2. Le climat
Le climat est l'un des composants qui permet d'expliquer la
dynamique du milieu naturel. Il exerce une forte influence sur le type de
végétation, la biomasse et les types de sols. Selon Escourrou G.
(1980 cité par Cissé A., 2008), l'explication du climat d'un lieu
nécessite de s'intéresser à des échelles plus
vastes avant de prendre en compte certains facteurs locaux. Dans la
communauté rurale de Kandia, les éléments du climat sont
à l'image de ceux qui s'observent au niveau de la région de
Kolda.
C'est ainsi que le climat est de type soudanien, avec deux
saisons contrastées : la saison sèche de novembre à mai et
la saison des pluies de juin à octobre. De novembre à janvier, la
région est balayée par l'alizé continental
communément appelé harmattan, qui est un vent chaud et sec. De
mai à juillet, l'anticyclone saharien se mue en dépression. Ceci
permet l'irruption à partir de juin de l'alizé maritime issu de
l'anticyclone de Sainte-Hélène dans l'hémisphère
sud. Ce vent chaud et humide souffle sur la région jusqu'en octobre
novembre.
Il est communément appelé mousson. La mousson,
humide de son long parcours océanique, est responsable des pluies
continues d'Août et de Septembre. D'une manière
générale, la pluviosité augmente d'est en ouest et du nord
au Sud (PAER, 2007). Les températures relativement élevées
tournent autour d'une moyenne de 28°, avec de fortes amplitudes
thermiques. Les températures sont très fortes et s'accompagnent
d'une évapotranspiration importante. Mais intéressons- nous aux
différents éléments du climat durant ces dernières
années pour avoir une idée de son évolution et ainsi
tenter de comprendre ses impacts sur le couvert végétal.
2.1 La pluviométrie
La pluviométrie est considérée comme un
facteur essentiel qui permet aux paysages végétaux non seulement
de se développer mais aussi d'être dans les conditions optimales
de régénération pour satisfaire les besoins de l'homme.
L'eau est à la base de la vie sur terre : «Sans elle, rien ne
pousse. Sans elle, la vie n'est pas possible pour une raison précise :
c'est avec l'eau que les autres éléments de la terre s'associent
pour constituer la matière vivante
42
végétale, animale et humaine. »6
Ces mots montrent le rôle indispensable de l'eau dans la vie humaine mais
également celle des végétaux. Les précipitations
sont d'une importance capitale pour la végétation car ce sont
elles, qui différencient les milieux biogéographiques ; sans eau,
il n'ya pas de végétation. La baisse de la pluviométrie
entraine une fragilisation du couvert végétal qui devient
progressivement plus mince et plus clairsemé dans les milieux arides. On
parle d'aridification du milieu.
Ainsi l'analyse des données pluviométriques
recueillies à la station de Vélingara qui couvre notre zone
d'étude montre une répartition qui est irrégulière
dans le temps. Dés lors, il semble intéressant de voir le
comportement de cette série dans le temps.
Graphique 2 : Evolution des
précipitations à la station de Vélingara de 1995 à
2010
1400
1300
1200
1100
1000
900
800
700
600
500
1995199619971998199920002001200220032004200520062007200820092010
Années
P(mm)
Source : d'après les données de
l'A.N.A.M.S
L'analyse de la figure 2 montre que l'évolution de la
pluviométrie entre 1995 et 2010 à la station de Vélingara
alterne des périodes de déficits et d'excédents par
rapport à la moyenne de la série. Ainsi on observe 7
années (1995, 1997, 2000, 2001,2002 ,2006 et 2007) qui sont
déficitaires. On note également que durant cette même
période, certaines années ont enregistrées des totaux
pluviométriques qui dépassent les 1000mm. C'est le cas en1999,
2003, 2004,2009 et 2010. Cette situation confirme le caractère
irrégulier des précipitations dans le temps et dans l'espace. La
moyenne de la série est de 896.5mm. Cependant elle cache
6 Dupriez H. et Leener Ph., 1990. Les chemins de
l'eau : ruissellement, irrigation, drainage (manuel tropical), L'harmattan,
380p.
43
des disparités importantes avec des extrêmes qui
varient de 609.2mm en 2001 à 1316.1mm en 1999.Donc on remarque une
baisse notable de la pluviométrie après l'année record de
1999.
La comparaison de ces chiffres par rapport à la
moyenne fait apparaitre un excédent de 46,8% (écart moyen
relatif) pour la même année et un déficit hydrique de
l'ordre de 31,07% en 2001. Cette fluctuation des pluies dans la zone n'est pas
sans conséquences pour le couvert végétal. En effet selon
Dupriez Hugues et Leener Philipe (1990) « Les plantes ne réagissent
pas en fonction de normes ou de moyennes de pluies annuelles ou mensuelles,
mais bien en fonction des quantités d'eau disponibles au jour le jour
dans le sol raciné. » Or ces quantités disponibles sont mal
réparties à travers les années et particulièrement
durant l'hivernage. Dans le massif forestier de la C.R de Kandia, l'essentiel
des pluies se concentre durant les mois de juillet, d'août et de
septembre. L'étude de l'évolution des cumuls
pluviométriques enregistrés durant ces mois peut nous
éclairer davantage sur le caractère irrégulier de cet
élément du climat.
Graphique 3 : Comparaison des courbes
d'évolution des précipitations durant les mois de juillet,
d'août et de septembre.
400
700
600
500
300
200
100
0
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
2008 2009 2010
JUILLET AOUT SEPTEMBRE
Source : d'après les données de
l'A.N.A.M.S
Ce graphique représente l'évolution de la
pluviométrie durant les mois les plus arrosés de l'année :
la courbe du mois de juillet est en bleu ; celle d'août en rouge et le
mois de septembre en vert clair.
44
L'observation des courbes permet de constater une
évolution très variable de la pluviométrie pendant les
mois de juillet, d'aout et de septembre durant cette période. En effet,
on remarque des pics qui correspondent à des maximums de
précipitations pour le mois d'août. Il s'agit de des années
1996, 1999, 2003 et 2009 avec respectivement 570mm ; 574mm ; 459mm et 479mm. On
note que la quantité record de pluie tombée (574mm) correspond
à l'année 1999 où l'on a assisté au maximum de
précipitations dans la zone avec un total estimée à
1316mm. Il existe donc une corrélation entre les quantités de
pluies tombées au mois d'août et le cumul pluviométrique
annuel. D'ailleurs c'est durant ce mois que les quantités de pluies les
importantes sont enregistrées pour la période 1995-2010. Cette
situation s'explique par le fait que cette période correspond au milieu
de l'hivernage. Toutefois, on note qu'en termes de moyennes enregistrées
pour la période c'est-à-dire 19952010 c'est le mois de juillet
qui est le plus arrosé avec une moyenne de 373mm, août 324mm et
septembre 215mm. On remarque une baisse des précipitations
annonçant le retrait progressif du front intertropical (FIT) responsable
de la pluviométrie.
Au total une étude approfondie des différentes
courbes montre des variations parfois importantes au cours des années.
On retrouve une alternance des périodes d'excédents
pluviométriques et de déficits.
On retiendra en ce qui concerne les différentes
courbes : pour le mois d'août, la tendance est à la baisse des
quantités de pluies observées. Il y'a un raccourcissement de la
période des précipitations qui se concentrent vers la
2eme quinzaine du mois. Quant aux mois de juillet et de septembre,
on constate une tendance stable sinon légèrement à la
hausse des précipitations. Cette situation peut s'expliquer par le fait
que le mois de juillet est souvent considéré comme un mois
très pluvieux ainsi que celui de septembre sans une longue
période de repos ou d'accalmie de la pluie. Par contre pour le mois
d'août, on constate chaque année une période d'arrêt
des précipitations qui ne reprennent que vers la fin du mois.
Globalement, il faut dire que ces différentes observations
dépendent des caractéristiques pluviométriques de chaque
année.
Ainsi, ce phénomène de déficit hydrique
d'une année à l'autre oblige les végétaux à
développer des stratégies d'adaptation face ces conditions
hostiles du milieu. C'est ce qui fait qu'on observe en saison sèche un
stress de la végétation dans la forêt communautaire de
Kandia. Ce qui conduit à une perte des feuilles pour la majorité
des arbres durant les mois les plus secs de l'année. Les photos
suivantes illustrent bien le phénomène de perte des feuilles
observé dans le massif forestier. En effet, il s'agit d'une
végétation caducifoliée.
Photo1 : Feuilles d'arbres
sèches Photo2 : Phénomène de stress
végétal
45
|
Clichés : Baldé M. M., juin
2013
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Ces deux photos ont été prises durant le mois
de juin dans la forêt communautaire de Kandia. On observe sur la
première des feuilles d'arbres sèches qui jonchent le sol
à cause du manque d'eau. La deuxième montre un stress
végétal des arbres qui sont dépourvus de leurs feuilles.
Pourtant, les premières pluies étaient déjà
enregistrées. Mais cela n'a pas encore changé l'état de la
végétation. Il faut que noter la saison sèche est une
période très longue et chaude éprouvant ainsi durement la
végétation.
Concernant le manque d'eau pour la végétation,
DIAW A. T. (sous la direction)7 note que « La
végétation souffre énormément de ce déficit
pluviométrique très accusé qui correspond, en
réalité, à des changements très visibles dans
l'aspect, la composition et la biologie des formations forestières qui
font ressortir un net rapport de causalité» . En outre, Monique
Mainguet (1985) identifie un certain nombre de signes de
vulnérabilité du couvert végétal observés
lors de la sécheresse des années 1970. Cette
vulnérabilité s'exprime par :
- un départ retardé de la feuillaison ;
- un retard dans l'apparition des fruits ;
- une chute précoce des feuilles, donc une
durée de la période de feuillaison réduite pour certaines
espèces ;
- une diminution du pourcentage et de la période de
floraison ;
- une réduction du poids de matière
sèche, de la production foliaire en particulier pour les arbres les plus
jeunes entre autres.
Ceci montre l'importance de l'eau pour la
végétation c'est-à-dire sa disponibilité en
quantité suffisante pour le maintien normal des organismes vivants. Dans
ce même ordre d'idées, selon les auteurs de l'étude sur la
péjoration climatique et la dégradation des formations
forestières en Haute- Casamance « Ce déficit hydrique
profond et prolongé amplifie les effets de
7 DIAW A. T. non daté (sous la dir.).
Péjoration Climatique et dégradation des formations
forestières en Haute Casamance (Sénégal) ,40p.
46
l'évaporation, aggrave le déficit de la
vapeur d'eau dans l'atmosphère et accroît la transpiration des
végétaux surtout en saison sèche. Cette situation est en
partie à l'origine de la réduction de la floraison, de la
feuillaison et de la fructification ». Par ailleurs, d'après
Demangeot (1992 cité par A. Cissé, 2008), les formations
forestières ne peuvent exister que lorsque les conditions climatiques
fournissent un minimum de précipitations et de vents pas violents, par
conséquent, si ce minimum n'est pas atteint, l'écosystème
se dégrade. Ceci conforte l'idée selon laquelle le déficit
pluviométrique est en partie responsable de la dégradation de la
forêt communautaire de Kandia. Mais l'évaporation a
également sa part de responsabilité dans ce processus.
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