1-3. Autres tests
i. Test de significativité
globale15
La statistique de Fisher est 11.23 ; le modèle ARDL
à correction d'erreurs est globalement significatif.
ii. Test de corrélation des erreurs de
Breush-Godfrey
La statistique de durbin-Watson est 2.173215.
Les hypothèses à tester sont les suivantes :
H0 : Non corrélation des erreurs
H1 : Corrélation des erreurs
On compare la valeur de Prob > F à 5%
On accepte H0 si la valeur de Prob > F est supérieure
à 5%
On accepte H1 si la valeur de Prob > F est inférieure
à 5%
Tableau 8 : Résultats16 du
test de Breush-Godfrey
Retards(p)
|
F
|
df
|
Prob > F
|
1
|
1.057
|
(1, 11)
|
0.3260
|
D'après le tableau 8, les erreurs du modèle ARDL
sont corrélées car Prob > F (0.3260) est supérieure
à 5%.
15 Voir annexe 5 : Estimations ARDL
16 Voir annexe 6 : Autres tests
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iii. Test d'homocédasticité de
Breusch-Pagan
Règle de décision :
H0 : Les erreurs sont homocédastiques
H1 : Les erreurs sont hétérocédastiques
On accepte H0 si la valeur de Prob > chi2 est
supérieure à 5%.
On accepte H1 si la valeur de Prob > chi2 est
inférieure à 5%.
Tableau 9 : Résultats17 du
test de Breush-Pagan
Variable : D,TXCPIB
|
Chi2(1)
|
1.13
|
Prob>chi2
|
0.2874
|
La probabilité vaut 0.2874, les erreurs du modèle
ARDL sont homocédastiques. 2. Analyse et validation des
hypothèses
Il est préférable d'analyser d'abord les
résultats de l'estimation puis de procéder à la validation
des hypothèses.
2-1. Analyse des résultats
Le taux d'inflation et la Formation Brute de Capital Fixe en
pourcentage du PIB ont un impact négatif à court et un impact
positif à long terme. La PGF a une influence positive à court et
long terme tandis que le TCOUV a un effet négatif à court et long
terme. Les variables peuvent donc être classées en trois groupes.
D'abord le groupe de variables qui ont des élasticités
négatives et positives par rapport aux deux termes à savoir le
taux d'inflation et la Formation Brute de Capital Fixe ; ensuite celles qui ont
un impact positif dans les deux termes (PGF) et enfin celles dont leurs signes
sont négatifs dans les deux termes (TCOUV).
17 Voir annexe 6 : Autres tests
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Pour le premier groupe de variables
Le premier groupe de variables est constitué par
l'inflation et la formation brute de capital fixe. L'inflation
(INF)
L'inflation a un impact négatif et positif sur la
croissance du PIB selon les deux termes. Cela se traduit par son coefficient
négatif à court terme et positif à long terme. En effet
une augmentation du taux d'inflation de 10 % entraîne une diminution du
TXCPIB de 3,472% à court terme et une augmentation de 0,547% à
long terme. Cette sensibilité du TXCPIB à l'inflation traduit
l'importance de cette variable dans le processus du développement. Cela
montre que l'inflation influe négativement à la croissance vue
que la diminution du TXCPIB (3,472%) est plus importante que son augmentation
(0,547%). Outre les effets des hausses de salaires, des ajustements de marges,
des tarifs fiscaux et des pénuries alimentaires qui sont de source
interne, les chocs les plus significatifs sont d'origine internationale et sont
provoquées par les crises pétrolières telles que celles
des années 1973, 1979, 1990 et 2005/2006, ainsi que les chocs sur le
dollar et les taux d'intérêt des années 1980. Cette
dernière forme d'inflation a pris, au cours des dernières
années, une place aussi importante dans l'explication de la hausse du
niveau général des prix à long terme. Ces résultats
sont en accord avec certaines études postulant que la relation entre
l'inflation et la croissance était positive dans certains cas et
négative dans d'autres. C'est le cas de Thirwall et Barton(1971) qui ont
mené l'une des premières études transversales par pays,
Ils présentent une relation positive entre inflation et croissance
économique pour les pays industrialisés et une relation
négative pour 7 pays en développement. Aujourd'hui un consensus
s'est élaboré autour de la question à savoir qu'une
inflation faible et stable relance la croissance économique (Mubarik,
2005). Il faut savoir que l'inflation se signale par une hausse des prix mais,
toute hausse des prix n'est pas synonyme d'inflation. Celle-ci peut être
l'émanation d'une pénurie momentanée, d'une augmentation
de la demande, d'une hausse localisée sur quelques marchés (par
exemple le marché du pétrole). Le débat sur l'origine de
l'inflation dans les économies en développement a longtemps
préoccupé les économistes. Ainsi, deux questions
intéressent ces derniers, à savoir : quel est le bon niveau
d'inflation pour un pays et de quels instruments de politique économique
un pays en développement dispose-t-il pour éviter les situations
d'inflation persistante et élevée ? Ces questions sont
motivées par l'observation d'épisodes d'hyper-inflation et de
situations de
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faible croissance, notamment dans les pays d'Amérique
Latine. Les économistes du développement défendaient que
les causes de l'inflation sont à rechercher dans les difficultés
rencontrées par les gouvernements pour impulser le développement
et la croissance économique.
La formation brute de capital fixe
(FBCFPIB)
L'augmentation de la formation brute de capital fixe de 10% se
traduit par une diminution du TXCPIB de 2,841% à court terme et une
augmentation de 3,233% à long terme. L'élasticité
négative de court terme découle de la réduction des
dépenses publiques d'investissement à la suite de l'application
des Programmes d'Ajustements Structurels (PAS) durant la période
1990-1994. Après la dévaluation de 1994, la FBCF s'accroissait
passant de 67 à 141 milliards de francs selon l'ANSD, correspondant en
moyenne à une part de 4,79% du PIB durant la période 1995-2000.
Selon le fond monétaire international (voir FMI 1989), la formation
brute de capital fixe dans les pays en développement a chuté de
26,5 points de pourcentage du PIB en 1981 à moins de 23,5 points en 1985
et 1988 en moyenne annuelle. Comme l'ont remarqué Greene et Villanueva
(1991 : 34), "l'importance de l'investissement du secteur public a
été sous-estimée durant les années 80, puisque
l'adoption des programmes d'ajustement structurels a conduit plusieurs pays en
développement à réduire l'activité de
l'investissement du secteur public en vue de diminuer les déficits
budgétaires". L'investissement public affecterait l'augmentation de
la production en influençant le taux d'augmentation de la
productivité, indépendamment de son effet sur l'accumulation du
facteur. L'investissement surréagit par rapport à la demande et
rend la croissance irrégulière. Lorsque la demande augmente, les
entreprises investissent pour répondre à cette augmentation. Mais
si le rythme d'augmentation de cette demande ralentit, alors les entreprises
vont avoir des surcapacités de production, ce qui engendre une forte
diminution de l'investissement. C'est ce qu'on appelle l'effet
accélérateur. Peut-être est-ce ce qui s'est passé en
1993, quand l'investissement diminuant a quasiment provoqué la
récession. Cette année, la contribution de la FBCF à la
baisse du PIB est supérieure à la baisse du PIB elle-même.
L'investissement peut donc avoir un effet déstabilisant sur la
croissance.
Une élasticité positive de la FBCF est
jugé normal car l'investissement, qu'il soit matériel (achat de
capital fixe) ou immatériel est un évident facteur d'augmentation
du PIB sur le long
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terme, dans la mesure où c'est grâce à lui
qu'on peut produire plus. Toutefois, il est important de constater que cette
sensibilité est pratiquement non signifiante du fait de l'envergure que
la littérature reconnaît à la FBCF. Ce niveau de FBCF est
d'autant plus faible que malgré la croissance du PIB, la pauvreté
n'a pas reculée. Il urge alors donc que les politiques macro -
économiques instituées avec le programme d'ajustement structurel
(PAS) auquel le Sénégal s'était engagé, mettent un
accent particulier sur l'investissement. Cela exige un tissu économique
sain et peu contraignant avec les mesures fiscales visant à stimuler
l'investissement. Cette situation ne surprend guère et vient justifier
les critiques apportées à l'économie
sénégalaise caractérisée par un faible taux de
progression du PIB, une hypertrophie des activités tertiaires et
informelles, un bas niveau des taux d'épargne et d'investissement et une
forte incidence de la pauvreté et des inégalités. Ce bas
niveau d'investissement (2,841%) est l'une des causes majeures de la faiblesse
de la croissance de l'économie Sénégalaise. Après
avoir augmenté de 7,1% dans les années 1960 à 14,6% dans
années 1970, le taux d'investissement stagna autour de 17% (en
pourcentage du PIB) jusqu'au milieu des années 1990. De plus, le
Sénégal a tendance à recourir aux ressources
extérieures pour financer l'investissement. Le défi majeur pour
le Sénégal consiste désormais à perpétuer la
relance des investissements qu'on observe depuis le milieu des années
1990. La plupart des investissements sont financés par les transferts
des émigrés (dans l'immobilier essentiellement), cette relance
doit bénéficier à d'autres secteurs tels que le
bâtiment, le commerce et les services. Cette situation peut s'expliquer
par le fait que le coût d'acquisition des biens d'équipements
entièrement importés constitue une barrière quant à
l'accès des unités de productions aux innovations technologiques.
L'investissement constitue de ce fait un facteur important pour la croissance
et des investissements supplémentaires sont donc toujours
nécessaires pour maintenir un certain niveau de croissance.
Au cours de ces dernières années, souligne le
Rapport National sur la Compétitivité du Sénégal
(RNCS), le Sénégal a adopté des mesures importantes pour
améliorer l'environnement des affaires avec la création du
Conseil Présidentiel de l'Investissement (CPI), l'instauration d'un
guichet unique pour la création d'entreprises et la réduction du
taux d'impôts sur le bénéfice de société.
Cependant, de l'avis des dirigeants d'entreprises, des efforts soutenus restent
encore à faire pour l'amélioration de l'environnement
micro-économique des affaires.
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Ces résultats confirment les études de Dedewanou
Finagnon Antoine (Chercheur à l'Université de Laval, CANADA)
attestant que dans les pays de l'UEMOA, l'investissement et le capital humain
expliquent à long terme la croissance économique. Ainsi, des
mesures de politique économique devront être axées sur une
bonne gouvernance afin d'attirer, les investisseurs autant nationaux
qu'étrangers dans les pays de l'UEMOA.
Pour le deuxième groupe de variables
Ce deuxième groupe de variables ne concerne que la
Productivité Globale des Facteurs (PGF). Une augmentation de 10% de la
PGF entraîne une augmentation de 0,574% à court terme et de 5,470%
à long terme. De ce fait, une faible augmentation de 10% de la PGF
entraîne une augmentation de plus de 5% sur le long terme. Cette relation
d'augmentation est jugée très normale car la Productivité
Globale des Facteurs est souvent vue comme le vecteur de la croissance, car si
le capital et le travail demeurent des contributions importantes à la
production, la PGF peut intervenir jusqu'à 6% de la croissance dans
l'économie. Or ici on est à presque près de 6% (soit
5,470%) du PIB. Une accélération de la productivité
aboutit à une élévation du PIB dans les deux termes, mais
la hausse est plus importante dans le long terme. Le Sénégal est
donc sous l'ère de la consommation solaire par exemple puisque
l'ensoleillement peut permettre d'augmenter la production agricole, tous les
autres facteurs étant constants par ailleurs. L'ensoleillement est donc
un facteur de productivité. L'économie sénégalaise
tend vers un plan d'émergence visant à l'amélioration de
la compétitivité des facteurs de production. Ceci laisse supposer
que le Sénégal doit renforcer sa productivité pour
concurrencer les autres pays du monde en termes de croissance
économique. Le problème majeur du Sénégal reste la
productivité. Le pays doit aussi renforcer le développement des
infrastructures et l'approvisionnement fiable en énergie qui pourront,
dans le cours terme, susciter une croissance. La croissance est un défi
majeur pour ce pays et il faut qu'elle soit partagée. Et pour être
compétitif dans le monde, une éducation bien organisée est
nécessaire mais surtout une agriculture développée. Le
RNCS met en exergue les domaines de bonne performance ainsi que les principales
contraintes à la compétitivité du Sénégal.
Des secteurs comme l'agriculture, les infrastructures et les
télécommunications ont enregistré des performances. En
2009, la main d'oeuvre employée dans l'industrie et les services,
représentant moins de la moitié de la population active, a
généré 84% du PIB. A contrario, la main d'oeuvre
évoluant dans l'agriculture, représentant 53% de la population
active, n'a généré que 16% du
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PIB. Pour autant, l'agriculture a été le premier
contributeur à la croissance du PIB en 2008 et en 2009 avec
respectivement 51% et 40%.
En 2008, la productivité du travail était plus
élevée de 37% au Sénégal que dans les pays de la
CEDEAO et de 30% qu'au Ghana, mais elle était plus faible au
Sénégal de 70% et 20% respectivement par rapport à son
niveau dans les Etats subsahariens à revenu moyen inférieur et en
Tunisie. Le taux d'accroissement de la productivité du travail a
constamment décliné entre 2003 et 2008 et le
Sénégal risque d'être rattrapé par des pays
aujourd'hui moins performants dans ce domaine. Le RNCS liste un certain nombre
de facteurs comme la rigidité de la réglementation du travail qui
n'incite pas au recrutement de nouveaux employés, le chômage et le
sous-emploi des jeunes diplômés. L'autre problème concerne
les banques. Selon le rapport, le système financier
sénégalais s'est renforcé pendant la dernière
décennie, mais l'accès au financement demeure perçu comme
le facteur le plus contraignant pour les entreprises.
Les résultats des coefficients positifs confirment les
travaux faits par Datt et Ravaillon (1992) et de Kakwani (1997). Ces auteurs
ont suggérés que les changements de pauvreté peuvent
être décomposés en éléments de croissance et
de distribution. Cependant un accroissement peu significatif provoque une
contraction sensible de l'activité économique dans les secteurs
qui étaient initialement les plus protégés, soit
l'agriculture et l'industrie. A long terme, elle favorise l'accumulation du
capital, en particulier dans le secteur des services et le secteur industriel,
et elle se traduit par une diminution de la pauvreté.
Pour le troisième groupe de variables
Ici, nous n'avons que le taux de couverture (TCOUV).
Le taux de couverture quant à lui, son augmentation de
10% entraîne des baisses respectives de 2,307% et de 0,544% dans le court
et le long terme. Le Sénégal dispose d'un cadre institutionnel et
logistique favorable à la compétitivité. Toutefois, de
2000 à 2009, la part du Sénégal dans les exportations
mondiales a baissé de 8% en volume. Cette situation reflète les
contraintes d'offre liées à des niveaux insuffisants de
production associés aux problèmes sous-jacents de
compétitivité des produits et services d'exportation du
Sénégal. Les pays en développement connaissent un
modèle de développement basé sur l'exportation des
matières premières. Les prix de ces produits de base suivent une
évolution instable dans le marché mondial. Par conséquent,
cela entraîne un flottement des termes de l'échange qui peut
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influencer la croissance économique de ces pays
à travers l'investissement mais surtout la productivité. Selon
Varangis et al, (1995), « les pays tributaires des produits de base
subissent souvent de graves revers en matière de termes de
l'échange, ce qui nuit du même coût à leur croissance
économique à long terme et à l'investissement ».
2-2. Validation des hypothèses Hypothèse 1
:
La formation brute de capital fixe contrairement à
l'hypothèse formulée en H1, agit négativement à
court terme et positivement à long terme sur la croissance
économique du Sénégal, L'hypothèse H1 n'est pas
validée au plan empirique.
Hypothèse 2 :
Le taux d'inflation a un impact négatif à court
terme et positif à long terme comme formulée en hypothèse
H2, L'hypothèse H2 est vérifiée.
Hypothèse 3 :
Le taux de couverture contrairement formulée à
l'hypothèse formulée en H3, agit négativement sur la
croissance économique du Sénégal. L'hypothèse H3
n'est pas validée sur le plan empirique.
Hypothèse 4 :
La productivité globale des facteurs agit positivement
sur la croissance économique du Sénégal comme
formulée en hypothèse H4, L'hypothèse H4 est donc
vérifiée.
|