DEDICACE
Ce présent mémoire est dédié :
· A mes parents, LANGNISSOU Kouamé et ASSIBA Laure,
pour leur confiance ! · A mes frères et soeurs, pour leur soutien
constant et leurs encouragements !
· Ainsi qu'à toutes les personnes, amis et
connaissances qui n'ont de cesse de me soutenir !
II
REMERCIEMENTS
Au terme de notre étude, il serait ingrat de notre part
de ne pas exprimer toute notre gratitude envers tous ceux à qui nous
resterons redevables. Nos sincères remerciements au Docteur N'DRI THEOUA
Pélagie pour sa constante disponibilité, pour son soutien, ses
précieux conseils dans l'encadrement de la présente recherche.
Nous tenons également à remercier l'ensemble du
corps enseignant de la Faculté de Droit Civil de l'Université
Catholique de l'Afrique de l'Ouest, Unité Universitaire d'Abidjan
(UCAO-UUA) pour la formation et les conseils avisés que nous avons
reçus tout au long de notre parcours.
III
AVERTISSEMENT
La Faculté de Droit Civil de l'Université
Catholique de l'Afrique de l'Ouest, Unité Universitaire d'Abidjan
(UCAO-UUA) n'entend donner aucune approbation, ni improbation aux opinions
émises dans ce mémoire. Elles doivent être
considérées comme propres à leur auteur.
IV
SIGLES ET ABREVIATIONS
ACP Afrique, Caraïbes, Pacifique
AJDA Actualité Juridique du Droit Administratif
AFD Agence Française de Développement
APD Aide Publique au Développement
BAD Banque Africaine de Développement
BIRD Banque Internationale pour la Reconstruction et le
Développement
BIT Bureau International du Travail
CAD-OCDE Comité d'Aide au Développement de
l'OCDE
CDMT Cadres de Dépenses à Moyen Terme
CFAA Country Financial Accountability Assessment
CM Conseil des Ministres
CNUCED Conférence des Nations-Unies pour le Commerce et
le
Développement
CSLP Cadre stratégique de Lutte contre la
Pauvreté
DLF Directive UEMOA, juin 2009 relative aux Lois de Finances
DPR Development Policy Review
DRGCP Directive UEMOA, juin 2009 Portant Règlement
Général sur la
Comptabilité Publique.
DSRP Document Stratégique de Réduction de la
Pauvreté
FAS Facilité d'Ajustement Structurelle
FASR Facilité d'Ajustement Structurelle
Renforcée
FMI Fond Monétaire International
FONDAFIP Association pour la Fondation Internationale de Finances
Publiques
V
FRPC Facilité pour la Réduction de la
Pauvreté et la Croissance
GERFIP Groupement Européen de Recherche en Finances
Publiques
IADM Initiative d'Allègement de la Dette
Multilatérale
IBW Institutions de Bretton woods
IFI Institutions Financières Internationales
IPPTE Initiative Pays Pauvres Très Endettés
ITIE Initiative pour la Transparence des Industries
Extractives
LGDJ Librairie Générale de Droit et de
Jurisprudence
LOLF Loi Organique Relative aux Lois de Finances
MSFP Manuel de Statistique des Finances Publiques
NEI Nouveaux États Indépendants de l'ex-Union
soviétique
OCDE Organisation de Coopération et de
Développement Economique
OIT Organisation Internationale du Travail
OMD Objectifs du Millénaire pour le
Développement
ONG Organisation Non Gouvernementale
PAS Programme d'Ajustement Structurel
PCE Plan Comptable de l'État
PCSCS Pacte de Convergence, de Stabilité, de Croissance
et de Solidarité
PECO Pays en Transition de l'Europe Orientale et Centrale
PEFA Public Expenditure and Financial Accountability
PER Public Expenditure Review
PMA Pays les Moins Avancés
PND Plan National de Développement
PPBS Planning Programming Budgeting System
PRITI Pays à Revenu Intermédiaire Tranche
Inférieure
VI
PRITS Pays à Revenu Intermédiaire Tranche
Supérieure
PNUD Programme des Nations-Unies pour le
Développement
RCB Rationalisation des Choix Budgétaires
RDP Revue des Dépenses Publiques
RFFP Revue Française de Finances Publiques
TOFE Tableau des Opérations Financières de
l'État
UE Union Européenne
UEMOA Union Économique et Monétaire Ouest
Africain
URSS Union des Républiques Socialistes
Soviétiques
VII
SOMMAIRE
INTRODUCTION 1
PREMIERE PARTIE : L'AIDE DE l'UNION EUROPEENNE, UN ATOUT POUR LA
GESTION
DES FINANCES PUBLIQUES EN COTE D'IVOIRE 7
CHAPITRE 1 : LA BONNE GOUVERNANCE AU CENTRE DE LA POLITIQUE
D'AIDE 9
Section 1 : La démocratie, une conditionnalité
à l'attribution de l'aide 10
Section 2 : La transparence, le nouveau credo de la gestion
financière publique 17
CHAPITRE 2 : LA QUETE DE L'EFFICACITE DANS LA GESTION DES
FINANCES
PUBLIQUES 26
Section 1 : La programmation conjointe de la de la
coopération financière 27
Section 2 : La recherche de la performance dans la gestion
budgétaire 35
DEUXIEME PARTIE : L'AIDE DE L'UNION EUROPEENNE, UNE CONTRAINTE
POUR LE SYSTEME DE GESTION DES FINANCES PUBLIQUES EN COTE D'IVOIRE 44
CHAPITRE 1 : LES CONTRAINTES D'ORDRE BUDGÉTAIRE 46
Section 1 : Le contrecoup financier des aides 47
Section 2 : La fragilisation des règles et
procédures de gestion budgétaire 55
CHAPITRE 2 : LES CONTRAINTES D'ORDRE POLITIQUE 63
Section 1 : Les contraintes sur les acteurs et les institutions
64
Section 2 : La fragilisation du pouvoir étatique 72
CONCLUSION 82
1
INTRODUCTION
Les finances publiques dans leur ensemble, à savoir les
finances de l'État, des collectivités locales, des
établissements publics et des autres organismes de droit
public1 servent de nos jours de levier pour la réalisation
des objectifs de politique publique des gouvernants. D'un côté,
elles se révèlent être un puissant outil de
réalisation des équilibres macroéconomiques et de l'autre,
leur utilisation s'avère un moyen privilégié de
satisfaction des impératifs de justice sociale et de
développement. Est-il encore besoin de rappeler qu'en Côte
d'Ivoire par exemple, c'est l'État qui a reçu la mission «
sacrée et volontariste », dirait-on, d'assurer le décollage
économique en raison de la faiblesse même, ou de l'absence totale,
de l'initiative privée au lendemain de l'accession à la
souveraineté internationale2.
Face à cette intervention croissante de l'État
dans la sphère économique nationale, le droit par ses
règles et ses procédures, entend encadrer ses activités et
en canaliser les excès les plus flagrants. Dans ce sens, l'accent est
d'avantage mis sur les questions de bonne gestion budgétaire et
financière, et nous sommes introduits tout simplement dans ce que la
doctrine et tout particulièrement l'école
Bouviériste3 appelle « la nouvelle gouvernance
financière ».
Devenue aujourd'hui la nouvelle panacée à
l'affectation et à l'utilisation des fonds publics, la bonne gouvernance
est proposée comme un remède à l'absence de lien entre
l'exercice du pouvoir politique et d'un contrôle observée à
la fois dans
1 BAZIADOLY (S), les Finances Publiques, Paris, PUF,
1995 p. 11.
2 La Côte d'Ivoire accède à
l'indépendance le 07 août 1960. De cette période
jusqu'à la fin des années 70 elle connait une grande
prospérité économique. On parle même de miracle
ivoirien. Ce miracle reposait sur une croissance équilibrée dans
laquelle l'Etat et le secteur public ont joué un rôle important.
Voir COGNEAU (D) & MESPLÉ-SOMPS (S), «La Côte
d'Ivoire peut-elle devenir un pays émergent ? », Paris,
IRD-DIAL. Étude du Centre de Développement OCDE, Programme
"Emerging Africa", Etude Côte d'Ivoire, juin 1999, pp 9-13.
3 Par référence à BOUVIER (M),
Professeur à l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne,
Président de FONDAFIP (
www.fondafip.org)Directeur du
GERFIP, Directeur de la Revue française de finances publiques, il est
une figure de proue dans le domaine de la bonne gouvernance des finances
publiques. Il a participé à la réalisation d' ouvrages
remarquables tels : La bonne gouvernance des finances publiques dans le
monde, (sous la dir.), LGDJ, 2009 ; Réforme de finances
publiques : la conduite du changement (sous la dir.), LGDJ, 2007 ;
Innovations, créations et transformations en finances publiques
(sous la dir.), LGDJ, 2006 La gestion de la dépense publique
dans les pays de l'Afrique francophone subsaharienne, DGCID 2006;
Réforme des finances publiques, démocratie et bonne gouvernance
(sous la dir), LGDJ, 2004.
2
l'orientation et l'administration des ressources de la
société aux fins de développement économique et
social4. En tant que méthode rationnelle pour planifier ces
ressources de manière durable, la bonne gouvernance est alors utile pour
apporter une réponse adéquate aux problèmes du
Gouvernement, en ce qui concerne la gestion des finances publiques.
Mais les finances publiques, et en particulier les finances
publiques en Côte d'Ivoire ne peuvent être
appréhendées au seul travers d'une vision enfermée dans
leur contexte national. L'internationalisation des échanges et
l'interdépendance des systèmes financiers influencent la prise de
décision et la conduite des politiques budgétaires par les
acteurs publics nationaux. En effet, « ni les politiques
budgétaires ni les politiques monétaires, ne peuvent faire
abstraction de la conjoncture extérieure, ni du poids des politiques
nationales menées par d'autres États (...) Le poids croissant de
la contrainte extérieure limite considérablement les marges de
manoeuvre dont disposent les finances publiques
nationales»5.
Ce constat se fait d'autant plus ostensible que la Côte
d'Ivoire dépend, en partie des appuis budgétaires
extérieurs. En effet, en dehors des ressources internes, notamment
fiscales, une partie des ressources finançant le budget6
provient de l'Aide Publique au Développement (APD), et
particulièrement de l'APD de l'Union Européenne (UE).
L'APD qui entretient donc des rapports directs avec le
système financier public ivoirien, désigne, selon le
Comité d'aide au développement (CAD) de l'OCDE, « tous
les apports de ressources qui sont fournis aux pays et territoires en
développement, ou à des institutions multilatérales
»7. Ces apports doivent répondre à certains
critères. D'une part, ils doivent émaner d'organismes publics, y
compris les États et les
4 Voir les Orientations du CAD sur le
développement participatif et la bonne gestion des affaires
publiques, Rapport du CAD-OCDE paris 1993.
5 BOUVIER (M), ESCLASSAN (M-C) et LASSALE (J-P),
Manuel de Finances Publiques, Paris, LGDJ, 10ème
éd., 2010, p. 145.
6 En Côte d'Ivoire dans la cadre de la
coopération avec les partenaires financiers et techniques, les
ressources attendues pour le compte de l'exercice budgétaire 2014
s'élevaient à 802 767 740 571 FCFA, pour un montant global de
4248 257 741 401 FCFA.
7 Voir la définition sur le site de l'OCDE :
http://www.oecd.org/fr.
3
collectivités locales, ou d'organismes agissant pour le
compte d'organismes publics. D'autre part, toute dépense doit être
adressée à un pays en développement8 comme la
Côte d'Ivoire, ou à défaut à un organisme
international tel que la Banque mondiale. En Outre, le financement doit avoir
pour but essentiel de favoriser le développement économique et
l'amélioration du niveau de vie du pays bénéficiaire. Il
doit être assorti aussi de conditions favorables et comporter un
élément de libéralité au moins égal à
25%9.
L'organisation d'une aide internationale massive sous cette
forme, remonte au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, avec la
création de la Banque internationale pour la reconstruction et le
développement (BIRD) et la mise en oeuvre par les États-Unis du
plan Marshall à destination des pays d'Europe occidentale victimes des
bombardements (PECO-NEI). Dès le milieu des années cinquante,
l'aide s'est reportée vers les pays du tiers-monde, dont la plupart
accédaient à l'indépendance politique. Aujourd'hui, l'APD
est fournie, pour la plus grande part, par l'UE et ses Etats membres, qui
contribuent à hauteur de 55% au montant global de l'Aide Publique au
Développement. Ceux-ci constituent les plus gros pourvoyeurs d'appuis
extérieurs à l'État ivoirien, et s'érigent en
partenaires incontournables10, aussi bien sur le plan politique
qu'économique.
L'UE qui est le fruit d'un partenariat d'intégration
politique et économique unique11, a pour but premier de
garantir la paix et le développement des nations européennes.
Elle rassemble 28 États, unis dans la défense des valeurs de
liberté et de démocratie. La Communauté et ses
États membres partagent des compétences, notamment en ce qui
concerne la politique extérieure de coopération pour le
8 Expression qui désigne les Pays les moins
avancés (PMA), les Pays à faible revenu (PFR) et les Pays
à revenu intermédiaire (PRI). Le CAD établit une liste de
ces pays bénéficiaires de l'APD, remise à jour tous les
ans).
9 Pour figurer dans la rubrique APD, cet
élément égal à 100% pour un don.
10 Relevons que pour la période 2014-2015
l'accord de financement entre l'UE et la Côte d'Ivoire prévoit des
ressources indicatives à hauteur de 270 millions d'EURO, auxquels il
faudrait ajouter les assistances financières bilatérales des
États membres de l'Union.
11 L'UE est une organisation d'intégration
économique créée par le Traité de Maastricht. Elle
comprend à ce jour 28 États membres, avec des adhésions en
cours de validation. Au travers de cette organisation, ces différents
États visent la réalisation d'objectifs qui leurs sont communs
dans les domaines économique et monétaire afin de favoriser leur
développement économique. L'action de l'Union sur la scène
internationale repose sur des idéaux démocratique.
4
financement du développement. Leurs actions dans ce
domaine obéissent à une vision unique, et sont menées de
façon complémentaire. Ainsi lorsque l'État membre
transfère lui-même les flux d'aide, l'aide est dite
bilatérale. D'un autre coté l'aide est multilatérale
lorsque le transfert s'effectue par l'intermédiaire des organes de
l'Union.
Quelle que soit sa modalité d'allocation, l'expression
utilisée paraît trompeuse car les concours financiers des
partenaires européens, en cause n'impliquent pas toujours l'idée
de dons sans contrepartie dont le terme « aide » pourrait laisser
sous-tendre.
Dans la pratique, l'APD de l'UE n'est plus frappée du
sceau de la neutralité politique, comme ce fut le cas par le
passé. En effet dès les années 80, les crises des finances
publiques en Côte d'Ivoire et dans les autres pays en voie de
développement vont donner lieu à des mesures de stabilisation,
conduites sous les auspices des Institutions Financières Internationales
(IFI), et soutenues par les autres partenaires au développement
occidentaux, notamment européens. C'est l'époque des premiers
programmes d'ajustement structurel et de leurs lots de réformes
politiques et institutionnelles. Plus tard, à la faveur de la fin de la
guerre froide, ces exigences techniques vont se coupler de thèmes
politiques jusque-là tabous qui s'introduiront graduellement dans la
coopération européenne au développement. Il s'agit de
sujets étroitement liés à la politique de
développement, tels que les droits de l'homme, la bonne gestion des
ressources, la lutte contre la corruption. De là découle tout
l'intérêt d'une réflexion sur l'APD de l'UE et ses
influences sur la gestion des finances publiques en Côte d'Ivoire.
En fait, aujourd'hui encore, l'APD occupe à n'en point
douter l'actualité. En témoignent l'importance des flux
financiers alloués dans les programmes d'aide, et surtout les
différentes réflexions et autres débats de haut niveau
organisés par les partenaires au développement autour de la
problématique de l'efficacité de l'aide12.
12 On peut citer en exemple le forum de haut niveau
organisé à paris du 28 février au 22 mars 2005 qui a
accouché d'une déclaration très remarquable sur
l'efficacité de l'APD. Cette déclaration qui réunit des
pays développés et des pays en développement, des
Organisations internationales ainsi que des ONG définit des principes
et
5
Toutefois, le premier constat qui se dégage, est que
peu de travaux universitaires y sont consacrés, du moins dans notre
pays. La plupart de ceux qui sont réalisés, sont dans une large
mesure l'apanage d'économistes spécialistes de questions de
développement et mettent particulièrement l'accent sur l'aspect
économique : l'aspect croissance et études
économétriques13
Les réflexions qui sont consacrées à
l'aide de l'UE l'analysent surtout sous les aspects de sa
légitimité, de son efficacité (ou de son
inefficacité) en matière de réduction des
inégalités sociales et de développement. On peut encore
souligner les conséquences économiques et sociales
désastreuses des programmes d'ajustement structurel (PAS), et leur
atteinte à la souveraineté, du fait des politiques de
conditionnalités. Sans pour autant prétendre à
l'exhaustivité, on peut relever que ces critiques n'épuisent pas
toutes les problématiques liées à l'aide au
développement des partenaires européens, spécifiquement
par rapport à la gestion des finances publiques nationales.
Ainsi, il se pose le problème du rapport qu'entretient
l'Aide Publique au Développement de l'UE avec les finances publiques de
la République de Côte d'Ivoire. Plus exactement, quelles
influences la Communauté européenne exerce-t-elle au moyen de son
aide sur le système de gestion des finances publiques ivoirien ?
Cette question se rapporte aux influences des politiques
d'aides européennes14 sur les structures, procédures
et acteurs de la gestion budgétaire et financière en Côte
d'Ivoire. L'objectif général est d'apporter un regard juridique
et financier dans un domaine qui semble réservé exclusivement
à l'économie. Concrètement il s'agira de relever les
enjeux de l'APD des bailleurs européens, pour les cadres juridique,
procédurier et institutionnel d'administration des ressources
pécuniaires de l'Etat ivoirien et ses démembrements.
résolutions pour réformer les modalités
d'acheminement et de gestion de l'aide en vue d'améliorer les
résultats obtenus en matière de développement.
13 Voir définition de
l'économétrie, in Dictionnaire d'économie et des sciences
sociales, 4ème édition, Nathan, 1998, p139. &
Lexique d'économie 10ème édition, Dalloz, 2008,
p 288.
14 En dehors de la politique commune d'aide au
développement dans le cadre de l'UE chaque États mène sa
politique de coopération au développement qui est
complémentaire à celle de la communauté, voir
Consensus Européen pour le développement, 2006, p. 9.
6
La méthodologie d'approche est basée sur la
recherche documentaire et sur des entretiens avec des acteurs du processus de
coopération pour le financement du développement UE-Côte
d'Ivoire. L'étude fera abondamment référence à des
normes de droit de portée internationale, communautaire et nationale
(traités et autres accords internationaux, directives communautaires
UEMOA, Constitution ivoirienne, Lois organiques, Lois).
Dans cette veine une attention sera accordée aux grands
axes de réformes de la coopération pour le financement du
développement UE-Côte d'Ivoire, pour mieux appréhender les
changements qui ont été apportés et les résultats
obtenus. Ceci dit il faudra donc procéder à une analyse des
avantages et inconvénients de l'aide des partenaires publics
européens, pour la gestion globale des affaires publiques.
Se faisant, l'influence de l'aide au développement des
partenaires européens sur le système de gestion des finances
publiques en Côte d'Ivoire reste difficile à mesurer. Elle est
souvent présentée comme une source d'inefficacité
budgétaire et de dépendance. Mais ce reproche est un peu
réducteur, car l'APD contribue en certains points à
l'amélioration de la gouvernance financière publique. Il faut
toutefois admettre que l'aide fait peser de lourdes contraintes sur le
système de gestion des finances publiques nationales.
Les résultats obtenus vont donc être
présentés en deux étapes. La première sera
consacrée au cadre globale de la coopération pour le financement
du développement entre la Communauté européenne et la
Côte d'Ivoire et à son influence, en ce qui concerne
l'amélioration de la qualité de gestion des finances publiques
(Première partie). Néanmoins Cette
amélioration de la qualité de gestion impose des contraintes
supplémentaires au système de gestion des finances publiques qui
en plus de sa dépendance à l'aide et de la perte de
souveraineté qui en découle, ne s'accommodent pas toujours avec
les nouvelles méthodes de gestion budgétaire promues par les
partenaires européens au développement ( Deuxième
partie ).
7
PREMIERE PARTIE :
L'AIDE DE L'UNION EUROPEENNE, UN ATOUT POUR
LA GESTION FINANCES PUBLIQUES EN COTE D'IVOIRE
8
A l'origine, l'intervention des partenaires européens
dans le cycle de développement de la Côte d'Ivoire n'avait pas
réellement d'incidences sur le cadre normatif de gestion des finances
publiques. Cette intervention était principalement financière et
consistait dans le financement de projets d'investissement pour la mise en
place d'infrastructures de bases. Elle s'est transformée depuis les
années 80 et surtout 9015, avec l'introduction de
conditionnalités16, qui impliqueront un changement du
modèle de gestion politique, budgétaire et financière. La
nouvelle orientation donnée à la politique de coopération
pour le financement du développement des partenaires
européens17 avec la Côte d'Ivoire, va s'organiser
autour des questions de gouvernance (chapitre 1) ; avec comme
objectif principal l'efficacité des initiatives de la lutte contre la
pauvreté dans le contexte du développement durable
(chapitre 2).
15 Sur le plan des relations internationales
économiques cette décennie sera marquée par la mise en
place et application du consensus de Washington. Cette expression,
utilisée pour la première fois en 1989 par l'économiste
américain John WILLIAMSON, résume un ensemble de politiques
économiques préconisées par la Banque mondiale et le FMI.
A la base, ces recommandations avaient comme unique but de résoudre la
crise financière de l'Amérique latine mais elles ont finalement
structuré la pensée dominante du développement jusqu'au
milieu des années 1990.
16 Terme didactique. Qualité de ce qui est
conditionnel, qui dépend de certaines conditions. Promesse, clause
conditionnelle. Dictionnaire Le Littré version numérique
2008.
17Les politiques de développement des Etats
membres et de l'Union sont complémentaires. L'Union est aussi le plus
important contributeur en matière d'aide au développement. Avec
ses États membres, elle octroie plus de la moitié du montant
global de l'aide publique au développement (APD). Statistiques
OCDE.
9
CHAPITRE 1 : LA BONNE GOUVERNANCE AU CENTRE DE
LA POLITIQUE D'AIDE
La lutte contre la pauvreté18, la bonne
gouvernance et la sauvegarde de l'environnement sont au centre des
préoccupations de l'UE. En effet, Le triomphe du libéralisme
politique et économique19 dans les années 90,
consécutif à l'effondrement du bloc de l'est, ouvrait
déjà une nouvelle ère dans les relations de
coopération internationale basée sur la promotion de la bonne
gouvernance et le respect des principes démocratiques. L'appui aux
processus de démocratisation et de promotion de la bonne gouvernance en
Afrique fait désormais partie des priorités de la politique
extérieure de l'UE. Il figure ainsi en bonne position dans la plupart
des instruments juridiques et des programmes de partenariat entre l'UE et le
groupe des Etats ACP20, auquel appartient la Cote d'Ivoire
(section 1).
Les accords de coopération pour le financement du
développement établis entre la Côte d'Ivoire et l'UE
s'inscrivent dans cette nouvelle optique21. Ils mettent de plus en
plus l'accent sur le renforcement de la démocratie avec une place de
choix faite à la transparence des affaires publiques et partant des
finances publiques (section 2).
18 Les Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD) ont été établis à la
suite du Sommet du Millénaire en Septembre 2000. La lutte contre la
pauvreté constitue l'OMD n°1.
19 Le libéralisme est un ensemble des
doctrines politiques et économiques qui font de la liberté
individuelle, définie comme un droit naturel, la valeur suprême
que toute collectivité humaine doit garantir et promouvoir. Dans sa
variante politique, le libéralisme cherche à définir le
type de régime qui permettra de garantir au mieux le respect de ces
droits et de se prémunir contre les éventuels empiétements
de l'État. L'État est ainsi pensé chez l'ensemble des
libéraux comme un État minimal, voué à ses missions
de régulation, qui s'oppose à l'État absolu du
XVIIe siècle. À des titres divers, BENTHAM (J) et
STUART MILL (J) en Grande-Bretagne, TOCQUEVILLE et surtout CONSTANT (B) en
France sont, dans la première moitié du XIXe
siècle, quelques-uns des principaux acteurs du courant libéral.
Dans sa variante économique, le libéralisme s'applique à
la défense de la liberté individuelle sur le marché. En
s'appuyant sur la théorie des droits naturels, des économistes
physiocrates comme P. de BOISGUILLEBERT ou QUESNAY (F) s'opposent au
mercantilisme et dénoncent l'intervention économique de
l'État. Pour ces auteurs, les individus doivent être
laissés libres de poursuivre leur intérêt particulier
puisque l'ordre social qui en résulte est le meilleur possible. Il
existe en effet des lois naturelles qui permettent de concilier
l'intérêt personnel et le bien-être général :
ces lois sont celles du marché, régi par les principes de la
concurrence pure et parfaite. La formule « laissez-faire, laissez-passer
», du physiocrate V.de GOURNAY, résume cette première
formulation du libéralisme en matière économique. Dans ce
cadre, l'intervention de l'État doit être réduite au
maximum. Au XIXe siècle, RICARDO (D), Stuart Mill (J), en
Grande-Bretagne, SAY (J-B), en France, prolongent la réflexion d'Adam
SMITH sur le sujet et font des années 1820-1914 l'âge d'or du
libéralisme économique.
20 Article 9 de l'accord de Cotonou,
révisé en 2005 & 2010.
21 Voir le Document de stratégie pays pour le
compte du 10ème FED (2008-2013), pp 29-30.
10
Section 1 : La démocratie, une
conditionnalité à l'attribution de l'aide
C'est au coeur des institutions de coopération de la
Communauté européenne22 que cette nouvelle politique
de promotion et de protection des droits de la personne a vu le jour. Cette
politique impose aux pays tiers demandeurs d'aide comme la Côte d'Ivoire,
le respect des principes démocratiques et des droits fondamentaux ainsi
que l'instauration de la bonne gouvernance au sein de leurs institutions
(paragraphe 1). L'Accord de Cotonou et les différents
instruments directeurs23 de la politique extérieure de l'UE
donnent à cette conditionnalité, différentes approches de
mise en oeuvre (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : L'exigence du respect des règles
démocratiques
En 2006 la politique de coopération au
développement de l'Union européenne s'est enrichie d'une
déclaration24 qui définit les valeurs, principes,
objectifs et moyens communs à mettre en oeuvre pour éradiquer la
pauvreté dans le monde. Elle engage la Communauté et les
États membres en leur qualité de donateurs bilatéraux.
Cette déclaration constitue une innovation de taille en termes de
coordination des acteurs européens, cependant les valeurs et principes
dont elle fait étalage transparaissaient déjà dans le
partenariat UE-ACP au sein de l'accord de Cotonou25. Ces principes
que l'on retrouve dans les accords de financement26 passés
entre la Côte d'Ivoire et la
22 Il faut entendre par Institution de
coopération de l'UE, le Parlement européen, le Conseil
européen, le Conseil, la Commission européenne, la Banque
centrale européenne. Voir article 13 du Traité sur l'Union
Européenne.
23 Le Traité sur l'Union européenne
(traité UE), Traité sur le fonctionnement de l'Union
européenne (traité FUE), le Consensus européen en
matière de politique de développement (2005) etc.
24 « Le consensus Européen pour le
développement », issue d'une Déclaration conjointe du
Conseil et des représentants des gouvernements des États membres
réunis au sein du Conseil, du Parlement européen et de la
Commission, le 25 décembre 2005, in Journal Officiel de l'UE, C 46, 26
février 2006.
25 L'accord de Lomé IV (15
décembre 1989) y faisait référence en des termes moins
explicites.
26 Ces accords sont établis conformément
aux dispositions des articles 2 et 4 de l'annexe IV de l'accord de partenariat
ACP-CE, signé à Cotonou le 23 juin 2000 tel que
révisé en 2005 puis en 2010.
11
Commission Européenne (CE) touchent tant et aussi bien
à l'environnement politique (A) qu'à des
questions institutionnelles (B).
A): Au niveau de l'organisation du pouvoir
En plus de son objectif d'un monde sans pauvreté,
l'action de l'UE sur la scène internationale repose sur les valeurs
démocratiques qui ont présidé à sa
création27. Pour traduire cet engagement en faits, plusieurs
initiatives tendant à la concrétisation du lien entre
développement et démocratie, vont être prises. Avec la
Côte d'Ivoire, l'Union s'appuie sur son aide au développement et
plus spécifiquement sur la coopération pour le financement du
développement28. Rappelons, si besoin en était que le
partenariat UE-ACP ne date pas d'aujourd'hui et qu'il s'est organisé
autour de plusieurs accords29 assortis de protocoles ou cadres
financiers pluriannuels.
Si le dernier né de ces accords (Cotonou) se
démarque des précédents, c'est sans nul doute du fait de
la plus grande part donnée à la dimension politique au
détriment de la dimension commerciale. Il n'en demeure pas moins pour
autant qu'avec la Convention de Lomé IV30
révisée et assorti d'un nouveau protocole financier31
en 1995, l'on pouvait déjà déceler une nouvelle
tonalité politique, conséquence évidente du Traité
de Maastricht. En effet, une référence explicite à la
reconnaissance des principes démocratiques et à la consolidation
de l'État de droit32, amorce le lien entre l'aide
communautaire au développement et les valeurs démocratiques.
Quoique cette clause fut imprécise et manquait de force
exécutoire, cela n'a pas empêché la condamnation du coup
d'état du 24 décembre 1999 par l'UE33.
27 Cf. articles 2,3 & 21, paragraphe
1, du traité sur l'Union européenne (traité UE): portant
mandat global et lignes d'orientation dans le domaine de la coopération
au développement de l'Union.
28 Cf. Partie 4 de l'accord de Cotonou
concernant coopération pour le financement du développement.
29 Les Accords de Yaoundé, les Conventions de
Lomé et l'Accord de Cotonou.
30 La Convention de Lomé IV a été
conclu le 15 décembre 1989 pour une durée de dix ans
(1990-2000).
31 Le 8ème FED, signé à Maurice
en novembre 1995.
32 Cf. article 5 de la convention de
Lomé IV.
33 Voir intervention de KOULIBALY (M) (Ministre du
Budget du gouvernement de transition Ivoirien 2000), in Politique africaine
n° 77 - mars 2000, pp 131-132.
12
Avec l'accord de Cotonou, la démocratie et
l'État de droit ont, pour la première fois, été
consacrés comme des « éléments
essentiels34 » du partenariat UE-ACP. La Côte d'Ivoire se
doit donc de développer sa culture démocratique en s'inspirant
des principes démocratiques universellement reconnus, sur lesquels se
fonde l'organisation de l'État pour assurer la légitimité
de son autorité. Par ailleurs la légalité des actions de
l'État doit se refléter dans son système constitutionnel,
législatif et réglementaire, et dans l'existence de
mécanismes de participation des citoyens à la conduite des
affaires publiques.
L'État de droit quant à lui inspire la structure
de l'État et les compétences des divers pouvoirs. Il implique, en
particulier, la définition des moyens effectifs et accessibles de
recours légal, un système judiciaire indépendant
garantissant l'égalité devant la loi et un exécutif qui
est pleinement soumis au respect de la loi.
En pratique, l'UE n'a de cesse de réaffirmé que
l'aide ne peut être efficace que dans un contexte politique stable et
basé sur des principes démocratiques. En Côte d'Ivoire elle
utilise le Fonds européen de développement35 (FED) et
d'autres moyens d'assistance technique pour accompagner le renforcement de
l'État par la bonne gouvernance36. Tout ceci en oeuvrant dans
le sens de la consolidation de la paix et d'un environnement politique et
sociale respectueux des droits de l'Homme et libertés fondamentales.
34 Cf. Articles 9 &10 de l'Accord de
Cotonou. En droit international (Convention de vienne sur le droit des
traités du 23 mai 1969), cette formule signifie que si une partie
considère qu'une autre a manqué à une obligation
concernant l'un des éléments essentiels, elle peut si des
consultations en vue de rétablir la situation ont échoué
prendre des mesures appropriées, en d'autres termes des sanctions, qui
peuvent aller jusqu'à la suspension de la coopération.
35Le Fonds européen de développement
(en abrégé, FED) est le principal instrument financier de la
coopération entre l'Union européenne et le Groupe des pays
d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP). A ce titre, il sert, depuis
plus de quarante ans, à financer toute une panoplie de programmes et de
projets de développement dans l'ensemble des pays ayant conclu des
accords de partenariat avec l'Union (successivement, Accords de Yaoundé,
Conventions de Lomé, Accord de Cotonou).
36 Voir les objectifs des programmes indicatifs
nationaux définis entre l'UE et la Cote d'Ivoire dans le cadre des
10ème et 11ème FED.
13
B) : Au niveau des droits fondamentaux
Antérieurement à l'année 1989, l'APD de
la Communauté Européenne37 était
octroyée sans aucune condition, et sans vérification de
l'utilisation qui en était faite. Le contexte postcolonial et la
bipolarité exacerbaient les sensibilités à l'égard
de toute tentative d'ingérence au sein des affaires intérieures
des pays décolonisés. Conséquemment, une attitude de
non-intervention en matière d'aide au développement était
scrupuleusement observée à l'échelle internationale, tel
qu'en témoignent les statuts fondateurs du PNUD38.
Avec la conclusion de la Convention de Lomé
IV39, pour la première fois, une clause dite « des
droits de l'Homme » est incorporée au dispositif juridique du
partenariat UE-ACP (l'article 5 de ladite convention). À la suite de
cette convention, les années «90 » apportent avec elles une
série de résolutions et de prises de position concernant les
droits fondamentaux et le développement40. Toutes ces
initiatives cumulées à une conjoncture interne faite
d'échec des PAS et de contestations liées à la gestion
autocratique et patrimoniale du pouvoir vont concourir à centrer de plus
en plus le développement sur les populations avec pour corolaire le
respect et la promotion de l'ensemble des droits de l'homme.
Le lien entre l'efficacité de l'aide au
développement et la question des droits de l'homme ainsi établit,
il sera peaufiné dans le cadre du partenariat UE-ACP jusqu'à
devenir un élément essentiel de l'Accord de Cotonou.
Désormais la coopération vise un développement durable
centré sur la personne humaine, qui en est l'acteur et le
37 La Communauté Européenne est
l'organisation prédécesseuse de l'UE. Elle a été
instituée par le traité de Rome du 25 mars 1957.
38L'aide fournie (aux seuls gouvernements) «ne
constitue pas un prétexte d'ingérence économique
ou politique de la part de l'étranger dans les affaires
intérieures du pays intéressé, ne sera accompagnée
d'aucune considération de caractère politique et
évitera toutes distinctions fondées sur le régime
politique du pays, ou sur la race ou la religion de sa population. Voir
Les statuts fondateurs du Programme des Nations Unies pour le
développement (PNUD) reproduits dans (T) De WILDE d'ESTAMAEL, in La
dimension politique des relations économiques extérieures de la
Communauté européenne. Sanctions et incitants économiques
comme moyens de politique étrangère, Bruxelles, BRUYLANT,
1998, à la p.373.
39 Quatrième convention ACP-CE
signé en 1989.
40 L'affirmation de plus en plus ferme de ce lien
se traduira par l'adoption de l'article 11 du Traité de l'Union
européenne en 1992 qui consacrera les droits de la personne comme un
objectif de la politique extérieure de l'Union européenne
14
bénéficiaire principal41, et postule
le respect de tous les Droits de l'homme et des Libertés fondamentales,
y compris le respect des droits sociaux fondamentaux. Pour se faire, les
parties42se réfèrent à leurs obligations et
à leurs engagements internationaux en matière de respect des
droits de l'homme, considérés comme universels et
indivisibles43.
La Côte d'Ivoire s'engage dès lors à
promouvoir et protéger toutes les libertés fondamentales et tous
les droits de l'homme, qu'il s'agisse des droits civils et politiques, ou
économiques, sociaux et culturels. Et dans le contexte de l'après
crise politico-militaire (2002-2011) l'État ivoirien, oeuvre dans le
sens d'une amélioration de sa situation sécuritaire, ainsi que
pour le renforcement du fonctionnement de la justice et de l'action de la
société civile. Car des constatations de violations des droits de
l'homme et des principes de l'état de droit pourraient être des
causes suspensives de la coopération pour le financement du
développement avec l'UE.
Paragraphe 2 : La mise en oeuvre de la
conditionnalité démocratique
De façon générale, la mise en oeuvre de
la conditionnalité démocratique de l'UE possède la
réputation d'être plutôt difficile. Malgré tout,
certains principes la régissent. On peut ainsi distinguer une approche
positive (A) de la conditionnalité et une approche
négative44(B), selon le cas qui en fait
l'objet.
41 Cf. article 9.1 de l'accord de Cotonou,
révisé en 2005 & 2010.
42 Les membres du groupe des États
d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, d'une part, et la
Communauté Européenne et ses États membres, d'autre
part.
43 Notons qu'à l'issue de la révision
de l'accord de Cotonou, en février 2005, des dispositions relatives au
fonctionnement de la Cour pénale internationale ont été
introduites dans le préambule, mais aussi dans le texte de cet
accord.
44 Voir les Articles 96 & 97 de l'Accord de
Cotonou révisé à Luxembourg en 2010.
15
A) : L'approche positive
L'Union Européenne se considère comme un
partenaire dans l'application et le renforcement des droits fondamentaux et de
l'État de droit au sein des pays en développement. C'est pourquoi
elle consacre une partie de ses ressources afin d'aider les pays tiers à
prendre les mesures qui s'imposent en vue de se conformer à leurs
obligations. L'assistance du l'UE dans ce domaine s'articule autour de mesures
d'incitation45, d'accompagnement, et d'appui institutionnelles.
En effet dès que le dialogue politique46 le
permet, l'Union Européenne finance des opérations de soutien des
processus électoraux, incluant des opérations d'enregistrement
des électeurs, d'achat d'urnes, et allant jusqu'à la surveillance
du déroulement des scrutins. Ce fut le cas pour les élections
d'octobre 2010 et dans bien d'autres pays tels l'Afghanistan, et dans les
Territoires palestiniens par exemple. Elle finance en outre des programmes de
réforme des systèmes judiciaires, d'amélioration des
législations relatives aux droits de l'Homme (visant par exemple la
prévention de la torture et de la xénophobie). Au titre du
11ème FED (2014-2020) le renforcement du fonctionnement de la
justice ivoirienne au plan civil, pénal et commercial reste l'un des
secteurs d'intervention de la stratégie de soutien de l'UE. D'autres
actions de soutien institutionnel portent sur le renforcement des
systèmes financiers et fiscaux, en vue d'une amélioration de la
gouvernance institutionnelle, ou encore sur la décentralisation du
pouvoir.
Outre les appuis institutionnels, la Commission, en tant
qu'organe exécutif de l'Union47, veille à soutenir la
société civile ainsi que l'éducation dans le domaine
des
45Par exemple l'UE a sorti de la masse
financière du 10ème FED un montant de 3 milliards d'euro comme
«tranche incitative à la bonne gouvernance ». Cette initiative
vise à encourager les gouvernements des Etats ACP dans le sens de la
bonne gouvernance et ce en fonction de leur performance. In Rapport ECDPM 15 du
Centre européen de gestion des politiques de développement,
La politique de développement de l'Union européenne Un regard
personnel sur 50 ans de coopération internationale, FRISCH (D),
mars 2008, p. 34.
46 « Les parties mènent, de façon
régulière, un dialogue politique global, équilibré
et approfondi conduisant à des engagements mutuels ...Par le dialogue,
les parties contribuent à la paix, à la sécurité et
à la stabilité et à la promotion d'un environnement
politique stable et démocratique. Le dialogue englobe les
stratégies de coopération, y compris le plan d'action sur
l'efficacité de l'aide, ainsi que les politiques générales
et sectorielles... ». Voir article 8 de l'Accord de Cotonou.
47 Cf. article 17 du Traité sur
l'Union Européenne.
16
droits de l'Homme. Et dans le cadre de l'accord de Cotonou, 10
% des fonds bilatéraux du FED sont en principe réservés
aux acteurs non étatiques pour la mise en oeuvre des programmes et
projets. Ces derniers doivent obligatoirement être consultés lors
de la formulation des «documents de stratégie
pays»48 (DSP).
Par ailleurs le dialogue politique a aussi pour objectif de
prévenir des situations où une violation d'éléments
essentiels de la coopération entre l'UE et la Côte d'Ivoire tels
que les droits de l'homme, les principes démocratiques, l'État de
droit pourraient être invoquées. L'intention est clairement
d'éviter, autant que possible, l'application de la clause de
non-exécution, c'est-à-dire, la procédure formelle de
consultation pouvant conduire à des sanctions.
B) : L'approche négative
L'UE n'écarte pas la notion de sanction dans sa
politique de coopération au développement. Ainsi, en cas de
violation des clauses «d'éléments
essentiels»49 contenus dans les accords de l'Union avec des
pays tiers, la coopération au développement avec le pays
concerné peut être réduite, reportée, ou même
suspendue50.
L'article 96 de l'accord de Cotonou prévoit qu'en cas
de violation d'un de ces éléments essentiels, une consultation
peut être entreprise afin de trouver une solution acceptable pour les
deux parties. Si aucune solution n'est trouvée, des «mesures
appropriées» pouvant aller jusqu'à la suspension de l'aide
peuvent être prises. La Côte
48 Le DSP est un instrument qui doit permettre de
définir les actions prioritaires et de renforcer l'appropriation des
programmes de coopération. Il s'appuie sur les consultations
préliminaires avec un large éventail d'acteurs, dont notamment
les acteurs non étatiques, les autorités locales et, le cas
échéant, les parlements des États ACP, ainsi que sur
l'expérience acquise et les meilleures pratiques.
49 En droit international, cette formule signifie
que si une partie considère qu'une autre a manqué à une
obligation concernant l'un des éléments essentiels, elle peut si
des consultations en vue de rétablir la situation ont
échoué prendre des mesures appropriées, en d'autres termes
des sanctions, qui peuvent aller jusqu'à la suspension de la
coopération. Voir Article 2 de l'Annexe IV de l'Accord de Cotonou,
portant sur les procédures de mise en oeuvre et de gestion de l'aide de
l'UE aux ACP.
50 Voir les alinéas 2 &3 de l'article du
Traité sur le fonctionnement de l'UE, in le Journal officiel de
l'Union européenne du 09/05/2005.
17
d'Ivoire a connu une suspension de l'aide européenne
durant la période de crise (20052008). En d'autres circonstances, la
clause d'exclusion prévue à l'article 97 de l'accord de Cotonou
permet de sanctionner des cas graves de corruption.
Quoiqu'il en soit, lorsque la mise en oeuvre de l'approche
négative s'avère nécessaire, trois principes
élaborés par la Commission gouvernent l'action de l'UE : les
mesures arrêtées doivent être guidées par des
critères objectifs et équitables ; elles doivent être
ajustées aux circonstances et graduées selon la gravité de
chaque cas; et elles doivent éviter de pénaliser la population du
pays en cause et en particulier ses couches les plus pauvres.
Dans la mise en oeuvre de la conditionnalité, l'UE tend
à privilégier l'approche positive plutôt que la sanction.
Toutefois, il est important de noter que l'approche négative doit
être considérée avant tout pour ses effets
préventifs. Elle permet d'instituer un dialogue sur des questions
politiques et institutionnelles afin d'éviter d'en arriver à une
suspension de l'aide. Ainsi, dans le cadre de ses programmes d'appui
budgétaire, l'UE met un point d'honneur à établir le
dialogue sur les questions relatives à la meilleure gestion des finances
publiques. En effet l'Union considère l'assainissement du cadre de
gestion des Finances publiques comme une condition sine qua non de
l'efficacité de son action.
Section 2 : La transparence, le nouveau credo de la
gestion financière
publique
La transparence n'a pas toujours été reconnue
comme une priorité et comme un facteur essentiel, structurant des
réformes financières retenues dans le cadre de l'APD. Les
Partenaires européens, et les institutions financières avaient la
culture de la confidentialité51 de leurs rapports avec la
Côte d'Ivoire et les autres pays en
51BOULEY (D), « Les standards
internationaux de la bonne gouvernance selon le Fonds Monétaire
International », in La bonne gouvernance des finances publiques dans
le monde (actes de la IVe Université de printemps de Finances Publiques
organisée par la FONDAFIP), LGDJ, 2009, p. 17.
18
développement. Cette situation a changé en fin
de siècle dernier sous l'effet conjugué d'une meilleure
reconnaissance du rôle de la société civile dans les
réformes économiques52 et la médiatisation des
crises financières mondiales53. La sensibilisation de
l'opinion publique sur les différentes politiques économiques et
financières a été l'un des facteurs du
développement de la transparence en matière de finances
publiques. Ce phénomène tend à se formaliser. Et de plus
en plus l'UE exige comme préalable à l'octroi de son aide, la
définition des procédures de gestion transparentes
(paragraphe 1), aisément applicables et permettant la
décentralisation des tâches et des responsabilités vers les
acteurs de terrain (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : La fiabilité du système de
gestion des finances publiques
La bonne gestion des affaires publiques, qui constitue un
« élément fondamental »54 de l'Accord de
Cotonou se définit comme la gestion transparente et responsable des
ressources humaines, naturelles, économiques et financières en
vue du développement équitable et durable. Elle implique des
procédures de prise de décision claires au niveau des pouvoirs
publics (A), des institutions transparentes et soumises
à l'obligation de rendre compte, la primauté du droit dans la
gestion et la répartition des ressources (B).
52 Cf. Pour l'émergence du
rôle de la société civile, in La gouvernance du FMI, VAN
HOUTEN (L), 2002, publication FMI.
53 Crise et dévaluation du franc CFA (1994),
Mexique (1994-1995), crise Asiatique (Indonésie, Corée du sud,
Malaisie, Thaïlande, Philippines) 1998 ; crise Brésilienne (1998),
crise Argentine (2001) etc.
54 La notion d'élément fondamental
permet d'atténuer ou de limiter le risque de sanctions. In FRISCH (D),
op.cit. p. 33.
19
A) : La définition claire des attributions et
responsabilités
En matière de transparence, il n'existe pas de normes
universelles applicables de manière formelle à tous les pays. La
multitude d'expériences et la diversité des particularités
institutionnelles rendent difficile, voire même impossible,
l'établissement et l'observance de telles normes. Cependant, il existe
un ensemble de bonnes pratiques élaborées par des organisations
internationales, dont s'inspirent les pays afin de renforcer la transparence de
leurs finances publiques. La référence la plus notoire dans ce
domaine est le code de bonnes pratiques en matière de transparence des
finances publiques du FMI publié en 2007.
Le conseil des ministres de l'Union Economique et
Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) en vertu de l'article 6755
du traité constitutif de l'organisation a édicté la
Directive n°01/2009/CM/UEMOA portant code de transparence dans la gestion
des finances publiques au sein de l'UEMOA qui reprend à son compte les
pratiques promu par le FMI, mais pas seulement.
Ces principes et obligations sont relatifs à plusieurs
aspects de la gestion des finances publiques, et ils postulent avant tout que
la gestion des finances publiques s'inscrive dans un cadre légal. Le
secteur de l'administration publique doit être distinct du reste du
secteur parapublic et du reste de l'économie, et la répartition
des attributions au sein du secteur public en matière de décision
et de gestion doit être claire et rendue publique56. La
gestion des finances publiques doit s'inscrire dans un cadre juridique,
réglementaire et administratif clair et ouvert.
55 Article 67 :1) L'Union harmonise les
législations et les procédures budgétaires, afin d'assurer
notamment la synchronisation de ces dernières avec la procédure
de surveillance multilatérale de l'Union. Se faisant, elle assure
l'harmonisation des lois de Finances et des comptabilités publiques, en
particulier des comptabilités générales et des plans
comptables publics. Elle assure aussi l'harmonisation des comptabilités
nationales et des données nécessaires à l'exercice de la
surveillance multilatérale, en procédant en particulier à
l'uniformisation du champ des opérations du secteur public et des
tableaux des opérations financières de l'Etat.2) Le Conseil
adopte à la majorité des deux tiers (2/3) de ses membres les
règlements et les directives nécessaires à la mise en
oeuvre des actions visées dans le présent article.
56 Cf. principe 2.2 du code de transparence
dans la gestion des finances publiques au sein de l'UEMOA.
20
La réception dans l'ordre juridique interne de cette
directive s'est effectuée par le biais de la Loi organique
n°2014-337 du 05 juin 2014 portant Code de transparence dans la gestion
des Finances Publiques. Au travers de cette loi le législateur a pris le
soin de préciser l'étendue du secteur des administrations
publiques,57 avant de définir un cadre juridique devant
gouverner l'action des autorités politiques et administratives.
Cette réforme de la gestion des finances publiques, qui
a été appuyée par l'UE58 et bien d'autres
partenaires extérieures a ceci de novateur de poser un cadre juridique
à la transparence et d'accorder une plus grande responsabilité
aux pouvoirs législatif et judiciaire. En cela, elle donne une plus
grande lisibilité aux processus de gestion des affaires publiques et
accroit par la même la crédibilité des acteurs publics.
B) : L'intégrité du processus
budgétaire
La transparence des finances publiques exige que les
données budgétaires communiquées aux administrations
publiques soient conformes aux critères fondamentaux qui attestent de
leur qualité, et que des mécanismes offrant à l'organe
législatif et au public une garantie de l'intégrité de ces
données soient en place. En plus de présenter des budgets annuels
réalistes et sincères59 couvrant l'ensemble des
opérations budgétaires et extrabudgétaires de
l'administration publique, l'État doit définir un cadre global de
politique macroéconomique, financière et budgétaire
à moyen terme couvrant l'année à venir et les deux
années suivantes60. Et, au moins une fois tous
57 Cf. article 3 de la Loi organique
n°2014-337 du 05 juin 2014 portant Code de transparence dans la gestion
des Finances Publiques.
58 Voir annexe 3 du programme indicatif national,
établit entre la Côte d'Ivoire et l'UE pour le compte du
11ème FED (2014-2020). P.29.
59 Cf., principe 7.9 du code de
transparence dans la gestion des finances publiques au sein de l'UEMOA, &
les articles 46 et 47 de la Loi organique n°2014-337 du 05 juin 2014
portant Code de transparence dans la gestion des Finances Publiques.
60 Ce cadre global est cohérent avec les
engagements pris en application du Pacte de convergence, de stabilité,
de croissance et de solidarité de l'UEMOA et doit comporter toutes les
informations nécessaires à l'application des dispositifs de
surveillance associés à ce pacte et du Principe III du code de
transparence dans la gestion des finances publiques au sein de l'UEMOA. Voir
les articles 40 à 44 de la Loi organique n°2014-337 du 05 juin 2014
portant Code de transparence dans la gestion des Finances Publiques.
21
les cinq ans, il doit être publié un rapport sur
les perspectives d'évolution des finances publiques à long terme,
permettant notamment d'apprécier leur soutenabilité61.
Il est aussi fait obligation légale aux administrations publiques de
publier, dans des délais appropriés, des informations sur les
finances publiques.
Par ailleurs, l'accroissement de la crédibilité
du processus de gestion des affaires publiques réside aussi dans
l'intégrité des acteurs qui y prennent part. Il convient donc de
mettre en place une déontologie et des règles spécifiques
pour empêcher et sanctionner tout enrichissement illicite des
fonctionnaires et agents publics62. Ces règles sous-entendent
la mise en place de mécanismes de contrôle interne de la conduite
des fonctionnaires, de l'emploi dans la fonction publique, des audits internes,
des passations des marchés publics, des achats et des ventes de biens
publics et de l'administration des recettes nationales.
En plus des mécanismes de contrôle interne
clairement définis, des audits externes sont également
prévus et assurés par le biais d'une instance nationale d'audit
indépendante, d'un organisme national de statistique, et d'experts
indépendants recrutés de l'extérieur.
Toutefois, en tirant les enseignements de l'expérience,
la recherche d'une plus grande intégrité du processus devra
favoriser une gestion des affaires publiques exemptes des pratiques de
corruption ou d'enrichissement illicite à travers un cadre légal
ouvert et participatif.
61 Voir Lexique de l'économie, Dalloz, 2008, p.
707.
62 Cf. le titre VII de la
Loi organique n°2014-337 du 05 juin 2014 portant Code de transparence dans
la gestion des Finances Publiques.
22
Paragraphe 2 : L'accroissement du degré d'ouverture
de la gouvernance
financière
La gestion des finances publiques en Côte d'ivoire a
été pendant longtemps réputée pour son
opacité. Il en filtrait très peu d'information à
l'attention du public. Avec l'introduction d'un cadre légale pour la
transparence, « l'information claire du public sur la structure et les
fonctions des administrations publiques, les visées de la politique de
finances publiques, les comptes du secteur public et les projections
budgétaires »63, devient une obligation que doivent
s'efforcer de remplir les autorités politiques et administratives. En
cela, la transparence renforce la responsabilisation et accroît la
crédibilité des autorités, ce qui a pour avantages de
réduire l'opacité de la gouvernance financière (A)
et d'inciter un public bien informé à soutenir plus
fermement des politiques macroéconomiques saines
(B).
A) : L'ouverture du processus budgétaire
Le processus budgétaire et les informations contenues
dans les documents budgétaires sont essentiels à la transparence
des finances publiques. Le budget annuel est, presque sans exception, le
principal instrument de la politique de finances publiques. C'est par son
intermédiaire que les autorités publiques présentent leurs
projets de dépenses et indiquent par quels moyens ils seront
financés, dans le contexte d'un énoncé explicite de leurs
objectifs stratégiques. Parallèlement à l'introduction de
la budgétisation par ligne des dépenses64
établie par les services administratifs et qui fournit l'essentiel des
informations nécessaires aux autorités législatives pour
examiner
63 KOPITS (G) & GRAIG (J), 1998, Transparency
in Government Operations, IMF Occasional Paper N° 158.
64 Cette nouvelle donne marque une rupture d'avec
les pratiques antérieures qui se basaient sur l'utilisation de budget de
moyens (Loi organique N°59-249 du 31 décembre 1959 relatives aux
lois de finances). En effet les opérations de dépenses publiques
étaient présentées sur la base d'un organigramme
administratif et non pas en fonction d'un objectif économique ou social
que s'assigne la puissance publique. Avec la LOLF de 2014 (art. 51) les
opérations de dépenses publiques sont retracées dans un
budget dit « fonctionnel ». IL s'agit ici de mettre en avant la
fonction sociale qu'elles permettent de réaliser, le budget se
résume donc en une ventilation des dépenses par catégories
fonctionnelles ; on parle alors de budget de l'éducation, de budget de
la santé etc.
23
et approuver les dépenses, l'État utilise le
budget afin de dévoiler les détails de ses proposition de
recouvrement de recettes et d'emprunts, pour les insérer dans leur
contexte historique et expliquer comment elles l'aideront à atteindre
ses objectifs65.
Ces informations fournies à l'occasion du budget annuel
couvrent l'ensemble des activités budgétaires. Il n'est possible
de mesurer avec exactitude la compatibilité de l'utilisation des
ressources publiques avec les objectifs politiques et les programmes
annoncés que si, des éléments comme les fonds
extrabudgétaires, les opérations quasi-budgétaires et les
dépenses fiscales sont intégrées dans la
présentation du budget. Les informations sur la manière dont le
budget est préparé et exécuté, y compris sur le
rôle de documents comme les circulaires budgétaires, doivent
également être immédiatement disponibles.
La transparence exige à la fois que l'administration
centrale dispose d'informations suffisantes, exhaustives et fiables pour
s'acquitter de ses responsabilités et pour rester comptable de ses
actions. Ces principes et pratiques concernant la transparence du processus
budgétaire se rapportent à la documentation budgétaire,
à la présentation du budget, aux procédures
d'exécution du budget, ainsi qu'à la publication de rapports sur
les finances publiques66 et aux audits. Plusieurs des bonnes
pratiques de l'OCDE67 en matière de transparence
budgétaire s'attachent particulièrement à cet aspect de la
bonne gouvernance des finances publiques. Ces standards de gestion des finances
publiques dont l'UE se fait le porte-étendard préconisent
l'information du public sur la conduite de l'ensemble du processus
budgétaire.
65 Cf. article 53 de la LOLF 2014.
66 Le gouvernement publie au moins une fois par an
des informations détaillées sur le niveau de composition de son
endettement interne comme externe, de ses actifs financiers et de ses
principales obligations non liées à la dette notamment sur les
droits acquis concernant les retraites de la fonction publique et sur les
garanties accordées aux entités publiques ou privées ainsi
que de ses avoirs en ressources naturelles. Art 42 de la Loi organique
n°2014-337 du 05 juin 2014 portant Code de transparence dans la gestion
des Finances Publiques.
67 Consulter en cela «Transparence
budgétaire - les meilleures pratiques de l'OCDE» Revue de l'OCDE
sur la gestion budgétaire, Vol. 1, n°3. OCDE (2001).
24
B) : L'accès du public aux informations
budgétaires
La communication au public d'informations budgétaires
est l'une des caractéristiques fondamentales de la transparence des
finances publiques en Côte d'Ivoire. Les principes et pratiques à
cet égard portent sur la communication d'informations exhaustives sur
les activités budgétaires et les objectifs retenus par
l'État, et sur la présentation de ces informations de
manière à satisfaire aux besoins d'analyse des politiques et de
la clarté des comptes.
A ce titre, il est garanti au public la faculté de
pouvoir s'informer à tout moment sur les activités
budgétaires (passées, en cours et futures) des administrations
publiques. La documentation requise à cet égard doit être
disponible sous forme de rapports68 et de comptes définitifs,
et doit porter également sur l'ensemble des activités
budgétaires et extrabudgétaires de l'administration centrale,
ainsi que sur celles des administrations territoriales, lorsque celles-ci se
livrent à des activités financières importantes.
En cela il est recommandé de publier des rapports sur
les passifs implicites et les dépenses fiscales, en plus de la situation
consolidée69 des opérations de gestion et de
patrimoine. Les informations sur l'élaboration ainsi que sur
l'exécution du processus budgétaire doivent être
publiées régulièrement. La presse, les partenaires sociaux
et d'une façon générale tous les acteurs de la
société civile sont encouragés à participer
à la diffusion de ces informations ainsi qu'au débat public sur
la transparence des finances publiques.
Le secteur privé n'est pas en reste, car en effet les
informations concernant les marchés et contrats publics font aussi
l'objet de publicité comme l'ensemble des opérations du processus
budgétaire70.
68 Cf. principe III-1 du Code de bonnes
pratiques en matière de transparence des finances publiques (UEMOA).
69 Cf. principe III-1.3, III-1.4 du Code
de bonnes pratiques en matière de transparence des finances publiques
(UEMOA).
70Cf. articles 102 & 103 de la nouvelle
LOLF 2014.
25
Tous ces principes et obligations apportent plus de
clarté et de lisibilité à une gestion des affaires
publiques longtemps réputée opaque et malsaine dans notre pays.
Cette gestion qui, dépourvue de cadre légal pour la transparence,
était basée sur des méthodes considérées
aujourd'hui comme surannées ne pourra que s'améliorer avec la
mise en oeuvre efficiente des standards de bonne gouvernance. Sans nul doute
que cela permettra l'atteinte des objectifs de développement
définis par les autorités nationales.
26
CHAPITRE 2: LA QUETE DE L'EFFICACITE DANS LA
GESTION DES FINANCES PUBLIQUES
Les années 1960 ont été celles des
indépendances, mais aussi des besoins d'infrastructures de
développement économique et social. L'accession à
l'indépendance marque ainsi le début de l'aide versée par
les pays développés en faveur du développement de la
Côte d'Ivoire
Dans les années 80 et 90, les crises des finances
publiques en Côte d'Ivoire et les mesures de stabilisation conduites sous
les auspices des Institutions Financières Internationales vont ouvrir
une nouvelle étape dans la stratégie de coopération des
bailleurs de fonds. Mais l'échec de ces programmes
d'austérité à résorber les questions liées
au développement humain va inciter à la prise en compte des
impératifs d'investissement dans le capital physique et humain.
Désormais l'APD de l'UE à la Côte d'Ivoire vise à
terme la réduction de la pauvreté avec des objectifs de
développement durable71 arrêtés en fonction des
priorités nationales (section 1). Ce changement de
perspective implique de nouvelles exigences en termes de performance
budgétaire et de gestion des dépenses publiques (section
2).
71 Cf. art.1 de L'accord de Cotonou du 23
juin 2000, Révisé à Luxembourg le 25 juin 2005 puis
à Ouagadougou le 22 juin 2010.
27
Section 1 : La programmation conjointe de la
coopération financière
La coopération pour le financement du
développement avec l'UE a pour objectif, par l'octroi de moyens de
financement suffisants et d'une assistance technique appropriée,
d'appuyer les efforts de l'État ivoirien en matière de lutte
contre la pauvreté72. Cette assistance s'organise au moyen
des Fonds Européen de Développement (FED) qui sont des cadres
financiers pluriannuels de coopération assortis aux accords de
partenariats (Accord de Cotonou, Convention de Lomé...). Destinés
à financer la mise en oeuvre de la coopération pendant une
période de cinq ans ces fonds sont octroyés en fonction des
priorités nationales (paragraphe 1) et en tenant compte
des instruments internationaux en matière d'efficacité du
développement (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : L'internalisation accrue des
stratégies de développement
L'échec des réformes73
imposées de l'extérieures à stabiliser puis relancer
l'économie durablement74, va amener les bailleurs de fonds
à reconsidérer leurs politiques d'aide. Les programmes d'aide et
de soutien des partenaires européens, à la gestion des finances
publiques en Côte d'Ivoire (B), mettent désormais
un point d'honneur, sur le renforcement du cadre de gestion des affaires
publiques (A).
72 Cf. article 55 de l'accord de Cotonou.
73Il s'agit des programmes d'ajustement structurels
qui ont été identifiés et conduits par les organismes
multilatéraux, notamment le FMI et la Banque mondiale.
74 JACQUEMOT (P) et RAFFINOT (M), la nouvelle
politique économique en Afrique, EDICEF, 1993 p13-14.
28
A) Le renforcement des capacités de gestion des
acteurs nationaux
L'APD de l'UE à la Côte d'Ivoire consiste
principalement en des concours financiers alloués dans les programmes de
coopération technique75, d'aide-projet ou
d'aide programme, et de soutien
macroéconomique76. Ces aides, et
tout particulièrement l'aide budgétaire directe en appui des
réformes macroéconomiques ou sectorielles, sont accordées
sur la base de certaines conditions77. Premièrement des
politiques et stratégies de développement nationales ou
sectorielles bien définies, axées sur la lutte contre la
pauvreté, doivent être mises en place ou doivent être en
cours de mise en oeuvre.
Le second critère se rapporte à la conduite ou
à la mise en place de politiques macroéconomiques de
stabilité bien définies, établies par la cote
d'Ivoire78 et évaluées positivement par ses principaux
bailleurs de fonds, y compris, le cas échéant, les institutions
financières internationales. Par-dessus tous ces critères, la
gestion des finances publiques doit être suffisamment transparente,
fiable et efficace.
Concrètement, au plan institutionnel, cette nouvelle
approche d'aide issue de l'Accord de Cotonou implique que désormais,
l'obtention de l'aide se fera sur la base d'objectifs définis et
programmés dans un « Document de Stratégie Pays »
(DSP). La préparation de ce document s'appuie sur les consultations
préliminaires avec un large éventail d'acteurs, dont notamment
les acteurs non étatiques et les autorités locales. Ce fut le cas
pour le DSP courant pour la période du 10ème FED
(2008-2013)79. Ces
75 Se trouvent ainsi exclus les concours non
financiers qui prennent la forme de coopération technique au
développement.
76 Aide humanitaire, remise de dette (
http://www.oecd.org/fr ).
77 Cf. les Articles 60 & 61 de l'accord
de Cotonou.
78 Il s'agit du Plan National de Développement
(PND) 2012-2015).
79 Le processus de rédaction du DSP a
démarré par le recueil des propositions des Ministères
concernés en rapport avec leurs domaines respectifs de
compétences. La consolidation de ces différentes propositions
reçues a été faite au cours d'un atelier organisé
par la Cellule de Coopération et de Coordination Côte d'Ivoire -
Union Européenne, du 1er au 05 Août 2006 à
Grand-Bassam, sous la présidence de la Primature. Pendant ces assises,
quatre groupes de travail ont été constitués pour produire
une première version du DSP et du Programme indicatif national autour de
trois secteurs de concentration qui auraient été
pré-identifiés : (i) sortie de crise et bonne gouvernance, (ii)
lutte contre la pauvreté - réhabilitation des secteurs sociaux,
(iii) réhabilitation des infrastructures économiques et inter
connectivité. Les propositions faites au niveau sectoriel, l'ont
été avec le concours des représentants issus de
l'administration, de la société civile et des élus
locaux.
29
consultations débouchent sur la définition
d'objectifs et priorités sur lesquels se fondent les « Programmes
Indicatifs Nationaux » de financement. En outre l'UE apporte son soutien
financier et technique pour la mise en oeuvre du Plan National de
Développement (PND 2012-2015) qui lui, a été
approuvé par la communauté des bailleurs et plus
particulièrement par les institutions de de Bretton Woods.
Globalement ces instruments80 permettent de
définir les actions prioritaires et d'asseoir l'appropriation des
programmes de coopération en matière d'APD. En outre, ils
permettent de définir un cadre formel et réaliste, d'affectation
et d'utilisation des ressources de l'État, pour la réalisation de
ses objectifs de politiques publiques. L'effet immédiat est
l'accroissement de la responsabilisation des acteurs publics nationaux du
développement qui, se doivent de décupler leurs capacités
de gestion, ainsi que d'implanter durablement les institutions indispensables
à la réussite de ces programmes. L'UE et ses États membres
assistent les efforts des autorités nationales dans ce sens, et
apportent leur appui aux mesures qui contribuent à l'allégement
de la dette publique et à la durabilité des finances
publiques.
B) L'amélioration de la viabilité des
finances publiques
La nouvelle conditionnalité pour le financement du
développement impose comme nous pouvons le constater à
l'État Ivoirien, en contrepartie de l'aide, de définir dans un
document ses programmes, objectifs et actions de lutte contre la
pauvreté et d'améliorer son système de gestion
budgétaire. Ce document (DSP) comporte une analyse, du contexte
politique, économique et social, des contraintes, des capacités
et des perspectives, y compris une évaluation des besoins essentiels de
la population, en tenant compte des indicateurs sociaux. C'est aussi un
descriptif détaillé de la stratégie
80 Le PND et le DSP emprunte leur structures des
DPR («Development Policy Review») de la Banque mondiale. Un
premier chapitre (I) fait l'état des lieux en termes de
développement, analysant lesavancées en termes de croissance, de
pauvreté monétaire, de vulnérabilité et de
développement social (éducation, santé, etc.). Les
chapitres 2 et 3 font la revue des stratégies nationales pour la
croissance et la réduction de la pauvreté. Cette analyse est
organisée par thèmes centraux.
30
de développement à moyen terme, des
priorités clairement définies et des besoins de financement
prévus.
En guise de réponse, l'UE et ses États membres
apportent leur assistance financière à la mise en oeuvre d'un
programme indicatif, qui sert de matrice à la définition et
à la réalisation de programmes d'ajustement
macroéconomiques, et sectoriels. La communauté (UE) prend les
décisions de financement pour ces différents projets et
programmes, qui nécessitent le développement des institutions et
le renforcement des capacités.
En outre l'UE apporte son concours à la
réalisation du PND, agissant en complémentarité avec les
autres donateurs présents81. A ce titre en vue
d'alléger la charge de la dette extérieure de la Côte
d'Ivoire et d'atténuer les problèmes de balance des
paiements82, les ressources prévues par le cadre financier
pluriannuel de coopération (FED) au titre de l'Accord de Cotonou sont
utilisées pour contribuer à des initiatives83 de
réduction de la dette approuvées au niveau international, au
bénéfice de l'État ivoirien. A travers l'Initiative en
faveur des Pays Pauvres Très Endettés (IPPTE), les bailleurs se
sont engagés à annuler partiellement leur dette en contrepartie
de la réallocation des marges de crédits dégagées
vers les dépenses prioritaires réductrices de la pauvreté.
La Côte d'Ivoire a atteint le point d'achèvement de l'IPPTE en
2012 et a bénéficiée de 4 090,0 milliards de F CFA de
dette, annulés sur un stock de 6 373,9 milliards de FCFA soit un taux
d'annulation de 64,2%84.
81 Voir Programme Indicatif National 2014-2020, p.
6.
82La balance des paiements est le rapport entre les
dépenses extérieures d'une nation et les revenus qu'elle
reçoit de l'étranger. Il est courant de distinguer trois
composantes à la balance des paiements : la balance des transactions
courantes, la balance des mouvements de capitaux non monétaires. La
somme de ces deux balances donne La balance des paiements globale
83 Faut entendre par là L'Initiative Pays
Pauvres Très Endettés (I PPTE) née au sommet du G7 de Lyon
de juin 1996, renforcée à Cologne en 1999 et de l'Initiative
d'allègement de la dette multilatérale. L'IAMD vise quant
à elle annuler la dette multilatérale due par ces États
aux créanciers les plus importants. Cette initiative a été
lancée en 2005 au sommet du G8 de Gleneagles. Depuis 2012 l'AFD soutient
ces initiatives à travers le Contrat de Désendettement et de
Développement (D). A travers ce mécanisme innovant, additionnel
à la contribution de la France à l'initiative d'allégement
de la dette des « Pays pauvres très endettés » (PPTE),
la France a décidé en 2012 d'annuler un stock de dettes de 913 M
€ et de reverser à la Côte d'Ivoire, sous forme de dons, le
solde des échéances dues au titre de prêts
contractés dans le passé, pour un total de 2,89 Mds €
(montant total du D).Voir le n° 223-224 de la Revue Afrique
contemporaine consacrée au thème de l'aide au
développement et de Réformes des finances publiques africaines,
2007/3-4, DE BOECK & LARCIER, p 465.
84Ces chiffres sont ceux de la Direction
générale du trésor et de la comptabilité publique,
in le rapport sur la dette publique en côte d'ivoire,
présenté par GUEYE (A.P) Directeur de la Dette Publique le 15
Février 2013.
31
Le cadre financier pluriannuel de coopération apporte
aussi un appui aux réformes macroéconomiques et sectorielles
mises en oeuvre sous l'impulsion des institutions financières
internationales. Dans ce contexte, les parties veillent à ce que
l'ajustement soit économiquement viable et socialement supportable. Ces
appuis à l'allègement de la dette et à l'ajustement
structurel constituent un avantage certains pour la santé des finances
publiques. Car en plus de contribuer à l'équilibre des finances
publiques, ils constituent un vecteur de modernisation des procédures et
institutions de gestion des affaires publiques. De quoi donner une assise
durable aux initiatives de développement.
Paragraphe 2 : Des stratégies axées sur
l'efficacité du développement
Récusant la théorie85 selon laquelle
la croissance macroéconomique améliorerait nécessairement
les conditions des pauvres, un certains nombres d'États européens
se sont alors évertués à préciser leurs approches
de gestion en matière de lutte contre la pauvreté. "L'ajustement
à visage humain"86, comme nous avons pu le constater, met en
avant l'urgence des préoccupations productives et sociales. Cette
évolution sociale de l'aide est appuyée par l'adoption des
Objectifs du Millénaire pour le développement
(A). Dans le partenariat Commission Européenne
(CE)-Côte d'Ivoire, l'atteinte de ses objectifs est guidée par le
plan d'action sur l'efficacité de l'aide convenu au niveau international
concernant l'appropriation, l'alignement, l'harmonisation, la gestion
axée sur les résultats en matière de développement
et la responsabilité mutuelle (B).
85 Théorie du trikcle down effect.
86 Il s'agit de principes opérationnels visant
notamment à recentrer l'aide sur l'individu.
32
A) La convergence avec les Objectifs du
Millénaire pour le Développement
Les Objectifs du Millénaires pour le
Développement (OMD) ont été établis par une
déclaration adoptée par l'Assemblée générale
des Nations unies, au Sommet du Millénaire en Septembre 2000. Ils
consistent en 8 Objectifs87 et 21 cibles plus spécifiques
dont l'évolution est mesurée sur base de 60 indicateurs. Depuis
lors, les OMD constituent la référence par excellence pour la
coopération au développement.
Les Nations Unies et d'autres acteurs en particulier l'UE
souhaitent maintenir le suivi (progrès et retards) des OMD de l'agenda
international88. A cet égard, la Déclaration conjointe
de la Commission européenne et du Conseil du 10 novembre 2000 dispose
que le principal objectif de la politique de développement doit
être la réduction de la pauvreté, en vue de son
élimination à terme. Cet objectif implique un appui au
développement économique, social et environnemental, la promotion
de l'intégration progressive des pays en développement dans
l'économie mondiale et une volonté de lutter contre les
inégalités. En cela, elle est très conforme avec les
Objectifs du Millénaire définis deux mois tôt par les
Nations Unies.
Plus concrètement, la Déclaration commune
définit des domaines d'intervention prioritaire pour lesquels l'action
communautaire offre une valeur ajoutée. Il s'agit en priorité de
lutte contre la pauvreté et de la recherche du développement
durable.
Depuis lors divers instruments de
coopération89 et les différentes révisions de
l'accord de Cotonou intervenues en 2005 et 2010 (respectivement à
Luxembourg et
87 OMD 1 : Combattre l'extrême
pauvreté et la faim, OMD 2 : Rendre l'enseignement primaire accessible
à tous, OMD 3 : Promouvoir l'égalité de genre et
l'autonomisation des femmes, OMD 4 : Réduire (de 2/3) la
mortalité des enfants des moins de 5 ans, OMD 5 : Améliorer (de
3/4) la santé maternelle, OMD 6 : Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et
d'autres maladies, OMD 7 : Assurer un environnement durable, OMD 8 : Mettre en
place un partenariat mondial pour le développement.
88 Voir KACOU (A) & GRÉGOIRE (L-J),
Les dimensions centrales de la gouvernance et les priorités pour
l'atteinte des Objectifs du Millénaire pour le
Développement, dans l'Afrique et les défis de la
gouvernance, Rapport du PNUD (2008).
89En décembre 2005, le Conseil
européen a adopté une stratégie de l'UE pour l'Afrique. La
stratégie définit un cadre d'action à long terme entre
l'Europe et l'Afrique à tous les niveaux: avec les institutions
panafricaines telles que l'Union africaine, les organisations régionales
et les administrations nationales. Elle définit la manière dont
l'UE peut appuyer au mieux les efforts déployés par l'Afrique
pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le
33
Ouagadougou) ont par la suite expressément
incorporé les OMD à la stratégie de développement
entre l'UE et les ACP en ces termes : « La coopération se
réfère aux conclusions des conférences des Nations unies
et aux objectifs et programmes d'action convenus au niveau international ainsi
qu'à leur suivi, comme base des principes du développement. La
coopération se réfère également aux objectifs
internationaux de la coopération au développement et prête
une attention particulière à la mise en place d'indicateurs
qualitatifs et quantitatifs des progrès réalisés. Les
parties conjugueront leurs efforts pour accélérer les
progrès vers la réalisation des objectifs du millénaire
pour le développement »90.
Dans son action aux cotés de la Côte d'Ivoire la
Commission Européenne utilise l'ensemble des instruments dont elle
dispose pour accompagner la mise en oeuvre du Plan National de
Développement (PND) et du DSP. Le PND qui constitue le cadre de
référence des interventions de l'Etat et de tous ses partenaires
nationaux et internationaux vise à surmonter les retards
accumulés au niveau du développement humain et social
consécutivement aux crises récurrentes que le pays a
traversées depuis 1999. Pour se faire, les résultats
stratégiques attendus du PND sont fortement axés sur l'atteinte
des OMD. L'objectif majeur du Gouvernement étant de faire de la
Côte d'Ivoire un pays émergent à l'horizon 2020. Cette
ambition est portée par la volonté politique affirmée au
plus haut niveau afin d'améliorer, les Indicateurs de
Développement Humain. D'où la fixation d'objectifs
spécifiques qui permettent l'évaluation de la performance des
autorités nationales dans la conduite des politiques de
développement appuyées par l'UE.
Développement (OMD). La stratégie repose sur
trois piliers : (i) promouvoir certaines exigences clés pour assurer le
développement durable, telles que la paix, la sécurité et
la bonne gouvernance, (ii) soutenir l'intégration régionale, le
commerce et l'inter-connectivité pour favoriser le développement
économique et (iii) améliorer l'accès aux services sociaux
de base (santé, éducation) et la protection de l'environnement
pour atteindre les OMD 1-6 plus rapidement. En décembre 2007, une
stratégie commune UE-Afrique a été adoptée lors du
sommet de Lisbonne.
90 Article 19.2 de l'Accord de Cotonou
révisé en 2005 et 2010.
34
B): La référence aux engagements
internationaux sur l'efficacité de l'APD
La coopération Côte d'Ivoire-UE qui a pour cadre
légal l'Accord de Cotonou, est guidée par le plan d'action sur
l'efficacité de l'aide convenu au niveau international91
concernant l'appropriation, l'alignement, l'harmonisation, la gestion
axée sur les résultats en matière de développement
et la responsabilité mutuelle. Elle s'exerce tout d'abord sur la base de
l'égalité des partenaires et l'appropriation des
stratégies de développement. Ce qui signifie que la Côte
d'Ivoire détermine, en toute souveraineté, ses stratégies
de développement économique et social (PND, DSP).
L'UE et ses États membres en tant que partenaires au
développement alignent leurs programmes en fonction, et font reposer
l'ensemble de leur soutien sur les stratégies nationales de
développement, les institutions et les procédures internes. En
outre à l'initiative de la délégation de l'UE en
Côte d'Ivoire il existe une coordination des partenaires au
développement, qui a abouti à un bon niveau d'échange et
à des démarches communes dans les domaines du renforcement de
l'État et de la gestion des affaires publiques ainsi que dans le secteur
de l'agriculture et de l'énergie92. A cet effet des
rencontres trimestrielles présidées par le Premier ministre sont
tenues entre le gouvernement et les pourvoyeurs d'aide, et il a
été mis sur pied un comité de mobilisation des ressources
extérieures (COMOREX).
En conséquence les actions des partenaires au
développement sont mieux harmonisées et plus transparentes, et
permettent une plus grande efficacité collective. Leurs financements
obéissent à une série unique de conditions et un ensemble
raisonnable d'indicateurs dérivés des stratégies
nationales de développement. La Commission et le Gouvernement ivoirien
étant responsables des résultats obtenus pour les programmes de
développement exécutés conjointement, une de ces
conditions et
91 La Déclaration de Paris sur
l'efficacité de l'aide au Développement adoptée le 2 mars
2005 et le programme d'action issue de la déclaration Accra (Ghana) le 4
septembre 2008.
92 Voir Programme Indicatif National du DSP 2014-2020,
pp. 16 & 17.
35
non des moindres a trait à la Consolidation des
capacités de gestion des finances publiques. Cela passe
nécessairement par un raccordement étroit entre les
stratégies nationales de développement et le cycle
budgétaire, sur une base tant annuelle que pluriannuelle. De même
le gouvernement s'efforce de mettre en place des cadres d'évaluation et
de notification orientés vers les résultats, à l'aide
desquels, il est plus aisé de suivre les progrès
réalisés dans la mise en oeuvre des principaux volets des
stratégies nationales et sectorielles de développement.
Section 2 : La recherche de la performance dans la
gestion budgétaire
L'intérêt que les autorités politiques
ivoiriennes portent à la modernisation de la gestion des finances
publiques93 (GFP) et partant à l'amélioration de la
gouvernance économique ne procède pas d'un choix volontariste,
librement décidé et mis en oeuvre. Ce n'est en
réalité qu'une traduction concrète de la
budgétisation par objectifs préconisée par l'UE et les
autres bailleurs de fonds multilatéraux, qui jusqu'alors insatisfaits de
la conduite des approches sectorielles initiées au cours des
années 9094 se montrent désormais plus précis
dans leurs recommandations notamment lorsqu'ils demandent la performance aussi
bien dans la phase d'élaboration du budget (paragraphe
1), que dans celle de son exécution (paragraphe
2).
93« La faiblesse des ressources mobilisables par nos
Etats pour couvrir les multiples charges auxquelles ils doivent faire face,
afin de réduire sensiblement la pauvreté, doit nous inciter
à rechercher une plus grande rigueur dans le choix des priorités
de dépenses et une plus grande efficacité dans la gestion de ces
dépenses. D'où l'intérêt d'expérimenter les
nouveaux outils de planification et de gestion budgétaires, que sont les
CDMT et les budgets programme. Ces outils offrent par ailleurs, un cadre
aisé de dialogue et de concertation élargi entre le gouvernement,
les partenaires au développement et les partenaires sociaux
»93 . Extrait du discours d'ouverture prononcé par
DIBY KOFFI (C) (Ministre de l'Economie et des Finances de la Côte
d'Ivoire), lors de l'atelier régional sur « Des cadres de
dépenses à moyen terme et les budgets programmes
»organisé par l'AFRITAC de l'Ouest à Abidjan, 11 au 13
mars 2010.
94 COGNEAU (D) & MESPLÉ-SOMPS (S),
IRD-DIAL, Paris ; «La Côte d'Ivoire peut-elle devenir un pays
émergent? » , Étude du Centre de Développement
OCDE, Programme "Emerging Africa", juin 1999, pp. 39-45.
36
Paragraphe 1 : Le cadrage budgétaire à moyen
terme
Avec la budgétisation axée sur la performance,
l'on aura le souci de dépenser mieux pour prélever moins. La
rédaction des nouvelles directives UEMOA ainsi que des lois
organiques95 de 2014 relatives à la GFP est assez claire sur
l'orientation de la gestion budgétaire. Les constantes de la gestion
budgétaire axée sur la performance confortent le choix de
modernisation des finances publiques, par l'introduction dans la politique
budgétaire de perspective à moyen terme96 par les
budgets programmes (A), et la définition d'objectifs
permettant la mesure de la performance (B).
A) : la pluri-annualité dans la gestion
budgétaire
Si l'on veut saisir l'originalité quintessentielle de
la gestion budgétaire axée sur la performance, il faudrait se
référer à sa filiation certaine avec le PPBS
américain (Planning Programming Budgeting System) des
années 1960 et l'expérience française de Rationalisation
des Choix Budgétaires97 de la décennie 1970. Pour les
experts européens, la gestion par la performance est frappée au
coin du bon sens le plus élémentaire. Il s'agit en effet de
dissocier les décisions budgétaires des problèmes de
moyens (quels montants de crédits puis-je obtenir ?), pour les recentrer
sur des résultats mesurables (que puis-je accomplir avec ces
crédits ?)98. L'introduction de cette logique implique
inévitablement certaines innovations quant aux méthodes et
principes de gestion budgétaire.
95 Loi organique n°2014-337 du 05 juin 2014
portant Code de transparence dans la gestion des Finances Publiques et la Loi
organique n°2014-336 du 05 juin 2014 relative aux lois de Finances.
96 Cf. art de la Directive
N°06/2009/CM/UEMOA portant loi des finances.
97 La technique de la RCB s'appuie sur le constat
de l'accroissement continu des dépenses publiques (relevé par des
auteurs comme TOCQUEVILLE ou JÈZE (G)). Les dépenses de l'Etat
augmentant d'année en année alors que les ressources restent dans
l'ensemble limitées. Tout l'enjeu est de ne retenir que les
dépenses qui procurent la plus grande productivité ou à
tout le moins présentent un caractère impérieux ;
d'où l'intérêt de pouvoir identifier de manière
judicieuse un certain nombre d'objectifs. La RCB conduit pour ainsi dire
à un budget préparé en fonction des objectifs poursuivis
et méthodiquement arrêtés.
98 OCDE, La budgétisation axée sur la
performance dans les pays de l'OCDE. p. 11.
37
Traditionnellement, la notion de budget renvoi aux documents
de recette et de dépense de l'État, il est constitué par
l'ensemble des comptes qui décrivent pour l'année civile toutes
les ressources et toutes les charges permanentes de l'État. Le budget
est souvent employé comme synonyme de la loi de finances mais il a un
sens plus restreint en ce sens qu'il ne constitue pas un acte de
décision mais seulement un ensemble de compte.
L'élaboration de la loi de finances est soumise
à un certain nombre de principes au nombre desquels, la règle de
l'annualité budgétaire. Ce qui signifie qu'elle est votée
pour une année qui correspond à l'année civile, et est
exécutée dans ce laps de temps99.Mais avec la
modernisation, il y'aura un aménagement de la durée des
crédits budgétaires. Et ce, pour pouvoir concilier les exigences
de l'annualité budgétaire et les nécessités de la
pluri-annualité de certains crédits d'équipement sur la
base d'autorisation de programme.
La pluri-annualité exprime alors l'intégration
du moyen terme dans la budgétisation. Les crédits sont
spécialisés par programmes100. Le programme
étant lui-même un ensemble cohérent de ressources et
d'actions orientées vers la réalisation d'une politique publique
dans une perspective de moyen terme. Le projet de loi de finances est
accompagné d'un document de programmation budgétaire et
financière pluriannuelle couvrant une période minimale de trois
ans101. Ce document est connu sous une appellation
générique de Cadre de Dépenses à Moyen Terme
(CDMT). La loi de finances de l'année reste un document régi par
le principe de l'annualité budgétaire mais la perspective
temporelle s'élargit.
Les affectations de ressources pourront se faire en
considération des conséquences pour le moyen terme. Le
Gouvernement lui-même se donne des balises sur trois ans en
matière de volume global de recettes, de dépenses, du
déficit ou du
99 Art 2 in fine de Loi organique n°2014-336 du
05 juin 2014 relative aux lois de Finances en Côte d'Ivoire
100 Article 12, de la Directive n°06/2009/CM/UEMOA
portant loi des finances et l'article 15 de la LOLF 2014. 101Cf.
article 15 al.5,6 &7 de la LOLF 2014, et les articles 12 al.3, 46 et
52, DLF, : art 52 «Le projet de loi de finances de l'année est
élaboré par référence à un document de
programmation budgétaire et économique pluriannuelle couvrant une
période minimale de trois ans...le document de programmation
budgétaire et économique pluriannuelle évalue le niveau
global des recettes attendues de l'Etat... Ce document de programmation
budgétaire et économique pluriannuelle évalue
également l'évolution de l'ensemble des ressources, des charges
et de la dette du secteur public... »
38
niveau d'endettement par exemple. Le principe
général étant que les crédits non consommés
au cours d'un exercice budgétaire ne peuvent être reportés
sur l'année suivante. Ceci dit, la pluri-annualité n'a pas
l'exclusivité des innovations apportées au droit
budgétaire, en effet l'État devra s'atteler à la
définition d'objectifs permettant la mesure de la performance.
B) : L'allocation de ressources en fonction des
priorités stratégiques
Les exigences de l'UE vont aussi engager l'État
ivoirien à opter pour les classifications budgétaires
proposées par le Manuel de Statistiques des Finances Publiques (MSFP) du
FMI telles que la classification des recettes, la classification
économique des charges et la classification fonctionnelle des
dépenses des administrations publiques102.
Cette donne induit l'abandon des budgets de moyens qui
affectaient les crédits budgétaires à un service ou un
ensemble de service103 pour les budgets fonctionnels dit encore
budget de performance. Il en résulte donc que, le budget devra
s'efforcer de retracer les dépenses de l'État non plus
d'après leur objet104, mais plutôt d'après les
fonctions sociales qu'elles permettent de réaliser. L'élaboration
et l'exécution du budget de l'État pour le rendre performant
emportera donc, le choix des priorités qui domineront l'emploi des
ressources rares entre les sous-secteurs et à l'intérieur des
secteurs. Il s'en suit l'élaboration des CDMT sectoriels qui
évaluent le coût des priorités sectorielles en lien avec la
contrainte budgétaire et permettent la mesure de la performance.
Les programmes budgétaires ainsi établis, sont
assortis d'objectifs précis, arrêtés en fonction de
finalités d'intérêt général et des
résultats attendus comme le
102 Voir Manuel de statistiques de finances publiques,
2ème éd 2007, pp53-89. Dont s'est largement
inspiré la Directive n°08/2009/CM/UEMOA portant nomenclature
budgétaire de l'état au sein de l'UEMOA en ses titres 2 &
3.
103 Cf. les articles 13 & 17 de la Loi organique
du 31 décembre 1959 et l'article 9 Directive n° 05/97/CM /UEMOA.
104 Le budget dans cette optique met l'accent sur la notion de
service public, il a un caractère essentiellement administratif et les
crédits sont généralement affectés et
gérés par plusieurs ministères. Le budget tient donc lieu
de pourvoyeur de moyens de fonctionnement à la puissance publique. On
parle alors de budget de moyens.
39
donne à lire l'article 12, al.4 DLF. Les
résultats sont mesurés au moyen d'indicateurs de performance. Par
ailleurs, le projet de loi de finances de l'année est dorénavant
accompagné du projet annuel de performance de chaque programme. Le
projet de loi de règlement est accompagné des rapports annuels de
performance par programme, et la Cour des comptes donne un avis sur ces
rapports annuels et formule des recommandations105.
En termes imagés, le résultat et la mesure de la
performance sont pour la gestion budgétaire axée sur les
résultats ce que le coeur d'un réacteur est dans une centrale
nucléaire : le concentré de tous les défis et de tous les
risques. Il est donc question, d'élaborer des indicateurs qu'on veut
SMART106 pour mesurer la performance, afin d'établir un lien
étroit entre les ressources budgétaires et la performance
(exigence de traçabilité) ,et d'amener les gestionnaires de
programme à intégrer les données fournies par les
indicateurs, dans la gestion courante et l'exécution des programmes
budgétaires.
Paragraphe 2 : L'approche par les résultats dans
l'exécution du budget
La comptabilité publique au sens le plus large du terme
embrasse l'ensemble des règles déterminant les obligations et la
responsabilité des ordonnateurs et des comptables publics, ainsi que les
règles d'exécution des recettes et des dépenses des
personnes publiques107. La réforme tendant à orienter
le système de GFP vers la performance apporte de nouveaux concepts de
comptabilité à ce corpus de règles
(A) et introduit la notion de définition claire des
responsabilités pour une reddition efficiente des comptes
(B).
