1.8.22. Comportement social
Le lamantin est par nature un animal solitaire. L'unique lien
social solide existant est celui reliant la mère et son petit (« le
veau »). Les rassemblements sont éphémères (Reynolds
et al., 1991; Reep et al., 2006). Les
déplacements en groupe ou famille s'observent généralement
en période de migration, de rut, de jeu, de repos ou lors des
rassemblements en eau chaude durant les saisons froides. Les lamantins se
reposeraient ensemble en liberté et en de petits groupes de 2 à 6
individus. C'est un animal diurne ayant tendance à devenir nocturne car
plus actif la nuit que le jour sûrement en raison de la chasse (Ndour,
2010). Le lamantin doit remonter en surface en moyenne toutes les 3 à 4
minutes mais il peut émerger partiellement sa tête de l'eau,
juste les narines, pour s'aérer et expulser l'air emmagasinée
dans les poumons.
Le lamantin est un animal qui effectue des mouvements
migratoires saisonniers d'une part pour répondre au changement de
salinité, de température et du niveau des eaux, et d'autre part
pour la recherche de nourriture. Ce mammifère aquatique est capable de
se déplacer sur des centaines voire des milliers de kilomètres.
Sa vitesse de croisière est estimée à 9 km/h mais face au
danger elle peut atteindre les 25 km/h (Powell, 1996).
1.8.23. Fonction écologique de l'espèce
Le lamantin Ouest Africain a une capacité d'adaptation
alimentaire qui l'amène à diversifier son alimentation avec une
large gamme de produits végétaux (feuilles, tiges, racines et
fruits) et, s'il en a l'opportunité, avec d'autres produits animaux
(petits poissons et mollusques) (Anonyme, 2011). Il contribuerait au maintien
d'un certain équilibre écologique, notamment en contrôlant
la végétation aquatique de ses couloirs de déplacement
Ainsi, dans la plupart des zones où il est présent, il est
considéré par les autochtones comme un indicateur de sites
poissonneux (Cifolo et Sadou, 1996). En outre, l'espèce est un
indicateur de la santé des écosystèmes humides (Anonyme,
2011).
1.8.24. Taille de la population
Les insuffisances dans l'estimation de la taille et des
tendances de la population demeurent encore une lacune fondamentale dans les
connaissances sur le lamantin Ouest Africain. Une étude ad hoc,
en vue d'une estimation fiable de la population au niveau de l'aire de
répartition, reste encore à faire. Néanmoins, les
observations de terrain faites par des spécialistes sur une
période relativement longue, les résultats d'enquêtes dans
certaines zones et les témoignages recueillis auprès des
habitants des zones où l'espèce est encore présente,
permettent de croire que la taille de la population diminue encore plus,
surtout dans les zones où la viande et les divers produit de
l'espèce font l'objet d'un commerce avéré (Sierra Leone,
Tchad, Côte d'Ivoire, Cameroun, Nigeria, golfe de Guinée).
(Wetlands International Afrique, 2011) Cette tendance est corroborée par
la dernière évaluation faite pour la mise à jour la Liste
Rouge de l'UICN.
Les estimations faites dans le cadre de cette mise à
jour de la liste Rouge de l'UICN sont les plus récentes sur lesquelles
on peut se baser pour le moment (SSN, 2013). En se servant de données
d'études de la Côte d'Ivoire, de la Guinée-Bissau, de la
Gambie, de certaines parties du Sénégal et du Cameroun, et en
déduisant de ce que l'on sait du lamantin dans d'autres États de
l'aire de répartition et des données sur la densité des
lamantins pour T. manatus, l'on estime à moins de 10 000 la
population de lamantins en Afrique de l'Ouest et les spécialistes du
lamantin estiment qu'il y a une probabilité élevée qu'une
diminution de la population supérieure ou égale à 30%
interviendra au cours des trois prochaines générations
(durée présumée de 60 ans) (Marsh et al.,
2012 ; SSN, 2013). Cette population devrait baisser d'au moins 10 %, si
l'on se fonde sur les menaces anthropiques continues et croissantes (Powell et
Kouadio, 2008).
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