2. Aperçu global des différentes actions
menées au nom de la gestion des ressources forestières dans la
C.R de Kandia
2.1. Contexte et état des lieux
Les différentes investigations menées sur le
sujet ont permis d'identifier plusieurs approches dans la gestion de la
dégradation de la forêt communautaire. On peut même dire que
l'aménagement de cette forêt est une réponse au
phénomène de dégradation des ressources forestières
observé à l'échelle de la communauté rurale de
Kandia. En effet, l'idée de créer une forêt communautaire
dans la C.R de Kandia remonte à 2005. L'objectif était de
constituer une réserve forestière pour la communauté
rurale en faisant des reboisements et en entretenant les espèces.
Au départ, toutes les parties prenantes (conseil
rural, les agents des eaux et forêts, populations locales)
s'étaient impliquées dans la mise en oeuvre du projet. Cette
mobilisation des différents acteurs avait permis de noter des
améliorations dans la préservation de ce massif forestier contre
les agressions anthropiques. En fait, dans cet espace, toute coupe de bois
ainsi que le pâturage des animaux étaient interdits. Toutefois,
cet engouement n'a duré que les deux premières années qui
ont suivi l'aménagement de cette forêt avant que les pressions
anthropiques ne reprennent le dessus. Mais, il semble intéressant de
jeter un regard sur les différentes stratégies qui se
succédé dans le cadre de la gestion des ressources naturelles.
2.2 Rappel historique de l'émergence d'une gestion
décentralisée des ressources
D'emblée, il faut dire que depuis fort longtemps, les
ressources naturelles ont fait l'objet d'une gestion centralisée de la
part des États. En effet, face à l'irrationalité
supposée des ruraux, l'Etat - colonial puis indépendant - a voulu
s'approprier les ressources naturelles pour
en garantir une gestion « rationnelle » (Delville,
2001 ). Selon lui, dans bien des cas, l'argument de «
rationalité » qui légitime l'intervention publique
s'avère le plus souvent fondé sur une caricature des pratiques
paysannes et sur des intérêts corporatistes plus que sur une
analyse rigoureuse des pratiques locales.
85
Toutefois, cette approche verticale longtemps
prônée par les dirigeants politiques a montré ses limites.
Car elle n'a pas permis d'inverser la dynamique de régression des
ressources naturelles. C'est fort de cet échec dans le domaine de la
gestion des ressources naturelles et de l'environnement et de sa volonté
de promouvoir une gestion de proximité que l'Etat du
Sénégal a responsabilisé les collectivités locales
dans plusieurs domaines. Ainsi, la réforme de 1996 constitue un
changement d'approche dans le cadre de la décentralisation au
Sénégal. Le transfert de l'environnement et de la gestion des
ressources naturelles de l'État vers les collectivités locales
est un tournant historique et une rupture dans les modes de gouvernance.
Désormais, on parle d'implication des populations locales par la
participation de ces dernières à la prise de décision.
En fait, il faut noter que la décentralisation fait
des collectivités locales le principal centre de prise des
décisions relatives à la gestion des ressources naturelles en
donnant des perspectives réelles de développement de
l'entreprenariat rural privé. Les collectivités Locales sont le
lieu de mise en oeuvre d'approches communautaires. La prise en compte des
valeurs locales et de leur savoir faire est inévitable dans la
conception, l'élaboration et la vulgarisation de technologies de gestion
des ressources naturelles (PFS, 2005).
|