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Croissance économique et chômage en R.D.Congo. Vérification de la loi d'OKUN de 2000 à  2014.

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par TSONGO MULWAHALI Patient
Université de Kalemie - Licence 2016
  

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SECTION3. CAUSALITE ENTRE CHOMAGE ET INFLATION

Pour les économistes libéraux la courbe de Phillips conçue comme liaison inflation-chômage n'existe pas. C'est d'ailleurs parfaitement cohérent avec leur conception de l'analyse économique.

En effet, pour les libéraux, le chômage traduit un mauvais fonctionnement du marché du travail. Pour chaque pays il y a un niveau de chômage normal, habituel, «naturel», reflétant la qualité du marché du travail : certains pays sont caractérisés par une plus grande flexibilité du marché du travail, leur «taux de chômage naturel» est donc plus faible ; de même la modification dans le temps des rigidités observées peut expliquer le

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déplacement du niveau structurel du chômage. La courbe de Phillips représenterait une variation autour de ce «taux de chômage naturel».

Aux États-Unis, Milton Friedman est le plus célèbre représentant de ce courant de critique de la courbe de Phillips et il l'exprime avant même que les déformations de la liaison statistique apparaissent. En 1968, il propose d'appeler «taux de chômage naturel», le taux de chômage « qui s'établirait dans une économie à partir d'un système d'équations d'équilibre de marché dans lequel on pourrait intégrer les caractéristiques réelles des marchés, c'est à dire : le coût de la collecte d'information, le degré d'incertitude et le taux d'accroissement naturel de la population ».

C'est un taux pivot incompressible. Le chômage constaté s'écarte de ce taux «naturel» parce que : Les salariés anticipent mal le salaire réel en période d'expansion à un moment où les salaires nominaux proposés par les firmes augmentent rapidement. Ils ne sont victimes cependant que temporairement de l'illusion monétaire.

Figure 2 : La critique de Friedman et celle de Lucas

Taux d'inflation

B

D

E

C

A

Taux de chômage

Si les pouvoirs publics considèrent que le niveau de chômage observé, A, est trop élevé et décident de soutenir l'activité économique par une politique de relance, ils vont donner naissance à une croissance inflationniste. La «relance» a toujours des effets inflationnistes pour

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Friedman, parce que pour l'analyse monétariste, le financement du déficit budgétaire ne peut pas se faire sans création monétaire.

Au point B, les salariés constatent avec retard que les prix ont augmenté en même temps que les salaires nominaux. Ils modifient leur comportement de détention de monnaie (qui correspond à une proportion déterminée des achats qu'ils s'apprêtent à faire), ils vont donc chercher à reconstituer leur épargne et ils réduisent leur consommation.

Au point C le constat initial d'un chômage excessif conduit à reprendre l'initiative de soutien de la croissance. Les conditions sont réunies pour passer à D puis E. S'il existe une liaison entre inflation et chômage, elle doit pour Friedman être analysée dans le long terme.

À long terme la courbe de Philips est une droite verticale A, C, E, telle que le taux de chômage soit indépendant du taux d'inflation. L'action visant à réduire le chômage est inutile et nuisible parce qu'elle se traduit par une élévation de l'inflation sans qu'on s'éloigne réellement du taux naturel de chômage. Pour résumer les conclusions de Milton Friedman il faut dire que l'arbitrage entre inflation et chômage n'existerait qu'à court terme, à long terme le taux de chômage est indépendant du taux d'inflation.

Pour Lucas anticipations parfaites, plus d'illusion monétaire, passage direct de A à C puis à E.

a. Arbitrage entre inflation et chômage à court terme

Comment utiliser la courbe de Phillips pour des recommandations de politique économique ? La décroissance de la courbe de Phillips (la relation négative entre inflation et chômage) laisse penser qu'il existe une possibilité d'arbitrage entre inflation et chômage. D'où provient cette possibilité d'arbitrage ?

Pour répondre, il faut en fait avoir recours à un modèle beaucoup plus complet que la seule courbe de Phillips, mais on peut tout de même présenter les grandes lignes de l'argumentation : la possibilité d'arbitrage entre inflation et chômage vient du fait que les salaires sont négociés sur la base des anticipations d'inflation :

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+ Pour un niveau anticipé d'inflation, entreprises et salariés s'accordent sur des augmentations de salaires nominaux.

+ Si la politique économique est telle qu'une fois les salaires fixés, les prix augmentent davantage que ce qui avait été anticipé, le recours au travail est meilleur marché (en termes réels) que ce qui avait été anticipé.

+ Les entreprises souhaitent alors embaucher davantage et le chômage se trouve réduit

Dans un tel schéma, une politique monétaire expansionniste qui accroît le niveau général des prix au-delà de ce qui avait été anticipé par les agents permet de réduire le chômage, d'où l'arbitrage entre inflation et chômage.

Quels sont les effets de la croissance de la masse monétaire sur l'inflation et sur l'activité ? Les interactions entre la production, le chômage et l'inflation sont résumées dans 3 relations :

> la loi d'OKUN (qui lie variation du taux de chômage et déviation du taux de croissance du PIB par rapport à sa tendance)

> la courbe de Phillips (qui lie variation d'inflation et déviation du taux de chômage par rapport à son niveau structurel)

> la relation de demande globale (qui lie la croissance du PIB à celle de la masse monétaire nette de l'inflation)

b. Arbitrage entre inflation et chômage à plus long terme

Le mécanisme d'arbitrage qui a été décrit dans le cas où on étudie le court terme suppose des erreurs d'anticipations concernant l'inflation. Il est difficile de penser que ces erreurs puissent se perpétuer indéfiniment (Jean Magnan ; 2008)

Supposons que le taux d'inflation courant soit de 5% conforme aux anticipations des agents, et que le taux de chômage soit égal à un. Comme supposé plus haut, les agents se contentent d'anticiper le taux d'inflation courant pour la période à venir. Que se passe-t-il ?

