II.3. Conclusion :
Le long de la frange littorale, allant de Hammam lif à
Soliman, les différents paramètres physico-chimiques
enregistrés (température, pH, conductivité,
salinité...), sont assez proches de ceux mentionnés par Ben
Charrada (1997), Ben kheder-Dhaoui (2001), Ben Lamine (2005), Boussoufa (2005)
et Ghazali (2005).
En ce qui concerne la corrélation entre ces
paramètres : on remarque que la baisse de la température et de la
salinité de l'eau durant les saisons hivernale et printanière
impliquerait
une augmentation de la teneur en oxygène dissous. Alors
que, l'élévation de la température et de la
salinité durant l'été aurait pour effet de diminuer la
solubilité de l'oxygène dissous dans le milieu. En effet, une eau
moins salée et plus froide dissout mieux l'oxygène qu'une eau
plus salée et moins froide (Boussoufa, 2005).
La libération de l'oxygène par l'activité
photosynthétique durant l'hiver et le printemps concorderait avec
l'augmentation du pH pendant cette période.
Les valeurs de la température enregistrées pour
toutes les stations sont inférieures aux normes relatives à l'eau
de mer (35°C). Cependant, ces valeurs sont un peu plus
élevées que
celles mentionnées par Ben Charrada (1997) dans les
eaux côtières du golfe, avec un écart qui varie de 3
à 6°C (Tableau IX). Ceci montre que la formation des
alvéoles entre les brises lames ne serait vraisemblablement pas sans
effet sur la température de l'eau dans ces milieux.
Les valeurs du pH sont assez stables et ne subissent pas de
variations considérables dans les stations étudiées
à l'exception de celle de l'oued Soltane où les fluctuations
saisonnières sont plus ou moins importantes. Ces dernières sont
dues probablement à l'influence des apports fluviaux, ce qui indique une
certaine instabilité de ce milieu.
Cette régularité du pH traduit, selon Ben
Charrada (1997), des eaux marines relativement stables et un milieu
légèrement basique (7,68 - 8,34) durant toute l'année. Les
valeurs sont
dans les normes du pH de l'eau de mer (6,5 < pH< 8,5).
Une élévation de la valeur du pH est due à une
activé photosynthétique des algues nitrophiles qui se sont
développées suite à une eutrophisation causées par
des rejets continentaux. Ceci sous entend une réserve alcaline
suffisante des eaux du Golfe (Boussoufa, 2005).
L'évolution saisonnière de la
conductivité électrique dépend vraisemblablement de
l'évaporation et des apports fluviatiles.
La diminution des teneurs en oxygène,
enregistrées en été, témoigne de l'apparition de
signes de confinement dans les alvéoles. Ces teneurs dépendent en
particulier de la production primaire des macroalgues, de l'hydrodynamisme et
de la dégradation de la matière organique.
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A l'exception de l'oued Soltane, la salinité
présente des écarts saisonniers assez faibles pour les autres
stations et elles sont proches de celles trouvées par Ben Charrada
(1997) (Tableau XIV). Ses valeurs sont assez basses et proches de celle de
l'eau de mer standard.
En comparant nos résultats avec ceux des travaux
antécédents et aux normes tunisiennes, nous pouvons conclure que
l'impact des aménagements sur les propriétés
physico-chimiques du milieu reste négligeable par rapport à
l'influence des rejets fluviaux sur la qualité du milieu.
les mesures des sels nutritifs montrent des valeurs
relativement élevées des nutriments dont l'origine serait
essentiellement les rejets urbains, domestiques et agricoles par les biais de
l'oued Soltane et la sebkha de Soliman et la dégradation de la
matière végétale.
Les corrélations entre les teneurs en azote inorganique
et le phosphore inorganique permettent de distinguer deux périodes
différentes. La première, correspond à la saison
printanière ; celle-ci est caractérisée par des teneurs
faibles en azote minéral, des teneurs négligeables en phosphore
inorganique et un rapport N/P élevé. La seconde période
correspond à la saison estivale et est caractérisée par
des teneurs élevées en sels nutritifs et un rapport N/P
faible.
Ces deux périodes seraient en relation directe avec les
rejets terrigènes, les conditions physico-chimiques du milieu et le
cycle écologique du phytoplancton. Il semble que la croissance de ce
dernier serait limitée par la concentration du milieu en phosphore
minéral. En effet, pendant la période printanière nous
avons remarqué un épuisement du phosphore minéral et une
faible teneur en azote minéral. Ben Charrada (1997), a montré
l'existence d'une assimilation préférentielle du phosphore par le
phytoplancton par rapport à l'azote (Fig. 30).
La comparaison des teneurs en nutriments mesurées avec
les teneurs normales des sels nutritifs dans l'eau de mer données par
Rodier (1984) suppose l'existence d'une eutrophisation au niveau de
l'embouchure de l'oued Soltane et de la sebkha de Soliman.
Les alvéoles qui se sont formées à la
suite de la mise en place des brises lames de Hammam lif, de Solimar plage et
de Soliman plage sont caractérisées par des teneurs relativement
faibles en nutriments. Ainsi, ces alvéoles ne sont probablement pas le
siège d'une accumulation des nutriments. Ces derniers proviendraient en
majeure partie par la dégradation de la matière organique
d'origine végétale.
Les teneurs en PO4 signalées par Zeggaf-Tahri en 1993
au niveau des brise-lames de Hammam lif (3,6 mg/l 37,9 umol/l)
témoignent d'une forte eutrophisation du milieu à la suite des
rejets d'eaux usées dans les alvéoles. Les mesures de PO4
enregistrées dans le cadre
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de ce travail (1,36 umol/l) sont de loin inférieures
aux valeurs signalées par Zeggaf-Tahri en 1993. Ceci s'expliquerait par
l'arrêt du déversement des rejets domestiques. Ainsi, on note une
amélioration progressive de la qualité de l'eau dont l'origine
serait entre autres l'hydrodynamisme important et la dynamique
sédimentaire (Ben Charrada, 1997).
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