exploitants de l'alimentaire, du producteur primaire au distributeur. Il impose diverses prescriptions en matière d'hygiène, comme l'obligation de traçabilité qui permet de retracer le parcours de la denrée alimentaire. Cela permet aux professionnels, de suivre les produits qu'ils fabriquent jusqu'à leurs consommations, mais aussi d'intervenir et d'identifier la source de la contamination en cas de non-conformité. En Europe cette obligation est sous le contrôle de l'EFSA (Autorité Européenne de la Sécurité des Aliments). Ainsi, toutes les entreprises alimentaires ont la stricte obligation de mettre en place un système de traçabilité.

Au cours de mon apprentissage au sein de la Direction Alimentation et Restauration des Galeries Lafayette, la cellule achats à laquelle j'appartiens s'est fortement interrogée quant au manque de synergie avec la cellule Qualité et Hygiène lors du référencement des fournisseurs et produits. Ces interrogations ont vu le jour à la suite de problèmes sanitaires rencontrés sur des denrées commercialisées par l'entreprise.

C'est ce qui m'a amenée à approfondir mon questionnement et j'ai ainsi défini la problématique suivante pour ce mémoire de recherche :

Comment l'acheteur s'adapte-t-il dans un environnement juridique et normatif en constante évolution et sous la contrainte des changements du secteur agroalimentaire, du marché, des modes de consommation et sous celle de règles strictes en termes de qualité, d'hygiène et d'approvisionnement des produits alimentaires ?

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Les lectures pluridisciplinaires, les recherches, mon expérience et les entretiens exploratoires m'ont permis de construire une problématique et ses hypothèses. La réalisation des entrevues a permis d'aller à la rencontre de différents professionnels du milieu de l'alimentaire. J'ai ainsi pu interviewer des acheteurs et des qualiticiens. Des informations essentielles au travail de recherche ont donc ainsi étaient recueillies.

Ce mémoire dont le thème est : « Evolution de l'environnement règlementaire du secteur agroalimentaire : enjeux et contraintes pour l'acheteur. » se décompose donc en deux parties. La première va présenter le cadre théorique de ce sujet en développant les évolutions du secteur agroalimentaire allant de l'agriculture jusqu'aux règles qui le régissent puis, nous traiterons le thème de l'acheteur alimentaire et des exigences clients. Par la suite, lors de la seconde partie, nous nous focaliserons sur les réponses des entretiens menées auprès des différents professionnels des achats et de l'hygiène alimentaire et sur la validation des hypothèses.

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ABSTRACT

Keyword: Food Law - Purchaser - Quality Management - Consumer.

Any food safety incident may occur and create a major health crisis. Globalisation of the way of consuming and feeding has increased the possibility of turning a small incident into a global trouble. By being aware of this butterfly effect, food purchasers have to be able to offer safe - and meeting all the expectations - food products to the consumer.

However, those purchasers are not the only actors of the firm having the power to do so and they need the support of a solid Quality Management service to reference a product or a supplier. Furthermore, the European and French authorities have implemented a set of laws in order to frame the retail of food. They also have the power to allow or forbid the sale of any food product considered as unsafe or unfit for human consumption.

This research aims at emphasising the role of the food purchaser and how the latter manages to evolve in a constantly moving and improving legislative framework.

RESUME

Mots-clefs : Règlementation alimentaire - Acheteur - Service Qualité - Client.

Un scandale alimentaire peut voir le jour à tout moment et causer une crise sanitaire majeure. L'uniformisation des modes de consommation et d'alimentation a augmenté la probabilité qu'un incident mineur se transforme en problème international. En étant conscient de cet effet papillon, les acheteurs alimentaires doivent être capables de proposer des denrées alimentaires saines et répondant à toutes les exigences du consommateur.

Cependant, ces acheteurs ne sont pas les seuls acteurs de l'entreprise ayant ce pouvoir et ils ont besoin d'être soutenus par un Service Qualité/Hygiène solide pour référencer un produit ou un fournisseur. Par ailleurs, les autorités européenne et française ont mis en place un ensemble de lois dans le but d'encadrer la distribution de produits alimentaires. Elles ont également le pouvoir d'autoriser ou interdire la mise sur le marché d'aliments considérés comme impropres à la consommation.

Ce travail de recherche a pour objectif de mettre en exergue le rôle de l'acheteur alimentaire et comment ce dernier évolue dans un cadre réglementaire en constante évolution et amélioration.

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SOMMAIRE

CHAPITRE 1 : LE SECTEUR AGROALIMENTAIRE, ENJEUX ET CONTRAINTES 7

1.1 HISTORIQUE ET TRANSFORMATIONS STRUCTURELLES DU SECTEUR AGRICOLE DU XXEME SIECLE 7

1.1.1 Autonomie, dépendance et liens intersectoriels 8

1.1.2 Définition et origine de la sécurité alimentaire 9

1.1.3 Les indicateurs de la sécurité alimentaire 10

1.1.4 Autosuffisance et souveraineté alimentaires 10

1.1.5 Les révolutions agraires du XXème siècle 10

1.2 CONCENTRATION DE L'INDUSTRIE AGROALIMENTAIRE, UN FAIT DE LA MONDIALISATION 15

1.2.1 L'industrie agroalimentaire 15

1.2.2 Les coopératives 19

1.3 LES CONTRAINTES DU MARCHE ALIMENTAIRE ET LES MODES DE CONSOMMATION 20

1.3.1 L'achat alimentaire en France 20

1.3.2 La grande distribution 21

1.3.3 Le comportement des consommateurs 22

1.3.4 Les nouvelles denrees alimentaires (Novel Food) 24

1.4 LES EXIGENCES CLIENTS 25

1.4.1 Sécurité, traçabilité, qualité du produit 25

1.4.2 Lisibilité de l'offre 25

1.4.3 Gaspillage alimentaire et loi de transition énergétique 28

1.5 EVOLUTION DE LA REGLEMENTATION LIEE A L'HYGIENE ALIMENTAIRE 30

1.5.1 L'hygiène alimentaire 30

1.5.2 L'arrivee du paquet hygiene europeen 31

1.6 LE ROLE DES AUTORITES MINISTERIELLES 39

CHAPITRE 2 : ROLE ET SPECIFICITÉS DE L'ACHETEUR ALIMENTAIRE 41

1.1 LA DISTRIBUTION ALIMENTAIRE ET LE ROLE DE L'ACHETEUR 42

1.1.1 La place de l'acheteur de la Distribution 42

1.1.2 Les relations commerciales 43

1.1.3 Les achats alimentaires responsables 45

1.2 LE PILOTAGE DES RISQUES ACHATS 46

1 EXPLICATION DES HYPOTHESES 51

2 LA METHODOLOGIE DE RECHERCHE 52

3 LE CHOIX ET L'ANALYSE DES ENTRETIENS 53

3.1 LE CHOIX DU MODELE D'ENTRETIEN 53

3.2 LA REALISATION DES ENTRETIENS 54

3.3 LE GUIDE D'ENTRETIEN 55

3.4 L'ANALYSE DES REPONSES 56

3.5 TRANSCRIPTION DES GUIDES D'ENTRETIEN 60

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PREMIERE PARTIE : LE SECTEUR
AGRO ALIMENTAIRE, SON
ENVIRONNEMENT ET SES ACTEURS

CHAPITRE 1 : LE SECTEUR AGROALIMENTAIRE,
ENJEUX ET CONTRAINTES

1.1 HISTORIQUE ET TRANSFORMATIONS STRUCTURELLES DU SECTEUR AGRICOLE DU XXEME SIECLE

On appelle transformation structurelle le processus de développement qui accompagne et facilite la croissance économique. Quatre caractéristiques la composent (Timmer, 2009):

- le déclin de l'agriculture dans le PIB et l'emploi ;

- un exode rural causé par une forte urbanisation ;

- le développement des secteurs secondaire et tertiaire dans l'économie ;

- une transition démographique définit par « passage d'une population ayant des taux de natalité et de mortalité élevés à une population ayant des taux de natalité et de mortalité faibles », Larousse.

Malgré ce terme de déclin, le secteur agricole croit pour autant car il engendre de forts liens de croissance avec le reste de l'économie. On peut donc expliquer la transformation structurelle par un transfert des ressources agricoles vers les autres secteurs de l'économie sur une longue période (Staatz 1998). De même, les facteurs démographiques jouent eux aussi un rôle important dans la transformation d'une économie lorsqu'il s'agit de la diminution de la part de la population active agricole. Lorsque le taux de croissance de la population agricole devient négatif, on atteint un

tournant de la transformation structurelle. Par ailleurs, cette transformation est
communément associée à une diminution de la part de l'agriculture dans les statistiques macro-économiques. Dans ce secteur, ces changements sont déterminés notamment par le progrès technologique qui a impulsé nombre de révolutions agraires au cours des années grâce au remplacement du travail par du capital et à l'utilisation massive d'engrais chimiques. Cela a entrainé une forte croissance de la productivité de la terre et du travail (NB : associés au « capital », ces deux précédents termes définissent les facteurs de production en agronomie) créant un important écart de productivité entre les différents types d'agriculture dans le monde.

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Toutefois, ce modèle de transition ne peut s'appliquer à tous les pays. En Europe, ce sont les changements historiques qui ont présenté des caractéristiques le permettant : existence de secteurs pouvant intégrer ces nouveaux travailleurs sortis de l'agriculture ou possibilité pour eux de migrer vers des terres d'accueil ; transition démographique terminée ou en cours. En Afrique, il en va autrement. En effet, la transition démographique reste à venir et les secteurs secondaire et tertiaire ne pourraient absorber l'excès de main d'oeuvre. À cela s'ajoute les barrières et restrictions à l'émigration qui s'affermissent. Qui plus est, cette transformation et la hausse de a productivité agricole est rendue d'autant plus difficile du fait de la mondialisation et de la libération des échanges qui induit une baisse régulière des prix pour maintenir une certaine compétitivité à l'échelle mondiale. La conséquence directe est l'enfermement des producteurs dans une pauvreté qui les empêchent d'obtenir les moyens d'investir dans le but d'augmenter leur productivité.

Ne pouvant suivre la trajectoire de transformation sectorielle qu'a subi l'Europe, certains pays du Sud ont suivi une nouvelle direction faisant évoluer les tendances du secteur agricole local. Il s'agit d'un changement démographique qui implique une nouvelle répartition dans la constitution du revenu des foyers. Le revenu apporté par l'agriculture familiale ne suffisant plus à couvrir l'intégralité des besoins, certains membres de la famille migrent (mais non définitivement et sans transfert impactant de ressources) vers des exploitations plus performantes. Ce type d'exploitation agricole favorise le développement d'un secteur agroalimentaire entre le modèle familial et le modèle entrepreneurial.

Nous constatons donc qu'il ne peut exister qu'un seul type de transformation du secteur agricole et que ceux-ci dépendent de l'histoire des pays, des évolutions démographiques et industrielles mais aussi des changements de pensée concernant la place de l'agriculture dans la société, les questions environnementales et climatiques mais aussi la sécurité alimentaire - sujet que nous aborderons plus tard -, la santé etc.

Au delà de ces transformations du secteur agricole, nous pouvons par ailleurs nous interroger sur les corrélations entre les différents secteurs d'activités mais aussi entre production et consommation par le biais la part qui décroit de cette production directement consommé par l'agriculteur au profit de l'industrie agroalimentaire.

1.1.1 AUTONOMIE, DEPENDANCE ET LIENS INTERSECTORIELS

Alors que les agriculteurs ont toujours eu à s'adapter pour faire face aux risques et notamment ceux du marché (écarts entre offre et demande), on constate que la production alimentaire destinée à la famille - qui était la fonction première de l'agriculture - disparaît des systèmes les plus spécialisés qui ne produisent plus que pour le marché. Il est important de noter que la capacité à assurer tout ou partie de la subsistance de la famille est un des indicateurs de la performance d'un système productif agricole et particulièrement dans les contextes de défaillance des marchés et de pauvreté. Nous définirons plus tard le terme d'autosuffisance alimentaire.

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Par ailleurs, le développement de l'agriculture favorise celui de l'industrie car la modernisation de l'agriculture libère une partie de la main d'oeuvre et augmente la demande en produits industriels (mécanisation et intrants chimiques) et en services au niveau local. En effet, la croissance de la production agricole favorise la commercialisation des denrées alimentaires, ainsi que la hausse de la demande en produits et en services intermédiaires.

1.1.2 DEFINITION ET ORIGINE DE LA SECURITE ALIMENTAIRE

Le sommet mondial de l'alimentation de 1996 définit le concept de sécurité alimentaire comme tel : « La sécurité alimentaire est assurée quand toutes les personnes, en tout temps, ont économiquement, socialement et physiquement accès à une alimentation suffisante, sûre et nutritive qui satisfait leurs besoins nutritionnels et leurs préférences alimentaires pour leur permettre de mener une vie active et saine. ». On remarque que cette définition souligne les aspects quantitatif et qualitatif des ressources alimentaires en s'axant sur la disponibilité (production locale, import), l'accès à la nourriture (niveau des prix et marchés stables, infrastructures, stabilité politique du pays), la stabilité de ces deux facteurs (accès permanent et durable) et l'utilisation suffisante de ces ressources (qualité sanitaire et hygiénique, équilibre nutritionnel).

Si cette définition contemporaine prend en compte les quatre aspects précédemment cités, ce ne fut pas toujours le cas. En effet, plus de trente définitions de « sécurité alimentaire » ont été répertoriées dont la première remonte au sommet mondial de l'alimentation de 1975. Elle fait suite à la crise alimentaire rencontrée entre 1973 et 1974. Cette crise alimentaire causera 100 000 morts de famine au Sahel et tout autant en Ethiopie suite à la sècheresse s'abatant sur le pays cette même année. La préoccupation de l'époque est alors principalement l'approvisionnement et donc sur l'accès et la disponibilité des ressources alimentaires au niveau mondial.

Cette première définition explique alors la sécurité alimentaire comme « la capacité de tout temps d'approvisionner le monde en produits de base, pour soutenir une croissance de la consommation alimentaire, tout en maîtrisant les fluctuations et les prix. ».

Ce n'est qu'au début des années 80 que l'aspect qualitatif de l'alimentation a commencé à être pris en compte et que l'équilibre nutritionnel ainsi que l'hygiène alimentaire sont venus compléter les premières définitions du concept. C'est d'ailleurs sur cet aspect sanitaire que l'accent est aujourd'hui mis par les pays développés et notamment par la Commission européenne dont la politique de sécurité alimentaire consiste à garantir l'hygiène des ressources alimentaires « de la fourche à la fourchette ».

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1.1.3 LES INDICATEURS DE LA SECURITE ALIMENTAIRE

Ceux-ci ont pour objet de rendre compte des différents aspects de l'insécurité alimentaire. Ils ont été sélectionnés en fonction de la disponibilité des données de sorte à permettre des comparaisons entre les régions et au fil du temps.

Ces indicateurs sont également classés selon les quatre dimensions de la sécurité alimentaire - disponibilité, accès, utilisation et stabilité.

1.1.4 AUTOSUFFISANCE ET SOUVERAINETE ALIMENTAIRES

Ces deux termes peuvent prêter à confusion et sont souvent associés à celui de « sécurité alimentaire ». L'autosuffisance alimentaire est la capacité d'un pays à satisfaire tous les besoins alimentaires par la production nationale. Cette définition a donc une forte connotation politique et est souvent le reflet de la volonté d'un pays d'acquérir une certaine autonomie (voire un souhait d'autarcie). Elle présente l'avantage de préserver les pays des fluctuations du commerce international et des variations de prix des denrées agricoles. Elle doit également permettre de garantir au pays de disposer en permanence de suffisamment d'aliments pour nourrir sa population. Pour autant, cette politique présente un risque élevé. Le pays devient dépendant du moindre aléa climatique le rendant ensuite tributaire de l'aide humanitaire et des importations.

La souveraineté alimentaire, quant à elle, traduit le « droit international des populations, de leurs États ou Unions à définir leur politique agricole et alimentaire, sans dumping vis-à-vis des pays tiers. » (Définition également tirée du Sommet Mondial de l'alimentation de 1996). Là aussi, la portée politique est particulièrement présente. La souveraineté alimentaire est donc le droit des pays de mettre en place les politiques agricoles les mieux adaptées à leurs populations en prenant en compte les objectifs de sécurité alimentaire (approvisionnement, protection douanières) et les enjeux sociopolitiques (accès à la terre).

Elle s'inscrit dans le mouvement altermondialiste qui prône le retour à une agriculture locale dont l'impact aurait une efficacité environnementale, économique et sociale à opposer avec l'agriculture de masse et les bouleversements qu'elle occasionne.

1.1.5 LES REVOLUTIONS AGRAIRES DU XXEME SIECLE

Comme évoqué précédemment, les transformations sectorielles ont eu pour effet d'engendrer des révolutions agraires. Nous verrons ici les principales évolutions ayant marqué le XXème siècle.

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1.1.5.1 DES LA FIN DU XIXEME SIECLE ET AU COURS DU XXEME SIECLE, UN PROCESSUS DE DIFFERENCIATION DES AGRICULTURES DU MONDE S'OPERE, LES INEGALITES DES NIVEAUX DE PRODUCTIVITE S'ACCROISSENT

A la fin du XIXème siècle, en Europe du Nord-Ouest et aux Etats-Unis, les agriculteurs adoptent de nouveaux matériels mécaniques à traction animale (brabants, faucheuses, moissonneuses..). Entre un agriculteur produisant encore manuellement (il en existe en Europe, aux Etats-Unis, en Asie, en Afrique) et un autre adepte des techniques modernes, il existe une différence de productivité qui va de 1 à 10 (Mazoyer, 2001). Au cours du XXème siècle, la modernisation des exploitations agricoles s'accélère fortement dans ces mêmes pays avec la motorisation, la sélection, la fertilisation minérale et les traitements. Une différenciation très forte s'opère alors entre les agricultures du monde. A la fin du XXème siècle, cette différence de productivité entre un agriculteur manuel d'Afrique et un céréaliculteur d'Europe varie de 1 à 500. Aujourd'hui, celle-ci va de 1 à 1000 entre un paysan d'Afrique qui peut produire 10 quintaux-céréale/ha par travailleur et par an sur un maximum de un hectare et un céréaliculteur européen ou américain qui produit 100 quintaux sur 100 ha et par an. (Michel Cépède, 1973). Le problème étant que les produits issus de ces types d'agricultures très différentes se retrouvent en concurrence dans le processus de mondialisation actuelle.

1.1.5.2 DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE A 2007, LA DIMINUTION PROGRESSIVE DU PRIX DES PRODUITS AGRICOLES ET L'EFFRITEMENT DE L'HEGEMONIE DE L'AGRICULTURE

AMERICAINE

Au cours du XXème siècle, grâce à la maîtrise de nouvelles techniques et à ses grandes exploitations, l'agriculture américaine est devenue la principale pourvoyeuse de céréales et d'oléagineux (soja) sur le marché mondial. Mais, progressivement, des concurrents apparaissent : le Canada, l'Australie, et les pays de la Communauté Européenne. Cette dernière, avec un système de protection tarifaire à ses frontières et la possibilité de subventionner ses exportations sur le marché mondial, menace l'hégémonie de l'agriculture américaine dans le secteur des céréales. Durant les années 1982-1984, une crise économique affecte une partie importante des agriculteurs américains. Le système de subvention des Etats-Unis n'est pas suffisant pour protéger le secteur agricole américain contre la concurrence d'autres agricultures, dont celle des pays européens. Durant les années 90 apparaît, de manière plus nette encore, la concurrence d'autres agricultures du monde (Argentine, Brésil, Ukraine...). Celles-ci mobilisent les mêmes techniques agricoles qu'aux Etats-Unis et qu'en Europe. En outre, elles bénéficient de conditions agronomiques favorables, de très grandes structures d'exploitation et surtout d'une main d'oeuvre bon marché. Les prix mondiaux des céréales ont tendance à s'établir sur la base des coûts du groupe de pays ayant les coûts de production les plus bas.