105 Article 46.1 DLF (2009) et les articles 45, 53 & 54 de la
LOLF 2014.
106 Specific (Spécifique), Measurable
(Mesurable), Achievable (Atteignable), Realistic
(Raisonnable), Timebound (Temporellement défini). Voir, MEDE
(N) réflexion sur le cadre harmonise des finances publiques dans
l'espace UEMOA, in Afrilex-2012, spécial Finances
publiques, p.12.
107Voir définition du lexique des termes
juridiques, Dalloz 12ème édition 1999, p118
40
A) : Une nouvelle gestion comptable
Aux termes de l'article 75 de la nouvelle LOLF108
(2014) l'État tient une comptabilité
budgétaire109 et une comptabilité
générale. Initiée bien avant le cadre harmonisé
(UEMOA) de 2009, la comptabilité générale décrit le
patrimoine de l'État et son évolution (Article 76, DRGCP). Elle
doit être sincère et refléter une image de la situation
financière de l'État. Là où la LOLF 2014 marque une
rupture d'avec le passé, c'est que la tenue de la comptabilité
générale de l'État se fera désormais selon le
principe de la constatation des droits et obligations.
Concrètement cela signifie que les opérations
sont prises en compte au titre de l'exercice budgétaire auquel elles se
rattachent indépendamment de leur date de paiement ou
d'encaissement110.La méthode des droits constatés a
été présentée comme le corollaire comptable de la
budgétisation axée sur la performance. Car il est important de
savoir qu'au moment où l'État recrute vingt fonctionnaires
nouveaux, il s'engage au paiement de salaires sur douze mois à inscrire
dans la loi de finances de l'année. Il s'oblige aussi au paiement des
pensions de retraite qu'il comptabilise au même moment qu'il paie les
salaires. Dans cette optique nouvelle, la vision des engagements financiers est
plus totale et le choix du décideur public est mieux
éclairé.
En Côte d'Ivoire, les droits constatés
s'appliqueront à toute la comptabilité publique, sans
dérogation. C'est le sens de la rédaction du chapitre 3 de la
Directive portant Règlement général sur la
comptabilité publique. La nouvelle régulation du cycle
budgétaire au sein de l'UEMOA par les résultats a aussi pour
effet d'incorporer et de renforcer les règles managériales
d'origine privée dans la sphère publique
108 Voir aussi la DLF n°06/2009/CM/UEMOA.
109 Art 72 de la Directive n°06/2009/cm/UEMOA portant loi
des finances au sein de l'UEMOA & art 72 de la de la Directive
N°07/2009/CM/UEMOA portant règlement général sur la
comptabilité publique : « La comptabilité budgétaire
a pour objet de retracer, pour l'exercice concerné, les
opérations d'exécution du budget de l'Etat et des autres
organismes publics en recettes et en dépenses et conformément
à la nomenclature de présentation et de vote du budget ou de
l'état des prévisions...»
110 Cf. Art 76 al 1 & 2 de la de la Directive
N°07/2009/CM/UEMOA portant règlement général sur la
comptabilité publique.
41
On assiste donc à un renforcement de l'utilisation de
la comptabilité analytique des coûts. Elle permet de produire les
états financiers de l'État que sont le bilan, le compte de
résultat, etc.111 La comptabilité analytique est une
comptabilité de coût de revient. Elle permet de mesurer les
coûts des services publics ou des produits fournis par l'administration
dans une perspective de contrôle des rendements et performances des
services, notamment dans le cadre des budgets de programme et de la gestion
axée sur les résultats112 . Elle permet de disposer de
données chiffrées permettant d'apprécier l'efficience des
activités de mise en oeuvre des programmes, ainsi que des programmes
eux-mêmes.
B) : Un renforcement du contrôle
budgétaire
La gestion budgétaire axée sur la performance
donne une place de choix à la définition claire des
responsabilités sur l'ensemble du cycle budgétaire, qui emporte
comme conséquences la reddition sincère des comptes publics. En
effet le cycle budgétaire se décline dorénavant en
programmes budgétaires, qui sont des décompositions de la
nomenclature administrative du budget. Ils sont logés dans un
ministère. Ce qui signifie qu'il ne saurait y avoir de programme
interministériel113. Chaque programme a un responsable
nommé par ou sur proposition du ministre. Le responsable de programme
est ordonnateur délégué114 des crédits
affectés au
111 Voir article 80, DRGCP 2009.
112 Cf. article 84, DRGCP : La comptabilité
analytique des coûts a pour objet de faire apparaître les
éléments de coûts des services rendus ou de prix de revient
des biens produits et des services fournis ainsi que de permettre le
contrôle des rendements et performances des services, notamment dans le
cadre des budgets de programmes et de la gestion axée sur les
résultats. Les modalités de mise en oeuvre de cette
comptabilité sont définies par les règlementations
nationales.
113 Article 12 al.2, DLF et art 15 de la LOLF 2014 : A
l'intérieur des ministères, ces crédits sont
décomposés en programmes, sous réserve des dispositions de
l'article 14 de la présente Directive. Un programme regroupe les
crédits destinés à mettre en oeuvre une action ou un
ensemble cohérent d'actions représentatif d'une politique
publique clairement définie dans une perspective de moyen terme.
114 La Directive relative aux lois de finances emploie
l'expression "le cas échéant" ce qui est susceptible d'une double
interprétation. Dans un sens, cela peut vouloir dire que l'acte de
nomination du gestionnaire de programme précise si celui-ci cumule les
compétences de gestionnaire et d'ordonnateur
délégué. En un second sens, on peut penser que le
gestionnaire de programme est ordonnateur délégué par
principe (article 8, al.3, DRGCP), l'acte de nomination venant confirmer, au
besoin, cette attribution de compétence. La seconde
interprétation est celle qui est le plus conforme à une
interprétation logique du texte de la directive, si l'on prend en compte
les exigences de
42
programme et dispose desdits crédits dont il peut
modifier les affectations initiales contenues dans la loi de finances de
l'année, selon la règle de la fongibilité
asymétrique115. La responsabilisation des gestionnaires de
programme est accompagnée d'une obligation de reddition de comptes.
D'abord devant l'autorité politique grâce au
rapport annuel de performance soumis à l'appréciation du
parlement, ensuite et surtout devant le pouvoir juridictionnel. Pour se faire,
la Cour des comptes exerce une compétence extra-juridictionnelle
d'appréciation des rapports annuels de performance et une
compétence juridictionnelle sur les ordonnateurs, d'une manière
générale, pour les faits qualifiés de faute de
gestion116.
En guise d'opérationnalisation de cette obligation de
reddition de comptes, les textes mettent à la charge des gestionnaires
de programme ainsi que de tout détenteur de l'autorité publique
(élus ou hauts fonctionnaires) un devoir de déclaration de son
patrimoine en début et en fin de mandat ou de fonction. Dans le
même esprit, est également née une règle de
délation obligatoire qui impose à tout agent public qui a
connaissance d'infractions commises dans la gestion de deniers publics à
le faire savoir. La non dénonciation est sanctionnée
pénalement (point 7.3, Code de transparence de l'UEMOA).
Ces grandes rubriques évoquées constituent
l'ossature des innovations de la gestion budgétaire axée sur la
performance dans notre pays. Elles reflètent aussi les fondamentaux de
la nouvelle gestion publique, notamment en matière de finances publiques
demandée par le partenariat UE-Côte d'ivoire.
La modernisation du système budgétaire vers la
recherche de performance est devenue une exigence de la quasi-totalité
des bailleurs multilatéraux et
responsabilisation des acteurs et de déconcentration de
la fonction d'ordonnateur qui sont immanentes à la gestion axée
sur la performance.
115 Art 15 al 2 de la DLF Toutefois, à
l'intérieur d'un même programme, les ordonnateurs peuvent, en
cours d'exécution, modifier la nature des crédits pour les
utiliser, s'ils sont libres d'emploi dans les cas ci-après : des
crédits de personnel, pour majorer les crédits de biens et
services, de transfert ou d'investissement ; des crédits de biens et
services et de transfert, pour majorer les crédits d'investissement.
116Voir, article 14, al.2 DRGCP, article 77 DLF et
art. 84 LOLF 2014.
43
bilatéraux. Il n'en demeure pas moins pour autant que
les pratiques de conditionnalité de l'UE et ses États membres
emportent des conséquences négatives sur le système de
gestion des finances publiques.
44
DEUXIEME PARTIE :
L'AIDE DE L'UNION EUROPEENNE, UNE CONTRAINTE POUR LE
SYSTEME DE GESTION DES FINANCES PUBLIQUES EN COTE D'IVOIRE
45
Les contraintes que l'aide internationale exerce sont à
juste titre connues sous l'image négative des conséquences
sociales des réformes économiques et structurelles
imposées par les mesures d'ajustement structurel. Considérant les
institutions et procédures de gestion des finances publiques ivoiriennes
dans leur ensemble, deux séries de contraintes peuvent être
imputées à l'APD de l'UE et ses États membres. La
première est d'ordre budgétaire et réside dans l'effet de
dépendance qu'elle occasionne (chapitre 1), et la
seconde est à mettre en liaison avec la gouvernance publique, qui est
impactée dans son ensemble par les mesures liées aux
conditionnalités d'octroi de l'aide (chapitre 2)
46
CHAPITRE 1 : LES CONTRAINTES D'ORDRE BUDGETAIRE
Chaque année, le législateur autorise dans la
loi de finances, le Président de la République à
contracter des emprunts et à recevoir des dons au nom de
l'État.117 La formule est heureuse, elle est
consécutive à l'institutionnalisation du pouvoir. Ces ressources
constituent de l'aide budgétaire, c'est-à-dire un transfert de
ressources entre deux pays, ou entre une organisation internationale et un
pays, se manifestant par des prêts, des investissements voir des dons.
L'Accord de Cotonou a fait une typologie de l'aide budgétaire à
partir de sa finalité. Ainsi on peut distinguer l'aide aux
investissements destinée à financer les projets et programmes
d'investissements publics et d'appui institutionnel, de l'aide hors projet qui
est un aspect de l'ajustement structurel et qui accompagne les réformes
macroéconomiques et sectorielles. Elle est destinée aux
rééquilibrages macroéconomiques.
Le recours à cet instrument de financement
budgétaire s'explique par le fait que la morosité
économique entraine la raréfaction des moyens fiscaux, et
l'État n'a pour se faire d'autres palliatifs, que la sollicitation
encore plus intensive de l'aide extérieure. L'aide publique
européenne a joué et continue de jouer un double rôle pour
les finances publiques de l'État ivoirien. Elle est un
Janus118 pour l'équilibre budgétaire. Par l'injection
de flux financiers elle a contribué à soulager la loi de
finances. Cependant une partie substantielle des aides implique une
contrepartie qui emporte des retombées financières
(section 1) et juridiques sur la gestion budgétaire
(section 2).
117 Cf. article 4, 56, 58, 59, 60, 61, 62 DLF au sein
de l'UEMOA ; articles 60, 61, 62, 63, 64 de la Loi organique n°2014-337 du
05 juin 2014 relative au loi de finances en Côte d' Ivoire. De la
synthèse de ces différents textes il ressort que Le projet de loi
de finances de l'année (y compris le rapport et les annexes
explicatives) préparée par le ministre chargé des finances
et adoptée en Conseil des Ministres , est déposé sur le
bureau du Parlement au plus tard le jour de l'ouverture de la session
budgétaire. Lorsque le projet de loi de finances a été
déposé dans les délais sur le bureau du Parlement, il doit
être adopté au plus tard à la date de la clôture de
la session budgétaire. A défaut, il peut être mis en
vigueur par ordonnance.
118 Personnalité qui présente deux aspects
très différents, parfois opposés (comme le dieu romain
Janus, bifrons, c'est-à-dire représenté avec deux
visages). Dictionnaire le Grand Robert 2005.
47
Section 1 : Le contrecoup financier des aides
Par nature, l'aide budgétaire, surtout quand elle prend
la forme de prêt, implique une contrepartie, le remboursement du capital
et le paiement des intérêts. L'accumulation des prêts
à intérêts non remboursés engage la Côte
d'Ivoire dans le cycle de l'endettement et menace la soutenabilité
à long terme des finances publiques119 (paragraphe
1). Tandis que les multiples conditionnalités gouvernant le
partenariat UE-ACP sont susceptibles de placer l'État ivoirien dans une
situation d'insécurité financière en raison de
l'imprévisibilité du décaissement des montants
prévus (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : L'APD: un goulot d'étranglement des
finances publiques
L'approche du bailleur de fonds s'inscrit très souvent
dans le cadre de la relation entre banquier et
bénéficiaire.120 Conformément à la
pratique bancaire, la logique propre au prêt, c'est-à-dire la
nécessité d'assurer le remboursement va l'emporter sur la logique
politique de l'aide qui est d'offrir une aide au développement efficace.
La Côte d'Ivoire ayant contracté des emprunts massifs aussi bien
avec les partenaires publics européens qu'avec d'autres partenaires au
développement durant des années pour financer son
développement, elle se retrouve avec une dette publique abyssale,
péniblement remboursables, grevée à son budget. En plus de
menacer la viabilité des finances publiques du fait du service de la
dette (A), l'aide financière octroyée est
souvent liée (B) ce qui a pour effet d'en nuancer
l'efficacité.
119 JACQUEMOT (P), « Cinquante ans de coopération
française avec l'Afrique subsaharienne. Une mise en perspective »
(IIème Partie), Afrique contemporaine, n° 239-2011, p.
29.
120 Voir, PACQUEMENT (F), «L'OCDE et l'évolution
de l'aide par prêt» in Afrique contemporaine n°
spécial 188, Les aides à l'Afrique en question, 1998, p.168.
48
A) : L'équilibre des finances publiques face au
poids de la dette
extérieure
« L'endettement est un moyen de financement des
Etats. C'est donc un instrument de gestion. Il devient un fardeau ou une
préoccupation majeure lorsque le pays emprunteur n'est plus en mesure
d'assurer à bonne date le service de la dette » 121. En
Côte d'Ivoire, la gestion de la dette reste une préoccupation
majeure. La dette publique extérieure représente un poids
important pour les finances publiques, elle est le produit de l'accumulation
des prêts accordés par les bailleurs de fonds internationaux
depuis les années 1960.
La question de l'endettement s'est surtout posée avec
acuité après les PAS et l'arrivée à
échéance des prêts massifs accordés pendant les
années 80-90 . Il est arrivé ainsi que le remboursement de l'aide
en plus des intérêts à échéance
opèrent des transferts nets négatifs vers les pays et organismes
d'aide. On entre ainsi dans un cercle vicieux: les nouveaux emprunts servent au
remboursement du principal et des intérêts. Ce
phénomène auto-entretenu aboutit à la crise de
l'endettement, souvent dénoncée comme le signe d'un nouvel
impérialisme économique qui compromet la soutenabilité
à long terme des finances publiques nationales.
Ce phénomène est bien connu par l'État
ivoirien en raison de sa dépendance aux flux de financements
extérieurs122. Or, le surendettement est un
phénomène néfaste pour les finances publiques d'un
État déjà fragilisé par la baisse de ses produits
d'exportation, essentiellement constituées de matières
premières, et des balances commerciales structurellement
déficitaires. C'est le constat de l'endettement excessif des pays en
développement qui a conduit aux engagements d'annulation de la
121 Extrait tiré du rapport du trésor public
sur la dette publique Ivoirienne, présenté par GUEYE (A.P),
Directeur de la Dette Publique, 15 février 2013, p.4.
122 De 1980 à 1990 : c'est le début de
l'accumulation des arriérés du service de la dette. Cette
situation est due à la chute des cours internationaux des produits
d'exportation de la Côte d'Ivoire avec pour conséquence une
réduction des ressources de l'Etat, à l'augmentation des taux
d'intérêt liée aux différents chocs
pétroliers et à la dévaluation du franc CFA en janvier
1994, entraînant presque un doublement du stock de la dette
extérieure. La dette extérieure passe de 1 369 milliards de FCFA
en 1981 à 6 264 milliards de FCFA au 31 décembre 2011, soit une
augmentation de 358%. Voir rapport du trésor public, GUEYE
(A.P), op cit. pp.15-16.
49
dette bilatérale (exemple du contrat de
désendettement et de développement avec la France) et
multilatérale avec les initiatives PPTE et ADM auxquelles participent
activement les partenaires européens.
La maîtrise de la dette publique extérieure est
même devenue une préoccupation des autorités communautaires
ouest-africaines. Le Pacte de convergence, de stabilité,
de croissance et de solidarité123 (PCSCS),
ainsi que le Règlement n°09/2007/CM/UEMOA portant cadre de
référence de la politique d'endettement public et de gestion de
la dette publique dans l'espace l'UEMOA imposent aux États membres la
discipline budgétaire par la limitation du taux d'endettement.
L'observation de ces textes est périodiquement
rappelée aux États par les instances communautaires. Celles-ci
ont relevé dans le projet de rapport semestriel d'exécution de la
surveillance multilatérale de juin 2012 que depuis 2006, les
dépenses relatives au paiement des intérêts de la dette
publique tendaient à progresser. Ce qui risque d'engager les
États membres dans un processus de ré-endettement, et d'annihiler
la perspective favorable actuelle découlant des mécanismes
d'allègement et d'annulation de la dette extérieure suite aux
initiatives PPTE et IADM.124
L'endettement n'est cependant pas le seul écueil de
l'APD à l'efficacité de la gestion des finances publiques. En
effet le concept d'aide liée est souvent source d'inefficacité de
la dépense.
123 Voir Acte Additionnel N° 04/99 portant pacte de
convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité entre
les États Membres de l'Union économique et monétaire
ouest-africaine (UEMOA), adopté le 08 décembre 1999
124 Voir projet de rapport semestriel d'exécution de la
surveillance multilatérale, Commission de l'UEMOA, juin 2012, p. 100.
50
B) : La pratique des aides liées
L'APD bilatérale des Etats européen est en
général une « aide liée ». Cela implique que
l'argent prêté ou donné sera utilisé pour acheter
des produits ou des services exportés par le pays donateur. L'aide sous
la forme de dons ou de prêts est souvent conditionnée à
l'attribution de tout ou partie des contrats d'équipements, de travaux
ou de services à une entreprise de l'État donateur125.
Du côté de la France, dans un rapport sur la Banque mondiale et le
FMI présenté à l'Assemblée nationale, on pouvait
lire le passage suivant : «Les résultats globaux en
matière de taux de retour ou de parts de marchés au profit des
entreprises françaises sont bons mais ils cachent d'importantes
disparités géographiques et sectorielles. (...) La France est
affectée par des facteurs spécifiques qui sont le reflet de la
présence commerciale des entreprises françaises : un fort
tropisme pour l'Afrique qui contribue largement au résultat global (45%
des décaissements de la Banque vers l'Afrique se font en faveur des
entreprises françaises) (...) »126.
L'APD multilatérale européenne n'échappe
pas à cette critique. En effet la participation aux procédures de
passation de contrats pour l'exécution des projets et programmes,
financés par le cadre financier pluriannuel de coopération au
titre de l'Accord de Cotonou est ouverte aux personnes physiques ou morales
établies dans un État ACP, un État membre de la
Communauté européenne, ou à toute personne physique ou
morale établie dans un des pays les moins développés. Mais
étant donné la faiblesse des capacités techniques et
logistiques des entreprises des Etats ACP, et celle des Etats
sous-développés en général, ces contrats et
marchés sont le plus souvent attribués à des
soumissionnaires d'origine européenne. C'est le cas pour bien de
marchés d'équipement et de travaux ayant cours en Côte
d'Ivoire.
125 Voir Afrique contemporaine n° spécial
188 intitulé : Les aides à l'Afrique en question, 1998. P 169
« L'OCDE et l'évolution de l'aide par prêts »
PACQUEMENT (F), pp 160-171
126 Rapport d'information sur les activités et le
contrôle du Fonds monétaire international et de la Banque
mondiale, Assemblée nationale, 13 décembre 2000.
51
A priori, l'aide liée pouvait paraître
bénéfique pour tous. Elle aide les pays en développement
en leur octroyant des dons ou des prêts à des conditions
avantageuses pour la réalisation d'études ou de travaux
d'infrastructures, et elle crée une demande pour les exportations
européennes en matière d'équipements et de services
d'ingénierie. Cependant cette pratique mène à des appels
d'offres restreints127 à un petit groupe d'entreprises
multinationales. Ce qui a pour effet de conduire à une augmentation de
prix dont pâtissent les Finances publiques. Une telle inefficacité
de la dépense fait peser un lourd poids sur le budget de l'État
qui se trouve déjà face à la menace constante de
l'imprévisibilité de l'aide du fait des différentes
conditionnalités imposées par les bailleurs de fonds.
Paragraphe 2 : La pratique des conditionnalités :
une source de volatilité
des flux d'aide
La pratique des conditionnalités prévue au sein
du partenariat UE-ACP, est un facteur qui conditionne l'efficacité de
l'aide. En effet, la violation des principes démocratiques et de bonne
gouvernance publique peuvent être des causes suspensives de la
coopération. Cette incertitude de l'aide a des répercussions sur
le comportement du gouvernement vis-à-vis du budget et de certains
programmes d'investissement. En résumé l'incertitude (A)
a une influence négative sur la gestion budgétaire
(B) même si de plus en plus, les acteurs internationaux
sont portés vers la recherche de solution à ce
phénomène.
127 A l'opposé des appels d'offres internationaux
ouverts augmentent la concurrence entre les entreprises multinationales. Ce qui
entrainent la réduction des couts et amoindri la dépenses des
États bénéficiaires.
52
A) : Les incertitudes entourant la disponibilité
des financements
En pratique L'UE et ses États membres entourent leur
contribution financière de conditionnalités à la fois
techniques, politiques ou financières, qui rendent la mobilisation des
aides incertaine. Un déficit démocratique, une contrepartie
nationale non libérée, une formalité substantielle non
remplie et le financement extérieur devient hypothétique.
De même il peut être procédé
à une revue à la baisse des montants d'aide prévue en
fonction de la performance du pays bénéficiaire128.
Par conséquent le gouvernement ivoirien n'est pas en mesure de
gérer le budget de manière à minimiser les
conséquences négatives en raison des variations importantes
d'aide d'une année à l'autre.
Le programme budgétaire, assis sur la certitude de
ressources suffisantes de financement, peut être ébranlé
dans sa logique de résultat par ce chaînon financier manquant. On
cite « le cas d'un programme d'injection de vaccins à une
population rurale où prévaut une de ces maladies
épidémiques que la science sait prévenir désormais.
Les doses de vaccin sont commandées et réceptionnées
à bonne date mais les réfrigérateurs de conservation ne
sont pas au rendez-vous, car le financement extérieur destiné
à l'achat dudit système de froid a achoppé sur des
considérations diverses. Les températures tropicales ambiantes
ont tôt fait de dégrader les capsules de vaccin et les ont rendues
inutilisables ». Pour les populations bénéficiaires, le
résultat n'est pas atteint, et pour les finances publiques, c'est un
investissement dans un abysse sans fond.
L'imprévisibilité des flux de financements
extérieurs est accentuée avec la crise des finances publiques et
des dettes souveraines dans les pays bailleurs de la Zone euro. Crise qui se
répercute indirectement sur le respect des promesses d'aide au
128 Cf. Article 5.7 de l'annexe IV de l'Accord de
Cotonou portant sur procédures de mise en oeuvre et de gestion de la
coopération au développement.
53
développement.129 La crise de la dette
publique et les déficits publics réduisent aussi les montants de
l'APD des bailleurs bilatéraux.
La multiplicité des pourvoyeurs d'aide et des
modalités de conditionnalités affecte directement la mobilisation
des ressources extérieures. Les conditionnalités discordantes
relatives les unes aux politiques à mettre en oeuvre et les autres aux
performances et résultats obtenus accentuent
l'imprévisibilité de l'aide internationale. Certes, toute l'aide
internationale n'est pas soumise à des conditionnalités de
résultats. Mais, en subordonnant le décaissement d'une partie
à l'atteinte de certains résultats par nature aléatoires,
ou à des conditionnalités de moyens dont les critères
d'appréciation demeurent souvent incertains, les pratiques des bailleurs
placent le budget dans une insécurité financière.
B) : La crainte de l'insécurité
budgétaire
Le risque à craindre de cette volatilité des
flux d'aide, comme ce fut le cas au Burkina Faso lors du test de la
réforme de la conditionnalité de l'UE, est l'instabilité
de la situation financière du fait de l'imprévisibilité.
L'incertitude des financements nuit à l'exhaustivité des
ressources financières de l'État, qui ne peut prévoir avec
assurance le montant des financements extérieurs dont il disposera au
cours de l'année. Or, dans le contexte ivoirien, la
prévisibilité des ressources extérieures semble
indispensable à une gestion budgétaire efficace et à
l'atteinte de résultats. La volatilité des flux d'aide compromet
fortement l'aptitude à planifier les dépenses et donc à
engager les compléments d'investissement indispensables pour satisfaire
aux objectifs de développement de long terme.
Dans le cas du Burkina Faso, l'UE a engagé l'initiative
de sa réforme de la conditionnalité, mise en oeuvre entre 1997 et
2000 par le groupe Réforme économique
129 VAILLANT (L-J), « Crises, finances publiques et aide au
développement », RFFP, n° 108-octobre 2009, pp.
61-68.
54
dans le contexte de la libération
politique130. Cette expérience pilote s'inscrivait dans la
volonté de l'UE de réformer la conditionnalité de son aide
aux États (ACP), affirmée par la Commission européenne en
1999. La nouvelle conditionnalité consistait à rajouter des
indicateurs de résultats aux indicateurs classiques d'instruments et de
conditionner le décaissement d'une tranche des financements à la
réalisation par le pays des nouveaux critères de performance
définis.
Des indicateurs « sociaux » concernant la
santé et l'éducation, et un système de notation ont
été rajoutés aux critères traditionnels de
performances budgétaires pour évaluer les résultats
atteints. Ce qui a conduit à une discontinuité de l'aide
effectivement décaissée en raison de la logique du « tout ou
rien » pour le décaissement de la tranche indexée sur la
performance. Cette pratique de l'UE s'apparente à un dispositif de
sanction et non de suivi d'amélioration de l'efficacité de l'aide
d'autant plus que les faibles capacités des administrations ne
facilitent pas la collecte et le traitement d'informations pertinentes sur
l'impact des politiques.
L'on a donc, en effet, le sentiment qu'au moment même
où l'UE proclame les principes d'appropriation et d'alignement, la
Commission pourrait, au contraire, être tentée de s'ériger
en juge des performances et de la bonne gouvernance et affaiblir d'autant le
principe de cogestion de l'aide et partant les règles de gestion des
finances publiques.
130La libération politique correspond au
sein des relations internationales à la période qui s'ouvre
après la guerre froide. Sur le plan de la coopération
financière elle se traduit par le regard de plus en plus pointu
porté par les bailleurs de fond sur les politiques internes des
États bénéficiaires de leur aide. Les nouvelles
modalités de l'aide budgétaire européenne poursuivaient
trois objectifs exprimés par la Commission dans son bilan de test sur la
réforme de la conditionnalité de 2000. Il s'agissait :
- d'améliorer l'appropriation par les responsables
nationaux de l'action publique ;
- de renforcer la coordination de l'action des donateurs par des
évaluations conjointes ;
- et d'accroître la régularité et la
prévisibilité des flux d'aide, en évitant la politique du
« tout ou rien » ; GUILLAUMONT (P) et GUILLAUMONT-JEANNENEY (S),
« Une expérience européenne : la conditionnalité de
performance au Burkina Faso », Afrique contemporaine n° 209,
printemps 2004, p. 201.
55
Section 2 : La fragilisation des règles et
procédures de gestion
budgétaire
Sur le plan juridique, deux types de contraintes
découlant des politiques d'aide au développement
européennes peuvent être distinguées. Le recours à
des conditionnalités parfois discordantes d'avec les autres bailleurs de
fonds et à des procédures et institutions dérogatoires de
gestion de l'aide est source de fragilisation des circuits classiques de
gestion des finances publiques (paragraphe 1). En outre, les
nouvelles techniques budgétaires imposées à l'occasion des
réformes de la conditionnalité contraignent l'adaptation du cadre
de gestion budgétaire et comptable ivoirien, longtemps dominés
par une logique de budgets de moyens (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Les facteurs extérieurs
Généralement d'inspiration
néolibérale, les économies des pays européens
principaux donateurs de l'Aide Publique au Développement font une place
de choix aux principes de l'économie de marché et partant
à la libre concurrence. Au lendemain de l'indépendance, les
différentes aides ont dans l'ensemble travaillé chacune de leur
côté, sans que la nécessité de coordonner leurs
différentes activités semble aux partenaires européens et
aux autres donateurs un besoin pressant. Cet état de fait,
conjugué à l'accroissement des donateurs, et partant des
conditionnalités d'octroi de l'aide131, va contribuer
à rendre caduques les règles de gestion budgétaire de
l'État bénéficiaire, qui dépendant des flux
financiers extérieurs. est contraint de s'adapter aux exigences
éparses de ses donateurs (A). Pour y remédier
les donateurs européens s'interrogent de plus en plus sur le
bien-fondé de coordonner leurs actions. Mais il reste malgré tout
des progrès à accomplir dans ce domaine (B).
131 En effet la compétition entre les donateurs n'est
pas saine pour ce qui concerne l'Afrique subsaharienne en raison de
l'importance des dimensions politiques, de la rigidité de l'offre due
aux situations de monopole naturel issue de la colonisation. Voir Afrique
contemporaine n° spécial 188, Article sur « les
tables rondes du PNUD et le problème de coordination des aides »
pp. 172- 183.
56
A) : Les pratiques divergentes des partenaires
extérieures
Les pratiques des organismes d'aide affectent les
systèmes de gestion budgétaire et comptable dans notre pays. La
cause de ce phénomène est l'absence de coordination entre
bailleurs et le manque de cohérence dans leurs interventions. En
l'occurrence, des désaccords ont existé entre les Institutions de
Bretton Woods (IBW) et l'UE sur la mise en oeuvre des deux formes de
conditionnalités. Ils concernent d'abord la prise en compte des
indicateurs de résultats dans le suivi et le décaissement de
l'aide. Le FMI continuait la conditionnalité d'instruments au motif
qu'il accorde des prêts et non des dons, ce qui exige de l'emprunteur
qu'il s'engage à des actions et non à atteindre des
résultats. Tandis que l'UE subordonnait déjà le
décaissement d'une tranche de son aide, au niveau de réalisation
des indicateurs convenus avec les autorités locales. Dès lors,
les autorités locales sont embarrassées sur les démarches
à mener pour pouvoir satisfaire aux exigences des différents
bailleurs.
Par ailleurs, pour échapper aux procédures
budgétaires et comptables, jugées lourdes et contraignantes, les
organismes d'aide recourent très souvent à des mécanismes
autonomes, dérogatoires aux administrations et procédures
ordinaires de gestion des dépenses. Ce qui accentue l'éclatement
du budget et fragilise le respect des circuits classiques de la dépense.
L'un des inconvénients de ces interventions fragmentées est aussi
la création de structures parallèles ad hoc chargées de la
gestion des projets financés par les fonds extérieurs. La
tendance n'a pas encore disparu malgré la promotion des principes
d'appropriation et d'alignement par la Déclaration de Paris.
Dans le cadre de la nouvelle conditionnalité, il arrive
que les bailleurs poursuivent des intérêts divergents et
n'accordent pas les mêmes priorités aux actions à soutenir.
Les réformes de la gestion des finances publiques manquent ainsi d'une
dynamique unique et cohérente, et des contradictions entre bailleurs
subsistent132. La
132 Sur le plan interne «
L'harmonisation des interventions des partenaires est assurée par
plusieurs structures de coordination. Des consultations formelles telles que
l'ISMG (Integrated senior management group) ou le GRS
57
divergence des réformes préconisées ne
facilite pas non plus une meilleure compréhension des mesures à
engager, ce qui les rend parfois illisibles. Le changement de la méthode
de gestion vers une culture de performance devient dans un tel contexte lourd
et difficilement compréhensible par les administrations
intéressées.
Il est rare aujourd'hui d'entendre ou de lire une analyse des
problèmes de l'aide à la Côte d'Ivoire qui ne mentionne, au
premier rang des responsabilités, l'insuffisante coordination entre les
bailleurs de fonds. Le besoins d'une telle coordination parait tellement
établit que personne ne met en question ce qui apparait largement une
vérité d'évidence : coordonner de façon plus
judicieuse les actions des bailleurs de fonds selon les plans d'action et
programme internationaux est à priori quelque chose de
désirable.
B) : La pluralité des instruments juridiques et
plans d'action
Plusieurs instruments de politique extérieure de l'UE
traitent la question de la démocratisation et de la gouvernance en
Afrique et les placent parmi les priorités, voire les préalables,
au partenariat pour le financement du développement. Sans
prétendre à l'exhaustivité, nous en citerons six
principaux, à savoir le Traité de Lisbonne, l'Accord de
partenariat de Cotonou, la Stratégie conjointe Afrique-UE, le Consensus
européen pour le développement, la Résolution du Parlement
européen sur le renforcement de la démocratie dans les relations
extérieures de l'UE, les Conclusions du Conseil européen sur le
soutien à la démocratie dans le cadre des relations
extérieures de l'UE.
Tous ces instruments définissent de diverses
manières les principes communs de l'action extérieure de l'Union,
au nombre desquels, la bonne gestion des affaires publiques. Ce principe qui
constitue un objectif attendu des autorités ivoiriennes,
réside
(Groupe de réflexion stratégique) assurent la
coordination et l'échange d'informations entre les partenaires. Des
missions d'évaluations multi-bailleurs organisée par la Banque
Mondiale (en collaboration avec le FMI, la CE, la BAD, la France, les USA, la
CEDEAO, le PNUD et le HCR) sont prévues... Au niveau européen,
l'action est coordonnée par des réunions régulières
et fréquentes entre la Délégation de la Commission
européenne et les Etats membres. Néanmoins, il n'existe pas,
à ce jour, de véritable coordination pour la mise en oeuvre de
réformes relatives à la Déclaration de Paris ». Voir,
DSP 2008-2013, p.28.
58
dans la transparence et la responsabilité de
l'administration publique et l'efficacité dans la gestion des finances
publiques. Il a pour corollaire la lutte contre la corruption et la fraude, la
gestion responsable des fonds publics, la création d'institutions et la
réforme des institutions existantes.
Cependant, la multiplication des instruments de
référence en matière d'appui européen aux processus
de gouvernance démocratique ainsi que les réformes
organisationnelles qui les accompagnent souvent risquent d'avoir des effets
pervers. D'une part, la rapidité des changements de politiques
réduit le temps nécessaire aux acteurs européens et
ivoirien chargés de leur mise en oeuvre pour se les approprier. Or,
faute d'appropriation, il est très difficile d'assurer la
pérennité et la cohérence des actions menées sur le
terrain. D'autre part, la prolifération des instructions sur un
même sujet crée une certaine confusion et peut brouiller le
message sur les objectifs poursuivis. C'est pourquoi, il semble urgent de
rationaliser les instruments définissant les objectifs et principes en
matière d'appui à la gestion saine des affaires publiques.
Au lieu d'investir dans la production régulière
des instruments et des plans d'action, aussi bien au Conseil, à la
Commission et au Parlement de l'UE, les moyens disponibles seraient mieux
utilisés en mettant pus l'accent sur, le renforcement des
capacités interne de gestion.
Paragraphe 2 : Le contexte national
L'internalisation du paradigme de gestion axée sur les
résultats en matière de développement ne va pas sans
soulever des questions. Dans les faits, les initiatives dans ce sens se
heurtent aux insuffisances structurelles et autres carences du cadre normatif
(A) à la démarche de performance et surtout
à l'absence d'une maîtrise réelle des nouvelles
méthodes de gestion budgétaire (B).
59
A) : Les insuffisances du cadre normatif
L'idée d'une gestion budgétaire axée sur
la performance ou program budgeting n'est pas nouvelle. Elle
découle d'un souci global de réforme et de modernisation de
l'État qui doit se traduire par l'abandon de la trilogie
·litanie, liturgie, léthargie· pour un ancrage dans la
nécessaire « efficacité, comparabilité,
durabilité133 ». Les États occidentaux ainsi que
les partenaires au développement multilatéraux vont dans leur
ensemble faire une place de choix à la performance et aux
résultats dans la gestion budgétaire. Et à l'heure des
reformes des conditionnalités de l'APD, ceux-ci vont donc exiger la
même chose des pays bénéficiaires.
En côte d'Ivoire, la mise en oeuvre de la réforme
est conduite par le Ministère de l'Economie et des Finances
(Comité de Mise en OEuvre du Plan de Réforme des Finances
Publiques créé le 29 juillet 2009) avec l'appui des partenaires
techniques et financiers (FMI, BAD, BM, UE, UNICEF). L'Union Européenne
à travers le Projet d'appui à la mise en oeuvre du plan de
réforme des finances publiques s'occupe particulièrement du volet
mise en place du CDMT. L'objectif de cet instrument est d'assurer une meilleure
allocation des ressources et de réorienter la gestion vers
l'utilité et la recherche de performance des dépenses
publiques.
Les premières années d'application ont
consisté en l'expérimentation de ces techniques
budgétaires. Des ministères pilotes134 ont
été identifié pour expérimenter les nouveaux
documents budgétaires qui devaient ensuite faire l'objet d'une
généralisation progressive. Mais cette affectation s'est
effectuée sans la transposition préalable des textes
communautaires initiant la gestion budgétaire et comptable axée
sur la performance notamment en ce qui concerne la loi de finances. En effet,
le cadre juridique d'élaboration, de présentation, de vote et
d'exécution des lois de finances était resté celui de
1959. Or, ce texte reposait, tant dans sa philosophie que dans les principes
133 FABIUS (L), ministre de l'économie des finances et
de l'industrie (France), intervention au sénat, projet de loi portant
réforme de l'ordonnance de 1959, jeudi 28 juin 2001
134 Ministère de la Santé et l'Hygiène
Publique (MSHP) et Ministère de la Lutte contre la Sida (MLS) et
Ministère de l'Education Nationale (MEN), Ministère de
l'Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle.
60
juridiques consacrés, sur une logique de budgets de
moyens dans laquelle la légitimité de la dépense est
appréhendée sous l'angle de la consommation des administrations
et services.
En outre, la Directive n° 01/2011/CM/UEMOA portant
régime financier des collectivités territoriales au sein de
l'UEMOA ne reprend pas à son compte les concepts de programme
budgétaire, d'évaluation de performance, de projet de
performance, de rapport de performance. En clair, les collectivités
territoriales sont formellement hors du champ de la gestion performante des
budgets publics. Ce qui semble en contradiction avec les nouvelles perspectives
de la gestion financière publique.
Quoiqu'il en soit, une nouvelle dynamique a été
impulsée depuis l'adoption en 2014 des lois organiques et des quatre
décrets135 qui ont participé de la transposition dans
la législation nationale des normes communautaires de l'UEMOA relatives
à la gestion des finances publiques. Les autorités politiques
offrent ainsi un cadre plus appropriés à l'efficacité de
ces différentes reformes. Il ne saurait cependant y avoir une
modernisation de la gestion des finances publiques sans nivellement des
attitudes managériales des fonctionnaires et autres agents publics.
.
B) : L'absence de maitrise des nouvelles
méthodes budgétaires
La mise en cohérence du cadre juridique avec la
pratique déjà existante d'une démarche de performance par
les budgets-programmes n'épuisera toutefois pas le problème des
contraintes liées au changement du modèle de gestion
budgétaire. Les plus gros défis auxquels la Côte d'Ivoire
sera confrontée demeurent l'éternel problème des
capacités humaines, matérielles et techniques des administrations
publiques à conduire et mettre en oeuvre les innovations
budgétaires et comptables introduites par la démarche de gestion
par programmes.
135 Un décret portant Règlement
Général sur la Comptabilité Publique (RGCP) , un
décret portant création du Compte Unique du Trésor (CUT)
et délimitation de son champ , un décret portant Plan Comptable
de l'Etat (PCE) et un décret portant Tableau des Opérations
Financières de l'Etat (TOFE). Voir Communiqué du Conseil des
Ministres du Mercredi 09/07/2014 du Conseil des Ministres, p.3-4.
61
La saine gestion des affaires publiques n'a pas
été une préoccupation des plus cruciales au sens des
décideurs politiques ivoiriens. En effet la politique du
président Houphouët-Boigny fut paternaliste, soutenue par une
constitution qui concentrait tous les pouvoirs dans la personne du
président, par un système de parti unique et par une gestion
opaque et arbitraire des ressources économiques. Ce qui a
entrainé depuis lors une situation de "pagaille
financière"136, avec une trop grande liberté prise
vis-à-vis des textes qui forment la constitution financière, et
la quasi-absence de régulation par le droit. La propension courante des
gouvernants et des gestionnaires publics est de s'affranchir des contraintes et
balises du droit budgétaire et de la comptabilité publique.
Le second écueil que doit considérer la gestion
budgétaire axée sur la performance est la question de la
capacité des institutions publiques à conduire le program
budgeting. L'efficacité et l'efficience sont des buts dont
l'atteinte est liée à la capacité. Pour développer
et optimiser cette capacité d'action de l'État, les partenaires
européens au développement préconisent une série de
stratégies et d'actions dont la stimulation de la compétition au
sein de la fonction publique, le recrutement au mérite, la promotion
interne au mérite, des rémunérations satisfaisantes. Si la
fonction publique reste un immense service social, elle conduira avec peine une
réforme d'envergure comme la gestion budgétaire axée sur
la performance.
La vérité est que l'administration publique en
Côte d'Ivoire est encore largement une administration
pré-wébérienne. Elle manque d'être marquée au
sceau de la rationalité (légalité) et de
l'impersonnalité, comme le postule Max Weber. Or la gestion axée
sur les résultats situe l'administration publique et le management
public dans une perspective post-wébérienne. La question est de
savoir comment faire ce grand bond en avant.
Au-delà des difficultés d'appréhension
des formes et modalités d'intervention des bailleurs européens,
c'est la soumission des politiques budgétaires de l'État à
des
136 YONABA (S), "La difficile intégration des
règles budgétaires et comptables des Etats membres de l'Union
économique et monétaire ouest africaine (U.E.M.O.A.)", in
Revue Française de Finances Publiques, n° 79/2002 p. 231.
62
dispositifs de surveillance internationale, et la limitation
des marges de liberté qu'il faut souligner. Elles démontrent en
effet que la gestion des finances publiques dans notre pays reste encore
soumise aux mécanismes établis par les bailleurs.
63
CHAPITRE 2 : LES CONTRAINTES D'ORDRE POLITIQUE
Consécutivement à son accession à
l'indépendance la Côte d'Ivoire se laissera entrainer par
l'euphorie des stratégies de développement, prônant
l'omniprésence de l'État dans la sphère économique.
C'est dire que l'État se devait de se doter d'une administration
à la dimension du champ et de l'étendue des
responsabilités que le secteur public s'est vu ainsi conférer. Ce
trop d'État aura pour effet d'entrainer des politiques d'investissement
incontrôlées et l'inefficacité de l'économie
administrée.
Pour juguler cette crise, des programmes et mesures de
restructurations politique et économique seront mise en oeuvre, et
appuyés à travers la Facilité d'Ajustement
Structurelle137 et plus récemment la Facilité pour la
Réduction de la Pauvreté et la Croissance138. Ces
programmes menés en accord avec les institutions financières
internationales, reçoivent l'appui technique et financier de
l'UE139. Mais ces réformes entreprises dans le but de
soulager les finances publiques s'avéreront préjudiciables pour
le secteur public (section 1). En outre,
l'intérêt de plus en plus marqué pour la
démocratisation, la libéralisation économique sont apparus
comme autant de mutations majeures qui s'imposent de plus en plus pour
l'obtention de l'aide. L'État est ainsi pousser à
infléchir ses orientations politiques vers les schémas de bonne
gouvernance imposés de l'extérieur (section
2).
137 La FAS consistait en un octroi de financements
concessionnels par le FMI aux pays membres à faible revenu. Ces
prêts d'ajustement structurel ont été instaurés par
la Banque Mondiale en 1979 ; le premier sera accordé à la
Côte d'Ivoire en 1980.
138 Ce renforcement par la Facilité pour la
Réduction de la Pauvreté et la Croissance consistait, pour le
FMI, à mettre en place un guichet par lequel il pourrait accorder des
prêts assortit de faible taux d'intérêt aux pays à
faible revenu.
139 Cf. article 67 al 4 de l'Accord de Cotonou.
64
Section 1 : Les contraintes sur les acteurs et les
institutions
Les conditions requises pour l'obtention d'une aide à
l'ajustement de l'UE, sont celles arrêtées par les Institutions
Financières Internationales140. Les réformes
entreprises dans ce cadre ont pour objectifs essentiels: la rationalisation de
l'administration centrale, la maîtrise des dépenses publiques, le
renforcement des capacités des agents publics et la restructuration des
entreprises publiques . Cependant elles se sont accompagnées d'effets
négatifs aussi bien sur les entités (paragraphe 1)
que les acteurs du secteur public (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Des restructurations impromptues du secteur
public
Considérant les évolutions du secteur public en
Côte d'Ivoire, l'on se rend compte de l'impact qu'ont pu avoir les
exigences des bailleurs de fond141. Les réformes ont souvent
été menées dans l'urgence, et sans une réelle prise
en compte de leur portée à long terme. Elles s'articulent autour
de deux pôles principaux: les réformes institutionnelles
(A), et la réforme du secteur parapublic, avec
cependant un regard toujours présent porté aux
considérations d'ordre budgétaire et macroéconomique
(B).
A) : Des réformes institutionnelles
inadaptées
L'Economie ivoirienne est depuis bien des années
caractérisée par un niveau élevé de dépenses
publiques en considération des ressources disponibles. La croissance
140 Cf. article 64 al 1 & 4, et article 61 al 2 de
l'Accord de Cotonou.
141 JARRET (M-F) & MATHIEU (F.R) « Ajustement
structurel, croissance et répartition : l'exemple de la Côte
d'Ivoire » Tiers monde, tome XXXII, n°125, janvier-mars
1991.
65
des dépenses publiques a longtemps été un
des principaux moteurs de la croissance économique, tout en étant
à l'origine de déséquilibres de plus en plus difficile
à gérer142.
Au plan institutionnel, les réformes entreprises visent
pour l'essentiel la rationalisation de l'intervention de l'État et son
désengagement de certaines activités productives
présentant ou pouvant présenter un caractère marchand, la
responsabilisation des populations à la base. Ces réformes
couvrent un spectre assez large d'actions comprenant la redéfinition et
le recentrage des missions de l'État, la réorganisation et la
rationalisation des procédures de création des structures et la
déconcentration des services.
Le chantier de réforme du secteur des administrations
publiques ouvert depuis le début des années 1980,
prévoyait entre autres objectifs, une amélioration de
l'efficacité de l'Administration à travers une réduction
de ses coûts et un allègement de ses structures, la réforme
des organigrammes des ministères en tant que moyen permanent de
contrôle des structures des services publics, autrement dit, un
élément central de régulation pour maîtriser
l'évolution des structures. La réorganisation des structures
entreprise dans le cadre de ce programme s'est traduite par une
réduction à la fois du nombre de ministères, de la taille
des cabinets ministériels et du nombre de directions et de
sous-directions. Il était également prévu de privatiser un
certain nombre de structures de l'Administration centrale avec la
possibilité pour quelques-unes de bénéficier de la part de
l'État de contrats d'exclusivité pendant une durée
limitée, et ceci pour des raisons stratégiques.
En soi, cette volonté de restructuration de
l'administration était bien fondée et devait à terme
réduire les charges de l'État et rendre ses services plus
performants. Force est cependant de constater que, d'une manière
générale, l'acuité des difficultés
financières, l'urgence de maîtriser les dépenses publiques
et le grand cloisonnement qui a caractérisé la mise en oeuvre des
diverses réformes n'ont pas permis de développer de
véritables stratégies permettant d'améliorer
significativement le fonctionnement des services publics ainsi que la
qualité des services fournis aux usagers
142 JACQUEMOT (P), RAFFINOT (M), La nouvelle politique
économique en Afrique, Paris, EDICEF 1993. Les auteurs
développent les concepts de « trop d'Etat » et de «
faillite instrumental de l'Etat » Africain. P 283.
66
et de réduire de façon notable les coûts
de fonctionnement de l'appareil administratif. Pour le secteur parapublic qui
sera aussi touché par des réformes similaires, les mêmes
causes emporteront les mêmes effets.
B) : Un amenuisement du secteur parapublic aux effets
inattendus
Le secteur public est généralement perçu
comme se subdivisant en deux sous-secteurs, à savoir : celui des
administrations publiques et celui des sociétés
publiques143. L'ajustement vise également à
réformer les sociétés publiques par un
désengagement de l'État, et partant à réduire les
charges que fait peser le secteur parapublic sur le budget de l'État,
tout en cherchant à promouvoir l'initiative privée.
En effet, le secteur parapublic se caractérisait par un
nombre important d'entreprises publiques opérant dans diverses
sphères de l'activité économique144. Les
coûts de fonctionnement de ce secteur devenant de plus en plus
insupportables pour les finances publiques, le Gouvernement est amené
à mettre en oeuvre de multiples réformes avec pour objectifs de
réduire la taille du secteur parapublic par la privatisation ou la
liquidation d'entreprises. Les performances des entreprises du secteur doivent
aussi être améliorées. Et cela passe par une
restructuration et une rationalisation de leurs relations avec l'État,
ainsi que par l'adaptation des modalités de gestion et de contrôle
de ces entreprises.
Par rapport aux objectifs assignés au processus de
privatisation (objectifs d'allégement budgétaire, d'augmentation
de l'efficacité économique des entreprises et
d'amélioration du bien-être des populations), le bilan global est
plutôt mitigé. L'effet sur les finances publiques est relativement
modeste à court terme même s'il peut
143 Voir Manuel de statistiques de finances publiques 2001 /
Département des statistiques du FMI. [2e éd.]. pp. 817, dont
s'est largement inspiré la Directive n°08/2009/CM/UEMOA portant
nomenclature budgétaire de l'état au sein de l'UEMOA en ses
titres 2 & 3.
144 Il s'agit des secteurs du transport, de l'énergie,
du commerce, de l'agriculture, de l'élevage, de la santé, etc.
Voir rapport BIT, OUMAROU (M), juin 2009.
67
s'avérer bénéfique à plus long
terme lorsque les entreprises privatisées sont ou deviennent
bénéficiaires145.
Toutefois, les effets sociaux de ses restructurations sont
très importants. L'effet sur l'emploi et les salaires est plutôt
négatif au cours des années qui suivent la privatisation. Sur le
plan tarifaire, compte tenu des coûts de restructuration significatifs,
les privatisations se traduisent le plus souvent par des baisses d'effectifs et
des hausses de tarifs.
Ainsi de toutes les évaluations qui ont
été faites des privatisations du secteur parapublic en Côte
d'Ivoire, il ressort que le bilan est globalement mitigé au regard des
objectifs initiaux fixés et des vertus qui étaient
prêtées à la privatisation, à savoir:
allégement budgétaire par la réduction des subventions,
élargissement de l'assiette fiscale, amélioration de la
qualité des prestations et des conditions de vie des populations par une
amélioration de l'accès aux services et une baisse des tarifs.
En effet la nécessité des réformes ne
doit toutefois pas faire occulter leur adéquation avec les exigences du
contexte national. Il a été plus particulièrement
relevé que dans plusieurs cas, l'emploi a été
affecté. Un rapport de la Banque mondiale cité par le journal le
Monde146 relève que l'emploi a été la
première victime des transferts au secteur privé.
Paragraphe 2 : Une fonction publique sous pression
Les réformes entreprises pour restructurer le secteur
public n'ont pas permis de réaliser les économies
escomptées, dans des proportions suffisantes pour permettre le
rétablissement de l'équilibre financier. En outre, ces
réformes ont eu un impact sur l'emploi dans la fonction publique
(A), et le fonctionnement de l'administration
(B).
145 Impact positif sur les finances publiques à travers
fin des subventions, contribution au budget national via les dividendes et les
impôts.
146 Le Monde, 1er avril 2003.
68
A) : L'emploi dans la fonction publique de moins en
moins attrayant
Les mesures de réformes mises en oeuvre touchant
à la taille de l'administration publique et aux dépenses du
personnel ont eu des conséquences non seulement sur les
effectifs147 mais aussi sur la structure de la main d'oeuvre
employée.
D'abord, l'abandon de l'intégration systématique
des jeunes diplômés, le gel des recrutements et les diverses
mesures d'incitations aux départs de la Fonction publique
(départs volontaires, retraites anticipées, départs
négociés) ont entraîné une diminution à la
fois des effectifs du secteur public et de la part qu'occupe ce secteur dans
l'emploi au plan national. Autre phénomène induit par le gel des
recrutements, c'est une pyramide inversée des effectifs qui sont
composés en majorité des agents des catégories A et B. Le
vieillissement de la fonction publique et la pyramide des effectifs donnent une
masse salariale forte, autrement dit, produisent un effet contraire à
celui qui était recherché par les
réformes148.
Considéré jadis comme le principal pourvoyeur
d'emplois149, le secteur public offre aujourd'hui très peu de
débouchés, situation qui accentue la pression exercée sur
les autres secteurs. Les nouvelles générations vont au-devant de
sévères désillusions150 qui, si elles ne sont
pas corrigées, sont porteuses de tensions sociales majeures. Ces
ajustements doivent prendre deux directions. D'une part, il convient de faire
comprendre aux jeunes que le salariat n'est pas l'horizon indépassable
d'une trajectoire professionnelle réussie, et que le lien entre
formation universitaire et emploi public est définitivement
révolu.
147JACQUEMOT(P), RAFFINOT (M); La nouvelle
politique économique en Afrique, Paris, EDICEF 1993. P287.
148 . Voir, DIA (M), Pour une meilleure gouvernance comme
fondement de la réforme de la Fonction publique en Afrique au sud du
Sahara, Banque mondiale, 1993.
149 Voir la notion de L'État néo-patrimonial,
JACQUEMOT(P), RAFFINOT (M) op.cit. ; p.284.
150 - L'aide au sous-développement, RAULIN (H), RENAUD (E)
Presses Universitaires de France 1980.
69
Par ailleurs, on assiste de plus en plus à un mouvement
de «dé-fonctionnarisation»151 de l'emploi au sein
de la Fonction publique en raison du recours de plus en plus important à
de nouvelles catégories d'agents publics, recrutés sur contrat.
Si les tendances actuelles se poursuivent, les fonctions essentielles de
conception et d'encadrement risquent de souffrir d'un manque crucial de
personnel permanent, expérimenté. Ce changement d'attitude par
rapport au type d'emploi remet en cause progressivement mais sûrement le
principe sacro-saint de permanence et de stabilité de l'emploi sur
lequel est jusque-là conçue la fonction publique de
carrière héritée de la colonisation.
La pression sur les effectifs a contraint à envisager
des mesures plus drastiques (jugées plus sures) de réduction du
personnel. Par exemple, l'introduction en 1993 d'un régime de
départ à la retraite de fonctionnaires après 30 ans de
service. La régression du salaire minimum consécutive à la
mise en oeuvre de certaines mesures d'économie152 est souvent
assez élevée. En outre, la réduction du niveau de salaire
s'est accompagnée d'une évolution défavorable du taux
d'inflation153, accentuant ainsi la détérioration du
pouvoir d'achat des agents publics.
Les agents publics et d'une manière
générale, l'ensemble de la population, sont amenés
à faire face à des charges supplémentaires avec des moyens
plus réduits. La conjugaison de tous ces facteurs restreint les
possibilités d'accès aux services publics et contribue à
dégrader la qualité de la vie des agents de l'État et de
leurs familles. En plus, la réduction des effectifs et partant de la
masse salariale n'a pas souvent emporté les effets
escomptés154, pire même ces mesures ont parfois
contribuées à l'accroissement des dépenses publiques, du
fait des indemnités de licenciement.
151 Ibidem, Rapport Bureau international du travail -
Genève juin 2009, p.34 ; Voir aussi la notion de « péril de
la fonctionnarisation » développée par JACQUEMOT(P) &
RAFFINOT (M), in La nouvelle politique économique en Afrique, Paris,
EDICEF 1993. P. 284
152 Il s'agit du blocage des avancements et des reclassements,
gel des salaires, réduction d'indemnités, réduction du
salaire de base.
153 Hausse des prix continue et
généralisée, souvent causée par un accroissement
excessif des instruments de paiement (billets de banque, capitaux) et dont
l'une des conséquences peut être la dépréciation de
la monnaie. Le GRAND ROBERT de la langue française, version
numérique, Le Robert/ SEJERS 2005.
154 Un rapport sur les effets des PAS dans les États
membres de L'UEMOA que les réductions d'effectifs, ont enregistré
des augmentations de indemnités de licenciement qui ont
substantiellement grevé le budget, souvent excédant ou
égalant les économies à court terme obtenues grâce
à la réduction des effectifs. Voir, DIA (M), Pour une meilleure
gouvernance comme fondement de la réforme de la Fonction publique en
Afrique au sud du Sahara, Banque mondiale, 1993.
70
Au demeurant cette nouvelle donne n'a pas eu pour effet, que
du négatif même si le fonctionnement de l'administration en a
pâti.
B) : La difficile incorporation des méthodes de
gestion du secteur privé
Dans la mise en oeuvre des stratégies de
réduction du coût de fonctionnement du secteur public, il a
été sous-estimé l'importance de la corrélation
entre les conditions de travail, la motivation et la productivité. Se
faisant, c'est aux principes de base même sous-tendant la motivation du
personnel dans toute organisation que ces réformes se sont
progressivement attaquées. En effet, il est reconnu que l'existence
d'une atmosphère de confiance entre l'État et son personnel est
un déterminant essentiel de la motivation. L'on constate
malheureusement, que la mise en oeuvre conjuguée et
répétitive de diverses mesures d'économies155
et le désarroi que cela a installé au sein du personnel, ont fini
par créer un sentiment de culpabilité voire d'inutilité
chez la plupart des agents publics, qui se considèrent alors comme
étant la source principale des difficultés financières
auxquelles l'État se trouve confronté.
A cette situation s'ajoutent les conséquences du
processus de contractualisation de certains emplois publics (enseignement et
santé), qui rompent fondamentalement avec la tradition de
sécurité qui caractérise l'emploi dans la Fonction
publique, et renforcent la dynamique de précarisation. Ainsi, à
la différence des fonctionnaires titulaires embauchés
pratiquement «à vie», les agents contractuels sont
recrutés sur contrat156, pour une période renouvelable
sous certaines conditions, d'où le caractère aléatoire et
précaire du renouvellement du contrat de travail, l'absence d'une
perspective claire de carrière pour certains et le besoin de
sécurité.
155 Faut entendre par là, la réduction des
salaires, pointages et contrôles des effectifs, départs
volontaires, retraites d'office etc.
156 le processus de leur détermination du contrat
laisse très peu de place à la négociation collective. Par
exemple, le type de contrat liant l'agent contractuel à l'État
est un contrat d'adhésion qui définit à l'avance le niveau
de classification catégorielle, le salaire ainsi que les droits et les
obligations reconnus, sans une véritable participation de l'agent
contractuel à la détermination des conditions de son emploi.
71
D'autres agents n'hésitent plus à
démissionner de la Fonction publique. Nombreux sont aussi les
diplômés qui nouvellement arrivés sur le marché du
travail, évitent d'intégrer la fonction publique, privant ainsi
cette institution de chance de se doter de cadres techniquement
compétents car mieux formés. La Fonction publique cesse ainsi de
constituer la référence qu'elle était dans le parcours
professionnel de nombreuses personnes. Avec toutes les incertitudes qui
caractérisent l'emploi public, le personnel ne peut se sentir en
confiance et donner le meilleur de lui-même dans l'accomplissement des
tâches qui lui sont assignées.
Par ailleurs, certaines réformes instituent une
discrimination en matière de rémunération et de promotion
du personnel et contribuent à rompre l'égalité entre les
agents publics157. Des salaires trop bas et
l'inégalité dans la politique de rémunération
émoussent la motivation du personnel, et conséquemment,
affaiblissent les capacités de l'Administration à retenir les
agents à leurs postes. Ces facteurs influent aussi négativement
sur le dévouement de ceux qui y restent dans l'accomplissement de leurs
missions et empêchent l'accumulation par ces derniers de
l'expérience professionnelle nécessaire à
l'amélioration de leurs performances.
Enfin, les conditions jugées non motivantes en
matière d'emploi et de rémunération sont à la base
de fréquents conflits sociaux entre l'État et ses
employés, ces derniers cherchant par tous les moyens à remettre
en cause les règles de gestion établies. Certains fonctionnaires
finissent même par développer, au niveau des différentes
administrations, des stratégies de survie et des comportements
contraires aux règles d'éthique et de déontologie du
service public notamment: des retards répétés, un manque
d'assiduité, un mauvais traitement des usagers des services publics, des
lenteurs et des négligences dans l'exécution des tâches, le
monnayage des prestations, la corruption, la concussion ainsi que le
détournement de pouvoirs et de moyens158.
157 Exemple dans le système éducatif ivoirien,
avec le décret 91-818 révisant les échelles de traitement
du corps enseignant et des corps du personnel de la recherche scientifique
recrutés au titre de l'année 1991-1992.
158 Voir le concept de sociologie administrative au sein des
État de l'Afrique de l'ouest développée par, MEDE (N),
« Réflexion sur le cadre harmonisé des finances publiques
dans l'espace UEMOA », Afrilex-2012, spécial Finances
publiques, p. 17-21.
72
Mais aujourd'hui plus que jamais, l'UE s'attache à
apporter son appui à des programmes et mesures d'ajustement qui soient
viables et qui tiennent compte des impératifs sociaux159.
Toutefois l'impact de ses exigences sur l'impulsion des politiques publiques
reste le même, ce qui entraine une fragilisation de la
souveraineté de l'État.
Section 2 : La fragilisation du pouvoir
étatique
Le débat autour des contraintes de l'APD n'a jamais
cessé depuis la mise en oeuvre des premiers « PAS ». Il va
provoquer par la suite un changement de politique160. Mais, ce
revirement terminologique utilisé par l'UE et les autres partenaires
financiers ne change pas les pratiques. L'utilisation d'expressions comme la
« réduction de la pauvreté » ou la « bonne
gouvernance » (paragraphe 2) est sans effet, en ce que le
contenu des politiques d'ajustement et des politiques structurelles reste le
même sur le fond. En pratique le partenariat pour le financement du
développement accorde une certaine hégémonie au bailleur
(paragraphe 1)
Paragraphe 1 : La souveraineté encadrée
La souveraineté s'analyse d'abord et surtout en terme
d'indépendance, c'est-à-dire qu'un État n'est
subordonné à aucun autre État ou à aucun groupe
d'États. L'indépendance est de façon irréfutable
l'aspect le plus important de la
159 « Le cadre financier pluriannuel de
coopération au titre du présent accord apporte un appui aux
réformes macroéconomiques et sectorielles mises en oeuvre par les
États ACP. Dans ce contexte, les parties veillent à ce que
l'ajustement soit économiquement viable, socialement et politiquement
supportable... » Voir article 67 al. 1 de l'accord de Cotonou.
160 En 1986, les PAS sont remplacés par des
Facilités d'Ajustement structurel (FAS), ce mécanisme est
fondé sur les remboursements attendus du fond. C'est une aide
concessionnelle aux programmes d'ajustement structurel à moyen terme
entrepris par les pays à faible revenus ; puis par des Facilités
d'Ajustement Structurel Renforcées (FASR) en 1987 (Ce nouveau
mécanisme possède les mêmes objectifs, les mêmes
procédures et les mêmes conditions financières que le FAS.
Mais, l'accès et les ressources disponibles sont élargis. Les
tirages s'appuient sur un programme cadre de politique économique
à moyen terme élaboré avec l'aide du FMI et de la BM). Et
en 1999, le FASR devient la Facilité pour la Réduction de la
Pauvreté et la Croissance (FRPC).
73
souveraineté. Cette situation a pour corollaire la
non-intervention161 dans les affaires intérieures et
extérieures des États. Si les États proclament leur
attachement à ce principe, sa teneur n'est pas le même selon qu'il
s'agit de grandes puissances, de moyennes ou des « sans voix ». En
effet, un État comme la Cote d'Ivoire, n'a plus l'exclusivité de
l'orientation et de l'utilisation (A) des flux financiers
reçu de ses partenaires européens du fait des pratiques de
conditionnalité (B).
A) : La dépendance structurelle
La souveraineté se scinde en deux à savoir la
souveraineté de l'État dite extérieure162 qui
consiste à affirmer que l'État est affranchi de toute
subordination de quelque nature, qu'elle soit vis-à-vis de n'importe
quel autre pouvoir et porte dans une large mesure, la marque de l'époque
à laquelle elle a été formulée.
L'Indépendance n'était pas seulement une préoccupation
pour les pays qui sortaient du joug de la colonisation.
Au XVI° siècle, il s'agissait par exemple pour le
royaume de France d'affirmer la suprématie du roi sur les grands
feudataires, en un mot de récuser la conception patrimoniale du pouvoir
ainsi que l'Indépendance de la couronne vis-à-vis du Saint
Siège et du Saint-Empire romain germanique. Cette indépendance de
la France à l'égard de tout pouvoir étranger est
affirmée dans deux brocards hérités des légistes :
« le roi ne tient sa couronne que de Dieu seul ; le roi est empereur
en son royaume, et la souveraineté dans l'État, ou
intérieure 163 ».
161La Cour internationale de justice (CIJ) a
affirmé dans une importante jurisprudence qu'il s'agit d'un principe du
droit international coutumier (Affaire Nicaragua / États-Unis,
arrêt du 27 Juin 1986. In RGDIP 1987, p.1159-1239) .Malgré toute
la place qu'il occupe dans la pratique internationale, ce principe de
non-intervention ne figure pas dans la Charte des Nations Unies que de
façon implicite.
162 Cette conception est dégagée par Jean Bodin,
en 1576 (De la République), établit une équivalence entre
souveraineté et indépendance absolue, dans la perspective romaine
de l'impérium ou de la summa potestas, que l'on peut traduire
par le pouvoir le plus élevé ou le commandement suprême
dans une société. Voir notamment, FABRE (G), Jean Bodin et le
droit de la République, Paris, l'Harmattan, 1989, p. 23-26.
163 Droits de législation, réglementation, de
justice, de police, de battre monnaie, de légation, de lever et
d'entretenir une armée d'accéder à la fonction publique et
celui de conférer la nationalité etc... Voir O. OURAGA cours de
droit constitutionnel, Abidjan, éditions ABC, 2009, p17.
74
Cependant, dans les relations internationales, la
souveraineté ne peut être comprise si on la considère dans
un sens unique. Elle désigne un pouvoir utile, sans principe
antérieur qui pourrait le nuancer, l'amender ou le surveiller. Elle est
donc indissociable de l'égalité entre les États
(égalité souveraine). La présence des autres étant
incontournable, chaque État est obligé de l'admettre et d'en
tirer les conséquences. C'est la condition du respect par les autres de
sa propre souveraineté et de son épanouissement164.
En Côte d'Ivoire, la situation de pauvreté ne
permet pas l'exercice effectif de la souveraineté sous cette couture.
L'appareil exécutif de l'État est généralement
contraint de satisfaire certaines exigences de l'UE et des autres partenaires
multilatéraux. En effet au moment même où l'UE proclame les
principes d'appropriation et d'alignement sur les politiques internes, la
majorité de ses appuis financiers à l'État ivoirien
réside dans une aide budgétaire qui est un aspect de l'ajustement
structurel. Elle est destinée aux rééquilibrages
macroéconomiques. Sa mise en place implique des réformes
économiques et institutionnelles auxquelles le donateur apporte son
approbation ou son assentiment. Elle implique en outre la réalisation de
certaines performances en matière de gestion des finances publiques.