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V' Pour bénéficier de l'arbitrage entre inflation et chômage, les autorités peuvent mener une politique monétaire expansionniste, son effet sera de réduire le chômage et d'augmenter le niveau d'inflation, à 10% par exemple.

V' Toutefois, pour la période suivante, les agents anticipent un niveau d'inflation identique à celui qu'ils observent couramment. Tout se passe alors comme si l'économie «changeait » de courbe de Phillips (passant d'une courbe de Phillips à anticipations d'inflation de 5% à une courbe de Phillips avec anticipations d'inflation de 10%).

V' Si les autorités monétaires mènent une politique monétaire engendrant une inflation cohérente avec ces anticipations, le chômage retrouve le niveau un.

V' Les autorités peuvent aussi choisir de maintenir le niveau de chômage à un niveau inférieur au taux de chômage structurel, mais cela requiert de mener une politique monétaire qui amène l'inflation au delà du niveau anticipé (Jean Magnan ; 2008)

A long terme donc, l'arbitrage entre inflation et chômage disparaît donc puisque le maintien d'un taux de chômage inférieur au taux de chômage structurel nécessite des niveaux d'inflation toujours plus élevés (c'est la thèse accélérationniste de Friedman). Graphiquement, cela est représenté par une courbe de Phillips verticale, qui exprime le fait qu'il est impossible d'échapper durablement au niveau de chômage structurel mais que n'importe quel niveau d'inflation est compatible avec ce taux de chômage structurel : la courbe de Phillips de long terme se réduit à ut = un, qui stipule que le taux de chômage est à long terme égal au taux de chômage structurel.

c. La courbe de PHILIPS

De la relation entre croissance des salaires nominaux et chômage à la relation entre croissance des prix et chômage.

En 1958 l'économiste néo-zélandais Alban William Phillips, publie un article dans la revue Economica pour rendre compte de son travail mené à la London School of economics. La recherche porte sur une liaison

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éventuelle entre le taux de croissance du taux de salaire nominal et le taux de chômage, elle repose sur l'observation de l'économie anglaise de 1861 à 1913 puis de 1867 à 1957. La relation statistique observée est forte et négative. ... (Jean Magnan ; 2008)

Dans son article de 1958, Phillips explique la liaison négative entre croissance du salaire nominal et taux de chômage comme un simple effet d'un ajustement entre offre et demande : « Lorsque la demande d'un bien ou d'un service est relativement élevée par rapport à son offre, nous devons nous attendre à une hausse de son prix.... Il est raisonnable de penser que l'un des déterminants du taux de variation des salaires nominaux, soit le prix des services du travail ». (Valérie Mignon 2011)

Dans les dernières décennies, les analyses économiques se sont largement préoccupées du problème de la recherche du plein-emploi et de la stabilité des prix (absence d'inflation). Les politiques économiques inspirées du cadre IS-LM ont supposé au départ que les prix pouvaient être considérés comme fixes, hypothèse qui a été par la suite largement remise en cause. Le point de départ contemporain de cette réflexion est sans doute la relation de Phillips. En 1958, l'économiste néo-zélandais A.W. Phillips a proposé une estimation de la relation expliquant les variations du taux de salaire nominal à partir du taux de chômage observé en Grande-Bretagne sur la période 1861-1957.

Il ressort de ce travail empirique que le taux de chômage peut-être considéré comme le déterminant principal des variations du salaire nominal. Ce que l'on a appelé depuis lors la courbe de Phillips est une découverte importante dans la mesure où elle constitue l'équation manquante de la théorie keynésienne. Elle permet de passer d'une macroéconomie statique à une macroéconomie dynamique.

En effet, l'équilibre macroéconomique relatif à une période décrit dans le modèle offre globale-demande globale se modifie dans le temps en fonction de la dynamique des salaires nominaux.

A ce phénomène de la dérive des courbes de Phillips, deux explications :

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? Les chocs pétroliers de 1973 et 1979. Ces chocs ont entraîné une hausse des coûts des entreprises, ce qui a induit une augmentation des marges et des prix des entreprises quelque soit le taux de chômage.

? Il y a eu un changement dans la formation des anticipations des partenaires sociaux, lors des séances de négociation des salaires. A partir des années 1970, on a observé une persistance de l'inflation à des taux élevés (une inflation forte en t était susceptible d'être suivie par une inflation élevée en t+1).

La relation mise en évidence par Phillips est rapidement réinterprétée, dès 1960, par Robert Lipsey comme une relation entre inflation et chômage. La même année deux des principaux représentants de la «synthèse néoclassique» (interprétation de Keynes par le schéma IS-LM) Paul Samuelson et Robert Solow développent une analyse semblable. Le taux d'inflation peut facilement être substitué au taux de variation du taux de salaire nominal, parce que la liaison entre les deux grandeurs est forte.

D'une part, la hausse des salaires nominaux entretient des tensions sur la demande des produits donc sur les prix (inflation par la demande)

d'autre part, elle se traduit par une pression sur les marges qui ne peut être levée que par la hausse des prix (inflation par les coûts) si les entreprises fixent leurs prix en conservant des marges constantes (comportement de «mark up»).

Plus indexation des salaires sur l'inflation pour la préservation du pouvoir d'achat.

Sachant que la théorie de la courbe de Phillips stipule ce qui

suit : « il ya inflation lorsque le taux de chômage diminue, la production augmente ; l'indice des prix à la consommation augmente aussi ».

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams