Histoire de la production du coton dans les cercles de la moyenne vallée du fleuve Sénégal de 1920à 1960.( Télécharger le fichier original )par Insa BA Université Cheikh Anta DIOP - Master 2 2014 |
DEUXIEME PARTIE : LES NOUVELLES TENTATIVES D'EXPLOITATION COTONNIERE DANS LA MOYENNE VALLEE DU FLEUVEChapitre I : Les variétés cultivées dans la valléeL'aménagement des eaux et des terres pose la question du choix des cultures. Depuis longtemps, dans la vallée du Sénégal on a pu légitimement fonder les plus sérieux espoirs sur la production cotonnière. Les efforts ont manqué d'envergure et de méthodes et, sans avoir échoué, ils n'ont donné que des résultats inférieurs. Les habitants de la vallée entretiennent sur la bordure des bassins d'inondation de petites cotonneries que les crues inondent plus ou moins chaque année. Il existe plusieurs variétés et d'espèces de coton que l'on peut regrouper selon la longueur de la fibre et les espèces en trois catégories majeures. I.1 : Le N'Dar-N'GauOn le retrouve partout au Sénégal, au soudan, en Casamance et en particulier dans la vallée du fleuve Sénégal. Bien que le cotonnier ne soit cultivé dans ces régions que pour son usage domestique et très faibles quantités, il en existe fréquemment à proximité de chaque village quelques pieds au mieux en apparence naturalisés. On l'appelle aussi vitente ou Lado qui n'est autre qu'un Gossypium Hirsutum118(*), abâtardi par l'acclimatement et hybridation naturelle, mais dont la fibre conserve encore beaucoup de ses qualités. Nommée ainsi parce que ses graines sont revêtues d'un duvet qui rend la plante velue, cette espèce est également appelée Uppland du nom d'une de ses variétés, ou coton américain du fait de son origine géographique. Le N'Dar-N'Gau est le plus productif, il se trouve dans le Oualo, le Cayor, Baol, Sine, Saloum .C'est probablement que les Toucouleurs appellent Lado qui est la variété la plus répandue le long du fleuve dans les cercles de Kaédi, Matam. Sa soie est courte et résistante. Elle sert à confectionner des tissus solides et d'un long usage. Ses feuilles sont régulières et présentent une coloration rouge vineuse vers l'extrémité. Ses fleurs sont jaunes avec l'intérieur de la corolle rougeâtre. Ses capsules sont assez bien développées. C'est même la seule qu'on ensemence. On la trouve partout où il existe des villages du Sénégal, au Soudan, en Casamance. I.2 : Le MokhoLe Mokho est peu cultivé par suite de son faible rendement. Il acquiert un médiocre développement. Ses feuilles sont petites, régulières à lobes arrondis. Ce coton fixe une grande quantité de teinture et, est très apprécié pour les étoffes à teindre en bleu indigo. Son produit est très estimé des indigènes pour la fabrication d'étoffes fines et bon teint ; malheureusement son faible rendement (la moitié du Ndargau) fait que sa culture est très peu développée .C'est la même variété désignée par les Toucouleurs sous le nom de « Rimo » qui est le Gossypium Herbaceum119(*) .Elle est tardive comme production, la récolte ne commence pas avant le mois de janvier et se poursuit jusqu'en avril. Les feuilles sont persistantes, la plante est vivace. La végétation est beaucoup moins rapide. Les feuilles sont grandes, glabres souvent irrégulières parfois entières et pyriformes, mais habituellement fortement lobées à acumen très prononcé, 3-5 lobes .Les jeunes pousses sont verdâtres à section nettement polygonales parfois triangulaires. Les fleurs jaunes et les capsules grasses de 3-5loges contenant du coton teinté, tantôt légèrement parfois d'un rouge assez prononcé. D'autres le nomme Gossypium obtifoluim ou encore, cette espèce a reçu le nom de G. punctatum var.accrifolum120(*). Elle est peu répandue et les indigènes les multiplient qu'accidentellement. C'est pourquoi l'auteur botaniste Perrotet en 1830 disait déjà à son sujet : « qu'elle n'était pas cultivée et qu'elle vivait dans les plantations mêlée au types, les indigènes l'arrachaient même quand ils l'observaient. A cette époque ils le nommaient Outen boukit »120(*).Actuellement on le nomme généralement Mokho. * 118 Gossypium Hirsutum est un petit arbrisseau cultivé le plus souvent de façon annuelle atteignant alors de 0.8 à 2métres. Il est branchi avec des branches végétatives à la base du plan, les rameaux fructifères se trouvant dans les parties médianes et supérieures. * 119 Le Gossypium Herbaceum est un arbuste ou arbrisseau avec une tige principale épaisse et rigide, ne dépassant guère 2m de haut ; il est cultivé habituellement annuellement. Sa fibre est plutôt grossière et de couleur grisâtre. 101 Guil, et Perrottet, tentamen Florae Sénégambiae p. 62. * 120 « Outen boukit »littéralement ce terme signifie en Ouolof. Coton du lièvre et cela, le nom donné à cette variété en référence de son caractère grossière .et sauvage. |
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