3. PROBLEMATIQUE
Les personnes, aussi bien que les pays, tirent avantage de
l'instruction. Pour les premières, les avantages potentiels
résident dans la qualité de la vie en général et
dans la rentabilité économique d'un emploi durable et
satisfaisant. Pour les seconds, l'avantage potentiel est lié à la
croissance économique et à l'instauration de valeurs communes qui
cimentent la cohésion sociale. L'éducation est donc perçue
comme un élément moteur de la vie macroéconomique d'un
pays. En d'autres termes, l'éducation, en favorisant l'éclosion
et l'évolution des capacités du capital humain constituent un
investissement productif de taille et un moteur de la croissance, de l'emploi
et de l'augmentation des revenus. Elle joue aussi, par le biais de la formation
de la main d'oeuvre et des compétences nécessaires, pour
l'attractivité, la compétitive et la réussite
économique d'un pays.
« Au cours des deux dernières décennies, le
niveau de scolarisation a augmenté partout dans le monde. Cette
augmentation a concerné aussi bien les pays développés que
ceux en développement. Dans les premiers, la question n'est plus de
généraliser et démocratiser l'accès au
système éducatif, mais d'en tirer le plein avantage pour assurer
à l'économie nationale le savoir, l'innovation et les
connaissances dont elle a besoin pour sa croissance ; alors que dans les
seconds en développement, on lutte encore pour la
généralisation de la scolarisation, puisqu'une frange importante
de la population n'a toujours pas accès au système. Pire encore,
un pourcentage important de ceux qui ont la chance d'aller à
l'école primaire ne la terminent pas, ou encore, ne réussissent
pas la transition vers l'enseignement secondaire. Ces enfants n'auront donc pas
acquis les bases nécessaires d'une scolarisation suffisante et efficace
pour ne pas sombrer dans les ténèbres de l'illettrisme et de la
pauvreté15 ».
15WALT WHITMAN ROSTOW. The stages of economic
growth: a non-communist manifesto, Cambridge university press, 3e edition,
Cambridge 3, 1990
6
C'est ainsi que chaque Etat devrait s'investir à fond
dans la construction de son système éducatif. Les théories
du développement considèrent que les pays ont une meilleure
chance de rattraper les économies les plus avancées, lorsqu'ils
sont dotés d'une main d'oeuvre qualifiée et préconisent
que l'accès au système éducatif soit
généralisé et qu'il soit également de
qualité.
En effet, l'éducation joue le rôle du ciment
social, dans ce sens qu'elle donne à l'ensemble de la population des
valeurs culturelles communes qui favorisent le développement individuel.
Parmi les valeurs qui, généralement, se développent avec
la diffusion de l'enseignement, on retrouve la liberté, la
démocratie et parfois la stabilité politique. Pour toutes ces
raisons, l'éducation peut être considérée comme un
véritable trésor et un facteur de développement.
Les principales entraves au développement du
système éducatif, en République Démocratique du
Congo (RDC), sont liées aux facteurs endogènes et
exogènes. Les premiers sont attribués à la faible
qualité du système et à la faible diffusion de
l'éducation sur toute la population, alors que les seconds concernent le
contexte économique et social dans lequel ces politiques
éducatives ont été mises en place. La participation
très modeste du secteur privé dans le financement et
l'investissement en éducation, et la faible adéquation entre
l'offre éducative et les besoins du marché du travail comptent
parmi les facteurs explicatifs
C'est pourquoi, les différents secteurs de la vie
nationale enregistrent, depuis plus d'une décennie, un important
dysfonctionnement de sorte qu'il n'est pas facile aujourd'hui de faire
ressortir clairement, et de manière détaillée, le bilan de
système éducatif en RDC. Le secteur éducatif illustre bien
la profondeur de la crise que traverse le pays. Plusieurs facteurs sont
à la base de dégradation de notre système éducatif
; car on ne peut pas envisager le développement dans un pays qui tourne
le dos au système éducation nationale.
« Pourtant, c'est à travers ce type
d'investissement que le pays peut se doter des compétences susceptibles
d'augmenter l'efficacité et la productivité au travail et
d'exercer à terme une incidence relativement forte sur la croissance. Il
est évident que les dépenses d'éducation et de
santé sont deux éléments de la politique budgétaire
qui peuvent accélérer la croissance à long terme, car
des
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travailleurs instruits et en bonne santé sont non
seulement productifs que les autres, mais aussi plus à même de
recevoir une formation et s'adapter rapidement aux changements
technologiques16 ».
Ce non financement de l'éducation a pour
conséquence la corruption. L'intelligence et l'application aux cours ne
sont plus les seuls moyens de réussir. Un peu d'argent suffit pour y
parvenir. C'est pourquoi la tricherie et la corruption sont
tolérées couramment comme moyen de réussite et d'admission
dans la promotion supérieure. Le comble en est que certains parents
estiment que la réussite est devenue un droit pour leurs enfants de peur
de devoir payer plusieurs fois les mêmes frais académiques
(scolaires). Ils succombent à la corruption.
« Ce type de pays ne peut prétendre ni au
développement, ni à la démocratie, ni à l'esprit
inventif, ni à la mondialisation ; il encourt plutôt le risque
d'être compté parmi les Etats esclaves soumis17 ».
C'est pourquoi la qualité de l'éducation doit être
d'actualité en RDC.
En parlant de la qualité de l'éducation, nous ne
nous baserons que sur celle de l'Enseignement Supérieur et Universitaire
(ESU), bien que la qualité de l'Enseignement Primaire Secondaire et
Professionnel (EPSP), soit en déclin si on peut le dire. L'ESU en RDC
n'est pas épargné de cette situation. Face à une
très forte demande éducationnelle, les institutions
supérieures et universitaires du pays ne sont pas à même de
subvenir au besoin de ces candidats dont le nombre toujours croissant. Car la
totalité de ces institutions n'ont pas des bâtiments, du personnel
enseignant qualifié, des fonds correspondant à leur vision.
Comme nous le savons tous, les difficultés
économiques et les guerres n'ont pas permis des nouvelles constructions
à travers le pays. C'est pourquoi les infrastructures d'accueil sont
insuffisantes. Quant aux anciennes, elles ne sont pas entretenues et elles sont
souvent mal équipées en bancs, écritoires, en
matériels didactiques, en laboratoire, en bibliothèque, etc....
Il n'est pas rare de trouver des
16Banque Centrale du Congo, Bulletin Mensuel
d'Information et Statistiques, Mai 2005, dans www.google,
consulté le 5 septembre 2016
17 KAMBA EVANGUNUNGA A. La réforme de l'enseignement
supérieur et universitaire au Congo, L'école
Démocratique (APED), Kinshasa, 2007, p 7
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étudiants suivre des leçons débout dans
l'auditoire voire même à travers la fenêtre.
Nous constatons aujourd'hui que la qualité de
l'éducation en général, malgré le courage et la
volonté incroyable de son personnel enseignant est de très bas
niveau. Elle accuse un véritable coup descendant.
Ce qui nous amène à nous poser la question
suivant : Quel est l'obstacle majeur au développement lié au
système éducatif national à l'UPN ?
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