Histoire de la production du coton dans les cercles de la moyenne vallée du fleuve Sénégal de 1920à 1960.( Télécharger le fichier original )par Insa BA Université Cheikh Anta DIOP - Master 2 2014 |
II.2 : Les stations agricolesL'administration créa diverses stations agricoles dans les cercles de la vallée, dont les objectifs étaient de multiplier le nombre de tonnes de production et de former des moniteurs ayant pour fonction d'encadrer les indigènes impliqués dans la récolte de coton .A ces débuts ; les résultats obtenus ne sont guère satisfaisants. La première guerre mondiale (1914-1918) provoqua un ralentissement notable des activités des stations agricoles de la vallée. À partir de 1920, les stations avaient commencé à fonctionner régulièrement en introduisant la culture du coton égyptien dans la subdivision et en distribuant des semences et des primes aux meilleurs producteurs. En vue de la vulgarisation des procédés culturaux par l'emploi de la charrue et autres instruments aratoires, quelques jeunes y furent formés comme laboureurs. Il s'agissait les fils de chefs traditionnels .Pour les récompenser, l'administration remit à chaque chef, deux boeufs avec jougs, une charrue et une herse. Les moniteurs chargés de la formation des cultivateurs, recevaient à la fin du mois un salaire qui était régulièrement révisé. Celui de Matam-Diorbivol fixé à 60 francs en 1920, atteignit 150 francs en 1921128(*). Cette augmentation du traitement avait pour but d'encourager à exécuter leur tâche avec promptitude .Celle -ci demeurait un facteur d'extension des surfaces exploitées. Dès sa création, le centre de Diorbivol entreprit des essais de culture du coton en vue d'améliorer la variété indigène. Les paysans avaient essayé d'accroitre leur production en sélectionnant les graines des récoltes précédentes. Ce simple procédé n'était pas suffisant pour donner une longue fibre au cotonnier local. Il fallait au préalable, appliquer des méthodes scientifiques dans des champs d'expérimentation assez vastes pour éviter les croissements au moment de la floraison. Dans la vallée du Sénégal, l'application des nouvelles méthodes culturales à savoir la sélection des semences, l'emploi des moyens de production appropriés (Charrues, herses...), l'utilisation des engrais et le recours à l'assolement, permirent d'augmenter le rendement du coton indigène. Il passa de 60 à 400 Kg à l'hectare.129(*). Pour diversifier la production, des variétés étrangères comme le coton Allen et le Mit-Afifi furent introduites et acclimatées dans les cercles de la vallée. Ils avaient une plus grande valeur marchande .Les graines issues des expériences faites à la station, furent distribuées aux producteurs .Ces résultats restaient sans doute importants. Mais la diffusion des méthodes modernes de culture, imposaient l'encadrement des populations autochtones par des moniteurs d'agriculture. Le recrutement des élèves fut placé sous le contrôle du commandant de cercle. Son choix porta, en, général sur les chefs traditionnels ayant une influence morale dans leur canton. Selon la vision de l'administration coloniale, cette formation favorisait une rapide diffusion des connaissances pratiques en agriculture. Ils étaient divisés en deux groupes. Le premier comprenait des élèves réguliers (moniteurs et cultivateurs) qui suivaient une formation de deux ans. Le cercle leur allouait une ration alimentaire et une indemnité journalière fixée à 1,5 franc en deuxième année. Le second était composé d'élèves « libres » c'est-à-dire des personnes désireuses d'apprendre les techniques agricoles nouvellement introduites dans leur localité. Ils recevaient uniquement une ration alimentaire pendant leur formation dont la durée n'est pas précisée131(*). Le programme, élaboré par le chef de service de l'agriculture et soumis à l'approbation du Gouverneur de la colonie, comportait des notions relatives au dressage des animaux, à la maitrise des instruments aratoires et à la conservation des récoltes .Au terme de leur formation, les jeunes recevaient chacun une charrue et accessoires pour usage personnel. Devenus de véritables moniteurs d'agriculture, ils étaient chargés de prodiguer des conseils aux habitants de leur circonscription et de les inciter à utiliser l'outillage recommandé par l'administration .Il allégeait l'effort physique fourni par l'homme et permettait de réaliser une meilleure exploitation du sol. Il faut reconnaitre que les stations agricoles, avaient été pour les populations de la vallée, de véritables centres d'amélioration de la production à travers la sélection des semences et des plants ainsi que l'introduction de nouvelles variétés à cultiver. Elles avaient également contribué à répandre l'emploi de la charrue. Ces efforts déployés dans le domaine de la production, furent d'avantage renforcés par la création des fermes familiales. * 128ANS, colonie du Sénégal. Association cotonnière coloniale, correspondance sur les services agricoles de la vallée, 1920-1925 . * 129 130ANS, colonie du Sénégal. Association cotonnière coloniale, rapport annuel politique et économique, 1920. * 131 ANS, colonie du Sénégal. Circulaire relative au recrutement des élèves des fermes agricoles, 1929. |
|