Entre 1947 et l'an 2000, sur le marché mondial, les prix des céréales, et de manière générale de tous les produits agricoles diminuent, sous l'effet de la modernisation

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technique dans les pays développés puis dans certains pays émergeants. Mais il faut noter que cette concurrence se réalise sur le marché mondial qui représente à peu prés 10 à 12 % des produits agricoles consommés dans le monde. Même si la quantité de produits agricoles échangés sur ce marché mondial n'est pas conséquente, elle joue un rôle important pour les agricultures et les économies nationales, tout particulièrement lorsque les marchés nationaux sont ouverts, dans la logique de libre-échangisme.

1.1.5.3 LES ANNEES SOIXANTE DIX : REVOLUTION VERTE, AUGMENTATION DE LA PRODUCTION AGRICOLE MONDIALE ET CRISES ALIMENTAIRES (1972-74)

Dans les années soixante dix, de nombreux pays protègent leurs agricultures (prélèvements variables à l'importation) contre le marché mondial en proie à une baisse tendancielle des prix. Certains États mettent en place des offices des céréales pour contrôler importations et exportations, des caisses de stabilisation pour garantir l'équilibre des prix. Les pays décolonisés construisent leur État et tentent de développer leur autosuffisance alimentaire.

Au cours de la période 1972-1974, la sécheresse touche le Sahel, l'Argentine, l'Australie et l'URSS. En 1972, la production mondiale des céréales a baissé de 42 millions de tonnes, dont la moitié dans les pays développés et la moitié dans les pays en développement. En août 1973, l'annonce par la Commission Internationale du Blé de la diminution des stocks déclenche une flambée des prix des céréales au niveau mondial (la tonne de blé atteindra 177 dollars la tonne en 1973-74 contre 60 dollars la tonne en 1971-72). De fait, le prix des autres céréales présentes sur le marché mondial s'élève. La spéculation va bon train au niveau international mais aussi au niveau local. Cette hausse du prix des vivres dans de nombreux pays va durcir les conditions de vie des populations pauvres et entraîner une dégradation de la nutrition. En 1973, la production de céréales fait un bond de 100 millions de tonnes. Ceci reste insuffisant pour faire baisser les prix. Puis, en 1974, le premier choc pétrolier augmente considérablement le coût des facteurs de production et d'échange : le transport et les intrants (le prix des engrais triple en un an).

Les autorités nationales et la communauté internationale ne sont pas préparées à affronter une crise d'une telle ampleur. La famine au Sahel fait près de 100 000 morts comme évoqué précédemment. En Éthiopie, entre 1972 et 1974, une grande sécheresse s'abat sur ce pays. L'aide internationale arrive trop tard. L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (la FAO) dresse le bilan humain : entre 50 000 et 200 000 morts. On constate également une grande inégalité entre les régions touchées au sein du pays : les produits alimentaires disponibles et restant à des prix abordables n'ont pas circulé (source FAO).

Mais, globalement, durant ces années 60-70, les pays en développement accroissent de manière considérable leur production. Sur la période 1963-1983, la production de riz des pays émergeants augmente de 3,1 % par an, celle de blé de 5,1 %, et celle de maïs de 3,8 %. La production augmente plus rapidement que le taux de croissance de la

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population. Les pays asiatiques profitent mieux de la révolution verte. Après avoir beaucoup investi dans les infrastructures nécessaires au développement agricole dans les années 60-70, la Chine va réformer son système agraire en redonnant une place centrale aux exploitations familiales. Protégée des fluctuations des marchés internationaux, la Chine fait décoller sa production : 3% de progression par an, en incluant les années de la révolution culturelle durant cette décennie. (Bilan FAO 2000) En Afrique, la théorie prônant la primauté de l'industrialisation comme base de développement national essuie des échecs. Les États contrôlent le développement de l'agriculture plutôt qu'ils n'accompagnent et soutiennent les efforts des paysans et ruraux. Par ailleurs, les efforts pour produire et vendre sur le marché international ne sont pas des garantis de succès, notamment en raison de la diminution des prix des produits tropicaux (arachide, café, cacao...).

Face à ces différentes crises, la communauté internationale se mobilise. Le Comité permanent Inter États de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS) est créé. La conférence Mondiale de l'alimentation de 1974 met en place de nouveaux instruments et institutions pour soutenir des projets agricoles (FIDA), pour surveiller les situations et les stocks nationaux et mondiaux (SMIAR), pour alerter les institutions, pour créer un programme de réserves pour les situations d'urgence.

1.1.5.4 LES ANNEES 80 : LIBERALISATION ET DEMANTELEMENT DES POLITIQUES NATIONALES DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT

Suite au second choc pétrolier de 1979, les pays développés adoptent des politiques budgétaires et monétaires d'austérité. Ils réduisent leurs importations. Les produits de base et les produits tropicaux subissent une forte baisse. Le crédit international se tarie. L'entrée de crédits dans les pays en développement a pratiquement cessé. Les pays qui avaient emprunté dans les années 70, ne peuvent plus assurer le remboursement de la dette (en Amérique latine et en Afrique principalement).

Le Fond Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale optent pour l'application des recettes prônées par les économistes néoclassiques. Il convient de rétablir une situation stable pour l'économie en réduisant les dépenses budgétaires et les importations. « Les Programmes d'Ajustement Structurels (PAS), imposés à beaucoup de pays par les organismes de prêts internationaux, sont devenus le remède auquel les gouvernements devaient obligatoirement recourir pour guérir l'économie malade de leur pays » note la FAO dans le bilan de ces années. Ces réformes provoquent dans de nombreux pays en développement des chocs économiques et sociaux terribles. « Les programmes publics de soutien à l'agriculture ont été réduits ou abandonnés, à commencer par ceux qui aidaient les pauvres sans pouvoir politique. » note encore les responsables de la FAO. Les politiques agricoles sont démantelées. Ces PAS réduisent considérablement l'intervention des États en matière d"agriculture (développement agricole, régulation des marchés, prêts et crédits, contrôle sanitaire, qualité des produits...). L'idée centrale des PAS concernant l'agriculture est de jouer l'avantage comparatif des pays du Sud en concentrant les efforts sur certaines productions et en important du marché mondial les autres produits agricoles. Ceci doit créer des conditions

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de vie favorables pour les consommateurs qui bénéficieront des produits au meilleur prix sur le marché international et aussi aux agriculteurs qui orienteront leur production vers les marchés les plus porteurs, en fonction des signes du marché. Ce corpus idéologique et politique méprise la nature et les conditions de la production alimentaire, les marchés agricoles, les populations en place. Mais, sous les injonctions des organisations financières internationales, et avec l'acceptation d'une partie des élites locales intéressées économiquement par les mouvements d'importation et d'exportation, les barrières tarifaires des produits agricoles sont considérablement réduites.

Pour chacun des États, les impératifs du moment repoussent dans le temps les achats d'intrants, l'amélioration des systèmes agricoles et de la commercialisation. Tout cela a comme effet une diminution de la productivité de l'agriculture. Dans les pays en développement, la croissance des productions agricoles diminue par rapport à la période des années 70. En Amérique latine et dans les Caraïbes, durant les années 90, le taux de croissance est tombé à 2,2 % par an contre 3,5 dans les années 70. En Afrique, le taux de croissance de la production est inférieur à celui de la population et de nombreux pays deviennent très dépendants des importations et du marché mondial. Ceci est lié aux effets des PAS, aux politiques nationales suivies et au ralentissement de la production agricole, mais également une forte pression démographique.

Il est intéressant de noter que, durant cette décennie, un pays comme la Chine, hors des pressions du FMI, de la Banque Mondiale et du GATT, continue avec sa monnaie et son marché interne, avec sa politique agricole et alimentaire et aussi avec la mobilisation de sa paysannerie, à augmenter sa production agricole de près de 8% par an. Le Vietnam reste relativement réticent vis à vis du FMI et de la Banque Mondiale. Il signe néanmoins un Plan d'Ajustement en 1994 mais utilise peu les financements proposés. Il se protège relativement des importations agricoles. Il rentre tardivement dans l'OMC. La réforme de la propriété agricole, la décollectivatisation, et l'organisation des marchés agricoles ont permis au Vietnam de passer d'un pays ayant un déficit alimentaire au début des années 1980 à une situation de deuxième exportateur de riz et de premier exportateur de café (devant le Brésil) au niveau mondial. Le thé et le caoutchouc font également partie des biens les plus produits de l'agriculture vietnamienne.

1.1.5.5 L'ENTREE DE L'AGRICULTURE DANS LES NEGOCIATIONS DU GATT (ACCORD GENERAL SUR LES TARIFS DOUANIERS ET LE

COMMERCE)

Au milieu des années 80, les grandes entreprises agroalimentaires américaines, comme Cargill, et des responsables politiques, comme Ronald Reagan, sont à la pointe de l'offensive pour faire entrer l'agriculture dans les négociations du GATT, à l'occasion du lancement de l'Uruguay Round en 1986. L'objectif affiché est de favoriser les échanges alimentaires au niveau international en diminuant les barrières tarifaires. Le but ultime étant la suppression des subventions aux exportations dans un délai de dix ans. C'est alors la promotion du « libre marché ». Les responsables politiques américains répètent à loisir ce slogan dans toutes les instances internationales et dans les médias. Ils développent un argumentaire simple, efficace, qui fait forte impression. Mais appliquent-

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ils le libre-échangisme à leurs propres produits agricoles ? Cela, en vérité, est une toute autre histoire. En effet, les Etats-Unis ont mis au point un système de soutien direct pour leurs agriculteurs. Ce système est compatible avec la définition, arrêtée par le GATT, de « subvention ne créant pas de perturbation sur les marchés ». Ce sont bien entendu les États-Unis qui ont défini et fait adopter cette notion par les instances du GATT. Les aides directes données aux agriculteurs, indépendamment de leur volume de production, sont classées dans cette catégorie.

Exporter sur la base d'un prix interne, même inférieur au coût de production est compatible avec les règles du GATT. (Joseph Rocher). Cela permet aux Etats-Unis d'avoir ainsi un prix interne faible et de pouvoir se protéger des importations sur leur territoire, de pouvoir aussi exporter « sans subvention » à l'exportation (le prix pratiqué sur le marché de consommation intérieur étant proche du prix du marché mondial). Des années sont nécessaires pour que les autres négociateurs et une partie de la société civile comprennent la supercherie. L'Europe se plie aux nouvelles règles et adopte, progressivement au cours des années 90, un système similaire lui permettant de continuer de subventionner indirectement une partie des produits mis sur le marché mondial.

En fait, ce sont les pays en développement (Afrique surtout, certains pays d'Asie, d'Amérique latine) qui diminuent leurs droits de douane, et qui importent de plus en plus de blé, de maïs, de riz, de produits laitiers, de viande venant de pays à agricultures subventionnées ou de pays en transition économique (Brésil, Thaïlande, Argentine, Urugua). D'une manière générale, les Pays en Voie de Développement (PVD) ne peuvent guère profiter des la libéralisation partielle des marchés du Nord : ils n'arrivent pas à satisfaire les normes techniques et sanitaires imposées par les Pays Développés. A l'inverse, à l'heure des accidents sanitaires, les consommateurs des classes favorisées de PVD ou pays en transition marquent une nette préférence pour les produits alimentaires originaires des Pays Développés.

La mondialisation n'a pas eu pour seul effet l'ouverture des marchés à l'international. Elle a également concentré le secteur de l'industrie agroalimentaire à la tête duquel nous retrouvons un petit nombre de leaders qui font l'essentiel de ce marché.

1.2 CONCENTRATION DE L'INDUSTRIE AGROALIMENTAIRE, UN FAIT DE LA MONDIALISATION

1.2.1 L'INDUSTRIE AGROALIMENTAIRE

Depuis le début du XXe siècle, l'industrie agroalimentaire (IAA) a connu un long processus de concentration dicté par la quête des économies d'échelle : produire plus pour faire baisser les coûts. Fusions et acquisitions ont conduit à l'émergence de grandes multinationales issues d'un petit groupe de pays : Etats-Unis et Europe principalement.

16

Un constat : 80 % du chiffre d'affaires est détenu par 2 % des sociétés mais ce secteur est cependant particulièrement concurrentiel. Aucune société, même parmi les quinze plus grandes, ne se trouve en situation de monopole. Et celles-ci représentent un peu plus de 10 % du chiffre d'affaires du secteur à l'échelle mondiale (Source : étude Deloitte « Les Champions industriels des produits de consommation 2015 » sur l'année 2013). Les chiffres d'affaires indiqués ci-après dans le Tableau 1, sont en milliers de dollars, n'incluent que l'activité agroalimentaire des groupes cités.

Tableau 1 : Les quinze plus grands groupes agroalimentaires mondiaux

Rang

Entreprise

Chiffres
d'affaires
2013 (K$)

Marge
nette

2013

Pays
d'origine

Type de produits

1

Nestlé SA

99 485

11,3%

Suisse

Eaux, boissons,
produits laitiers,
nutrition et glaces,
plats préparés et
aides culinaires,
chocolat, confiserie et
biscuits, petfoods

2

PepsiCo, Inc.

66 415

10,6%

Etats-Unis

Boissons rafraîchissantes sans alcool, produits de grignotage, céréales pour petit déjeuner

3

The Coca-Cola
Company

46 854

18,4%

Etats-Unis

Boissons
rafraîchissantes sans
alcool, eau
embouteillée

4

JBS S.A.

43 306

1,2%

Brésil

Produits à base de
viandes

5

Anheuser-Busch

43 195

38,2%

Belgique

Bière

17

6

Mondelez
International Inc.

35 299

11,1%

Etats-Unis

Suite à la scission de
Kraft Foods Inc. :
chocolat et produits de
confiserie,
transformation du
café, biscuiterie,
boulangerie
industrielle, fabrication
de fromages

7

Tyson Food Inc.

34 374

2,3%

Etats-Unis

Elevage porcin, bovin
et avicole,
transformation de la
viande, plats préparés
à base de viande

8

Mars Inc.

33 000

-

Etats-Unis

Chocolat et produits
de confiserie,
alimentation pour
animaux de
compagnie, riz, plats
préparés, boissons

9

Danone

28 289

7,3%

France

produits laitiers, eaux
minérales,
alimentation infantile,
nutrition médicale

10

Heineken

25 507

8,2%

Pays-Bas

Bière

11

Lactalis

21 252

-

France

Produits laitiers

12

Suntory Holdings
Limited

20 932

10,4

Japon

Boissons

rafraîchissantes sans
alcool, et alcoolisées

12

Fomento Econoìmico
Mexicano, S.A.B. de
C.V. (FEMSA)

20 149

8,6%

Mexique

Bière

18

13

Cargill Meat
Solutions
Corporation

20 000

-

Etats-Unis

Nutrition animale,
ingrédients
alimentaires,
trituration
d'oléagineux, produits
à base de viande,

14

Kirin, Holding
Company, Limited

19 943

5,3%

Japon

Bière

15

Kraft Foods, Group,

Inc.

18 218

14,9%

Etats-Unis

Fabrication de
fromages, charcuterie,
transformation de café

NB : Unilever Group (66 143 millions de dollars de chiffre d'affaites en 2013) est classé dans le secteur de la cosmétique et de l'hygiène d'où son absence dans le classement des entreprises agroalimentaires.

Ces multinationales ont un poids important sur les filières de production grâce à leurs puissants volumes d'achats, renforcée par des super-centrales. Leur développement, très rapide depuis le milieu des années 90 dans les pays en développement, est la raison première de la mondialisation du système alimentaire.

C'est au total près de quarante très grandes firmes qui dominent le système alimentaire mondial. Elles sont toutes (exceptées deux d'entre elles) parmi les cinq-cents principales entreprises industrielles et de services et se répartissent de manière équilibrée entre l'industrie agroalimentaire, l'agrofourniture et la distribution/restauration. Celles-ci engendrent des profits, de l'ordre de quarante à soixante milliards de dollars par an, nettement supérieurs aux valeurs ajoutées de l'ensemble des filières agroalimentaires de nombreux pays sur terre. À noter, en France, au Brésil et en Chine, la valeur ajoutée de cette industrie est comprise entre trente-cinq et quarante-cinq milliards de dollars. Par ailleurs, les marges globales constituent le levier stratégique de ces entreprises, leur importance et leur croissance offrent progressivement à cet oligopole la maîtrise du système marchand dans tous les pays où il est constaté.

Ci-dessous, les quinze premiers groupes agroalimentaires français :

1) Danone

2) Groupe Lactalis

3) Pernod Ricard S.A.

4) Tereos

5) Groupe Terrena

6) Groupe Bigard S.A.

7) Sodiaal Union

8) Moët Hennessy (groupe LVMH)

9) Bongrain SA

10)

19

Groupe Soufflet

11) Vivescia

12) Agrial

13) Pôle Industriel des Mousquetaires

14) Axéréal

15) Roquette Frères

1.2.2 LES COOPERATIVES

On constate qu'en France, les organismes coopératifs de l'IAA représentent 16,7 % de la valeur du secteur soit 18,8 % des effectifs salariés qui plus est (source INSEE). Sur les quinze principales entreprises françaises du secteur agroalimentaire, on retrouve six groupes coopératifs (Tereos, Groupe Terrena, Sodiaal Union, Vivescia, Agrial et Axereal). Ces organismes, dont seule la maison-mère possède le statut coopératif, se constituent par la fusion ou création de filiales communes leur permettant ainsi de renforcer leur position par croissance externe. On pourra noter l'exemple français de Sodiaal Union (produits laitiers) qui a après avoir repris Entremont Alliance a absorbé les Fromageries Blâmont et le groupe laitier 3A entre 2010 et 2013. Ces fusions permettent notamment à ses groupes de pénétrer les marchés étrangers par rachat (total ou de parts) d'industriels étrangers.

Cette concentration se retrouve par conséquent dans la distribution des biens produits mais également dans le circuit de la restauration où ces industriels mastodontes dominent le marché.

Ce qu'il faut retenir :

Les bouleversements du secteur agricole, les révolutions agraires et les changements structurels ont eu pour effet une globalisation de l'agriculture et des échanges. Cette mondialisation s'est de fait retrouvée lors de la distribution des denrées alimentaires.

Des acteurs internationaux ont pris le pouvoir créant une concentration dans l'industrie agroalimentaire : un petit nombre d'entreprises transforme et commercialise la majorité des denrées alimentaire du marché actuel.

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1.3 LES CONTRAINTES DU MARCHE ALIMENTAIRE ET LES MODES DE CONSOMMATION

1.3.1 L'ACHAT ALIMENTAIRE EN FRANCE

En France en 2012, le poste alimentation représentait 13,4% des dépenses de consommation des ménages (Source : Ministère de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt). Cette donnée, stable depuis 2000, propulse l'alimentation au troisième rang des dépenses derrière le logement et le transport. Cela représente 156,3 milliards d'euros sur une consommation totale des ménages de 1 500 milliards d'euros (Source : Insee). Ce sont les grandes surfaces d'alimentation générale qui représentent le principal circuit de distribution des produits alimentaires, elles commercialisent un peu moins des deux tiers de ces produits. En revanche, les ventes hors grandes surfaces alimentaires ne représentent que 6% des ventes totales alimentaires malgré une légère progression (+0,8 points entre 2010 et 2012). La part des petites surfaces alimentaires reste stable à 7,2 % en 2012 quand celle des commerces alimentaires spécialisés, y compris l'artisanat commercial, s'élève à 18,5 %, en hausse de 0,1 point par rapport à 2010 après une baisse au début des années 2000.

Les grandes surfaces, supermarchés comme hypermarchés, apparaissent en perte de vitesse, elles sont concurrencées par les magasins de proximité spécialisés dans l'alimentaire.

Figure 1 : Parts de marché de la distribution alimentaire selon les circuits en 2012

19%

Grandes surfaces d'alimentation générale Alimentation spécialisée et artisanat commercial Petites surfaces d'alimentation générale Autres ventes au détail

7%

10%

64%

Source : INSEE, comptes du commerce

21

1.3.2 LA GRANDE DISTRIBUTION

Les acteurs

La concentration du secteur agroalimentaire se retrouve également à l'échelle des grandes surfaces alimentaires. On différencie deux modèles d'organisation : les intégrés et les indépendants principalement représentés par six grands acteurs qui possèdent 80% des parts de marché en France.

C'est à partir des années 1960 que deux types d'organisation entrent en concurrence en France: le modèle indépendant et le modèle intégré.

Les magasins des distributeurs indépendants, que sont les groupes E. Leclerc, Intermarché et Système U, sont regroupés au sein d'une association d'entrepreneurs juridiquement et financièrement indépendants les uns des autres. Le groupement est géréì par les actionnaires adhérents, les propriétaires, selon un système mutualiste. L'objet du groupe est de mettre en commun les moyens financiers, le comportement commercial et une centrale d'achat. Dans les groupes intégrés comme Auchan, Carrefour et Casino tous les magasins de l'enseigne appartiennent au groupe qui décide de la politique commerciale du magasin. Ces chaînes sont gérées de manière centralisée.

Une offre qui se diversifie

Au regard des évolutions des ventes et donc des attentes des consommateurs, la plupart des groupes ont réfléchi à des concepts différents du modèle historique de grande surface.

Ainsi certains groupes ont développéì des « supermarchés de proximité » : Carrefour Market et Franprix (groupe Casino) notamment. Ces magasins, dont l'offre de produits est relativement homogène, entrent en concurrence avec le petit commerce indépendant. Parallèlement, les groupes de la grande distribution proposent désormais la vente à distance par internet. C'est le drive alimentaire, qui consiste pour le client à commander les produits sur internet et à venir les retirer en magasin ou dans un entrepôt indépendant. En avril 2012, on comptabilise 1 000 drives en France, puis 2 000 en mars 2013. Début 2014, le drive approche les 3 000 unités. Le marché pèse 3,8 milliards d'euros, avec deux leaders, Leclerc et Auchan, qui pèseraient respectivement 1,5 et 1 milliard d'euros. La part de marché du drive dans l'univers des produits de grande consommation est passée de 0,7% en janvier 2011 à 3,9% en janvier 2014.

Les marques de distributeurs qui se développent

Les marques de distributeurs (MDD) ont été créées au début des années 1980 et ont connu une forte évolution. Leur part en volume dans les ventes des hypers et des supers est de 17% en 1993, 34% en 2007 et leur part de marché en volume gagne dix points entre 2000 et 2007. Ce développement est aujourd'hui enrayé : le marché des MDD a cessé de croître et diminue depuis 2010. Ces chiffres masquent toutefois une très forte hétérogénéité du taux de pénétration des MDD par catégorie de produits, avec par exemple 55% pour la saurisserie et la charcuterie, 43% pour les fromages et seulement 22% pour les boissons.

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Les écarts de prix entre les MDD et les marques nationales ne cessent de diminuer. Alors qu'en 2008 cet écart était d'environ 20% et pouvait atteindre jusqu'à 40%, il se situe actuellement entre 10 et 20% (Source : Agra alimentation, n° 2283). Cette situation et les crises sanitaires qui ont fortement atteint l'image de l'industrie agroalimentaire ont conduit le consommateur à davantage se tourner vers les marques nationales.

A noter, cette stagnation du marché des MDD est une exception française, il se développe partout ailleurs en Europe.

Le hard discount

Après une période d'essor en 2008 et 2009, le hard discount connaît, en France, une diminution de ses parts de marché, tombées de 15 % en 2009 à 12,4 % à la mi-juin 2013 (Source : Kantar Worldpanel). Cette diminution s'explique notamment par la pression exercée sur les prix par les enseignes traditionnelles et par le fait que les magasins de hard discount ont été les plus inflationnistes, sans doute en raison de marges déjàÌ faibles les empêchant d'amortir autant que les autres formes de distribution les hausses des prix alimentaires.

Les principales enseignes de hard discount (Lidl, Aldi, Leader Price et Netto par exemple) ont ainsi choisi d'abandonner leurs politiques tarifaires agressives au profit de concepts davantage orientés vers la proximité et plus qualitatifs.

1.3.3 LE COMPORTEMENT DES CONSOMMATEURS

Le comportement alimentaire des Français face à l'achat alimentaire et aux différentes formes de distribution influence les politiques des distributeurs. Le contexte et les évolutions des comportements de consommation peuvent être analysés comme une cause de la guerre des prix et du développement des supermarchés de proximité.

Le rapport du consommateur aux différents types de commerce

En novembre 2013, Harris interactive a interrogé les Français sur leurs usages de consommation et leur rapport aux commerces de proximité. La grande distribution apparaît comme le type de commerce le plus fréquenté par les Français, 98% d'entre eux disent y faire leur achat contre 85% dans le commerce de proximité. De plus, les deux critères les plus importants dans la décision d'achats des Français sont la qualité des produits (67%) et le prix (60%). Alors que l'analyse de la caractéristique prix vérifie ce résultat, 79% des Français associant les prix attractifs aux grandes surfaces, l'attribut « produits de bonne qualitéì » caractérise d'abord le commerce de proximité selon 80% des sondés. Il convient de noter que le commerce de proximité regroupe aussi bien les superettes, propriétés des grands groupes, et les artisans commerçants et c'est essentiellement à ces derniers qu'est associée cette image de produit de bonne qualité.

Cette étude met en avant le souci de qualité et de proximité recherché par les Français et peut expliquer la perte de vitesse des grandes surfaces. La meilleure résistance du commerce de proximité s'explique également par une progression de la recherche de

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lien social. La grande distribution cherche à répondre à ces nouvelles attentes des consommateurs : certaines enseignes ont développé des labels garantissant un produit de qualité et une origine locale (la tendance est au locavore, comprenez « manger local »). De plus, les enseignes ont réagi en mettant l'accent sur la proximité en développant un réseau de superettes.

L'évolution de la consommation alimentaire

Le pouvoir d'achat des ménages a inexorablement diminué. Les ménages ont dû faire des choix dans leurs dépenses et notamment dans leurs achats alimentaires. Ils adoptent un comportement d'achat plus rationnel, ils arbitrent davantage entre enseignes, entre marques, entre conditionnements mais également entre familles de produits. Ainsi, une diminution de la consommation de viande rouge est constatée alors que celle de viande blanche augmente ; le même phénomène s'observe pour le frais et la conserve. Les consommateurs consacrent davantage de temps aux courses alimentaires, ils comparent les prix au kilo et préfèrent acheter en grande quantité pour stocker. L'évolution des prix et donc le pouvoir d'achat des ménages semble être déterminant quant aux changements des comportements alimentaires des ménages français, et ce plus que les facteurs culturels ou diététiques. C'est dans ce contexte de diminution du pouvoir d'achat des ménages que certaines enseignes ont initié un mouvement de défense des consommateurs et de garantie des prix les plus bas chaque fois que c'est possible, amplifiant ainsi la guerre des prix.

Un retour aux plats « maison » est observé : les ménages se réapproprient une partie du cycle de préparation des aliments, les plats préparés à la maison revenant moins chers aux ménages que les plats tout préparés (Source : « Crise économique et comportements de consommation alimentaire des Français », FranceAgriMer).

Malgré un pouvoir d'achat contraint, beaucoup désignent la qualité des produits comme critère le plus important au moment de l'achat. De même, la proximitéì des lieux de production et la protection de l'environnement apparaissent toujours comme des critères déterminants au moment de l'achat. 64% des Français se déclarent prêts à payer plus cher des produits « fabriqués en France ». La caractéristique « issu de l'agriculture biologique » est également incitative mais dans une moindre mesure, elle est citée par 39% des Français.

Cette volonté de proximité explique le développement des circuits courts et la fréquentation des marchés, 63% des Français indiquent acheter des produits d'alimentation directement aux producteurs. Il y a un double avantage pour les consommateurs qui s'assurent de la traçabilitéì des produits qu'ils achètent et soutiennent ainsi la production locale.

Il ne faut cependant pas conclure à un comportement des consommateurs identique face à l'achat alimentaire. En effet, les caractéristiques sociodémographiques induisent d'importantes différences. Les ménages dont les revenus sont inférieurs à 1000 euros nets sont sur-représentés parmi les Français indiquant acheter en hard discount quand les cadres sont sur-représentés parmi ceux déclarant acheter directement aux producteurs. Par ailleurs, les réponses des personnes interrogées ne reflètent pas nécessairement la réalitéì de leur comportement en magasin.

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1.3.4 LES NOUVELLES DENREES ALIMENTAIRES (NOVEL FOOD)

On constate aujourd'hui un attrait nouveau pour certaines denrées alimentaires. Cela s'est tout d'abord remarqué avec l'explosion de la consommation de produits issus de l'agriculture biologique, puis, la tendance du « sans gluten » a fait son apparition. Aujourd'hui, le nouveau crédo se nomme la « Novel Food », les nouveaux aliments en français. Ce terme est défini par l'Anses, l'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail comme :

« Les Novel Food sont des aliments ou des ingrédients dont la consommation était négligeable voire inexistante dans les pays de l'Union européenne avant le 15 mai 1997. Pour entrer dans cette catégorie, ils doivent de plus présenter une ou plusieurs des caractéristiques suivantes :

? posséder une structure moléculaire primaire nouvelle ou délibérément modifiée ; ? être composés de microorganismes, de champignons ou d'algues ou être isolés à partir de ceux-ci ;

? être composés de végétaux ou être isolés à partir de végétaux ou d'animaux (à l'exception des pratiques de multiplication ou de reproduction traditionnelles et dont les antécédents sont sûrs) ;

? résulter d'un procédé de production qui n'est pas couramment utilisé (lorsque ce procédé entraîne des modifications significatives de leur valeur nutritive, de leur métabolisme ou de leur teneur en substances indésirables).

Les Novel Food sont définis dans le règlement européen CE n°258/97, actuellement en cours de révision. ».

NB : Il est important de noter que les lois et règlements qui concernent la Novel Food ne sont pas encore fixés, ce qui crée un flou juridique concernant leur commercialisation. La DGCCRF (répression des fraudes) veille fréquemment à faire retirer ces produits rerouvés sur le marché.

Ce sont donc principalement les insectes comestibles qui sont concernés. Leur rapport protéique élevé en font un substitut idéal à la viande lorsque l'on sait que d'ici 2050, il faudra nourrir près de 9,7 milliards d'hommes. C'est d'ailleurs en prenant compte de cette donnée que les chercheurs en agroalimentaire se sont penchés sur les substituts artificiels à la viande. Deux techniques font leur preuve : la viande in vitro issue de cellules souches prélevées dans les muscles bovins et la viande fabriquée à l'aide d'une imprimante 3D grâce à un procédé de bio-impression.

Cet attrait pour la nourriture du futur fait fleurir la Silicon Valley de start-up spécialisées dans la « food-tech » depuis 2014. Les investisseurs commencent à se pencher sur le sujet, ce qui permettra à ces nouveaux aliments de se retrouver rapidement dans les rayons des grandes surfaces.

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Cependant, ce verrou règlementaire qui entoure la Novel Food n'est pas anodin. En 2015, l'Anses a publié un avis mettant en garde contre les risques sanitaires possibles de l'entomophagie (le fait de consommer des insectes). En l'absence de données suffisantes l'agence préconise d'accentuer l'effort de recherche sur les sources de dangers potentiels. Ce règlement, CE n°258/97 qui dérange les start-ups tel qu'Entoma, est pourtant un moyen d'assurer la sécurité des conditions de ces ingrédients nouveaux qui pourraient s'avérer être allergènes. Par ailleurs, une autre raison qui freine les autorisations à la commercialisation d'insectes est l'interrogation quant à la viabilité et la rentabilité de telles sociétés. Ces produits de niche bénéficient difficilement d'économie d'échelle au vu des faibles volumes.

Par ailleurs, d'ici 2018, les compétences des autorités nationales (Anses) seront transférées au niveau européen (Efsa) dans le but d'harmoniser les règles d'autorisation de mise sur le marché des nouveaux aliments sur le territoire européen. Aujourd'hui, il faut savoir que la Belgique et les Pays-Bas se sont prononcés en faveur de la commercialisation d'insectes sur leurs territoires respectifs.

1.4 LES EXIGENCES CLIENTS

1.4.1 SECURITE, TRAÇABILITE, QUALITE DU PRODUIT

Le paquet hygiène repose sur une obligation de traçabilité comme évoqué précédemment. Le règlement CE n°178/2004 lui donne la définition suivante dans l'article 3 :

« La capacité de retracer, à travers toutes les étapes de la production, de la transformation et de la distribution, le cheminement d'une denrée alimentaire, (...) ou d'une substance destinée à être incorporée ou susceptible d'être incorporée dans une denrée alimentaire. »

La traçabilité se réalise à toutes les étapes de la production, de la transformation et de la distribution. C'est un élément clef du cadre législatif de sécurité alimentaire, il repose sur deux principes : la responsabilité des exploitants et la réactivité en cas de risque sanitaire (Duriez, 2012).

Le professionnel est pleinement responsable, il doit assurer un niveau de maîtrise des risques et en apporter les preuves. Il doit être capable de retracer le produit à toutes les étapes de son passage. La traçabilité se réalise en amont avec les fournisseurs, en interne au sein des cuisines et en aval avec les clients.

1.4.2 LISIBILITE DE L'OFFRE

Toute denrée alimentaire mise à la vente doit porter un étiquetage afin d'informer le consommateur. Les obligations d'étiquetage diffèrent en fonction du mode de conditionnement ou de présentation des denrées alimentaires (préemballées ou non).

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Cet étiquetage a donc pour but d'informer le consommateur sur ses achats, sans pour autant le tromper ou l'induire en erreur. Voici les différentes mentions que l'on retrouve sur les denrées alimentaires, leur signification et leur caractère obligatoire ou non. Cas des denrées préemballées

Il s'agit d'un produit constitué par une denrée alimentaire ainsi que l'emballage dans lequel elle a été conditionnée avant sa présentation à la vente. Les denrées préemballées sont des produits le plus souvent vendus dans les rayons de libre service et soumis à des règles strictes.

On note que deux grandes règles doivent être respectées :

1. L'étiquetage doit faire figurer diverses informations qui renseignent objectivement le consommateur. Elles doivent être rédigées au moins en français.

2. L'étiquetage doit être loyal et précis. Il ne doit pas induire le consommateur en erreur (composition du produit et origine notamment).

Il existe par ailleurs des mentions obligatoires qui doivent figurer sur les produits préemballés :

a) La dénomination de vente qui définit le produit.

b) L'origine si son omission risque d'induire le consommateur en erreur. Il faut savoir que l'origine des viandes préemballées des espèces porcine, ovine, caprine et de volaille est obligatoire. Plus précisément, les lieux d'élevage et d'abattage doivent obligatoirement êtres précisés au consommateur. Il est également possible d'ajouter le lieu de naissance de l'animal sans caractère impératif.

En ce qui concerne la viande bovine, qu'elle soit préemballée ou non, les lieux de naissance, d'élevage et d'abattage doivent impérativement être indiqués.

c) La liste des ingrédients mis en oeuvre par ordre d'importance décroissante, y compris les additifs et arômes. Les ingrédients allergènes doivent par ailleurs être mis en relief.

d) La quantité nette du produit en volume ou en masse et si le produit est présenté dans un liquide, il faut indiquer le poids net égoutté.

e) La quantité ou le taux des ingrédients mis en valeur dans la désignation de la denrée par exemple.

f) La date de consommation pour les denrées périssables que ce soit une DLC, Date Limite de Consommation ou une DDM, Date de Durabilité Minimale.

g) Le titre alcoométrique volumique pour les boissons titrant plus de 1,2% d'alcool en volume.

h) L'identification de l'opérateur sous le nom duquel la denrée est commercialisée. Celui-ci doit être implanté en Union Européenne ou si le conditionnement se fait par un prestataire, celui-ci doit apparaître.

i) Le numéro du lot de fabrication à des fins de traçabilité.

j) Le mode d'emploi si la denrée nécessite un usage ou une conservation spécifique.

k) La déclaration nutritionnelle, obligatoire à compter du 13 décembre 2016 (source DGCCRF).

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D'autres mentions ou expressions sont quant à elles règlementées :

a) « biologique » : produits issus du mode de production biologique et certifiés par un organisme de contrôle agréé.

b) « pur » : terme limité à certains produits (pur jus, pur porc)

c) « campagne, fermier, paysan » : le caractère fermier lié à l'exploitation agricole doit être avéré.

d) « artisanal » : le produit doit être fabriqué par un artisan inscrit au registre des métiers.

e) « maison » ou « fait maison » : le produit est préparé de manière non industrielle sur le lieu de vente.

f) « à l'ancienne, traditionnel » : le produit est fabriqué selon des usages anciens répertoriés et sans additifs.

g) « naturel » : le produit est non transformé, non traité, tel qu'on le retrouve à l'état naturel.

h) « du terroir » : cela implique que les matières premières sont obtenues à partir de procédés de fabrication issues d'une aire géographique restreinte.

Cas des denrées non préemballées

Ces denrées sont présentées à la vente en vrac ou non emballées. Elles sont donc emballées à la demande du client, au moment de l'achat ou préemballées en vue de la vente immédiate. Un écriteau doit être placé à proximité du produit proposé en mentionnant :

a) La dénomination de vente

b) La présence d'allergènes

c) L'état physique du produit (si décongelé par exemple)

d) Le prix de vente (à la pièce ou au poids)

Les textes applicables liés à cette obligation d'information du consommateur (source DGCCRF)

Règlement n°1169/2011 du 25 octobre 2011 concernant l'information des consommateurs sur les denrées alimentaires.

Règlement n°1337/2013 du 13 décembre 2013 sur l'indication du pays d'origine des viandes des espèces ovine, caprine, porcine et de volaille.

Décret n°2015-447 du 17 avril 2015 relatif à l'information des consommateurs sur les allergènes et les denrées alimentaires non préemballées.

Décret n°2014-1489 du 11 décembre 2014 sur l'information des consommateurs sur les denrées alimentaires.

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1.4.3 GASPILLAGE ALIMENTAIRE ET LOI DE TRANSITION ENERGETIQUE Les mesures contre le gaspillage en France

L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) estime qu'un tiers de la part comestible des aliments destinés à la consommation humaine est perdu ou gaspillé dans le monde. Cela représente 1,3 milliard de tonnes par an, soit plus de 160 kg par an et par habitant. Le coût direct de ces 1,3 milliard de tonnes de nourriture perdues ou gaspillées s'élève à 1 000 milliards de dollars (soit 143 dollars par personne).

En France entre 90 et 140 kg de nourriture par habitant sont perdus chaque année sur l'ensemble de la chaîne, de la production à la consommation. Chaque Français jette lui-même à la poubelle entre 20 et 30 kg de denrées, dont 7 encore emballées. Soit une perte évaluée entre 12 et 20 milliards d'euros par an.

Pour faire face à cette surconsommation en France, l'Etat a mis en place, dès 2014, le pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire. Sous forme de mesures applicables aux entreprises, aux collectivités locales et aux particuliers, ce texte propose des solutions pour cette lutte au quotidien.

Par exemple, en termes d'étiquetage, la règlementation européenne impose l'indication d'une date de durabilité minimale qui doit être précédée de la mention « à consommer de préférence avant le ». Le code de la consommation a traduit la notion de « date de durabilité minimale » par « date limite d'utilisation optimale (DLUO) », régulièrement utilisée par les opérateurs, en complément de la mention obligatoire précédemment citée. Or, cette notion qui utilise le terme « limite » peut être mal comprise par les consommateurs. En effet, contrairement aux produits sous DLC, les produits sous DLUO sont consommables après cette date et il est important que les consommateurs en aient conscience. L'État a permis l'utilisation des deux mentions jusqu'en décembre 2014, date à partir de laquelle la seule mention obligatoire pour les produits à date de durabilité minimale sera : « à consommer de préférence avant... ».

Par ailleurs, cet engagement s'est également traduit par l'interdiction des distributeurs de jeter les invendus encore consommables et autrefois chlorés et jetés.

On note que les signataires du Pacte s'engagent à poser les bases du suivi du pacte, de son évaluation et de sa mise en oeuvre, ainsi que du suivi de la mesure du gaspillage et des progrès enregistres d'ici à 2025. L'évaluation des performances se faisant sur une base annuelle.

La lutte contre le gaspillage alimentaire fait désormais partie de l'éducation à l'alimentation durant le parcours scolaire. Et les entreprises pourront inscrire leurs actions de lutte contre le gaspillage dans leur rapport Responsabilité sociale et environnementale (RSE).

La loi de transition énergétique

La loi de transition énergétique pour la croissance verte a été adoptée le 22 juillet 2015 pour permettre à la France de contribuer plus efficacement à la lutte contre le

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dérèglement climatique et pour renforcer son indépendance énergétique en équilibrant mieux ses différentes sources d'approvisionnement.

Cette loi est aussi le texte fondateur de la lutte contre le gaspillage alimentaire. Révisée en février 2016, elle oblige les distributeurs de denrées alimentaires à signer des conventions de dons avec les associations caritatives. Elle sanctionne la destruction volontaire par les commerces de détail de denrées alimentaires encore consommables. Elle prévoie la valorisation de denrées alimentaires qui ne peuvent pas être mangées par les humains, pour l'alimentation animale ou la production d'énergie par la méthanisation. C'est également cette loi qui a permis d'inscrire la lutte contre le gaspillage alimentaire dans la responsabilité sociale et environnementale des entreprises.

Ce qu'il faut retenir :

Les achats alimentaires représentent un poste de dépense important des foyers français (plus de 13%). Pour autant, la crise économique les oblige à faire davantage attention à ce qu'ils achètent. Cela se ressent dans les habitudes de consommation qui évoluent fortement, les gages de qualité et de proximité sont fortement recherchés par les consommateurs. La grande distribution (où 98% des français indiquent s'approvisionner) l'a bien compris et joue sur ces tendances en proposant des services de proximité, des produits locaux répondant aux exigences de leur clientèle et de la société dans le cadre de leur Responsabilité Sociétale.

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1.5 EVOLUTION DE LA REGLEMENTATION LIEE A L'HYGIENE

ALIMENTAIRE

1.5.1 L'HYGIENE ALIMENTAIRE

L'hygiène alimentaire est un domaine à part entière. Elle « se consacre à la qualité sanitaire, microbiologique et toxicologique des aliments. ». En effet alimentation et santé de l'homme sont étroitement liées. Un aliment peut avoir un effet bénéfique ou au contraire un effet toxique voire mortel sur l'individu. L'hygiène alimentaire est donc encadrée et normalisée sous forme de « réglementations hygiène ».

Elle est définit par l'article 2 du règlement CEE n°852/2004 issue du Paquet Hygiène Européen, comme représentant « les mesures et conditions nécessaires pour maîtriser les dangers et garantir le caractère propre à la consommation humaine d'une denrée alimentaire ». C'est une science d'action, qui nécessite un contrôle à toutes les étapes de la chaîne alimentaire et de la production dans une entreprise.

L'hygiène alimentaire étudie aussi les causes possibles d'apparition d'un risque. Selon Rastoin et Ghersi (2010), ces risques sont répertoriés en quatre catégories : « les risques microbiologiques », « les risques chimiques », « les risques techniques » et « les risques nutritionnels » :

Les risques microbiologiques proviennent de contaminations des produits alimentaires par des bactéries pathogènes qui vont engendrer des toxi-infections. Il existe plus de « 200 maladies infectieuses, bactériennes, virales ou toxiques transmises par l'alimentation » tels que le botulisme (conserves mal appertisées) ; la listériose (charcuterie et fromage contaminés) ; la salmonellose (oeufs et éviscération de poulet contaminés) ; la campylobactériose (volaille, lait cru et eau contaminés) ; les infections par Escherichia coli (matière fécale humaine contaminée) ; le choléra (eau, poisson et riz contaminés) ; les moisissures (toxines de la patuline) et par des prions de type ESB, Encéphalopathie Spongiforme Bovine, à l'origine du scandale de « la maladie de la vache folle » dans les années 1990 (conditions d'élevages). Ces sources de contaminations proviennent en grande majorité de différents types aliments contenant des agents pathogènes à risque pour la santé du consommateur.

Les risques chimiques sont la conséquence d'une contamination chimique. Soit en amont par des pesticides, dioxines et nitrates issus de l'agriculture. Soit par les produits de nettoyages aux différentes étapes de la fabrication du produit alimentaire.

Les risques techniques que nous appellerons aussi les risques physiques, sont surtout présents aux différentes phases de transformation de la denrée alimentaire, sous formes de « corps étrangers » : verre, métal, bois, nuisibles et autres.

Les risques nutritionnels dépendent de la quantité et de la qualité de l'alimentation. Ce risque est donc associé « à un déficit ou au contraire à un excédent par rapport aux standards. » (Rastoin et Ghersi, 2010). Ce qui va entraîner des problèmes de « sous-alimentation » : dénutrition et carence, ou de « « suralimentation » : diabète, obésité et troubles cardio-vasculaires.

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Ces quatre types de risques sont essentiels à maîtriser, car le rôle et le but de l'hygiène alimentaire réside dans un contrôle efficace de l'hygiène dont l'objectif est d'éviter et de limiter l'apparition d'intoxications et de pathologies alimentaires, et de garantir au consommateur, une denrée alimentaire sûre.

1.5.2 L'ARRIVEE DU PAQUET HYGIENE EUROPEEN

Il est important maintenant de définir le contexte juridique actuel en termes de sécurité sanitaire des aliments.

1.5.2.1 LE CONTEXTE D'APPARITION

Chaque réglementation est instaurée à la suite d'événements préjudiciables à la santé qui engendrent un durcissement des contrôles par les pouvoirs publics. Nous allons donc analyser les scandales alimentaires à l'origine du paquet hygiène et leurs conséquences sur les consommateurs.

1.5.2.2 LES SCANDALES ALIMENTAIRES EN EUROPE

En Europe, ces vingt dernières années, diverses crises alimentaires ont été enregistrées, comme nous le montre le tableau 2.

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Tableau 2 : Principaux accidents alimentaires enregistrés en Europe entre 1980 et 2013

Année

Pays concernés

Motif du scandale alimentaire

1981

Espagne

Huile de colza contaminée à l'aniline 1000 morts

1987

Suisse

Listeria dans fromage 25 morts

1992

France

Listeria dans charcuterie 63 morts

1996

Royaume-Uni,
France, Allemagne

MCJ/ESB apparue en 1985 96 morts fin 2000

1996

Royaume-Uni
(Ecosse)

Escherichia coli dans la viande

1998

France

Dioxine dans le lait

1999

Belgique

Dioxine dans oeufs et poulets

1999

France

Pollution Coca-Cola (mauvais traitement du CO2 ou fongicides pour le traitement des palettes ?)

2000

France

ESB Soviba/Carrefour

2003

Europe (origine
d'Asie)

Grippe aviaire, 240 morts, des millions de bêtes abattues

2011

Europe (origine
allemande)

E. Coli dans des graines germées, 4000 malades, 40 morts

2013

Irlande, France

Viande chevaline vendue sous le nom de bovine ou non étiquetée

2013

23 pays touchés
(origine Suédoise)

Matière fécale détectée dans des tartes au chocolat (6000 parts distribuées en France)

2013

France

Introduction de chevaux de laboratoires dans la filière alimentaire (falsification des carnets de traçabilité)

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Ces crises sanitaires sont des accidents dus à l'absence de contrôle, et à la mauvaise qualité de l'aliment. Elles ont toujours existé et peuvent entraîner, dans les cas les plus extrêmes, de nombreux décès. Ces crises alarment l'opinion publique, provoquent l'inquiétude des consommateurs et constituent une véritable menace pour les gouvernements. En effet, une crise alimentaire « est un événement grave (réel ou perçu comme tel) qui marque une rupture, un changement important dans l'évolution d'un phénomène » (Rastoin et Ghersi, 2010).

La crise majeure qui a marqué cette dernière décennie est celle de la « vache folle ». Elle débute en mars 1996 lorsque que le gouvernement britannique annonce le lien possible entre la maladie de Creutzfeldt-Jacob (MCJ) et l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB). La consommation de farines animales contaminées par les bovins est à l'origine de cette pathologie, qui se transmet à l'homme par la consommation de viande.

Comme nous l'explique Jean-Pierre Williot (2005), l'apparition du premier cas se fait en Grande Bretagne en 1985, il est d'abord identifié comme une nouvelle maladie du bétail. Mais sa symptomatologie correspond en fait à la maladie dégénérative décrite par les médecins Creutzfeldt et Jacob en 1921. A partir de 1987, on suppose que cette pathologie provient de l'absorption de farines animales incorporées dans les rations bovines. Ces farines sont alors interdites au Royaume-Uni. Le premier cas de « vache folle » en France, est identifié dans les Côtes-d'Armor le 2 mars 1991.

L'annonce de 1996 faite par l'Etat britannique est reprise par les médias, et provoque un énorme scandale en Europe qui « engendre l'embargo total sur les bovins et produits dérivés issus du Royaume-Uni » (Williot, 2007). L'angoisse des consommateurs ne fait que grandir après l'annonce d'importations frauduleuses de farines contaminées en France.

1.5.2.3 LE RISQUE ALIMENTAIRE ET LA PEUR DU CONSOMMATEUR

Cette psychose ne cesse de s'amplifier lorsque les premiers cas apparaissent chez l'être humain en Europe. En l'an 2000, on recense 96 décès de personnes après qu'elles ont consommé de la viande contaminée. Cette crise a une grande répercussion sur l'économie : les cours de la viande de boeufs s'effondrent. En deux mois seulement la baisse des ventes en France atteint 20% allant jusqu'à 35% (Williot, 2007). Cette diminution de la consommation est directement liée à la peur du consommateur face à un danger qu'il ne maîtrise pas. Un sondage réalisé au printemps 2000, montre que 27% des personnes interrogées (sur un échantillon d'un millier) considère l'ESB comme le risque alimentaire le plus important.

L'industrialisation de l'alimentation bouleverse les repères des consommateurs. Selon Fischler (1990) « l'acte d'incorporation répond à des enjeux à la fois proprement vitaux et symbolique ». L 'incorporation correspond à l'introduction dans notre organisme d'aliments ce qui répond à un besoins vital, mais provoque également des angoisses et des craintes vis-à-vis des aliments, ce qui justifie l'ampleur que peut prendre une crise sanitaire. Le mangeur se construit à travers son alimentation, il a donc besoin d'identifier ce qu'il mange et l'industrialisation rend difficile cette identification.

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Dans le cas de la crise de la « vache folle », Poulain (2002) résume bien la situation et le ressentiment du public, « on découvre, dans la nourriture de nos vaches, des farines animales fabriquées à partir des produits d'équarrissage ; le choc symbolique est immense ». En réalité le risque alimentaire dû à une intoxication alimentaire ou une pathologie issue de l'alimentation, est très faible dans l'Union Européenne, soit moins de 800 décès en 1998, contre 16 000 morts pour les accidents de la route et 23 600 morts par des maladies dues à l'alcoolisme (Rastoin et Ghersi, 2010). Un écart considérable existe donc entre les études faites par les experts et la perception du grand public. Cet écart se creuse par la sur-médiatisation des scandales alimentaires, « l'alimentation passe sur le devant de la scène médiatique. (...) les intoxications font la une des journaux. » (Poulain, 2002).

Cet événement marquant a été décisif dans la politique européenne, la santé animale est devenue un enjeu de santé publique prioritaire. Il a donc été nécessaire de créer en 1997 un Livre vert fixant les contours et les objectifs d'une profonde réforme de la législation communautaire. Il a été suivi en 2000 d'un Livre blanc qui apporte des précisions sur ces axes de réforme sous la forme du « paquet hygiène ». Cette loi européenne pour l'alimentation est constituée de plusieurs règlements entrés en vigueur depuis le 1er janvier 2006. La réforme ainsi constituée vise à rationaliser la législation alimentaire à un niveau européen, en garantissant un niveau élevé de protection du consommateur. Cela a conduit à la création de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA), qui est chargé d'évaluer les risques préalables à l'adoption des mesures communautaires.

1.5.2.4 DE QUOI EST COMPOSE LE PAQUET HYGIENE ?

Le « paquet hygiène » est donc la réglementation alimentaire européenne en vigueur depuis le 1er janvier 2006. Il est important de définir les cinq textes communautaires fondateurs qui le constituent.

D'un point de vue général

Comme nous le montre la figure 1, le paquet hygiène est composé de cinq règlements fondateurs:

- le règlement CE n°183/2005 relatif à l'hygiène des aliments pour animaux; - le règlement CE n°852/2004 relatif à l'hygiène des denrées alimentaires ;

- le règlement CE n°853/2004 qui fixe les règles spécifiques aux denrées animales ;

- le règlement CE n°882/2004 relatif aux contrôles officiels ;

- le règlement CE n°854/2004 des règles spécifiques d'organisation des contrôles officiels.

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L'ensemble de ces textes de loi est encadré par le règlement socle CE n°178/2002 établissant les principes généraux et les prescriptions générales de la législation alimentaire, instituant l'Autorité Européenne de Sécurité des Aliments et fixant des procédures relatives à la sécurité des denrées alimentaires.

Figure 2 : Les règlements fondateurs du paquet hygiène

Source : Ministère de l'agriculture de l'agroalimentaire et de la forêt, 2007

La réglementation est complétée par deux directives...

- CE 2002/99 relative aux règles de police sanitaire régissant la production, la transformation, la distribution et l'introduction des produits d'origine animale destinés à la consommation humaine ;

- CE 2004/41 abrogeant certaines directives relatives à l'hygiène des denrées alimentaires et aux règles sanitaires régissant la production et la mise sur le marché de certains produits d'origine animale destinés à la consommation humaine.

... Ainsi que par quatre règlements d'applications :

- 2073/2005 concernant les critères microbiologiques applicables aux denrées alimentaires ;

- 2074/2005 établissant les mesures d'application relatives à certains produits régis par le règlement (CE) n° 853/2004 et à l'organisation des contrôles officiels prévus par les règlements (CE) n° 854/2004 et 882/2004 ;

- 2075/2005 fixant les règles spécifiques applicables aux contrôles officiels concernant la présence de Trichinella dans les viandes ;

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- 2076/2005 portant dispositions d'application transitoires des règlements (CE) n° 853/2004, (CE) n° 854/2004 et (CE) n° 882/2004 du Parlement européen et du Conseil et modifiant les règlements (CE) n° 853/2004 et (CE) n° 854/2004.

Cette nouvelle réglementation a un objectif d'harmonisation. Elle s'applique à tous les secteurs d'activités de l'alimentaire, c'est une approche de « la fourche à la fourchette ». Dans une politique de libre circulation des denrées alimentaires, la création de règlements permet leurs mises en application directe, contrairement aux directives qui nécessite une transposition. On peut ainsi garantir un même niveau d'exigence pour tous les Etats européens.

Elle a aussi un but d'adaptabilité avec une obligation de résultat depuis la directive CEE 93/43 et non plus de moyen. Cela permet d'apporter de la souplesse aux exploitants et de faciliter sa mise en application dans les différents secteurs d'activités, de la production primaire, à l'industrie agroalimentaire et à la distribution.

On remarque aussi une simplification des textes communautaires qui sont au nombre de cinq et remplacent les dix-huit anciennes directives européennes. Il en résulte une meilleure accessibilité et compréhension par les exploitants.

Le règlement socle n°178/2002

Le règlement CE n°178/2002 du Parlement européen et du conseil du 28 janvier 2002 est appelé aussi « Food Law » (Loi sur les aliments). Il énonce les grands principes de la législation alimentaire. De plus il vise à assurer, par ses exigences de qualité, un niveau élevé de protection de la santé des personnes et des intérêts du consommateur.

Les objectifs de ce règlement comme l'indique l'article 1, est d'établir des principes, des responsabilités communes, des procédures et des dispositions organisationnelles efficaces sur une base scientifique solide, pour étayer la prise de décision en termes de sécurité alimentaire. Ces obligations s'appliquent aux denrées alimentaires humaines et animales, à toutes les étapes de la production, de la transformation et de la distribution.

L'article 17 stipule que c'est aux exploitants du secteur alimentaire de veiller à ce que leurs produits répondent aux exigences du cadre législatif. Il y'a donc une séparation claire des responsabilités entre opérateurs et autorités de contrôle. De plus dans le cas où l'exploitant considère qu'il a fourni une denrée alimentaire potentiellement dangereuse, il doit automatiquement engager des procédures de retrait, rappel du marché.

La traçabilité à toutes les étapes de la production, de la transformation et de la distribution est obligatoire d'après l'article 18. Cette réglementation impose donc une traçabilité interne continue et renforcée aux exploitants. Ils doivent donc disposer de systèmes et de procédures permettant de réaliser la traçabilité ; ces informations seront ensuite mises à dispositions des autorités compétentes, lorsqu'elles en ont besoin.

De nouvelles notions sont introduites, dont le principe de précaution, dans l'article 7. Lorsque l'effet nocif d'un produit n'est pas totalement déterminé, des mesures provisoires

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de gestion du risque sont mises en place, dans l'attente d'autres informations scientifiques qui permettront de lever le doute.

On retrouve aussi le principe de transparence dans l'article 9. Au cours de l'élaboration ou de la révision de la législation alimentaire, les citoyens sont consultés de manière ouverte et transparente. Et dans le cas où les pouvoirs publics identifieraient une denrée alimentaire à risque, ils prendraient les dispositions nécessaires pour en informer la population.

Le chapitre 3 définit ce qu'est l'Autorité Européenne de Sécurité des Aliments. Elle a pour mission de fournir des avis scientifiques et techniques à la politique et à la législation de la Communauté. C'est une source indépendante d'informations sur le domaine de la sécurité alimentaire.

Le règlement CE n°852/2004

Le règlement CE n°852/2004 relatif à l'hygiène des denrées alimentaires, désigne dans l'article 3 les exploitants du secteur alimentaire responsables des denrées alimentaires qu'ils produisent. Dans cet esprit, ces produits doivent respecter les exigences en matière d'hygiène fixées par ce texte de loi.

Les exigences générales et spécifiques d'hygiène, signalées à l'article 4 sont : le respect des critères microbiologiques, le respect des températures et de leurs contrôles, le maintien de la chaîne du froid et le prélèvement et l'analyse d'échantillon témoin.

Le fabricant doit appliquer des procédures basées sur les principes HACCP (méthode de travail basée sur une analyse des dangers et des points critiques pour leur maîtrise) d'après l'article 7, il doit donc maîtriser ses points critiques par une analyse des risques. Le système HACCP est associé à l'utilisation de guide de bonnes pratiques d'hygiène (GBPH), selon l'article 8.

Le chapitre XII concerne la formation du personnel, et il y est indiqué que les agents responsables de la mise au point et du maintien de la procédure du système HACCP et des GBPH doivent être formés aux principes de l'HACCP.

Les établissements doivent s'enregistrer et être agréés (article 6) auprès des autorités compétentes et les tenir informées lors d'une modification d'activité ou d'une fermeture d'établissement.

Ce règlement communautaire CE n°852/2004 abroge la directive 93/43/CEE, dont il reprend les grandes lignes avec un champ d'application plus large puisqu'il concerne aussi les exploitants de production primaire.

Le règlement CE n°853/2004

Le règlement CE n° 853/2004 fixe des règles spécifiques d'hygiène applicables uniquement aux denrées alimentaires d'origine animale.

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L'article premier nous indique qu'il ne s'applique pas aux établissements de remise directe au consommateur, ni aux établissements fabricants des denrées alimentaires contenant à la fois des produits végétaux et des produits d'origine animale transformés.

Ce texte de loi fixe les règles concernant les établissements soumis à l'agrément. Comme l'indique l'article 4, ces derniers nécessitent un enregistrement et un accord de l'agrément après visite des autorités compétentes. Dans le cas où l'agrément est retiré, l'établissement cesse de fonctionner. De plus l'exploitant ne peut procéder à aucune mise sur le marché de denrée alimentaire s'il n'a pas de marque de salubrité apposée (article 5).

Le règlement CE n°882/2004 et n°854/2004

Le règlement CE n°882/2004 relatif aux « contrôles officiels », établit les règles des contrôles officiels effectués sur les aliments pour animaux et les denrées alimentaires pour s'assurer de la conformité avec la législation et avec les dispositions relatives à la santé animale et au bien-être des animaux. Il décrit les règles générales destinées aux contrôles officiels.

Pour mener à bien ces contrôles les autorités compétentes doivent établir un plan de contrôle pluriannuel afin d'avoir une démarche globale et uniforme. Les contrôles officiels vérifient que le système HACCP et les GBPH répondent aux exigences législatives relative à la sécurité des denrées alimentaires. La fréquence de ces inspections se fait en fonction des risques pour chaque établissement. Les Etats membres seront ensuite tenus de fournir un rapport annuel à la commission, contenant les contrôles réalisés au cours de l'année.

Le règlement CE n°854/2004 est relatif aux règles spécifiques d'organisation des contrôles officiels concernant les produits d'origine animale destinés à la consommation humaine. D'après l'article premier, il concerne seulement les établissements concernés par le règlement CE n°853/2004, il vient donc compléter les règles générales des contrôles officiels du règlement CE n°882/2004.

Les contrôles sont basés sur des audits concernant les bonnes pratiques d'hygiène et les procédures basées sur l'analyse des risques et la maîtrise des points critiques (HACCP), d'après l'article 4. Une grande partie du règlement est consacré au contrôle des abattoirs avec des précisions sur les modalités d'inspections.

Les règlements CE n°854/2004 et CE n°882/2004 soumettent les services de contrôle à des règles d'inspections strictes. On obtient ainsi une harmonisation au niveau européen de la méthodologie des contrôles. De plus, ils ont une obligation de résultat envers l'Union européenne, en lui soumettant le plan de contrôle pluriannuel et le rapport d'activité annuel. Les autorités évalueront ensuite si les objectifs ont été atteints et dans le cas contraire des actions correctives seront mise en oeuvre.

La mise en place d'une réglementation aussi stricte et détaillée est donc le résultat de nombreux manquements au respect des règles de l'hygiène alimentaire qui ont

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directement mis en cause la santé du consommateur. Ce principe « de la fourche à la fourchette » met en relief l'importance des différents acteurs de la chaîne de valeur, chacun étant maître du respect de la réglementation associée à l'état de transformation du produit.

Figure 3 : Les acteurs de la filière agroalimentaire, tous impactés par le Paquet Hygiène

Source : Ministère de l'agriculture de l'agroalimentaire et de la forêt, 2014

1.6 LE ROLE DES AUTORITES MINISTERIELLES

En tant que garantes de la santé publique et gestionnaires des risques sanitaires, les autorités compétentes représentées par la DGAL, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) et la Direction générale de la santé (DGS) relevant respectivement des ministères en charge de l'agriculture, de l'économie et de la santé, ont des obligations dans le cadre de leurs missions de surveillance et de contrôle des entreprises agroalimentaires :

- La DGAL est en charge de la production primaire, quelle que soit l'origine des aliments, végétale ou animale et des produits alimentaires transformés d'origine animale ;

- La DGCCRF est en charge des produits transformés d'origine végétale, des aliments diététiques et des additifs alimentaires notamment;

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- La DGS contrôle certains établissements de remise directe et de restauration collective dans le secteur médico-social.

Le système français de contrôle et de vérification du respect, par les exploitants du secteur, des prescriptions applicables en la matière à tous les stades de la production, de la transformation et de la distribution, s'appuie sur une chaîne de commandement unique depuis les services centraux des ministères concernés jusqu'aux services sur le terrain qui en dépendent et qui sont situés au niveau départemental ou régional.

Focus sur le rôle de la DGCCRF selon la définition officielle de ses compétences

« La DGCCRF veille à assurer la qualité que les consommateurs sont en droit d'attendre d'un produit ou d'un service (règles d'étiquetage, de composition et de dénomination des marchandises, contrôle des falsifications et tromperies).

Elle favorise le développement de dispositifs de valorisation de la qualité (normes, labels, appellations d'origine contrôlée...) et est le garant de cette qualité supérieure annoncée.

Elle recherche et constate les infractions et manquements aux règles de protection des consommateurs (publicités mensongères, faux rabais, abus de faiblesse...) et vérifie la bonne application des règles de publicité des prix.

Il entre également dans les compétences de la DGCCRF d'exercer un rôle de veille sur les prix lorsque ceux-ci connaissent ou sont susceptibles de connaître des variations inhabituelles, du fait de décisions des pouvoirs publics ou d'évènements qui peuvent avoir des répercussions sur les prix (mise en place d'observatoires de suivi des prix). »

La DGCCRF est donc l'autorité compétente qui peut s'immiscer dans les affaires de l'acheteur alimentaire que ce soit en termes de référencement de produits ou de fixation des prix de vente aux consommateurs. C'est notamment elle qui garantit aux consommateurs la conformité des produits mis en rayon par le biais de ses enquêtes.

Ce qu'il faut retenir :

La réglementation qui régit le secteur agroalimentaire est particulièrement stricte et évolutive. Elle vient s'inscrire dans une démarche préventive plutôt que corrective dans le but de ne pas avoir à faire face à un énième scandale alimentaire qui pourrait causer la vie de nombreux consommateurs. C'est également grâce à des instances ministérielles que sont aujourd'hui contrôlés les différents acteurs du secteur afin d'assurer la sécurité alimentaire de tous.

CHAPITRE 2 : ROLE ET SPECIFICITÉS DE
L'ACHETEUR ALIMENTAIRE

Le rôle de l'acheteur revêt une véritable dimension stratégique dans la mesure où il intervient directement sur les processus de rationalisation et de diminution des coûts d'une part, et sur le maintien et l'amélioration des marges d'autre part. De plus, en tant que garant de la qualité des produits qu'il fournit à l'entreprise, le poids qui pèse sur ses épaules est particulièrement important. L'acheteur alimentaire est d'autant plus impacté car la mise sous contrôle du risque est primordiale pour que les exigences des autorités sanitaires, juridiques et celles des clients soient respectées. Le moindre référencement non maîtrisé d'un produit par l'acheteur alimentaire peut causer un scandale qui peut, dans le meilleur des cas, coûter très cher à l'entreprise en termes d'image et de manque à gagner et, dans le pire des cas, coûter la vie du consommateur. Le respect d'un processus strict est donc impératif. Celui-ci doit faire partie intégrante d'un processus Qualité & Hygiène et doit prendre en compte toutes les parties prenantes (producteurs, distributeurs, clients internes liés à la transformation du produit,...) et tenir compte de la juridiction en vigueur.

Figure 3 : Les interactions entre le processus Achats et les acteurs de l'entreprise

Source : Clarans Consulting, 2014

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La mission de la fonction Achat

La fonction a pour mission principale de contribuer à l'amélioration des résultats de l'entreprise. Pour cela, elle se doit de faire preuve d'une compréhension et d'une capacité à globaliser les besoins. Elle doit par ailleurs harmoniser les processus internes et gérer les temps de process, mettre en oeuvre les techniques appropriées et maitriser l'information et enfin réduire les coûts globaux directs et indirects (Qualité, risques etc.). La fonction achats est un des premiers contributeurs à la stabilité de la marge.

Le rôle de l'acheteur est également de sécuriser les relations amont de l'entreprise. Cela est permis par le référencement et les évaluations périodiques des fournisseurs mais aussi lors des négociations d'accords commerciaux (contrats cadres) mais également par le biais de la mise en oeuvre de techniques et stratégies appropriées (co-conception, co-innovation) et bien entendu par le suivi des relations opérationnelles et financières. C'est donc ainsi que l'acheteur garantit la stabilité des relations fournisseurs

1.1 LA DISTRIBUTION ALIMENTAIRE ET LE ROLE DE L'ACHETEUR

1.1.1 LA PLACE DE L'ACHETEUR DE LA DISTRIBUTION

On constate que les centrales d'achats de la grande distribution se sectorisent de plus en plus, la demande des enseignes se porte donc sur des acheteurs sourceurs spécialisés produits.

L'acheteur distribution, nommé aussi selon les structures acheteur sourceur ou acheteur category manager, est une fonction propre à la centrale d'achat. Son rôle est d'identifier les bassins d'approvisionnement - les industriels - ayant le meilleur rapport qualité prix et d'acheter et revendre des produits finis. Il intervient sur des marques nationales ou sur les marques de distributeurs (MDD), ou encore, dans le e-commerce. Dans ce dernier cas, c'est un profil international qui connaît les réglementations internationales relatives aux douanes et aux transports.

L'acheteur gère des centaines de références, chaque année, il négocie produit par produit, la quantité, la qualité, les délais de livraison, le paiement, il doit créer une relation de confiance dans le temps avec ses fournisseurs et négocier au mieux avec eux. C'est un poste, très orienté résultats qui demande beaucoup d'autonomie et de capacité à résister à une forte pression. La vision stratégique de l'acheteur est impérative pour la mise en place de sa politique achats.

En fonction des enseignes, les postes sont pourvus en centrale nationale, en centrale régionale ou en centrale d'achats par produit. Il existe encore dans certaines des chefs de rayon qui font des achats mais la décision finale est du ressort de la centrale. La sectorisation accrue des centrales crée un besoin de profils spécialisés comme acheteur sourceur DPH (droguerie, parfumerie, hygiène), acheteur fruits et légumes, boucherie etc. Pour les produits techniques ou sensibles, ce sont généralement des ingénieurs agro-alimentaires qui occupent les postes d'acheteurs.

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1.1.2 LES RELATIONS COMMERCIALES

Les relations entre les partenaires de la filière alimentaire sont complexes. En effet, bien qu'ils visent ensemble à satisfaire la demande du consommateur, chacun doit veiller à assurer sa propre rentabilitéì. De plus, ces relations se déroulent dans un contexte marqué par une forte volatilitéì des prix des matières premières, notamment les matières premières agricoles, et un climat de crise économique qui influence le comportement du consommateurs et son pouvoir d'achat. Les pouvoirs publics ont la volontéì d'améliorer les relations au sein de la filière alimentaire, notamment par l'évolution de la règlementation et par la mise en place d'outils de veille et de médiation.

1.1.2.1 ENTRE CONFLITS ET PARTENARIATS

La Guerre des prix

Dans le contexte de crise actuel, les consommateurs portent une attention certaine aux coûts des aliments. C'est ainsi que s'est développée une « guerre des prix » entre les différentes enseignes de la grande distribution. Les distributeurs, pour rester compétitifs, font le choix de diminuer leurs marges sur certains produits de marques nationales qui représentent de gros volumes. Cela se traduit par une baisse des prix de ces produits qui constitue ainsi un argument de vente essentiel pour attirer le client. Pour compenser cet effort, ils augmentent leurs marges sur d'autres produits, généralement fabriqués par des petites et moyennes entreprises (PME) comme les marques de distributeurs par exemple. Ainsi, entre 2012 et 2014, les prix des marques nationales ont diminué alors que ceux des marques de distributeurs et des premiers prix se sont globalement maintenus. Au premier semestre 2014, on observe une accélération de la déflation pour les marques nationales et une désinflation pour les marques de distributeurs et les premiers prix. Ce climat et le déséquilibre naturel du rapport des forces durcissent les négociations commerciales entre les fournisseurs et les acheteurs de la distribution. Les fournisseurs témoignent d'importantes difficultés pour répercuter la hausse des prix des matières premières, ce qui met en danger la santé financière de leur entreprise, les emplois et réduit considérablement leur capacitéì à investir, innover et croître. Cette course au prix le plus bas n'est pas, non plus, sans effet chez les distributeurs qui ne peuvent envisager de baisser trop longtemps leurs profits. Ainsi, la préservation du pouvoir d'achat des Français pourrait avoir pour conséquence une destruction d'emploi dans les différents maillons de la chaîne d'approvisionnement alimentaire.

Des actions de contractualisation

Au sein de la filière alimentaire, des initiatives privées sont prises par les opérateurs économiques pour améliorer les relations. Il s'agit tout particulièrement de la contractualisation entre les acheteurs de la distribution, les transformateurs et/ou les producteurs, qui doit donner à ces derniers une visibilitéì en termes de qualitéì, de quantitéì et de prix. Ce type de contrat existe entre certaines enseignes et leurs producteurs ou sous forme de contrat tripartite associant également les transformateurs. Des chaînes de restaurants utilisent, elles aussi, ce moyen pour s'assurer un approvisionnement régulier et conforme à leurs besoins.

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1.1.2.2 UN ENCADREMENT LEGISLATIF EN EVOLUTION

La loi Galland, du 1er Juillet 1996

La loi Galland, entrée en application au début de 1997, a donné une définition précise et simple du prix d'achat effectif et donc du seuil de revente à perte. Elle a permis d'éradiquer les pratiques de revente à perte et des prix prédateurs.

Dès lors, seules les marges formellement acquises au moment de la facturation et présentes sur la facture, les « marges avant », sont transférables aux consommateurs. Les autres remises, appelées par opposition « marges arrières », ne peuvent être déduites du prix d'achat effectif ni donc être répercutées sur le prix de vente aux consommateurs.

La loi Galland a conduit à une augmentation des prix aux consommateurs et au développement des « marges arrières » qui constituaient une marge assurée pour l'acheteur.

Loi sur les Nouvelles Régulations Economiques (NRE), du 15 mai 2001

La loi NRE a lutté contre les abus de puissance d'achat et de dépendance économique. Elle a incriminé les pratiques consistant à tenter d'obtenir d'un partenaire commercial un avantage quelconque ne correspondant à aucun service commercial effectif, ou manifestement disproportionné à ce service. Elle a créé la Commission d'examen des pratiques commerciales.

La loi Dutreil, du 2 août 2005

La loi Dutreil, en faveur des PME, avait pour but de lutter contre les pratiques de fausse coopération commerciale. Elle a ainsi imposé la rédaction d'un contrat annuel précisant exactement les services rendus et les modalités de leur exécution. Le calcul du seuil de revente à perte a également été redéfini : une partie des marges arrière a ainsi pu y être intégrée.

La loi de modernisation de l'économie (LME), du 1er août 2008

La loi LME a poursuivi la reforme des relations acheteur-fournisseur, après une première étape constituée par la loi Châtel (janvier 2008). La négociabilitéì des conditions de vente évolue : les conditions générales de ventes restent le socle de la négociation commerciale, cependant les conditions particulières de vente sont désormais autorisées sans justification. De plus, une convention écrite précise les obligations auxquelles se sont engagées les parties en vue de fixer le prix. Enfin, une grande partie des « marges arrières » est réintroduite dans le prix unitaire.

En contrepartie de la libéralisation des conditions tarifaires, la loi a mis en place un renforcement de la répression des comportements abusifs. Elle prévoit notamment de sanctionner les situations de déséquilibre significatif. Elle ajoute à la liste des clauses frappées de nullité celles qui prévoient l'alignement automatique des conditions commerciales dès lors qu'un concurrent aurait obtenu des conditions plus favorables.

Toutefois la hausse structurelle des prix des matières premières agricoles ainsi que leur volatilitéì constituent un obstacle lors des négociations entre les fournisseurs, qui

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subissent les variations du prix lors de l'achat de leurs matières premières, et les acheteurs de la distribution qui n'acceptent pas de répercuter, ou seulement partiellement, ces hausses sur les prix de vente au consommateur.

1.1.3 LES ACHATS ALIMENTAIRES RESPONSABLES

Les achats dits « responsables » sont une des composantes d'une démarche de responsabilité sociétale d'entreprise. D'après l'ISO 26000 « Lignes directrices relatives à la responsabilité sociétale (RS) », la RS se définit comme : « La responsabilité d'une organisation vis-à-vis des impacts de ses décisions et de ses activités sur la société et sur l'environnement, se traduisant par un comportement transparent et éthique qui : - contribue au développement durable y compris à la santé et au bien-être de la société ; - prend en compte les attentes des parties prenantes ;

- respecte les lois en vigueur et est compatible avec les normes internationales,

- est intégré dans l'ensemble de l'organisation et mis en oeuvre dans ses relations. »

En contribuant à la vision durable dans laquelle l'organisation s'inscrit, les achats responsables s'intègrent donc dans un projet de l'entreprise. Ils sont définis de la manière suivante par l'ObsAR (Observatoire des Achats Responsables) :

« Tout achat intégrant dans un esprit d'équilibre entre parties prenantes des exigences, spécifications et critères en faveur de la protection et de la mise en valeur de l'environnement, du progrès social et du développement économique. L'acheteur recherche l'efficacité, l'amélioration de la qualité des prestations et l'optimisation des coûts globaux (immédiats et différés) au sein d'une chaîne de valeur et en mesure l'impact. ».

Les achats responsables s'appuient donc sur les trois mêmes piliers que ceux du développement durable économie, environnement, social. Ils recherchent une performance globale, intégrée à la stratégie même de l'entreprise. De quelle manière ?

Environnement : cette partie concerne d'une part les performances environnementales du fournisseur, en particulier sa capacité à limiter son impact lors de son activité : utilisation d'énergie, bilan de gaz à effet de serre, émissions de carbone, préservation de l'eau..., mais aussi les performances environnementales du produit lui-même ou de la prestation tout au long de son cycle de vie.

Economie : cet aspect apparaît comme le plus évident. La recherche du meilleur prix est au centre de l'activité de l'acheteur. Cependant, c'est le coût global d'un bien qu'il convient de prendre en considération. Ce coût comprend le prix d'achat, mais aussi les coûts d'exploitation, de fin de vie ainsi que le coût des risques associés à la ressource que l'on approvisionne. La partie économique recouvre aussi le fait de s'assurer de la santé économique de son fournisseur et ainsi de sa capacité à fournir les quantités demandées.

Social : ce pilier s'intéresse aux conditions de travail de ceux qui fournissent l'entreprise, réalisent une prestation, fabriquent une marchandise. Ce pilier intègre la formation des

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employés, l'équité de traitement, l'absence de discrimination, le respect des droits de l'homme, l'insertion des personnes en difficulté. On y associe souvent un aspect sociétal avec, en ligne de mire, le souci de soutenir ou développer l'activité économique d'un territoire et notamment l'emploi.

Les différents types d'achats responsables

Les éco-achats ou achats verts c'est-à-dire les achats plus respectueux de l'environnement ; la démarche consistant à sélectionner des produits aux impacts les plus faibles sur l'environnement (écolabel européen, marque NF Environnement...).

Les achats solidaires qui sont les achats auprès de structures employant des personnes en difficulté : public éloigné de l'emploi (insertion professionnelle par l'activité économique) et per- sonnes en situation de handicap.

Les achats éthiques qui prennent en considération des préoccupations d'ordre social ou moral ; la démarche se référant à la responsabilité sociale et sociétale des acheteurs notamment en matière de droits de l'homme.

Les achats équitables qui prennent en compte l'aspect économique dans les relations entre les opérateurs économiques (notion définie récemment par décret, dépassant ainsi la vision historique du commerce Nord-Sud, par exemple sous l'angle de la rémunération plus juste des producteurs de base).

Les enjeux pour la filière agroalimentaire

Les achats revêtent des enjeux spécifiques dans le milieu agroalimentaire et donc pour les coopératives agricoles et leurs filiales. La maîtrise de la chaine d'approvisionnement est cruciale pour pouvoir rassurer les clients de l'artisanat, qu'ils soient des industriels, des acteurs de la RHD (Restauration hors domicile) ou de la distribution ou encore des consommateurs finaux.

La fluctuation du prix des matières premières, notamment agricoles, fragilise le processus achats. Les récentes crises sanitaires ou fraudes, également relayées par les médias, ont rendu les uns et les autres de plus en plus méfiants et avides de transparence vis-à-vis des acteurs du monde agricole et agroalimentaire.

Qu'il s'agisse de sécuritéì des aliments, d'utilisation de produits phytosanitaires, de présence d'OGM dans les denrées alimentaires ou dans les aliments pour animaux, de gestion de la fraude - affaire de la viande de cheval vu précédemment par exemple -, autant de sujets qui tiennent l'agro-industrie en alerte pour se prémunir contre une crise.

1.2 LE PILOTAGE DES RISQUES ACHATS

Toutes les transactions économiques mêlent l'intérieur (l'entreprise) et l'extérieur (environnement), dans toutes les dimensions variées qui touchent aux aspects sociaux, économiques, politiques et environnementaux. La fonction achat, ayant un rôle d'interface entre les partenaires externes et les services de l'entreprise, voit son métier se complexifier et se voit impliquée de façon plus importante dans les décisions

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stratégiques de l'entreprise. Sa responsabilité vis-à-vis de l'exposition au risque s'est parallèlement intensifiée. Parce qu'il est de la responsabilité des exécutifs de l'achat de pouvoir démontrer en permanence que les dispositifs opérationnels en place (gouvernance, processus, procédures et tableaux de bord) sont efficaces et que les opérations sont maîtrisées à tous les niveaux de la chaîne de valeur, que les aléas potentiels sont contenus et sous contrôle et que les états financiers (reporting) reflètent une certaine réalité économique.

Des outils sont cependant utiles pour l'évaluation de ces risques, leur identification et leur gestion.

Une méthodologie simple fondée sur des outils reconnus existe. La première étape est de maîtriser le portefeuille achat fondé sur trois axes : le marché, les contraintes internes et les fournisseurs. Cette première étape suppose une bonne connaissance du marché et du segment à considérer, une vision claire des structures de coûts et des éléments économiques en jeu. De cette étape se dessineront les premiers éléments de contraintes et de risque (interne et externe).

La seconde étape est la mise en place d'un processus de surveillance permanente (veille), proactive et ciblée de l'environnement de l'entreprise, permet de déceler dès que possible les signaux faibles perturbateurs de la stratégie achats.

Figure 4 : La veille au coeur de la Matrice de Porter

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Les objectifs de la veille permettent à l'entreprise de disposer au moment opportun de la bonne information règlementaire, normative ou de marché en vue de la prise de décisions. C'est aussi un moyen d'adapter et de surveiller son environnement pour sécuriser ses achats par l'identification des menaces et des risques. La veille permet de disposer d'un panel de partenaires potentiels prêt à l'accompagner dans la réalisation de projets ou d'opérations commerciales. C'est aussi un moyen d'obtenir ou de développer un avantage concurrentiel lui permettant de soutenir la compétitivité par l'identification des meilleures pratiques opérationnelles. Elle sécurise ainsi les approvisionnements grâce aux choix stratégiques faits par fournisseur. Enfin, elle permet de rechercher des informations sur des opportunités d'achats (partenariats stratégiques, commerciaux, sourcing ou innovations par exemple).

On peut définir le processus de veille à l'aide de deux étapes clefs :

Identification :

? Définition du contexte et des attentes de l'entreprise

? Ciblage des informations recherchées

? Collecte (données du marché, informations informelles)

? Analyse et Synthèse

? Communication

Exploitation :

? Traitement (revues de processus, révisions contractuelles, audits, plans de progrès)

? Validations croisées

? Utilisation (stratégie globale de l'entreprise, accords de partenariats, couverture des risques, revue des processus, positionnements marketing et industriel)

La veille est donc un élément essentiel de la stratégie achats et de la stratégie globale de l'entreprise. Par la détection de signaux faibles, elle permet de mettre en place des actions anticipatives et non correctives.

La troisième étape est la matrice des contraintes. Son utilisation permet : d'inventorier l'ensemble des contraintes, typés et déclinées par segment d'achat, de définir un index de pondération pour chacune d'elles (par valeur d'impact sur le business considéré), de quantifier chacune des contraintes suivant le segment considéré et d'en évaluer un taux de contrainte globale par typologie d'achat. Alignée sur la matrice de Kraljic, cette étape permet de visualiser rapidement la posture à tenir et la qualité des ressources à mettre en oeuvre. Ces éléments, clairement identifiés et mesurés, constituent à eux seuls des informations pertinentes à suivre de manière régulière sur les tableaux de bord de

l'activité achat.

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Figure 5 : La matrice de Kraljic pour l'évaluation des risques

La quatrième étape consiste à réaliser les tableaux de bord, outils de pilotage par excellence, puisqu'ils reprennent de manière synthétique et factuelle l'ensemble des indicateurs majeurs à tenir sous surveillance. La mise à jour régulière et l'observation des variations permettant de dégager des priorités d'action au regard de l'impact probable sur les résultats économiques de l'entreprise. Outre le fait que cette méthode simple est un outil d'identification des aléas et des risques liés à l'activité achat, cette approche permet de documenter et de conforter les orientations engagées, d'expliquer la qualité des résultats dégagés au regard des objectifs précédemment définis, d'évaluer la qualité des taux de criticité des contraintes et des risques, de communiquer de manière objective et pertinente, de faire vivre les stratégies mises en place, d'adapter les

ressources aux évolutions de l'environnement économique.

Une autre technique pour minimiser le risque de référencement des produits est l'utilisation de l'outil SWOT. Par l'identification des forces et faiblesses du produit, marché ou fournisseur et par la mise en exergue des opportunités et menaces, il permet de valider ou d'invalider un référencement risqué.

Ce qu'il faut retenir :

Les rôles de l'acheteur sont donc transverses, multiples et complexes. Ils interviennent à différents niveaux de l'entreprise et revêtent toujours une dimension stratégique. Cela est particulièrement vrai dans le secteur agroalimentaire où la notion de gestion du risque y est particulièrement présente et importante. L'acheteur est le garant de la l'aspect sanitaire de la denrée alimentaire qu'il proposera au client final. Il est également garant auprès de son entreprise de la stabilité de la marge et des coûts d'achats, c'est en cela que son rôle est primordial dans la chaîne de valeur de sa société.

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DEUXIEME PARTIE : L'ACHETEUR
ALIMENTAIRE, GARANT D'UN PROCESSUS
ACHAT RESPONSABLE ET CONFORME AUX
EXIGENCES DES PARTIES PRENANTES
(CLIENT-NORME-REG LEM ENT ATION)

La première partie de ce mémoire a permis d'apporter des informations clefs sur l'évolution du secteur et de la règlementation agroalimentaire. Cette première étude soulève alors d'autres interrogations : Quel est l'impact de ce cadre règlementaire sur le métier d'acheteur ? Comment s'adapte-t-il aux changements de règlementation qui le concernent ?

Les lectures pluridisciplinaires et les entretiens exploratoires ont permis de préciser la question de départ, en ciblant une obligation de synergie entre la cellule Achats et la cellule Hygiène & Qualité.

Pour rappel, notre problématique est la suivante :

Comment l'acheteur s'adapte-t-il dans un environnement juridique et normatif en constante évolution et sous la contrainte des changements du secteur agroalimentaire, du marché, des modes de consommation et sous celle de règles strictes en termes de qualité, d'hygiène et d'approvisionnement des produits alimentaires ?

De cette problématique découlent trois hypothèses :

Hypothèse 1 : La nature des achats impacte la mission de l'acheteur.

Hypothèse 2 : Une interaction forte entre les fonctions Qualité & Hygiène et Achats garantira un achat conforme aux exigences.

Hypothèse 3 : L'innovation produits ou processus est un risque pour l'acheteur alimentaire.

Ces hypothèses sont donc établies afin de répondre à notre problématique de départ. Les différents entretiens menés auprès des professionnels du secteur agro-alimentaire seront la clef pour la validation ou l'invalidation de nos hypothèses.

L'objectif de cette seconde partie est d'apporter les premiers éléments de réponse et les pistes d'éclairage essentielles à la compréhension des hypothèses.

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1 EXPLICATION DES HYPOTHESES

Hypothèse 1 : La nature des achats impacte la mission de l'acheteur.

L'acheteur, tous secteurs confondus, a une obligation auprès de sa société de fournir des produits conformes, aux normes et aux qualités souhaitées. Cela signifie qu'il doit être capable de tracer l'origine et la conformité de ses achats jusqu'aux fournisseurs de rang 2 voire au delà.

Le poids qui pèse sur les épaules de l'acheteur est d'autant plus lourd lorsque le client de l'acheteur n'est plus l'entreprise mais le client final. C'est le cas de la Distribution notamment. L'introduction dans le foyer du produit sourcé par l'acheteur accentue son degré de responsabilité. Le cas des achats alimentaires est d'autant plus criant car l'ingestion d'un aliment non règlementaire ou contaminé peut causer un réel phénomène de société et se répandre très rapidement comme les scandales alimentaires de la première partie nous l'ont montré. L'impact sur la santé des consommateurs et sur l'image de l'entreprise peut prendre une telle ampleur que l'acheteur sera directement mis en cause et probablement remercié pour faute grave le cas échéant.

Par ailleurs, les caractères fragile et périssable des denrées alimentaires contraignent la mission quotidienne de l'acheteur. La prise en compte des particularités de stockage et de transport (frigorifiés par exemple) et des dates limites de consommation rend la logistique alimentaire plus contraignante à suivre.

Hypothèse 2 : Une interaction forte entre les fonctions Qualité & Hygiène et Achats garantira un achat conforme aux exigences.

Nous avons vu précédemment que le cadre législatif qui régit le secteur agro-alimentaire évoluait rapidement et nécessitait une expertise pointue. Cette expertise est du ressort du qualiticien qui doit pouvoir assurer la conformité des denrées alimentaires que l'acheteur référence. Il semble donc logique que ces deux cellules de l'entreprise travaillent main dans la main pour le référencement de produits alimentaires conformes aux exigences règlementaires et à celle du client.

En effet, outre de connaître parfaitement les produits qu'il référence, le rôle de l'acheteur est principalement de négocier les conditions commerciales à savoir le prix, la qualité des produits et les délais et conditions de livraison. Le devoir de traçabilité est davantage du ressort du qualiticien qui grâce à l'aide de l'acheteur, auditera ses fournisseurs et leur production. C'est également lui qui connaîtra la réglementation et ses évolutions par le biais de son expérience professionnelle, de sa formation (vétérinaire par exemple) et de ses connaissances personnelles.

C'est donc un travail en équipe entre l'acheteur et le qualiticien qui devrait permettre un référencement aux normes répondant aux exigences de toutes les parties prenantes.

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Hypothèse 3 : L'innovation produits ou processus est un risque pour l'acheteur alimentaire.

Il est demandé à l'acheteur d'être capable de répondre aux besoins du consommateur que lui-même ne soupçonne pas encore. Il doit proposer une offre innovante afin de se différencier de la concurrence tout en bénéficiant de tarifs avantageux. Cela passe par un sourcing international permettant de vérifier ce que l'on trouve de différentiant sur les marchés étrangers, cela passe également par l'intégration des fournisseur dans le processus d'innovation (le fournisseur est alors perçu comme force de proposition est la stratégie à adopter est donc partenariale). Quelle que soit la stratégie adoptée, le risque est toujours présent lorsque l'on parle d'innovation. L'inconnu y est pour beaucoup. La réaction du consommateur peut ne pas être celle escomptée, la volonté d'innover peut être freinée par des problèmes règlementaires (interception de produits en douanes pour cause de non conformité aux règlementations nationales voire non autorisation de vendre les produits sur le territoire) ou encore mauvaise intégration d'une des parties (acheteur/fournisseur) dans le processus interne de l'autre qui créerait des litiges.

C'est en cela qu'il est nécessaire d'anticiper au maximum ces risques en s'informant sur le marché en question, la typologie de produits et les contraintes légales afférentes.

2 LA METHODOLOGIE DE RECHERCHE

Pour ce mémoire de recherche, les divers questionnements sont nés à la suite d'expériences professionnelles en achats alimentaires. Ces idées ont permis d'en venir au thème suivant :

« Evolution de l'environnement règlementaire du secteur agroalimentaire : enjeux et contraintes pour l'acheteur. »

A la suite de l'établissement de ce thème, des lectures ont étéì réalisées afin d'apporter matière à ce travail. Diverses règlementations en hygiène alimentaire ont étéì analysées en parallèle à des recherches sur les évolutions du secteur agroalimentaire et des conséquences sur le consommateur. La bibliographie de ce travail de recherche est basée, sur une évolution du secteur agroalimentaire des années 1970 à aujourd'hui, les évolutions réglementaires (arrêtés, directives et règlements) sont quant à elles plus contemporaines. Cette bibliographie a apporté des éléments clés au cadre théorique, essentiels pour la formulation de la problématique suivante :

Comment l'acheteur s'adapte-t-il dans un environnement juridique et normatif en constante évolution et sous la contrainte des changements du secteur agroalimentaire, du marché, des modes de consommation et sous celle de règles

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strictes en termes de qualité, d'hygiène et d'approvisionnement des produits alimentaires ?

Nous remarquons que la problématique cible, spécifiquement les évolutions, qu'elles soient du marché, du secteur, de la réglementation etc. Les lectures pluridisciplinaires, l'expérience professionnelle et les entretiens qualitatifs, ont débouchés sur les trois hypothèses précédemment citées :

Ces trois hypothèses semblent essentielles dans l'étude du rôle de l'acheteur dans le secteur agroalimentaire. Les entretiens exploratoires réalisés vont apporter des informations, et des éléments de réponses aux hypothèses.

3 LE CHOIX ET L'ANALYSE DES ENTRETIENS

Avant de décrypter les différents entretiens réalisés, nous allons définir l'objectif d'un entretien qualitatif semi-directif.

3.1 LE CHOIX DU MODELE D'ENTRETIEN

Pour ce mémoire de Master 2, l'utilisation de la méthode qualitative avec des entretiens dits semi-directifs, a paru plus appropriée car elle cible des thèmes bien précis et des acteurs eux aussi particuliers.

L'entrevue de recherche ou entretien est défini comme étant « un procédéì d'investigation scientifique, utilisant un processus de communication verbale, pour recueillir des informations, en relation avec le but fixé » (Depelteau, 2000). La méthode qualitative contrairement à la méthode quantitative « est souvent moins rigoureuse que l'analyse quantitative. (...) En ce sens l'analyse qualitative est plus subjective que l'analyse quantitative. » (Depelteau, 2000).

En résuméì, nous nous retrouvons face à un individu, que nous souhaitons interroger afin d'extraire des éléments intéressants dans la construction de notre travail. L'entretien peut se réaliser individuellement ou collectivement et sous trois formes différentes, directif, non directif et semi-directif :

- entretien direct : l'enquêteur arrive avec un guide d'entretien sous forme de questionnaire, avec des questions dans un ordre précis. L'enquêtéì dans ce cas de figure a une marge de manoeuvre limitée, il doit seulement répondre aux questions ;

- entretien libre : dans ce type d'entretien, le degréì de libertéì des interlocuteurs est limité par un thème ou sujet de recherche. L'enquêteur mène l'entretien comme il le souhaite et l'enquêtéì est libre de ses réponses ;

- entretien semi-directif : ce type d'entrevue se base sur une liste de thèmes précis à aborder. L'enquêteur doit aborder les différents thèmes du guide d'entretien, mais il garde une certaine libertéì dans le déroulement de l'entrevue.

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Dans notre cas, l'entretien semi-directif est utilisé et nous gardons comme idée générale qu'il se réalise dans un besoin de réponses apportées par l'enquêté. Celui-ci est guidé par les questions mais, malgréì tout, il garde une certaine libertéì et peut apporter des informations complémentaires sur des sujets qui n'auraient pas été abordées dans les questions posées mais qui lui semblent important de préciser.

3.2 LA REALISATION DES ENTRETIENS

Les entretiens se réalisent en trois étapes principales, le choix des personnes interrogées, la réalisation des entretiens et l'analyse de ces derniers.

Les personnes interrogées

Les entrevues ne sont pas réalisées au hasard, elles nécessitent une réflexion sur les choix d'acteurs déterminants dans la compréhension de ce travail de recherche. Dès lors, le souhait a été d'interroger des acheteurs alimentaires agissant sur différents périmètres, un responsable qualité et hygiène et une responsable qualité, vétérinaire de formation. La majorité des enquêté travaillent aux Galeries Lafayette afin de bénéficier d'avis internes mais un des entretiens est fait auprès d'une acheteuse alimentaire externe au groupe, ce qui permet d'obtenir un point de vue différent et recueillir des informations sur ce le fonctionnement d'autres cellules Achats et Qualité.

Tableau 3 : précisions sur les personnes interviewées choisies

 

Enquêté

Fonction

Périmètre

Société

1.

Guillaume
LESOUEF

Responsable Achats
Alimentaires

Tous périmètres
confondus

Galeries Lafayette

2.

Thomas
SYLVAND

Responsable Hygiène
& Qualité

Restauration

Galeries Lafayette

3.

Antoine CARROZ

Acheteur

Restauration

Galeries Lafayette

4.

Ophélie
MARQUES

Acheteuse

Pâtisserie industrielle,
Epicerie Salée et Boissons
Sans Alcool

Galeries Lafayette

5.

Marie-Laure
SANTUCCI

Acheteuse

Vins & Spiritueux et Libre-
Service Produits Frais

Galeries Lafayette

6.

Quynh TON NU

Acheteuse

Epicerie Sucrée, Thés

Galeries Lafayette

7.

Flavie MICHEL

Acheteuse

Restauration Collective

MRS

8.

Marie DE
COURTIVRON

Responsable Hygiène
& Qualité

Restauration

Galeries Lafayette

 

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La réalisation des entretiens

La grille d'entretien a été construite à partir des grandes thématiques du sujet de ce mémoire :

Thème 1 : profession et périmètre de la personne interrogée Thème 2 : interaction entre cellules Achats et Hygiène/Qualité Thème 3 : évolution de la règlementation alimentaire

Thème 4 : impact de cette réglementation sur le métier

Thème 5 : dispositifs à mettre en place pour diminuer l'impact règlementaire sur la fonction Achats

Diverses questions ont été ensuite associées aux thèmes afin de réaliser la grille d'entretien dans sa globalité. Elle a été ensuite adaptée en fonction de la personne interrogée. Après réalisation des entrevues nous obtenons les résultats suivant en partie 3.5 Transcription des guides d'entretien. Les réponses obtenues ont apporté des premiers éléments de réponse aux trois hypothèses.

3.3 LE GUIDE D'ENTRETIEN

1) Acheteur : Quelle est la nature de vos Achats (HA) ? Qualiticien : Quel est votre périmètre Qualité-Hygiène (QH) ?

2) Décrivez le processus achat/qualité au sein de votre service.

3) Quels sont les intervenants (clients internes, fournisseurs etc.) de chaque étape de ce processus ?

4) Acheteurs : quel est le niveau d'intervention de la Cellule Hygiène lors d'un référencement produit/fournisseur

Qualiticien : à quelle étape du référencement produit/fournisseur intervenez-vous ?

5) Considérez-vous que l'interaction HA/OH soit suffisante au sein de votre entreprise ?

6) Acheteur : Quel est votre degré de connaissance de la législation alimentaire en vigueur et de son évolution ? Etes-vous, ou votre service, abonné aux revues sur le sujet et celles répertoriant ces évolutions ?

Qualiticien : d'où vient votre information concernant l'évolution règlementaire alimentaire ? Lorsque vous apprenez un changement règlementaire, communiquez-vous ces informations aux acheteurs de votre entreprise dont les périmètres sont concernés ?

7)

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Acheteur : Vous est-il déjà arrivé un problème de référencement fournisseur ou produit par manque d'informations liées à réglementation actuelle ? Si oui, pouvez-vous nous expliquer la nature du produit et du problème ?

8) Comment verriez-vous une intégration de ces deux cellules au sein de leur processus respectif ?

9) Quels conseils donneriez-vous, ou moyens mettriez-vous en place, pour augmenter cette intégration dans votre entreprise (expérience passée dans différentes entreprises par exemple) ?

10) Cela vous semble-t-il implémentable au vu du fonctionnement actuel (ou au vu de vos connaissances concernant des changements de votre entreprise opérés par le passé) ?

11) Trouvez-vous pertinent une telle cohésion entre la cellule HA et la cellule QH ?

12) Commentaires, remarques ou points à aborder ?

3.4 L'ANALYSE DES REPONSES

L'analyse des entretiens adressés aux acheteurs et responsables Qualité/Hygiène alimentaires révèle un état de fait commun : il n'y a - à date - pas ou peu d'interactions entres ces deux cellules pourtant liées. La première explication semble être la distance géographique. Ces deux équipes ne travaillent pas ensemble car elles ne sont pas dans les mêmes locaux. Seconde explication qui découle des réponses reçues : malgré l'existence d'une cellule QH, le positionnement hiérarchique ou du moins le rattachement de ces personnes au pôle Achats des Gourmets n'est pas clair. Les acheteurs ne savent pas à qu'ils doivent s'adresser lorsqu'ils ont une interrogation concernant un référencement. Le résultat qui en découle est que, soit la demande est faite au service juridique qui se trouve géographiquement proche de la cellule Achats mais ne possède pas l'expertise alimentaire, soit la demande est omise et le référencement a tout de même lieu. Cela nous amène au fait que lorsqu'il y a un risque fournisseur ou produit, il n'est jamais traité en amont mais en aval une fois que la DGCCRF - ou autres autorités compétentes - soient finalement intervenues. Le risque pour l'entreprise et les acheteurs est élevé, particulièrement lorsque l'on sait que ce risque aurait pu être maitrisé en amont et qu'il est donc inutile.

Un second constat est fait, sept des huit interrogés considèrent cette interaction utile voire indispensable. Qualiticiens comme acheteurs sont d'accord sur le fait qu'ils doivent participer à leurs processus respectifs pour assurer un référencement qui répond aux normes réglementaires et aux exigences des parties prenantes. Le manque de connaissance des acheteurs sur les périmètres d'expertise des qualiticiens est un argument en faveur de cette intégration. Tout comme le manque de visibilité de la cellule Qualité sur les contrats négociés par les acheteurs alimentaires.

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Plusieurs solutions sont apportées. Premièrement, l'intégration physique de la cellule Qualité/Hygiène qui existe aujourd'hui. Cela va évidemment avec une réorganisation du rôle à jouer de chacun (quel périmètre achats pour quel qualiticien ?). A cela s'ajouterait une redéfinition des processus Achats et Qualité/Hygiène qui viendraient se greffer à certaines étapes, une politique Achats/Qualité commune qui intégrerait impérativement des audits ou (auto-)évaluations fournisseurs. Au moment des négociations, le fournisseur devrait prendre part à la charte Qualité définie préalablement et s'engager à la respecter. Celle-ci serait intégrée au contrat.

Deuxième solution : la formation d'un juriste aux spécificités de l'alimentaire et de la réglementation afférente. Cela éviterait de déplacer la cellule QH et permettrait d'ajouter l'expertise juridique nécessaire à la contractualisation. Cependant, cette solution peut ne pas être sélectionnée car la veille règlementaire liée à l'alimentaire fait partie de la mission quotidienne du qualiticien. On peut alors se demander s'il est nécessaire qu'un juriste se voie également attribuer cette mission.

En finalité, ce que l'on peut extraire de ces entretiens est le fait que malgré l'absence d'interactions fortes entre une cellule Qualité/Hygiène - qui s'occupe à date principalement du secteur restauration et non du secteur distribution - et la cellule Achats distribution, nous remarquons une volonté commune de changement.

Plusieurs raisons motivent ce choix :

- la prise de risque trop importante lors des référencements actuels ;

- les problèmes sanitaires rencontrés par le passé et l'intervention des autorités ministérielles ;

- la nécessité de conformité face aux exigences des autorités, des clients et autres parties prenantes ;

- la responsabilité de l'entreprise quant aux fournisseurs qu'elle référence (RSE).

Des solutions à la portée de la Direction Alimentation et Restauration sont implémentables sans pour autant changer foncièrement le système actuel (utilisation des ressources humaines disponibles). Il reste cependant un travail important à faire sur la clarification du rôle de chacun et sur la définition de nouveaux processus et d'une nouvelle politique commune, ce qui est impératif pour une bonne intégration des deux cellules.

Tableau 4 : proposition d'un processus de référencement commun aux cellules Achats et Qualité/Hygiène

58

ETAPE

SERVICES
CONCERNES

DOCUMENTS / MOYENS
D'INFORMATION

1

Définition et expression
du ou des besoins

Qualité/Achats

Cahier des charges
fonctionnel

2

Rédaction de la
demande d'achats puis
validation par hiérarchie

Demandeur + Responsable

service du

demandeur

Formulaire ou demande
écrite validée par la
hiérarchie

3

Prospection et
détermination des
fournisseurs potentiels à
consulter

Achats

Annuaires et salons
professionnels, Internet,
panel fournisseurs actifs

4

Visites fournisseurs

Achats/Qualité

Audit/Questionnaire
d'auto-évaluation

5

Appel d'offres

Achats

Appel d'offres + Cahier
des charges + Conditions
Générales d'Achat

6

Analyse et Comparaison
des offres

Achats/Qualité

Tableau avec critères :

coûts, qualité, délai,

services, Conditions Générales de Vente...

7

Négociation

Achats

Comptes rendus des
différentes étapes de

négociation, Contrat cadre
intégrant de la Charte

Qualité

8

Choix final du
fournisseur

Achats

Note d'information
adressée entre autres au
demandeur et la Cellule
Qualité

9

Rédaction de la
commande

Achats et/ou
Approvisionnement

Bon de commande

59

10

Confirmation de livraison
de la commande

Entrepôt et/ou
magasin +
Approvisionnement

Prise de RDV pour
livraison entrepôt ou
magasin

11

Réception quantitative et
qualitative de la
marchandise

Réception
alimentaire avec
retour aux cellules
Achats et Qualité si
nécessaire

Bon de livraison émargé

12

Enregistrement facture

Comptabilité
fournisseurs

Facture

13

Validation de la facture
et paiement

Comptabilité
fournisseurs+
Achats si litige

Avis de paiement

14

Retour sur performance
des fournisseurs

Achats/Qualité

Evaluation annuelle du
fournisseur, fiches
anomalies, ressenti et
retours des demandeurs

En conclusion, nous pouvons dire que les guides d'entretien réalisés ont permis de valider nos trois hypothèses à savoir :

Hypothèse 1 : La nature des achats impacte la mission de l'acheteur.

Hypothèse 2 : Une interaction forte entre les fonctions Qualité & Hygiène et Achats garantira un achat conforme aux exigences.

Hypothèse 3 : L'innovation produits ou processus est un risque pour l'acheteur alimentaire.

En effet, les spécificités règlementaires liées à l'achat alimentaire ont un impact sur la mission de l'acheteur, rendant le référencement des fournisseurs et des produits plus contraignant et plus difficile à gérer. C'est par ailleurs grâce à une interaction forte Achats/Qualité que ces référencements peuvent être facilités et répondre aux exigences qu'elles soient juridiques ou émanant des clients. Pour finir, la volonté d'innover et de proposer aux clients des aliments hors du commun ou nouveaux sur le marché (cas de la Novel Food et des insectes) font encourir un risque important pour l'acheteur et son entreprise. Risques qui peuvent être anticipés et maîtrisés en amont si les processus Achats et Qualité sont communs sur certaines étapes comme proposées dans le tableau 3.

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3.5 TRANSCRIPTION DES GUIDES D'ENTRETIEN

GUIDE D'ENTRETIEN - GUILLAUME LESOUEF

1. Quel est votre périmètre achats ? Responsable Achats Alimentaire/Restauration

2. Décrivez le processus achats au sein de votre service.

La cellule Achat fait partie intégrante d'une chaîne de valeur où toutes les différentes composantes métiers sont intégrées et imbriquées : Approvisionnement, Gestion, Merchandising, RH, Ventes etc.

3. Quels sont les intervenants (clients internes, fournisseurs etc.) de chaque étape de ce processus ?

Nous avons plus de 500 fournisseurs/partenaires

4. Quel est le niveau d'intervention de la Cellule Hygiène lors d'un référencement produit/fournisseur ?

La Cellule Hygiène doit intervenir en amont de tout référencement produit/fournisseur. Elle doit mesurer les risques éventuels de tout référencement en fonction de la nature des produits concernés et les limiter à travers un renforcement de nos contrats commerciaux établis avec nos partenaires. La cellule Hygiène travaille donc main dans la main avec notre service juridique pour prévenir des risques encourus.

5. Considérez-vous que l'interaction Achat/Qualité Hygiène soit suffisante au sein de votre entreprise ?

Si l'interaction s'est améliorée et a progressé, elle mériterait d'être encore plus poussée et optimisée. Une intégration physique de cette cellule au sein de notre organisation faciliterait grandement les échanges et notre réactivité sur ces sujets.

6. Quel est votre degré de connaissance de la législation alimentaire en vigueur et de son évolution ? Etes-vous, ou votre service, abonné(e) aux revues sur le sujet et celles répertoriant ces évolutions ?

Mon degré de connaissance est assez simpliste et basique d'où la nécessité d'être épaulé par une équipe d'experts. Je suis abonné à des revues généralistes sur l'alimentaire qui peuvent traiter et évoquer ces sujets plus spécifiques.

7. Vous est-il déjà arrivé un problème de référencement fournisseur ou produit par manque d'information lié à réglementation actuelle ? Si oui, pouvez-vous nous expliquer la nature du produit et du problème ?

Oui. Il s'agit du fournisseur ENTOMA qui souhaitait distribuer des crickets appelés JIMINI's dans le cadre de la Novel Food. Les règlementations européennes étant assez floues sur le sujet, nous avons décidé de les référencer et de les implanter dans nos

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magasins ce que la DGCCRF a vu d'un mauvais oeil. Nous sommes toujours en cours d'échange avec eux sur ce sujet.

8. Comment verriez-vous une intégration de ces deux cellules au sein de leur process respectif ?

Si les deux cellules ont effectivement un process respectif à respecter et suivre, elles fonctionnent en étroite interaction et n'ont pas d'autres choix que de tenir compte de leurs contraintes respectives pour avoir le mode de fonctionnement le plus efficace possible.

9. Quels conseils donneriez-vous, ou moyens mettriez-vous en place, pour augmenter cette intégration dans votre entreprise (expérience passée dans différentes entreprises par exemple) ?

Au-delà des niveaux de compétence et d'expertise de chacun, nous sommes avant tout sur de l'humain. La rencontre et la proximité physique des équipes me semblent donc essentiels pour apprendre à se connaitre, échanger et aller de l'avant.

10. Cela vous semble-t-il implémentable au vu du fonctionnement actuel (ou au vu de vos connaissances concernant des changements de votre entreprise opérés par le passé) ?

Oui, cela est tout à fait possible et envisageable à moyen terme. Nous avons la volonté de le faire pour améliorer notre réactivité et notre souplesse.

11. Trouvez-vous pertinente une telle cohésion entre la cellule Achat et la cellule Qualité Hygiène ?

Cela est à mon sens plus que nécessaire. Cela contribue à l'amélioration de notre chaîne de valeur. Nous sommes plus forts avec des métiers et des niveaux d'expertise différents que tout seul, chacun de son côté.

62

GUIDE D'ENTRETIEN - THOMAS SYLVAND

1. Quel est votre périmètre Qualité-Hygiène ?

TS = Généraliste / transverse - Hygiène (tous)/ Méthodo-normalisation / Maintenance RESTO / R.S.E. (Tous) dans une moindre mesure

2. Décrivez le processus Qualité au sein de votre service. Voir schéma en fin d'entretien.

3. Quels sont les intervenants (clients internes, fournisseurs etc.) de chaque étape de ce processus ?

Voir schéma en fin d'entretien.

4. A quelle étape du référencement produit/fournisseur intervenez-vous ?

Intervention limitée aux produits lessiviels et au référencement des prestataires décrits dans le processus Sécurité Alimentaire

5. Considérez-vous que l'interaction Achat/Qualité Hygiène soit suffisante au sein de votre entreprise ?

Insuffisante, interaction discontinue, transversalité faible et peu efficace - pôle Achat en cours de réorganisation.

Exemples :

- Pas de politique Qualité Achat

- Pas de pré-audit de référencement, des critères de choix essentiellement

- Pas d'évaluation qualité / sécurité alimentaire avant référencement

- clause hygiène dans les contrats limitée voire inexistante sur l'historique et

toujours non-contraignante.

- Pas d'audit de suivi, pas de visite conjointe Qualité/achat

- Pas de bilan qualité sur les réclamations fournisseur (sauf Restauration en 2014

et 2015)

6. D'où vient votre information concernant l'évolution règlementaire alimentaire ? Lorsque vous apprenez un changement règlementaire, communiquez-vous ces informations aux acheteurs de votre entreprise dont les périmètres sont concernés ?

? Veille règlementaire par ma collègue, remontée d'informations via voie hiérarchique

7. Comment verriez-vous une intégration de ces deux cellules au sein de leur process respectif ?

a) Définir une politique achat/qualité

b) Ecrire le processus Achat en fonction de cette politique

c) Corriger les contrats partenaires et fournisseur et valider les avenants

d) Faire un état des lieux Fournisseurs/ partenaire (questionnaire qualité)

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e) Ecrire les procédures relatives au référencement fournisseur / produits / prestataires en intégrant le pôle qualité.

...

Cela peut se traduire par la désignation d'un référent qualité au sein du pôle Achat ou à la création d'un poste Qualité sur le pôle Achat

8. Quels conseils donneriez-vous, ou moyens mettriez-vous en place, pour augmenter cette intégration dans votre entreprise (expérience passée dans différentes entreprises par exemple) ?

Voir ci-dessus + processus Achat + travail réalisé sur la Restauration par le précédent responsable Achats Restauration + travail réalisé par nouveau responsable Achats Alimentaires.

9. Cela vous semble-t-il « implémentable » au vu du fonctionnement actuel (ou au vu de vos connaissances concernant des changements de votre entreprise opérés par le passé) ?

Aujourd'hui non, le système n'est pas mature. Cela dépend directement de la réorganisation du pôle Achats engagée par notre responsable Achats. C'est l'affaire de quelques mois encore, je suppose.

10. Trouvez-vous pertinent une telle cohésion entre la cellule Achat et la cellule Qualité Hygiène ?

Celle de demain, bien entendu !

11. Commentaires, remarques ou points qui vous semblent intéressant d'aborder ? Je n'ai pas fait mention des processus connectés :

- Approvisionnement

- Maintenance

- Communication (vecteur de la culture qualité : Indicateurs, bulletins hygiène, micro-formation, affichage)

Je n'ai pas détaillé non plus la procédure de gestion des alertes imparfaite aujourd'hui et complètement dépendante de la performance de l'équipe Achat. Procédure majeure du Plan de Maitrise Sanitaire sur lequel planche ma collègue HO cette année.

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65

66

67

GUIDE D'ENTRETIEN - ANTOINE CARROZ

1. Quel est votre périmètre achats ? Achats Restauration et Comptoirs traditionnels

2. Décrivez le processus achats au sein de votre service.

-Définition des besoins

-Ciblage Fournisseurs

-Appel d'offres

-Référencement contractuel

3. Quels sont les intervenants (clients internes, fournisseurs etc.) de chaque étape de ce processus ?

Cellule Achat/ Fournisseurs/administratif

4. Quel est le niveau d'intervention de la Cellule Hygiène lors d'un référencement produit/fournisseur ?

La cellule hygiène valide les éléments juridiques liés au service Hygiène et qualité inscrits au contrat

5. Considérez-vous que l'interaction Achat/Qualité Hygiène soit suffisante au sein de votre entreprise ?

Pas assez, à ce jour, la cellule achat n'est pas sollicitée pour effectuer une pré visite de laboratoire avant référencement du fournisseur (étape à mettre en place avec remise d'un cahier des charges et audit en amont du référencement)

6. Quel est votre degré de connaissance de la législation alimentaire en vigueur et de son évolution ? Etes-vous, ou votre service, abonné(e) aux revues sur le sujet et celles répertoriant ces évolutions ?

Mon degré de connaissance est celui que j'ai reçu lors de mon cursus d'études ainsi que lors des formations professionnelles dont j'ai bénéficié au sein de mes divers employeurs.

7. Vous est-il déjà arrivé un problème de référencement fournisseur ou produit par manque d'information lié à réglementation actuelle ? Si oui, pouvez-vous nous expliquer la nature du produit et du problème ?

Pas à ce jour.

8. Comment verriez-vous une intégration de ces deux cellules au sein de leur process respectif ?

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1/Définition d'un cahier des charges hygiène et qualité en amont par le service qualité 2/Audit des locaux de production

9. Quels conseils donneriez-vous, ou moyens mettriez-vous en place, pour augmenter cette intégration dans votre entreprise (expérience passée dans différentes entreprises par exemple) ?

On pourrait imaginer de mettre en place une check-list en amont en listant les points essentiels pour chaque service intégré dans le processus de référencement d'un fournisseur.

10. Cela vous semble-t-il implémentable au vu du fonctionnement actuel (ou au vu de vos connaissances concernant des changements de votre entreprise opérés par le passé) ?

Oui, il faut juste bien définir les rôles de chacun.

11. Trouvez-vous pertinente une telle cohésion entre la cellule Achat et la cellule Qualité Hygiène ?

Oui c'est extrêmement cohérent.

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GUIDE D'ENTRETIEN - OPHELIE MARQUES

1. Quel est votre périmètre achats ? Acheteur Epicerie

2. Décrivez le processus achats au sein de votre service.

L'acheteur est responsable du sourcing, de la négociation des conditions tarifaire et logistiques, de l'évolution de l'assortiment et de l'activation de la marque en magasin.

3. Quels sont les intervenants (clients internes, fournisseurs etc.) de chaque étape de ce processus ?

Principalement les fournisseurs et les magasins qui peuvent nous remonter des besoins spécifiques.

4. Quel est le niveau d'intervention de la Cellule Hygiène lors d'un référencement produit/fournisseur ?

Ils n'interviennent pas. Nous ne les intégrons pas dans nos choix car nous n'avons pas de marque propre. Même les retraits produits sont gérés par nos soins et éventuellement avec l'aide du juridique.

5. Considérez-vous que l'interaction Achat/Qualité Hygiène soit suffisante au sein de votre entreprise ?

Non elle n'est pas suffisante. Nous n'avons pas d'interlocuteur Qualité défini qui pourrait répondre à certaines de nos questions sur la réglementation ou superviser les retraits produits.

6. Quel est votre degré de connaissance de la législation alimentaire en vigueur et de son évolution ? Etes-vous, ou votre service, abonné(e) aux revues sur le sujet et celles répertoriant ces évolutions ?

Mon degré de connaissance de la législation spécifique aux négociations est plutôt élevé. Pour la législation spécifique à l'étiquetage ou aux ingrédients interdits, etc. elle est en revanche assez faible. Nous sommes abonnés à des revues de types LSA etc. mais pas à une revue dédiée à la législation. Notre entreprise ne nous propose aucune formation sur ce point (uniquement sur les négociations).

7. Vous est-il déjà arrivé un problème de référencement fournisseur ou produit par manque d'information lié à réglementation actuelle ? Si oui, pouvez-vous nous expliquer la nature du produit et du problème ?

Plusieurs fournisseurs ont souhaité me faire valider leurs étiquettes lorsqu'ils créaient un nouveau produit. Je leur réponds que ce n'est pas dans mes attributions et qu'ils doivent eux même se renseigner sur la réglementation. Cependant, je ne connais pas vraiment mes obligations sur ce point.

8.

70

Comment verriez-vous une intégration de ces deux cellules au sein de leur process respectif ?

