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Les déterminants de la croissance économique au Sénégal.

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par Oumar DIOUF
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Master 2 en Méthodes Statistiques et Econométriques 2013
  

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Chapitre 1 : Revue littérature de la croissance économique

La croissance économique occupe l'esprit de nombreux économistes depuis l'apparition d'Adam Smith et sa richesse des nations. Les économistes utilisent le terme de croissance pour décrire une augmentation de la production sur le long terme. François Perroux (1903-1987) définit la croissance comme étant « l'augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d'un indicateur de dimension, pour une nation, le produit net en termes réels. ». La croissance économique est très souvent mesurée par des indicateurs économiques dont le plus utilisé est le PIB (produit intérieur brut). Selon Simon Kuznets (1901-1985), il y a croissance lorsque la croissance du PIB est supérieure à la croissance de la population. Il est mesuré « en volume » ou « à prix constant » pour corriger les effets de l'inflation. Le taux de croissance désigne la variation du PIB d'une année à l'autre. Cette variation est surtout due à une interaction des déterminants de la croissance économique. L'analyse de ces déterminants passe par l'étude des variables explicatives de la croissance à travers des modèles élaborés par des théoriciens de l'économie.

La revue théorique et l'application de modèles de croissance dans certains pays vont permettre d'avoir une meilleure compréhension des déterminants de la croissance.

Section 1 : Revue théorique de la croissance économique

Les origines de la croissance économique remontent à l'époque de la première révolution industrielle comme décrite dans la plupart des manuels de théorie économique, d'histoire de la pensée économique et d'histoires des faits économiques. Adam Smith (1723-1790) dans « vertus de la division du travail » a initié le thème de la croissance en 1776, qui réapparaîtra au 19éme siècle dans les travaux de Malthus, Ricardo et Marx. Cependant les modèles théoriques de la croissance connaissent un véritable succès au 20ème siècle et aux années 50. Les modèles postkeynésiens (Harrod-Domar) et néoclassiques (Solow) ont introduit un véritable débat sur la question de la croissance équilibrée. La croissance va connaître un nouvel essor dans les années 70 et 80 sous l'impulsion des théoriciens de la régulation et de la croissance endogène.

1. Page 6

La théorie des classiques et l'analyse Schumpétérienne

a. La théorie des classiques

La cause de la croissance économique a été depuis plus de deux siècles une question primordiale dans la scène économique. Adam Smith, Thomas Malthus (1766-1834), David Ricardo et Karl Marx sont les véritables précurseurs de cette réflexion.

- Adam Smith, dans ses recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776), met en exergue le rôle de la division du travail (surplus, marché, gains de productivité) comme facteur de croissance. Cette division du travail se trouve renforcer par la participation du pays au commerce international (théories des avantages absolus). Selon Smith, la croissance dure tant que la division du travail et le marché peuvent être étendus. Cet optimisme de Smith apparaît à travers les traits d'une croissance illimitée.

- Thomas Robert Malthus quant à lui, considère dans son « Essai sur le principe de la population (1976) » que la croissance est limitée à cause de la démographie galopante. Il explique la misère en Angleterre par le décalage entre deux lois : la loi de la progression arithmétique des subsistances et la loi de progression géométrique de la population. Cette politique a été adoptée par certains pays pour rehausser leur taux de croissance.

- Dans ses « principes de l'économie et de l'impôt (1817) », David Ricardo (1772-1823) affirme que la croissance est limitée par les rendements décroissants. La valeur ajoutée se répartit en trois agents : les propriétaires fonciers (rente foncière), salariés (salaire de subsistance) et les capitalistes (profit). Le profit des capitalistes est résiduel c'est-à-dire qu'il intervient une fois que le salaire et la rente foncière ont été payés. Ainsi il convient d'augmenter la production agricole lorsque la population s'accroit. Or les nouvelles terres mises en culture sont de moins en moins productives. De ce fait le coût de la production va donc s'élever, entraînant une hausse des salaires et de la rente foncière. Les capitalistes ne seront plus incités à investir à cause d'une réduction des profits et l'économie va atteindre un état stationnaire. Ricardo préconise d'augmenter les gains de productivité dans l'agriculture grâce au progrès technique et de s'ouvrir au commerce international (théories des avantages comparatifs).

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- Le premier modèle formel de croissance a été proposé par Karl Marx à l'aide de ses schémas de reproduction élargie. Selon Marx la croissance est limitée dans le mode de production capitaliste en raison de la baisse tendancielle des taux de profit. La concurrence entre les capitalistes et le fait de vouloir une plus-value toujours plus importante (grâce à la réduction des salaires dont Marx nomme le minimum de subsistance) devraient provoquer une paupérisation des ouvriers et un arrêt de développement du système capitaliste (crise).

Les économistes classiques pensent que la croissance résulte seulement de l'accumulation du capital et les déterminants de la croissance sont le travail, le capital et la terre. La croissance commence par une accumulation primitive du capital causant donc une augmentation de la main d'oeuvre qui, par la suite, entraîne une hausse provisoire des salaires. Mais l'ajustement sur le niveau de subsistance va s'opérer par la démographie. Plus il y a de travailleurs, plus leur quantité de nourriture augmentent, ce qui pousse les producteurs de blé à cultiver des terres de moins en moins productives et donc accroître la fameuse rente mais aussi le prix du blé. Cette augmentation du prix du blé entraîne une hausse du niveau de subsistance des travailleurs et donc une diminution du profit. Le profit va diminuer jusqu'à ce que l'investissement cesse occasionnant un arrêt de l'accumulation du capital et de la croissance. Ainsi selon les classiques, la croissance économique est limitée par les rendements décroissants dans l'agriculture. Le modèle est donc fondé sur l'idée d'une croissance limitée. L'histoire de Robinson est un exemple patent pour comprendre cette croissance selon les classiques.

«Robinson arrive sur une île déserte qui possède toutefois des terres productives avec comme seuls atouts la force de ses bras (le travail) et un sac de blé qui correspond au capital. Il doit donc semer une partie de son blé pour pouvoir subsister dans le moyen terme et en consommer une autre pour pouvoir subsister aujourd'hui. Il doit donc opérer un arbitrage : quelle quantité consommer maintenant et quelle quantité de blé (capital) semer pour pouvoir récolter l'année qui suit ? Robinson opère donc un arbitrage entre la consommation et l'investissement ici considérée comme une offre et non une demande. Cet investissement est à la base de la croissance économique et au fil des années cet investissement va générer d'autres investissement, c'est la croissance. En effet Robinson par son travail en utilisant la terre augmente de plus en plus sa production de blé et donc son investissement.

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Toutefois le stock de blé de Robinson s'accroît de moins en moins vite. Plus il plante de blé plus le rendement de chaque grain de blé est faible. Au bout d'un moment il se rend compte qu'il ne doit plus augmenter ses investissements et donc la croissance s'arrête à cause de ces rendements marginaux décroissants ». A très long terme il n'y a donc pas de croissance possible selon les classiques. En effet, ils craignent une pénurie à long terme dans l'idée d'une croissance déterminée par une accumulation du capital qui est limitée.

Par contre dans certains extraits des oeuvres classiques, il est démontré que cette limite de la croissance peut être dépassée. Elle peut être dépassée par la division du travail de Smith considérée comme déterminant de base de la croissance économique. Dans le premier chapitre de la « richesse des nations », Smith montre que la division du travail prend aussi bien place dans l'entreprise qu'au niveau de l'économie nationale avec la division du travail entre les firmes. L'idée de la productivité par cette division permet une meilleure allocation du travail. C'est donc un nouveau déterminant de la croissance. De plus, Smith parle d'une habilité de l'artisan qui s'acquiert comme un argument du gain de productivité ce qui peut se rapprocher du terme de capital humain. Smith explique aussi que la division du travail est d'autant plus objective que le marché est étendu.

L'analyse de Marx est aussi intéressante car elle permet une autre vision classique de la croissance. Pour Marx le déclin inéluctable de la croissance repose sur l'idée de rendements d'échelle décroissants dans l'industrie et cela malgré le progrès technique qui permet des plus-values extra. Mais ces nouvelles plus-values ne permettent pas de compenser les baisses de rendements. De plus, Marx a l'intuition que les institutions politiques et sociales ont un rôle sur la production et rentrent dans les déterminants de la croissance.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry