II.3. Les sels nutritifs :
Le développement du phytoplancton dépend
étroitement des sels nutritifs, essentiellement les sels azotés
et phosphorés. La concentration de ces derniers dans l'eau de mer est
variable dans le temps et dans l'espace et peut de ce fait limiter la
production de la matière vivante (Ben Charrada, 1997).
Le milieu marin reçoit continuellement des sels
minéraux (en particulier nitrates et phosphates) à travers les
apports terrigènes provenant des ruissellements affectant des terres
cultivées traitées par des engrais chimiques et des oueds surtout
au moment des crues (Ghazali,2005).
L'étude des sels nutritifs est assez importante. En
effet, ces sels peuvent caractériser la masse d'eau et favoriser la
richesse biologique de l'écosystème (Fig. 30).
L'interprétation de l'évolution des sels
nutritifs dans un milieu reste complexe surtout pour les eaux de surface en
raison de l'instabilité des conditions environnementales
1- l'azote :
a- Les nitrites (NO2 -) :
77
Les nitrites sont très significatives en terme de
toxicité vu leur pouvoir oxydant et possèdent donc une action
méthemoglobinisante. Par ailleurs, les nitrites sont indicatrices de
pollution (Rodier, 1984).
La teneur en nitrites la plus élevée a
été enregistrée en hiver au niveau de l'oued Soltane 19,65
umol/l et la plus faible est de l'ordre de 0,17 umol/l au niveau de Solimar
plage.
Au printemps la teneur la plus élevée en
nitrites est de l'ordre de 17,18 umol/l au niveau de l'embouchure de l'oued
Soltane mais aucune trace de NO2 n'a été détectée
dans l'échantillon de Solimar plage.
En été les teneurs en nitrites deviennent
très faibles dans toutes les stations et ne dépassent pas
1,36umol/l.
Tableau XV : variations saisonnières des
concentrations de l'eau en nitrites au niveau
des stations étudiées
|
N- NO2- (umol/l)
|
stations
|
hiver (06)
|
printemps (06)
|
été (06)
|
HL12
|
2,95
|
0,929
|
1,36
|
HL78
|
0,23
|
0,06
|
1,16
|
O.Soltanne à 1km
|
19,65
|
0,09
|
1,32
|
emb.Soltane
|
15,57
|
17,18
|
0,93
|
SP
|
0,17
|
0
|
1,27
|
S2S3
|
0,76
|
1,99
|
0,78
|
Em.S.Soliman
|
0,31
|
2,76
|
0,99
|
Les fluctuations saisonnières sont faibles dans la
majorité des stations à l'exception de l'oued Soltane (Fig. 24).
Ceci peut être expliqué par le fait que les paramètres
chimiques de l'eau de mer de notre secteur (pH >8 et saturation du milieu en
oxygène dissous) favorisent l'oxydation de la forme nitrite (qui est
très instable) en nitrate plus stable dans l'eau de mer.
78
Les fluctuations saisonnières, peu négligeables
des nitrites dans ces stations, sont dues aux variations de l'oxygène,
du pH et du phytoplancton (Ben Charrada, 1997).
L'origine des nitrites détectées dans les
alvéoles du secteur (HL12, HL78, SP et S2S3), serait vraisemblablement
la minéralisation de la matière organique dissoute dans l'eau.
Fig. 24- Fluctuations saisonnières de la
concentration de l'eau en nitrites au niveau des
stations étudiées
Pendant l'hiver, la teneur des eaux à l'embouchure de
l'oued Soltane et dans l'oued lui-même est très
élevée (15,57 et 19,65 umol/l). Ceci serait tributaire des
apports terrigènes chargés en matière organique et de
polluants qui sont drainés par l'oued lors des crues hivernales. Avec
l'arrivée du printemps, ces teneurs vont diminuer brutalement au niveau
de l'oued Soltane tandis qu'elles se maintiennent avec une légère
augmentation (17,8 umol/l) au niveau de l'embouchure qui deviendrait
probablement un lieu d'accumulation de cet élément pendant la
saison printanière (fermeture de la passe) accompagnée peut
être d'une floraison phytoplanctonique (Fig. 24).
En été, on enregistre une chute des teneurs en
nitrites à cause probablement de l'absence des pluies (diminution du
lessivage des terres agricoles voisines traitées par les engrais
chimique) et la diminution des apports continentaux.
Ces résultats montrent que les rejets de l'oued
Méliane en nitrite sont sans effet sur le secteur d'étude
probablement à cause de l'instabilité de cet
élément dans le milieu marin.
79
La comparaison des teneurs mesurées avec celles des
normes de concentrations des sels nutritifs dans l'eau de mer (Rodier, 1983)
montre l'existence d'une pollution organique au niveau de l'oued Soltane. En
effet, les valeurs enregistrées au niveau de l'oued dépassent
largement la teneur normale des nitrites dans le milieu marin (1umol/l).
Les valeurs enregistrées au niveau de HL12 en hiver
(2,95umol/l) et à l'embouchure de sebkha de Soliman au printemps (2,76
umol/l) sont légèrement au dessous des normes.
b- Les nitrates (NO3 -) :
Les nitrates représentent la forme azotée la
plus stable et la plus importante quantitativement dans les eaux. Ils
constituent le principal élément du développement du
phytoplancton et en particulier des diatomées puisqu'ils
présentent le principal facteur trophique. Cependant avec un bloom
phytoplanctonique, une faible précipitation et une forte insolation les
nitrates sont en faibles concentrations dans le milieu (Hobson 1985 in
Daly-Yahia, 1993) ; celles-ci sont causées par l'élévation
du métabolisme du phytoplancton. La régénération
des nitrates résulte de l'oxydation de l'azote organique par les
bactéries.
En général les nitrates ont pour origine la
fertilisation excessive des zones agricoles par les engrais, les rejets des
eaux usées et occasionnellement les rejets de certaines industries
(Rodier, 1984).
Les teneurs les plus élevées en nitrates sont
enregistrées durant les trois saisons (hiver, printemps et
été) est au niveau de l'embouchure de l'oued Soltane avec
respectivement 45,8 26,76 et 7,96 umol/l. Les teneurs les plus faibles sont par
contre enregistrées en hiver et au printemps au niveau de HL12 (1,33 ;
4,89 umol/l), et en été au niveau de Solimar plage (1,12
umol/l).
Tableau XVI : variations saisonnières de la
concentration de l'eau en nitrates au niveau des stations
étudiées
|
N- NO3- (umol/l)
|
stations
|
hiver (06)
|
printemps (06)
|
été (06)
|
HL12
|
1,33
|
4,89
|
2,91
|
HL78
|
2,07
|
8,29
|
2,95
|
O.Soltanne à 1km
|
17,45
|
5,07
|
7,48
|
emb.Soltane
|
45,8
|
26,76
|
7,96
|
SP
|
3,3
|
8,3
|
1,12
|
S2S3
|
3,97
|
9,06
|
2,45
|
Em.S.Soliman
|
1,85
|
6,9
|
1,68
|
80
Pour la plupart des stations, à l'exception de l'oued
Soltane et son embouchure, on note une augmentation des concentrations en
nitrates dans l'eau pendant la saison printanière puis une chute avec
l'arrivée estivale (Fig. 25). Ceci n'est probablement pas en relation
avec le cycle écologique du phytoplancton mais vraisemblablement
dû au fait que les précipitations hivernales et
printanières, les températures basses et la forte
oxygénation du milieu favorisent l'oxydation rapide du NO2 en NO3 (Ben
Charrada, 1997). En été, l'élévation de la
température et la diminution de l'oxygène dissous favorisent
plutôt la chute de la concentration des nitrates dans l'eau.
Fig. 25- Fluctuations saisonnières de la
concentration de l'eau en nitrates au niveau
des stations étudiées
Les teneurs en nitrates, plus ou moins importantes
enregistrées dans les eaux des alvéoles (HL12, HL78, SP et S2S3)
(Fig. 7), témoignent du confinement de ces milieux (très forte
accumulation de macroalgues et feuilles de posidonies). Cependant ces teneurs
restent dans l'intervalle de la teneurs normale en nitrate dans l'eau de mer (1
< NO3<10umol/l) (Rodier, 1983).
Au niveau de la station HL12 la concentration en NO2 (2,95
umol/l) est supérieure à celle de NO3 (1,33 umol/l). Ceci
constitue un cas particulier puisque les nitrites en milieux
oxygénés sont généralement en très faibles
quantités (Zeggaf-Tahri, 1993). Ainsi, la première alvéole
de Hammam lif comprise entre les deux brise-lames HL1 et HL2 (Fig. 7)
présentent
81
les caractéristiques d'un milieu mésosaprobes B
où les teneurs en nitrites sont élevées et ceux des
nitrates faibles (Ghazali, 2005).
Au niveau de l'embouchure de l'oued Soltane, la plus forte
teneur en nitrates a été enregistrée en hiver alors que la
teneur la plus faible a été enregistrée en
été. Cette évolution serait due à l'importance des
pluies hivernales et aux apports riches en nitrates provenant du lessivage des
terres agricoles du bassin versant traitées par les fertilisants et les
engrais chimiques. En été, ces apports sont pratiquement nuls
suite à l'absence de pluies.
Au niveau l'oued Soltane il y a une diminution de la
concentration des nitrates au printemps probablement à cause du bloom
phytoplanctonique qui va puiser ces éléments qui sont essentiels
à son développement. La faible régénération
des nitrates en été est due probablement à la diminution
du phytoplancton suite aux fortes températures estivales.
Les eaux de l'embouchure de l'oued Soltane sont
polluées par les nitrates surtout en hiver et au printemps puisque les
teneurs dépassent les normes des nitrates dans le milieu marin (1 <
NO3<10umol/l) (Rodier, 1983).
c- Les ions ammonium (NH4 +) :
La présence des ions ammonium dans un milieu aquatique
indique une dégradation incomplète de la matière
organique. Cet élément a pour origine la matière
végétale dans les cours d'eaux, la matière organique
animale ou humaine, les rejets industriels et les engrais azotés
(Rodier, 1984).
Sa présence dans l'eau en grande quantité est
à l'origine des valeurs élevées du pH dans l'eau (8,2
à 8,3).
Tableau XVII : variations saisonnières de la
concentration de l'eau en ion ammonium
au niveau des stations étudiées
|
N-NH4 + (umol/l)
|
stations
|
hiver (06)
|
printemps (06)
|
été (06)
|
HL12
|
4,15
|
4,4
|
4,83
|
HL78
|
7,72
|
0,57
|
6,24
|
O.Soltanne à 1km
|
91,53
|
9,01
|
10,46
|
emb.Soltane
|
100,39
|
7,01
|
14,4
|
82
SP
|
6,37
|
2,95
|
2,21
|
S2S3
|
13,34
|
6,59
|
2,02
|
Em.S.Soliman
|
21,72
|
34,19
|
9,26
|
En hiver la teneur la plus élevée a
été enregistrée au niveau de l'embouchure de l'oued
Soltane (100,39 umol/l). La teneur la plus faible a été
enregistrée au niveau de HL12 (4,15 umol/l).
La teneur la plus élevée au printemps est celle
enregistrée au niveau de la sebkha de Soliman (34,19 umol/l) et la plus
faible teneur est enregistrée au niveau de HL78 (0,52 umol/l).
Les eaux de l'embouchure de l'oued Soltane contiennent la plus
forte concentration en azote ammoniacal alors que celles de S2S3 contiennent la
plus faible concentration (tableau XVII).
Fig. 26- Fluctuations saisonnières de la
concentration de l'eau en azote ammoniacal
au niveau des stations étudiées
Les concentrations et les fluctuations saisonnières de
l'azote ammoniacal sont très faibles au niveau des alvéoles
(HL12, HL78, SP et S2S3) (Fig. 26). Ceci s'expliquerait par le fait que ces
milieux sont à l'abri des rejets terrigènes. De plus, la
présence de l'oxygène et l'assimilation par le phytoplancton dans
le milieu marin accélère l'épuisement de cet
élément par les processus de nitrification (Ben Charrada,
1997).
83
La concentration relativement importante enregistrée
dans l'alvéole de Soliman plage (S2S3) en hiver (13, 34 umol/l)
dépasse la teneur normale de NH4 +dans un milieu marin selon
Rodier (1983) (1 < NH4 +<10 umol/l). La forte accumulation de
la matière végétale, composée de macroalgues et des
laisses de posidonies dans ce milieu, en est l'origine. De plus, cette
alvéole joue le rôle d'un piège pour la matière
organique à cause du faible espacement entre les brise-lames S2 et
S3.
Au niveau de l'oued Soltane ainsi qu'au niveau de son
embouchure les concentrations les plus élevées sont
enregistrées en hiver en corrélation avec les nitrates
précèdent la chute brusque printanière. En effet, les eaux
de ruissellement qui drainent les terres agricoles et les eaux des stations
d'épuration ainsi que les rejets urbains et domestiques sont très
riches en azote ammoniacal. Ainsi, ils sont la source de l'enrichissement de
l'oued en azote ammoniacal. En effet, les concentrations de l'eau en NH4 + (91,
53 et 100,39 umol/l) dépassent largement la teneur normale (10umol/l).
On est donc en présence d'un cas de pollution organique au niveau de
l'embouchure de l'oued pendant l'hiver. La diminution brusque au printemps et
en été de la teneur en azote ammoniacal est due probablement
à l'absence des précipitations et donc à la diminution des
apports et des rejets. Le bloom phytoplanctonique durant le printemps y est
probablement responsable.
Au niveau de l'embouchure de la sebkha de Soliman les rejets
urbains, domestiques et agricoles directement ou indirectement dans la sebkha
ajoutés à la forte accumulation d'algues et de déchets
organiques semblent être à l'origine des teneurs
élevées en azote ammoniacal en hiver et au printemps.
2- Le phosphore :
L`évolution du phosphore est à priori simple. Il
est introduit dans les écosystèmes aquatiques par les eaux de
ruissellement. Ces dernières permettent le développement du
phytoplancton et des animaux situées à divers niveaux des
chaînes trophiques limniques ou marines (Ramade, 1987) (Fig. 30). Dans
tous les écosystèmes aquatiques (ou continentaux) le phosphore se
présente sous quatre formes différentes respectivement insolubles
ou dissoutes. Le phosphore se trouve essentiellement dans l'eau sous des formes
inorganiques (orthophosphateP-PO4) (Fig. 27).
En absence de toute source de pollution, le phosphore est
présent dans les eaux superficielles avec des concentrations très
faibles. Les industries agricoles et alimentaires, les industries de phosphore
et les rejets des eaux domestiques sont à l'origine de l'apport du
phosphore dans l'eau de mer (Zeggaf-Tahri, 1993).
84
Le phosphore est considéré comme le principal
facteur limitant pour les organismes autotrophes (Zeggaf-Tahri, 1993).
Orthophosphates minéraux dissous (ou solubles)
Phosphates organiques de la biomasse
Phosphates organiques dissous ou solubles
Phosphates organiques particulaires provenant
des matières organiques
Fig. 27- Cycle du phosphore (Ramade, 1984)
a- Les Orthophosphates :
Tableau XVIII : Variations saisonnières de la
concentration de l'eau en phosphore
inorganique au niveau des stations
étudiées
|
P- PO43- (umol/l)
|
stations
|
hiver (06)
|
printemps (06)
|
été (06)
|
HL12
|
1,36
|
0,34
|
1,09
|
HL78
|
0,73
|
0,22
|
0,67
|
O.Soltanne à 1km
|
5,11
|
0,8
|
2,1
|
emb.Soltane
|
4,45
|
1,51
|
3,41
|
SP
|
0,94
|
0,29
|
0,69
|
S2S3
|
0,66
|
0,31
|
0,5
|
85
Em.S.Soliman
Les teneurs les plus importantes en phosphore inorganique sont
détectées surtout en hiver au niveau de l'oued Soltane et son
embouchure (5,11 et 4,45 umol/l). Le printemps est marqué par les plus
faibles valeurs qui ne dépassent pas 1,51 umol/l au niveau de
l'embouchure de l'oued Soltane. En été, on signale une faible
augmentation de la teneur en phosphore inorganique qui atteint les 3,41 umol/l
à l'embouchure de l'oued Soltane (Tableau XVIII).
Ainsi, durant l'hiver les teneurs sont relativement
élevées dans la majorité des stations (Fig. 28). Dans les
alvéoles (HL12, HL78, SP et S2S3), en absence de sources d'apport de
phosphate, les teneurs en phosphore minéral enregistrées sont
légèrement supérieures à la teneur normale dans
l'eau de mer qui est de l'ordre de 1 umol/l 95 ug/l (Amniot et Chaussepied,
1983 ; Rodier, 1983). Les teneurs enregistrées seraient probablement
dues à la dégradation de la matière organique provenant de
la mort de la végétation aquatique (les laisses de posidonies) et
du phytoplancton. D'autre part, ces teneurs seraient dues à la remise en
suspension des particules fines.
Fig. 28- Fluctuations saisonnières de la
concentration de l'eau en phosphore
inorganique au niveau des stations
étudiées
86
Au niveau de l'oued Soltane et son embouchure les teneurs
relativement importantes, enregistrées en hiver, sont vraisemblablement
dues aux rejets domestiques, urbains et industriels mais aussi des apports
provenant du lessivage des terres cultivées qui utilisent le phosphate
dans la fertilisation des terres (Zeggaf-Tahri, 1993). Ces apports riches en
phosphore, favorisés par les fortes précipitations hivernales,
vont contribuer à l'enrichissement des eaux de l'oued en phosphore
minéral et organique. L'embouchure de l'oued Soltane semble être
un point d'accumulation du phosphore inorganique drainé par l'oued. Ceci
impliquerait la présence d'un phénomène d'eutrophisation
au niveau de l'oued Soltane durant l'hiver puisque les teneurs
enregistrées (5,11 et 4,45 umol/l) dépassent les teneurs normales
du PO4 dans un milieu marin (l'ordre de 1 umol/l 95 ug/l).
Au niveau de l'embouchure de la sebkha de Soliman la teneur
enregistrée en hiver (2,04 umol/l) s'expliquerait par le
déversement des eaux usées de la ville de Soliman par la
canalisation des égouts dans la sebkha associé à une
minéralisation de la matière végétale au niveau de
la passe par les bactéries qui libèrent l'ion PO4 dans la colonne
d'eau.
Au printemps, dans toutes les stations la teneur du phosphore
diminue car cet élément est nécessaire au
développement des algues et du phytoplancton à cette
période de l'année (Ben Charrada, 1997). En effet, le cycle du
phytoplancton est caractérisé par un pic printanier.
En été la régénération du
phosphore inorganique se fait probablement par la dégradation de la
matière organique puisque la teneur en oxygène mesurée est
faible et la température enregistrée est élevée.
Cependant les concentrations en phosphore restent au dessus de la teneur
normale (1umol/l) dans l'oued Soltane et son embouchure (3,41 umol/l), au
niveau de HL12 (1,09 umol/l) et à l'embouchure de S.Soliman (1,16
umol/l).
Il est à noter que les teneurs enregistrées au
cours de cette étude sont relativement supérieures à
celles déclarées par l'ONAS pendant l'année 2005, au
niveau du golfe qui est de l'ordre de 0,01 mg/l 0,10 umol/l.
3- Relation entre azote total et phosphore total
:
La plupart des stations, durant l'hiver, le printemps et
l'été, enregistrent des teneurs en azote total largement
supérieures à celles du phosphore total surtout au niveau des
points de rejets (Fig. 29). Ceci peut être expliqué par le fait
que les rejets déversés dans le secteur sont beaucoup plus riches
en azote qu'en phosphore. D'autre part, il semblerait que l'assimilation par le
phytoplancton de ces deux éléments se fait dans des proportions
différentes (Ben Charrada, 1997).
450
400
N - total P -
total
350
300
250
200
150
100
50
0
87
Fig. 29- Histogrammes de fréquences
représentants la répartition spatiale des
concentrations moyennes de l'eau en N-total et P-total
dans les différentes stations étudiées (année
2006)
L'étude du rapport N/P serait intéressante pour
caractériser la qualité de l'eau dans le milieu. Dans l'eau de
mer le rapport normal de N/P est égal à 16 (Rodier, 1983).
- Tableau XIX : Rapport N/P (umol/l) au niveau des
stations étudiées pendant l'hiver,
printemps et été 2006
stations
|
N / P atomique
|
HL12
|
3,8
|
HL78
|
10,12
|
O.Soltanne à 1km
|
10,51
|
emb.Soltane
|
8,61
|
SP
|
4,14
|
S2S3
|
11,83
|
Em.S.Soliman
|
9,57
|
Chiaudani (1983) a étudié le rapport N/P dans
plusieurs lagunes italiennes a montré que lorsque le rapport N/P
atomique est élevé, le phosphore est un facteur limitant. Pour
des valeurs très basses, c'est l'azote qui est le facteur limitant. Dans
notre secteur d'étude les stations HL78, l'oued Soltane et son
embouchure et S2S3 présentent un rapport N/P assez important compris
entre 8,61 et 11,83 umol/l (Tableau XIX) ce qui montre que le phosphore est le
facteur limitant dans ces milieux. En effet, Ben Charrada (1997) a
signalé l'existence
88
d'un pic de phytoplancton au printemps qui commence à
chuter dès que le phosphore minéral est épuisé.
Au niveau de HL12 et SP ce rapport est relativement moins
important que celui des autres stations (tableau XIX). Ceci s'expliquerait par
le fait qu'il y a une tendance vers une régularisation de l'assimilation
de l'azote et du phosphore par le phytoplancton.
Fig. 30- Schéma général du
modèle écologique de la zone côtière de la baie
de
Tunis (Ben Charrada, 1997)
89
|