Deuxième chapitre :
Analyse
Architextuelle
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Nous abordons dans cette partie de notre travail l'analyse
architextuelle de l'oeuvre, et nous essayons de tirer, les différents
genres utilisés par l'auteur.
D'abord, architexte définit par Gérard Genette
comme étant :
« L'ensemble des catégories, ou
transcendante-type de discours, modes d'énonciation, genres
littéraires dont relève chaque texte singulier
».65
L'architextualité qui désigne la relation d'un
texte aux diverses classes auxquelles il appartient est, toujours selon
Genette, la plus abstraite et la plus implicite des relations transtextuelles.
Elle est, en somme, l'étude qui vise à démêler ou
à établir la part de chaque genre dans une oeuvre. André
Lamontagne, de son côté, envisage cette pratique comme
étant :
«La relation du texte aux genres littéraires,
mais de pure appartenance taxinomique».66
Donc nous pouvons définir l'architexte comme le rapport
qu'entretient un texte avec la catégorie générique
à laquelle il se rapporte. Cette catégorie est
révélée par une indication paratextuelle.
Dans le cas de notre corpus, L'étrange voyage de
Monsieur Daldry,67 la catégorie générique
annoncée sur la première de couverture est de type «
Roman ».
65 Genette Gérard, Palimpsestes,
Op.cité, p70.
66 Lamontagne, André, Les Mots des autres.
La Poétique intertextuelle des oeuvres romanesques d'Hubert Aquin,
Québec: Presses Universitaires de Laval, 1992.
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Pourtant, l'histoire racontée oscille d'un genre
à un autre, deux genres majeurs sont insérés et le lecteur
est vite désorienté, puisque les frontières entre les deux
s'effacent et deviennent homogènes.
Ceci nous a poussés à nous intéresser de
plus près à ces deux genres qui dominent dans le texte de Marc
Lévy, à savoir : le roman et le genre épistolaire.
1-) Le roman :
En dépit de nombreuses définitions
avancées par les théoriciens littéraires, aucune ne peut
cerner le concept intégral du roman.
Le roman est un genre littéraire,
caractérisé essentiellement par une narration fictionnelle plus
au moins longue, par rapport à la nouvelle. La place importante faite
à l'imagination transparaît dans certaines expressions comme
« c'est du roman ! » ou dans certaines acceptions de l'adjectif
« romanesque ». Dans le roman, le narrateur relate l'histoire de
personnages qui subissent des péripéties, selon Gérard
Genette qui la définit comme :
« Le type le plus abstrait et le plus implicite :
«il s'agit ici d'une relation tout à fait muette, que n'articule,
au plus, qu'une mention paratextuelle f...], de pure appartenance
taxinomique». C'est ce qui nous permet d'organiser, ou de
déterminer le statut générique d'un énoncé.
»68
67 Marc Lévy, L'Étrange voyage de
Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. Coll. Pocket.
68 Gérard Genette, Palimpsestes,
p.11.
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Dans L'étrange voyage de Monsieur Daldry,
69la mention générique «du terme «
roman », est absente, mais cela n'empêche pas
que d'autres couvertures de la même édition, la mentionne. Ce qui
engendre la question suivante : Est-ce un roman ? Faut-il se fier uniquement
à la mention générique inscrit sur la première de
couverture ?
Pour répondre aux deux questions posées, il ne
suffit qu'à prendre le livre et lire quelques extraits présents
dans le texte de Marc Lévy :
« Une fois encore, son cauchemar avait
été fidèle au rendez-vous de la nuit. En
s'éveillant, Alice se sentit épuisée. Elle s'emmitoufla
dans sa couverture et alla préparer son petit déjeuner. Elle
s'installa dans le fauteuil que Daldry occupait la veille et jeta un coup
d'oeil au dépliant touristique qu'il avait laissé sur la malle.
Une photo de la basilique Sainte Sophie apparaissait en couverture
».70
Comme nous le montre ce passage, l'extrait suivant
représente pratiquement, les différentes caractéristiques
du genre romanesque ; que nous avons déjà évoqués
plus haut.
Toutefois, signalons que le discours romanesque est le genre
qui prédomine dans ce texte littéraire.
69 Marc Lévy, L'Étrange voyage de
Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. Coll. Pocket.
70 Marc Lévy, L'Étrange voyage de
Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. Coll. Pocket,
p105.
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