Conclusion partielle
Devant le processus de recul du couvert végétal
de la forêt communautaire de Kandia, plusieurs actions visant à
inverser la tendance ont été menées par les
différentes parties concernées. La gestion des ressources
naturelles en générale et celles forestières en
particulier s'inscrit dans une logique de décentralisation qui vise
l'implication de toutes les parties prenantes. Mais, l'analyse des
différentes stratégies menées dans ce cadre, montre des
insuffisances liées au manque de coordination des actions d'une part, et
à la limite des moyens disponibles d'autre part. En dépit de
l'élaboration d'un plan d'occupation et d'affectation des sols par le
conseil rural de Kandia, il faut dire que le processus n'est pas encore
inversé. D'où la nécessité de mener une
réflexion dans la perspective d'une gestion efficiente et durable de cet
écosystème. En prélude à cette réflexion, un
certain nombre d'expériences de gestion des ressources naturelles
menées en Afrique, et même au niveau de la région de Kolda
pourraient servir de point de départ.
97
Conclusion générale
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Au terme de ce travail mené dans le cadre du
mémoire de master II, on peut tirer quelques enseignements utiles. Tout
d'abord, la dégradation progressive des conditions climatiques a des
incidences négatives sur la couverture végétale. En effet,
l'évolution des conditions climatiques de 1995 à 2010 montre une
variation spatio-temporelle dans le département de Vélingara. En
réalité, on assiste depuis plusieurs années à une
péjoration des conditions climatiques qui se traduit par une
fragilisation de la couverture végétale. Cette fragilisation est
perceptible à travers le stress hydrique des plantes, l'augmentation de
la mortalité, l'installation difficile de la
régénération, la destruction progressive du tapis
herbacé et l'augmentation de la pression sur les arbres sur pied. Les
facteurs climatiques ont donc une réelle emprise sur le
développement des formations forestières mais ils ne sont pas les
seuls responsables de la dégradation du couvert végétal
dans la forêt communautaire de Kandia. Les actions anthropiques ont un
impact déterminant dans ce processus.
L'augmentation des superficies emblavées, la
commercialisation de produits forestiers comme le bois d'oeuvre, les coupes
abusives pour le bois de chauffe sont autant d'éléments qui ont
conduit à la rupture de l'équilibre entre les
prélèvements et le renouvellement des ressources. La
compétition exercée par les différents usagers à
travers des pratiques inadaptées comme la loi du « premier venu,
premier servi » a laissé la porte ouverte à la
dégradation. A ce titre, la croissance démographique a
entrainé une augmentation des zones agricoles de 14kilomètres
carrés entre 1999 et 2005.Dans la même période, la
superficie de la formation forestière a connu une réduction de
14km2. Mais ces chiffres ne rendent pas compte de l'ampleur du
phénomène actuellement. Depuis 2005, la pression a
considérablement augmenté et les besoins sont devenus plus
nombreux.
Ainsi, face à cette situation, il est apparu plus que
nécessaire pour les autorités de la communauté rurale en
collaboration avec le service des eaux et forêts de Vélingara, de
mener des actions de sensibilisation des populations et de surveillance des
ressources. Plusieurs initiatives ont vu le jour avec les parties
concernées. Parmi ces actions phares, on peut mentionner
l'élaboration du plan d'occupation et d'affectation des sols (POAS) par
le conseil rural en juin 2012. Ce qui illustre certes, la volonté
politique des autorités locales. Cependant, les populations locales,
acteurs majeures tardent encore à jouer pleinement leur rôle.
C'est certainement ce qui explique le statu quo dans lequel la forêt
communautaire de Kandia est plongée.
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Dans une perspective de gestion durable des ressources
naturelles au niveau local, il existe un certain nombre de publications
scientifiques qui peuvent constituer le soubassement de toute réflexion
allant dans ce sens.
Au total, on peut retenir que la dégradation de la
forêt communautaire de Kandia s'inscrit dans un processus global qui
caractérise actuellement l'état des ressources naturelles. Du
moins, c'est la vision qui domine dans les modes de pensée dans les pays
en voie de développement. Mais, cette vision n'est-elle pas le
résultat d'une construction que l'Occident qui a voulu nous imposer ?
Georges Rossi nous invite à s'interroger sur un certain nombre
d'idées reçues : « Faute de comprendre les autres logiques
d'organisation du paysage, nos conceptions de l'organisation de l'espace ne
sont-elles pas inadaptées et susceptibles d'être l'une des causes
de l'échec de projets de développement ? Quelles sont les
conceptions, les visions, de la nature et des sociétés tropicales
qui sous-tendent implicitement les modes de gestion que l'Occident impose ?
Au-delà, ces approches correspondent-elles à une
réalité objective ou sont-elles marquées par notre propre
histoire et notre culture ? »
Dés lors, ces quelques interrogations posent la
question de la construction des discours et du savoir scientifique. Cela nous
amène alors à parler de la portée de ce travail de
recherche ; tant il est vrai qu'il existe une grande rhétorique sur la
dégradation de l'environnement dont nous n'avons pas
échappé à son influence. En termes plus claire, il faut
reconnaitre qu'en dépit de l'objectivité que nous avons
essayé de faire preuve tout au long de ce travail, qu'il ne saurait
être entièrement dépourvu d'une part de
subjectivité. C'est la caractéristique de toute oeuvre
humaine.
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