Pour ne pas alourdir le process tout en évitant les erreurs, il faudrait simplement que nous ayons un référent qualité auquel nous pourrions poser toutes les questions en rapport avec la législation.

9. Quels conseils donneriez-vous, ou moyens mettriez-vous en place, pour augmenter cette intégration dans votre entreprise (expérience passée dans différentes entreprises par exemple) ?

La mise en place d'un référent qualité qui pourrait valider l'étiquetage des fournisseurs et nous alerter sur des produits avec des ingrédients douteux ou interdits (OGM, etc.)

10. Cela vous semble-t-il implémentable au vu du fonctionnement actuel (ou au vu de vos connaissances concernant des changements de votre entreprise opérés par le passé) ?

Oui cela me semble possible, il faudrait former une personne du service juridique à ces questions spécifiques à l'alimentaire

11. Trouvez-vous pertinente une telle cohésion entre la cellule Achat et la cellule Qualité Hygiène ?

Oui bien sûr tant qu'elle est sur le mode du « conseil » et non de la validation systématique

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GUIDE D'ENTRETIEN - MARIE-LAURE SANTUCCI

1. Quel est votre périmètre achats ? Achats Liquides et frais

2. Décrivez le processus achats au sein de votre service.

Après la détection d'un besoin produit, un appel d'offres (recherche de fournisseur avec proposition commerciale), négociation des conditions commerciales, contractualisation, référencement et approvisionnement.

3. Quels sont les intervenants (clients internes, fournisseurs etc.) de chaque étape de ce processus ?

Terrain dans le cas d'une remontée d'information

Fournisseurs

Services juridiques et administratifs

Terrain pour implantation

Approvisionnement

4. Quel est le niveau d'intervention de la Cellule Hygiène lors d'un référencement produit/fournisseur ?

Aucun.

5. Considérez-vous que l'interaction Achat/Qualité Hygiène soit suffisante au sein de votre entreprise ?

Pas d'interaction car pas de service en question.

6. Quel est votre degré de connaissance de la législation alimentaire en vigueur et de son évolution ? Etes-vous, ou votre service, abonné(e) aux revues sur le sujet et celles répertoriant ces évolutions ?

Aucune connaissance / la responsabilité juridique est porté par le fournisseur.

7. Vous est-il déjà arrivé un problème de référencement fournisseur ou produit par manque d'information lié à réglementation actuelle ? Si oui, pouvez-vous nous expliquer la nature du produit et du problème ?

Non.

8. Comment verriez-vous une intégration de ces deux cellules au sein de leur process respectif ?

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L'idéal serait d'intégrer ce service via une formation des acheteurs + spécificité de contrats alimentaires.

9. Cela vous semble-t-il implémentable au vu du fonctionnement actuel (ou au vu de vos connaissances concernant des changements de votre entreprise opérés par le passé) ?

Au vu de l'enjeu de l'alimentaire au sein des Galeries Lafayette (GL), je crains que cela ne soit pas une priorité d'entreprise.

10. Trouvez-vous pertinente une telle cohésion entre la cellule Achat et la cellule Qualité Hygiène ?

Sur mes périmètres et avec des fournisseurs officiels, cela ne me semble pas indispensable.

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GUIDE D'ENTRETIEN - QUYNH TON NU

1. Quel est votre périmètre achats ?

Petit déjeuner, Epicerie fine, Conserves, Pâtes et féculents, Aide à la pâtisserie, Boutique étrangère, Chips et apéritifs, Produits biologiques, Diététique.

2. Décrivez le processus achats au sein de votre service.

1) Sourcing : Nous sommes contactés par les fournisseurs qui nous proposent leur produit ou nous contactons directement les fournisseurs de produits que nous avons repéré pendant la veille concurrentielle

2) Définition des conditions commerciales avec le fournisseur et formalisation du contrat: remise logistique, remise de gamme, rabais tarifaire, coopération commerciale

3) Création du dossier de référencement : fichiers spécifiques GL, Kbis, RIB etc

4) Création fournisseur et de ses références dans le système d'informations GL

5) Passage de commande par la cellule approvisionnement

3. Quels sont les intervenants (clients internes, fournisseurs etc.) de chaque étape de ce processus ?

1) Sourcing : Acheteurs, responsable achat, magasin ou fournisseurs

2) Définition des conditions commerciales avec le fournisseur et formalisation du contrat: Acheteur / fournisseur

3) Création du dossier de référencement : Acheteur/fournisseur/cellule administrative

4) Création fournisseur et de ses références dans le SI GL : Acheteur/fournisseur/ cellule administrative

5) Passage de commande par la cellule approvisionnement : Supply chain

4. Quel est le niveau d'intervention de la Cellule Hygiène lors d'un référencement produit/fournisseur ? Nous n'avons pas d'interaction avec la cellule Hygiène.

Nous ne sélectionnons que des fournisseurs Français dans la plupart des cas pour ne pas être en statut d'importateur et être responsable du produit. Les produits des boutiques étrangères (américain, argentine) passent obligatoirement par des importateurs.

5. Considérez-vous que l'interaction Achat/Qualité Hygiène soit suffisante au sein de votre entreprise ?

L'interaction n'est pas du tout suffisante. Aujourd'hui nous travaillons en réaction lors de contrôle DGCCRF mais pas du tout en anticipation.

6.

74

Quel est votre degré de connaissance de la législation alimentaire en vigueur et de son évolution ? Etes-vous, ou votre service, abonné(e) aux revues sur le sujet et celles répertoriant ces évolutions ?

Le degré de connaissance est très limité. Nous connaissons les règles de base, les mentions légales obligatoires mais nous avons finalement très peu eu de formation sur le sujet. Non nous ne sommes pas abonnés à ces revues.

7. Vous est-il déjà arrivé un problème de référencement fournisseur ou produit par manque d'information lié à réglementation actuelle ? Si oui, pouvez-vous nous expliquer la nature du produit et du problème ?

Nous avons référencé il y a 2 ans une gamme apéritive d'insectes. Le fournisseur au moment du référencement nous a transmis tous les documents nécessaires attestant de la conformité des produits d'origine européenne.

Cette année, nous avons eu un contrôle DGCCRF car la législation est différente entre les différents pays de l'UE et la France souhaite éclaircir le flou juridique sur le statut de cette typologie d'aliment, de façon non favorable.

8. Comment verriez-vous une intégration de ces deux cellules au sein de leur process respectif ?

Dédier une personne de la qualité à l'alimentaire pour passer en revue les nouveaux fournisseurs et en constituant comme nous le faisons sur la partie administrative et commerciale, un dossier qualité par fournisseur.

9. Quels conseils donneriez-vous, ou moyens mettriez-vous en place, pour augmenter cette intégration dans votre entreprise (expérience passée dans différentes entreprises par exemple) ?

Avoir quelqu'un physiquement sur place.

10. Cela vous semble-t-il implémentable au vu du fonctionnement actuel (ou au vu de vos connaissances concernant des changements de votre entreprise opérés par le passé) ?

Oui.

11. Trouvez-vous pertinente une telle cohésion entre la cellule Achat et la cellule Qualité Hygiène ?

Oui.

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GUIDE D'ENTRETIEN - FLAVIE MICHEL

1. Quel est votre périmètre achats ?

Je travaille sur l'ensemble des familles achat de MRS, c'est-à-dire la partie alimentaire (fruits & légumes, épicerie, viande, poisson, BOF...), le non alimentaire (tenues de service, vaisselle ...) et les services (collecte des déchets et des huiles, nettoyage, maintenance des équipements ...)

2. Décrivez le processus achats au sein de votre service.

Nous travaillons en étroite collaboration avec le service marketing et commercial pour être en alerte des nouvelles tendances de consommation. Nous décidons alors des nouveaux partis pris et nous mettons en place le sourcing fournisseur par rapport aux exigences du service commercial, marketing mais également des contraintes des chefs gérants.

Selon les familles de produit, nous consultons plusieurs fournisseurs potentiels.

Nous effectuons alors toute la partie négociation et nous mettons en place des mercuriales fermées à disposition de nos chefs gérant, afin de maîtriser les approvisionnements et ainsi pérenniser le positionnement de notre entreprise.

Enfin nous mettons en place le contrat et effectuons au jour le jour le suivi des engagements du fournisseur.

3. Quels sont les intervenants (clients internes, fournisseurs etc.) de chaque étape de ce processus ?

Pour avoir un cahier des charges précis nous consultons le service commercial, qui a une vision des caractéristiques de la demande des clients, le service marketing qui va avoir une vision de l'offre produit sur le marché et les chefs gérants des restaurants qui vont avoir un oeil plus technique et qui vont donc valider la faisabilité du projet. Les différents fournisseurs sont également une mine d'information car ils ont une certaine expertise sur leur famille de produit et peuvent donc apporter des conseils et support pour aider à la prise de décision.

4. Quel est le niveau d'intervention de la Cellule Hygiène lors d'un référencement produit/fournisseur ?

Notre service qualité effectue un audit chez le fournisseur, au préalable de chaque référencement.

Tout au long de l'année, ce service effectue également des audits au sein des restaurants et constate le niveau de respect des normes liés aux produits. Lorsque les produits présentent des anomalies, des alertes qualité sont déclenchées. Le fournisseur est alors tout de suite contacté pour identifier les sites qui ont approvisionné le produit en question et ainsi éviter toute contamination sur l'ensemble des restaurants.

5.

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Considérez-vous que l'interaction Achat/Qualité Hygiène soit suffisante au sein de votre entreprise ?

Grâce à notre structure restreinte, la communication est globalement fluide entre les services. En revanche il manque un outil de gestion commun, afin de répertorier les résultats des audits, le listing des litiges constatés sur site ... Cette base de données permettrait une meilleure traçabilité et donc un gain de temps dans les échanges d'informations.

6. Quel est votre degré de connaissance de la législation alimentaire en vigueur et de son évolution ? Etes-vous, ou votre service, abonné(e) aux revues sur le sujet et celles répertoriant ces évolutions ?

Actuellement nous n'avons pas une connaissance pointue de la législation. Nous nous appuyons en partie sur l'expertise de nos fournisseurs et le service qualité qui effectue une veille grâce à des newsletters ou certaines revues.

7. Vous est-il déjà arrivé un problème de référencement fournisseur ou produit par manque d'information lié à réglementation actuelle ? Si oui, pouvez-vous nous expliquer la nature du produit et du problème ?

Je n'ai pas de cas en tête.

8. Quels conseils donneriez-vous, ou moyens mettriez-vous en place, pour augmenter cette intégration dans votre entreprise (expérience passée dans différentes entreprises par exemple) ?

Comme dit précédemment, il serait important de mettre en place un partage d'informations via une base de données commune mettant en valeur des statistiques que ce soit achat ou qualité. Dans le même esprit, il serait intéressant que les deux services aient accès à leurs indicateurs de performance mutuels. Cela permettrait de croiser les informations pour avoir une vision globale et ainsi prendre des décisions au plus juste.

9. Cela vous semble-t-il implémentable au vu du fonctionnement actuel (ou au vu de vos connaissances concernant des changements de votre entreprise opérés par le passé) ?

Il serait tout à fait possible de mettre ce type d'organisation en place mais il serait impératif de désigner une personne en charge de cette implémentation pour atteindre les objectifs, dans les délais fixés. Ceci est nécessaire car, au vu de l'activité croissante de l'entreprise, les collaborateurs ont une charge de travail importante et le travail au quotidien ne leur permet pas forcément de dégager du temps pour gérer un projet tel que celui-ci. Une personne qui pilote le projet pourrait ainsi fédérer les deux services autour de celui-ci et les aider à s'organiser au mieux.

77

10. Trouvez-vous pertinente une telle cohésion entre la cellule Achat et la cellule Qualité Hygiène ?

Cette cohésion est nécessaire car la réglementation est de plus en plus stricte. Au-delà de la réglementation, les clients sont également de plus en plus exigeants et souhaite de plus en plus mettre en place des outils de contrôle et font notamment appel à des cabinets d'audit extérieurs.

Une cohésion entre le service achat et la qualité permet d'être réellement plus réactif dans la gestion des alertes et dans les différents litiges. Cela apporte donc une certaine maîtrise, valorisée auprès des clients.

78

GUIDE D'ENTRETIEN - MARIE DE COURTIVRON

1. Quel est votre périmètre Qualité-Hygiène ?

Périmètre transverse sur l'ensemble des activités alimentaires et restauration avec :

- Veille réglementaire restauration + tous secteurs Gourmets

- Mise en place de procédures et documents opérationnels associés

- Audits (Gourmets)

- Support à la mise en place d'actions correctives

- Formations hygiène

- Rédaction document unique (Gourmet Haussmann)

- Actions RSE (tri des déchets...)

2. Décrivez le processus Qualité au sein de votre service.

Existence d'un pôle qualité rattaché à la restauration mais avec un périmètre étendu à l'ensemble de la DAR (Direction Alimentation et Restauration).

Principalement un rôle de conseil vis-à-vis des directeurs opérationnels / peu de décisions fermes du fait d'un positionnement hiérarchique peu clair.

3. Quels sont les intervenants (clients internes, fournisseurs etc.) de chaque étape de ce processus ?

- Fournisseurs - 2 types de fournisseur par rapport au pôle qualité

o Fournisseurs de service : prestation d'audit et d'analyse bactériologiques selon le cahier des charges défini par le pôle qualité => un prestataire unique national

o Fournisseurs de « produits » => absence d'un prestataire national => manque d'homogénéité dans les prestations et retours fournisseurs ? Prestataire de lutte contre les nuisible

? Fournisseur de produits lessiviels + éléments associés (plans de nettoyage, formations du personnel...

4. A quelle étape du référencement produit/fournisseur intervenez-vous ?

A date, absence quasiment totale d'implication du service qualité dans les référencements produits fournisseurs (sauf cas très exceptionnels ou fournisseur concernant uniquement le pôle qualité, soit le prestataire audit / prélèvements).

5. Considérez-vous que l'interaction Achat/Qualité Hygiène soit suffisante au sein de votre entreprise ?

Interaction très insuffisante et, en général, liée à des crises : intervention du pôle qualité en cas de non conformités avérée (exemple : listeria sur un stand, analyses non conformes sur de l'huile d'olive prélevée à Nice Cap 3000).

Absence de prise en compte des demandes du pôle qualité - exemple des insectes toujours en vente dans certains points de vente ayant mené à une mise en demeure.

6.

79

D'où vient votre information concernant l'évolution règlementaire alimentaire ? Lorsque vous apprenez un changement règlementaire, communiquez-vous ces informations aux acheteurs de votre entreprise dont les périmètres sont concernés ?

Réalisation par mes soins d'une veille réglementaire via la consultation hebdomadaire de différents sites officiels (eur-lex, légifrance...) ou de vulgarisation.

Transmission des évolutions réglementaires aux magasins, restaurants et directeurs opérationnels.

A date, effectivement, absence de transmission à la cellule achat => à modifier !

7. Comment verriez-vous une intégration de ces deux cellules au sein de leur process respectif ?

- Définition d'une charte qualité en fonction de la famille de produits à laquelle doivent se conformer les fournisseurs

- Intégration de cette charte qualité aux contrats fournisseur

- Modifications des contrats partenaires de façon à inclure des clauses hygiène plus contraignantes

- Mise en place de questionnaires qualité préalables au référencement fournisseur (avec demande de document qualités et transmission de résultats d'analyse) et d'audits inopinés chez les fournisseurs référencés

8. Quels conseils donneriez-vous, ou moyens mettriez-vous en place, pour augmenter cette intégration dans votre entreprise (expérience passée dans différentes entreprises par exemple) ?

Création au sein du pôle qualité d'un poste de responsable qualité achat afin de travailler au quotidien avec les acheteurs sur la mise en place et le suivi d'une politique qualité achats

9. Cela vous semble-t-il « implémentable » au vu du fonctionnement actuel (ou au vu de vos connaissances concernant des changements de votre entreprise opérés par le passé) ?

La DAR est en pleine restructuration depuis plusieurs mois, l'organisation est maintenant beaucoup mieux calée, il me donc tout à fait possible d'intégrer un tel fonctionnement à l'organisation actuelle.

10. Trouvez-vous pertinent une telle cohésion entre la cellule Achat et la cellule Qualité Hygiène ?

Cela me semble même essentiel pour anticiper les risques et être en conformité par rapport aux réglementations qui évoluent très rapidement.

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CONCLUSION

Dans le cadre de cette recherche sur le thème de l'acheteur alimentaire et de son rôle dans un cadre réglementaire évolutif et contraignant, nous avons tout d'abord cherché à comprendre qu'elles étaient les origines du secteur agroalimentaire actuel et quelles transformations ont fait qu'il est tel qu'il est aujourd'hui. Nous avons pu nous rendre compte que les bouleversements du secteur agricole, les révolutions agraires et les changements structurels ont eu pour effet une globalisation de l'agriculture et des échanges et que cette mondialisation s'est retrouvée de fait dans le circuit de la distribution des denrées alimentaires.

Cela nous a permis de constater qu'un petit nombre d'acteurs internationaux a pris le pouvoir créant une concentration dans l'industrie agroalimentaire. Ce sont ces quelques entreprises qui transforment et commercialisent la majorité des denrées alimentaire du marché actuel. Elles ont un impact considérable sur notre façon de consommer.

Par ailleurs, nous avons vu que les achats alimentaires représentent un poste de dépense important des foyers français et que pour autant, la crise économique les oblige à faire davantage attention à ce qu'ils achètent. Cela se ressent dans les habitudes de consommation qui évoluent : les gages de qualité et de proximité sont fortement recherchés par les consommateurs. La grande distribution et ses acheteurs l'ont bien compris et jouent sur ces tendances en proposant des services de proximité, des produits locaux répondant aux exigences de leur clientèle et de la société dans le cadre de leur Responsabilité Sociétale.

Nous nous sommes ensuite penchés sur la réglementation qui régit le secteur agroalimentaire et son évolution. Cette étude nous a permis de constater que ce cadre règlementaire venait s'inscrire dans une démarche préventive plutôt que corrective pour assurer la sécurité alimentaire de chacun. Outre les acteurs du secteur eux-mêmes : acheteurs, qualiticiens, restaurateurs, c'est également le rôle des instances ministérielles de contrôler et d'assurer l'aspect sanitaire des denrées qui se retrouvent sur le marché domestique.

Enfin, pour conclure cette première partie de recherche, nous avons pu constater que les rôles de l'acheteur étaient transverses, multiples et complexes. Ceux-ci interviennent à différents niveaux de l'entreprise et revêtent toujours une dimension stratégique. Nous avons pu nous rendre compte que cela était particulièrement vrai dans le secteur agroalimentaire où la notion de gestion du risque y est particulièrement présente et importante. L'acheteur, en tant qu'un des garants du caractère sanitaire des denrées alimentaires qu'il propose au client final, se doit d'anticiper tout risque potentiel. Par ailleurs, c'est également l'acheteur qui est garant auprès de son entreprise de la stabilité de la marge et des coûts d'achats, c'est en cela que son rôle est primordial dans la chaîne de valeur de sa société.

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Cependant, l'acheteur de formation ne peut pas automatiquement connaître toutes les contraintes légales qui régissent le secteur. Celles-ci évoluant fréquemment, nous l'avons vu. Il se doit d'être accompagné par des acteurs de l'entreprise spécialisés dans ces aspects juridiques et règlementaires. Les guides d'entretien nous ont permis de conclure qu'un travail main dans la main avec les responsables Qualité/Hygiène était la clefs pour un référencement produit ou fournisseur respectant les exigences des clients tout comme les exigences légales. Les hypothèses émises ont pu être confirmées par le travail de terrain et un processus commun a pu être présenté dans le but d'améliorer l'interaction entre ces deux pôles particulièrement liés.

Néanmoins, il reste beaucoup à faire afin de restructurer les cellules Achats et Qualité/Hygiène de sorte à ce qu'une politique commune voie le jour et soit mise en place et appliquée par tous les acteurs concernés. Ce n'est qu'une question de moyens, de volonté de travail commun et d'implication de chacun pour que ce projet réussisse et porte ses fruits.

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