L'UE devient en quelque sorte juge165 de performances, et de bonne
gouvernance de l'État ivoirien. Tout ceci a pour effet d'affaiblir le
principe de cogestion de l'aide, durement acquis au fil des négociations
antérieures. Le fait de sortir de la masse financière du cadre
financier pluriannuel un montant comme « tranche incitative à la
bonne gouvernance », est de nature à renforcer cette impression.
Pour ce qui est de l'aide bilatérale des État
européens, elle est souvent accordée parce que l'on attend une
contrepartie en faveur au pays donateur166. La motivation globale de
l'aide s'exprime en objectifs concrets de la politique économique des
pays industrialisés. L'octroi de l'APD est aussi teintée
d'influence politique qui se manifeste
164 GUILHAUDIS (J-F), Relations internationales
contemporaines, Paris, Litec, 2éme édition, 2005, pp. 46-47.
165KOULIBALY (M), alors Ministre ivoirien du budget du gouvernement
de transition de 2000, compare les consultations avec les représentants
du Conseil des ministres européens à un grand oral. In
Politique africaine n° 77 - mars 2000, pp 132-133.
166 KIRSCHEN (E.S), « Objectifs et
détermination de l'aide aux pays sous-développés »,
Cahiers Economiques de Bruxelles, n° 24, 1964, p. 456.
75
dans le dessein d'avoir le soutien diplomatique des pays
bénéficiaires, en leur accordant leur voix lors des votes au
niveau des organisations internationales. C'est une véritable guerre
politique, car elle donne l'occasion d'anéantir les marges de manoeuvre
des autres pays concurrents. Ce point est assimilable à la
théorie néolibéraliste167 des relations
internationales, par laquelle à travers l'aide publique au
développement les pays donateurs tentent de récompenser ou de
punir les pays bénéficiaires.
C'est ainsi que Jean François GUILHAUDIS notait
récemment : «Ceux qui ont des notions d'histoire des relations
internationales, se rappellent que peu de temps après la vague
d'Indépendances des années 1960, vint pour les nouveaux
États le temps des désillusions. Ils se croyaient devenus
souverains, indépendants et libres de disposer d'eux-mêmes et
découvraient qu'ils ne l'étaient. Cela les conduit à mener
un difficile combat pour la souveraineté vraie et une
égalité réelle. Même si la société
internationale et le droit international n'ont pas été
complètement sourds à ces appels pour que le droit devienne plus
réel, personne n'oserait dire que ce combat a été
gagné168 ». Ceci est d'autant plus vrai que la
dépendance reste avant tout financière.
B) : La dépendance financière
Pour le juriste, l'existence d'un État doit être
constatée par le fait que trois éléments cumulatifs soient
réunis à savoir, la population, le territoire et une
autorité politique souveraine. L'exercice de la souveraineté,
à ce stade, signifie que l'État est constitué et
traité en cette qualité lorsqu'il exerce, de manière
effective, sur la population rassemblée en un territoire
déterminé, une autorité politique exclusive. Autrement dit
la souveraineté implique la négation de toute entrave, de toute
subordination vis- à- vis d'un autre État, en dehors de
limitations librement consenties. Mais cette exclusivité du pouvoir
étatique, comme reconnue par les systèmes de droit
167 Selon cette théorie, les relations internationales
se caractérisent par un conflit tantôt ouvert tantôt
larvé entre les Etats dans lequel chacun tente d'accroître son
influence.
168 GUILHAUDIS (J-F), op. cit., p. 51.
76
constitutionnel, n'est que de façade, surtout en ce qui
concerne la conduite des politiques économiques et financière.
En effet depuis des décennies, les ressources normales
sont inférieures aux dépenses de la loi de finances, les
déficit s'installent et s'accroissent d'année en année.
L'Etat n'a d'autres choix que d'emprunter pour couvrir le déficit. En
2013 la loi de finances disposait que les tirages d'emprunts destinés
aux financements des investissements et aux appuis budgétaires sont
effectués dans le cadre des accords ou convention passés avec les
bailleurs de fonds. Substantiellement dépendant de l'assistance
financière extérieure, l'État ivoirien ne peut donc pas
s'affranchir des conditionnalités posées par les
différents bailleurs comme préalable à l'obtention de leur
aide.
La conditionnalité politique posée dans le cadre
de la coopération entre l'UE et la Côte d'Ivoire découle de
l'Accord de Cotonou. Il s'agit des éléments essentiels et de
l'élément fondamental de l'accord. Le respect des droits de
l'homme, de la démocratie et de l'État de droit, ainsi que la
bonne gestion des affaires publiques sont consacrés comme des
obligations auxquelles les partenaires ne peuvent se permettre de
déroger. Et si une partie considère qu'une autre a manqué
à une obligation concernant l'un des éléments essentiels,
elle peut, si des consultations en vue de rétablir la situation ont
échoué, prendre des mesures appropriées, en d'autres
termes: des sanctions, qui peuvent aller jusqu'à la suspension de la
coopération.
Cet épouvantail des sanctions peut susciter de telles
inquiétudes chez les partenaires de l'UE qu'il en fait presque oublier
que l'essentiel en la matière n'est pas la sanction, mais l'appui actif
aux évolutions dans la bonne direction. C'est-à-dire le soutien
des efforts de démocratisation, le renforcement de l'état de
droit, l'aide à la bonne gestion des affaires publiques. L'État
ivoirien se doit donc de calquer ses politiques publiques sur les
modèles et canaux de bonne gouvernance, promues par les
77
bailleurs, de peur de ne plus obtenir de leur part une manne
financière169 vitale à son fonctionnement.
Paragraphe 2 : l'instrumentalisation du concept de bonne
gouvernance
Les programmes quinquennaux de financement, établis
entre l'UE et la Côte d'Ivoire170, prévoient avec
récurrence, le renforcement de l'État et la consolidation de la
bonne gouvernance comme secteur stratégique d'intervention. Cependant le
concept de gouvernance ne fait pas l'unanimité en sciences sociales.
Affublée de qualificatifs bienveillants, la gouvernance et son champ
sémantique peuvent constituer une logorrhée pseudo moderniste au
service d'un discours intéressé et teinté
d'idéologie néolibérale171
(B). Son utilisation courante permet alors de se donner l'air
à la page tout en oblitérant les notions si peu gratifiantes pour
le public de gouvernement ou d'autorité publique
(A).
A) : L'émergence du concept de bonne gouvernance
politique
La bonne gouvernance va connaitre son âge d'or, dans un
monde changeant où les motifs sécuritaires sont sur le
déclin, consécutivement à la chute de l'URSS en 1991, et
les conséquences sont immédiates. En effet, la chute des
régimes d'Europe de l'est, mieux encore la médiatisation de la
déchéance des dictatures, dont les images de la mort du couple
CEAUCESCU ou encore la libération de l'emblématique prisonnier
politique Nelson MANDELA en Afrique du sud, ont marqué incontestablement
le début d'une
169 Rappelons que l'UE avait suspendu sa
coopération avec la Cote d'Ivoire à la suite de la crise
politico-militaire de 2002.
170 Voir le DSP, prévu, dans le cadre du
10ème FED, pp. 1 & 19 ; et le PIN du
11ème FED, p.6.
171 Cf. World Bank, 1992 : ce texte fondateur associe
étroitement la « la bonne gouvernance » à la
création d'un environnement favorable aux entreprises
internationales.
78
nouvelle page de l'histoire de l'humanité
imprimée par le triomphe de la pensée libérale et
démocratique.
A cette période en Côte d'Ivoire, le marasme
économique, l'arbitraire et la corruption ont donné lieu à
des organisations clandestines d'opposants au régime d'exception. Le
régime en place ne pouvaient plus contenir ces mouvements (dont certains
en exil) qui mettaient son autorité à rude épreuve. Dans
un contexte d'autoritarisme, où la "politique du ventre", la gestion
néo-patrimoniale172, et bien entendu le clientélisme,
constituent la norme. La crise économique s'analyse en un déclin
des capacités redistributives de l'État173, qui
affecte au premier chef les couches moyennes menacées par la fermeture
d'entreprises publiques et les compressions du personnel dans la fonction
publique, mais aussi la paysannerie dont les cours des produits de rente sont
en chute libre. La conjoncture de contestations souterraines a rendu plus
audible la portée174 du discours de la Baule, le discours
prononcé à l'occasion de la 16ème
conférence des chefs d'État de France et d'Afrique tenue du 16 au
21 juin 1990.
Ce sommet a contribué à précipiter le
processus démocratique déjà ouvert dans certains pays. Il
a selon Claude WAUTIER175 , forcé la main à certains
dirigeants africains qui hésitaient encore à franchir le pas de
la gouvernance démocratique. La conditionnalité
démocratique contre l'aide sera au coeur des politiques des
différents États de l'UE et en particulier de la France.
On pourrait analyser et interpréter cette recette sans
nul doute comme le message principal que François MITTERRAND avait voulu
faire passer à ses homologues africains en 1990 au sommet de la Baule.
La formule « aide française contre démocratie » devient
le mot clé de la coopération française. Mais, la
continuation de la politique africaine traditionnelle de la France a vite fait
d'aggraver les vicissitudes dans la mise
172 JACQUEMOT (P), RAFFINOT (M), La nouvelle politique
économique en Afrique, Paris, EDICEF 1993 p. 15.
173 Ibidem, p. 22.
174 L'on peut même faire le lien entre le discours de la
Baule de MITTERAND (F) et l'introduction du système multipartite en
Côte d'Ivoire en 1990.
175 WAUTIER (C), Quatre présidents et l'Afrique de
Gaule, Pompidou, Giscard d'Estaing, Mitterrand, Paris, Editions du Seuil,
1995, p. 717.
79
en oeuvre de la conditionnalité démocratique
dans ces dimensions positives et négatives. C'est au nom de la
démocratie que Paris et les dirigeants africains ont répondu au
coup par coup à cette problématique fastidieuse : «
comment démocratiser tout en évitant toute rupture du cordon
ombilical avec la France, considéré toujours comme une
mère porteuse et nourricière par les uns et les autres
»176. La chose démocratique n'est donc qu'un
accessoire, qui sert de façon détournée aux États
donateurs à faire croire à la prise en compte des aspirations des
populations. Car la primeur reste consacrée à la protection
d'intérêts stratégiques de nature feudataire.
B) : Le détournement de la bonne gouvernance
à des fins commerciales
La politique au sens large, ne se résume pas uniquement
à des phénomènes de pouvoir (« pouvoir de » et
« pouvoir sur »), de domination (monopole de la violence
légitime, contrôle des corps et des esprits), de
légitimation ou d'idéologie, même si elle est aussi, et
parfois surtout, cela. Il s'agit en même temps de fonctionnement des
administrations, de mise en oeuvre de politiques publiques, et plus largement
de délivrance et de gestion de biens et services publics. La bonne
gouvernance promue par le partenariat UE-Côte d'Ivoire vise à
atténuer le monopole étatique et à asseoir des concepts
comme la transparence de l'action publique, le contrôle de la corruption,
le libre fonctionnement des marchés, la démocratie et
l'État de droit.
Les bonnes politiques économiques sont dans ce
sens,177 définies en rapport avec la mise en oeuvre d'une
politique d'ouverture commerciale. L'ouverture d'un pays au commerce
international, étant considérée comme un gage de
progrès économique. À contrario une mauvaise politique
économique, se situerait aux antipodes des concepts
susmentionnés, elle est l'apanage de l'état interventionniste et
prône l'omniprésence de l'État dans la sphère
économique.
176 BERRAMDANE (A), « Le discours de la Baule et la
politique africaine », In, RJPIC, n° 3 septembre
-décembre 1999, pp. 248.
177 Voir la définition des objectifs du partenariat UE-ACP
: Article 1 paragraphe 4 de l'accord de Cotonou.
80
Ce concept faisait déjà son apparition en
Côte d'Ivoire à la fin des années 1990178, face
à la faillite du modèle de gestion interventionniste entrepris
depuis l'indépendance. Désormais, les bailleurs de fond se
montrent plus précis sur les conditionnalités entourant leur
aide, quand ils demandent, la flexibilité de l'emploi, la suppression
des monopoles et la favorisation de l'émergence d'acteurs non
gouvernementaux par la privatisation des entreprises publiques.
A l'analyse la gouvernance correspond alors, à un
nouveau processus de gouvernement, une nouvelle organisation du pouvoir ou une
nouvelle façon de gouverner la société179. La
gouvernance traduit également le fait que le gouvernement n'a plus le
monopole de la puissance légitime. C'est la remise en cause d'un
État omnipotent, par le fait qu'il y a l'existence d'autres institutions
et facteurs favorisant le maintien de l'ordre et participant à la
régulation socio-économique.
On assiste à une perte d'autorité des
gouvernants ou gouvernance de l'autorité 180 dans la mesure où
l'élaboration de politiques publiques passe par certains canaux
notamment des conditionnalités en ce qui concerne l'aide publique au
développement. Une attention toute particulière est aussi
accordée au « partenariat », de toute évidence un style
de gouvernement dans lequel les frontières entre les secteurs publics et
privés, et à l'intérieur de chacun de ces secteurs tendent
à s'estomper 181.
La concrétisation de la question de la bonne
gouvernance en Côte d'Ivoire suppose un choc, puisqu'elle
décrète la fin du monopole étatique dans la gestion des
affaires publiques (décentralisation, l'implication à part
entière ou non des opérateurs privés). La promotion de la
bonne gouvernance ne serait-elle pas alors la réédition d'un mode
de gouvernement déjà existant en Afrique si on se
réfère à l'époque précoloniale. On assiste
à la résurgence d'un ensemble de clivages qui avaient eu cours
lors de la période coloniale, les institutions sont tributaires de
l'histoire des sociétés. Car
178 Voir Rapport Banque mondiale, « Afrique subsaharienne
», 1989.
179Rhodes, 1996 cité par STOCKER (L), In,
« Cinq propositions pour une théorie de la gouvernance, Revue
Internationale des Sciences Sociales, n° 155, 1988.
180 FROGER(G), Gouvernance et développement
durable, Bale, Genève, Helbing et Lichtenhahn 2001, pp. 5-12.
181 STOCKER (L), op. cit. pp. 19-30.
81
très souvent, le phénomène de jonction
institutionnelle rend les reformes difficiles, puisque la
légitimité de nouvelles règles s'enchevêtre avec
celles déjà existantes sans pour autant les
annuler182.
Le concept risque d'accoucher l'effet contraire, le processus
d'appropriation risque fort d'être affecté par la cohorte de
conditionnalités de l'aide et la faiblesse des capacités
institutionnelles, engendrant des politiques qui ne tiennent pas pleinement
compte des vocations nationales et locales. Ces politiques jugées
adéquates par les partenaires européens, vont dans le sens des
reformes proches ou identiques de celles déjà
développées, ce qui conduit à une ingérence accrue
de leur part.
182JACOB (J-P), La décentralisation comme
distance : réflexion sur la mise en place des collectivités
territoriales en milieu rural ouest-africain, Politique Africaine,
n° 71, pp. 133-147.
82
Conclusion
En se basant principalement sur les rapports entre les
politiques d'aide des partenaires publics européens et la gestion des
finances publiques en Côte d' Ivoire, il ressort que l'APD influence le
système de gestion des finances publiques. L'influence immédiate
est sa contribution au financement du développement et au
rétablissement de la discipline des comptes publics.
Outre cet effet stabilisateur, la politique d'aide de l'UE et
ses États membres contribue à l'amélioration de la
qualité de la gestion. Les canaux et instruments internationaux de
gestion définis par les organismes d'aide, notamment les
standards de bonne gouvernance, véhiculés par la
conditionnalité, devraient permettre à l'État ivoirien
d'améliorer son système de gestion des finances publiques.
Cette modalité d'influence sur le système de
gestion s'est observée avec l'orientation de la conditionnalité
vers l'efficacité et la performance de l'aide, imposée aux
États ACP par le partenariat pour le financement du développement
avec l'UE. La conditionnalité des organismes d'aide a été
ainsi l'un des vecteurs juridiques de la réorientation du modèle
de gestion budgétaire ivoirien vers la logique de performance et de
résultats, avant qu'elle ne soit formalisée par le nouveau cadre
harmonisé de gestion des finances publiques ( UEMOA, 2009), puis par la
nouvelle LOLF et la loi organique portant code de transparence dans la gestion
des finances publiques.
Cet intérêt de l'aide des partenaires
européens, ne doit pas pour autant saper les effets néfastes et
même désastreux qu'elle a engendrés. Hormis la dimension
sociale, l'accumulation des flux d'aide non remboursés engendre un
endettement dont le service de remboursement compromet la viabilité des
finances publiques. Les contraintes des nouvelles techniques budgétaires
existent aussi sur les acteurs nationaux de la gestion des affaires publiques.
Au point où on peut se demander
83
s'ils sont réellement libres de décider: un pays
bénéficiaire de l'APD n'a-t-il pas perdu tout ou partie de sa
souveraineté ?
La question qui se pose véritablement à propos
de l'aide est donc celle de la dépendance. C'est la dépendance
à l'APD qui engendre les effets décrits ci-dessus. Malgré
les critiques dont elle fait l'objet, l'État ivoirien serait-il en
mesure se passer de l'APD ?
84
ANNEXES
85
ANNEXE 1 :
CHAPITRE 1 DE L'ANNEXE IV DE L'ACCORD DE COTONOU
RELATIVE AUX PROCÉDURES DE MISE EN OEUVRE ET DE GESTION DU CADRE
FINANCIER PLURIANNUEL DE COOPÉRATION
CHAPITRE 1
PROGRAMMATION (NATIONALE)
ARTICLE PREMIER
Les actions financées par des subventions dans le cadre
du présent accord doivent être programmées au début
de la période couverte par le cadre financier pluriannuel de
coopération.
La programmation se fondera sur les principes d'appropriation,
d'alignement, de coordination et d'harmonisation entre donateurs, la gestion
axée sur les résultats en matière de développement
et la responsabilité mutuelle.
À cet effet, on entend par «programmation»:
a) la préparation et le développement des
documents de stratégie (DS) par pays, régionale ou intra-ACP
fondés sur leurs propres objectifs et stratégies de
développement à moyen terme, et tenant compte des principes de
programmation conjointe et de répartition du travail entre donateurs,
qui doivent être, dans la mesure du possible, un pays partenaire ou un
processus régional;
b) une indication claire par la Communauté de
l'enveloppe financière programmable indicative dont le pays, la
région ou la coopération intra-ACP peut disposer au cours de la
période couverte par le cadre financier pluriannuel de
coopération au titre du présent accord, ainsi que toute autre
information utile, y compris une provision éventuelle pour les besoins
imprévus;
c) la préparation et l'adoption d'un programme
indicatif pour mettre en oeuvre le document de stratégie, en tenant
compte des engagements d'autres donateurs et, en particulier, de ceux des
États membres de l'UE; et
d) un processus de réexamen portant sur le DS, le
programme indicatif et le volume des ressources qui y sont affectées.
ARTICLE 2
Document de stratégie par pays
Le document de stratégie par pays (DSP) est
préparé par l'État ACP concerné et l'UE. Il
s'appuie sur les consultations préliminaires avec un large
éventail d'acteurs, dont notamment les acteurs non étatiques, les
autorités locales et, le cas échéant, les parlements des
États ACP, ainsi que sur l'expérience acquise et les meilleures
pratiques. Chaque DSP doit être adapté aux besoins et
répondre à la situation spécifique de l'État ACP
concerné. Le DSP est un instrument qui doit permettre de définir
les actions prioritaires et de renforcer l'appropriation des
86
programmes de coopération. Toute divergence entre
l'analyse du pays et celle de la Communauté est notée. Le DSP
comporte les éléments types suivants:
a) une analyse du contexte politique, économique,
social et environnemental du pays, des contraintes, des capacités et des
perspectives, y compris une évaluation des besoins essentiels sur la
base du revenu par habitant, de l'importance de la population, des indicateurs
sociaux et de la vulnérabilité;
b) un descriptif détaillé de la
stratégie de développement à moyen terme du pays, des
priorités clairement définies et des besoins de financement
prévus;
c) une description des plans et actions d'autres donateurs
présents dans le pays, notamment ceux des États membres de l'UE
en leur qualité de donateurs bilatéraux;
d) les stratégies de réponse, détaillant
la contribution spécifique que l'UE peut apporter, et permettant dans la
mesure du possible une complémentarité avec les opérations
financées par l'État ACP lui-même et par d'autres donateurs
présents dans le pays; et
e) une indication des mécanismes de soutien et de mise
en oeuvre les plus appropriés des stratégies
susmentionnées.
ARTICLE 3
Allocation des ressources
1. L'allocation des ressources indicatives entre les pays ACP
se fonde sur des critères standards, objectifs et transparents de
besoins et de performance. Dans ce cadre:
a) les besoins sont évalués sur la base de
critères concernant le revenu par habitant, l'importance de la
population, les indicateurs sociaux, le niveau d'endettement et la
vulnérabilité aux chocs exogènes. Un traitement
spécial est accordé aux États ACP les moins
développés, et la vulnérabilité des pays ACP
enclavés ou insulaires est dûment prise en considération.
En outre, il est tenu compte des difficultés particulières des
pays sortant de conflits et de catastrophes naturelles; et
b) les performances sont évaluées de
façon objective et transparente sur la base de critères
concernant la gouvernance, l'état d'avancement de la mise en oeuvre des
réformes institutionnelles, les performances du pays en matière
d'utilisation des ressources, la mise en oeuvre effective des opérations
en cours, l'atténuation ou la réduction de la pauvreté,
les progrès vers la réalisation des objectifs du
millénaire pour le développement, les mesures de
développement durable et les performances en matière de politique
macroéconomique et sectorielle.
2. Les ressources allouées se composent:
a) d'une enveloppe programmable
destinée au soutien macroéconomique, aux politiques sectorielles,
aux programmes et projets en appui des domaines de concentration ou non de
l'aide communautaire. Cette enveloppe programmable facilite la programmation
à long terme de l'aide communautaire pour le pays concerné. Cette
enveloppe ainsi que d'autres
87
ressources éventuelles de la Communauté servent
de base à la préparation du programme indicatif du pays
concerné; et
b) d'une allocation destinée à couvrir les
besoins imprévus tels que ceux visés aux articles 66 et 68, ainsi
qu'aux articles 72, 72a et 73 du présent accord et accessible aux
conditions prévues par ces articles, lorsqu'une telle aide ne peut pas
être financée sur le budget de l'Union.
3. Un dispositif sera mis en place sur la base de la
provision pour les besoins imprévus destinée aux pays qui, en
raison de circonstances exceptionnelles, ne peuvent avoir accès aux
ressources programmables normales.
4. Sans préjudice des dispositions de l'article 5,
paragraphe 7, de la présente annexe concernant les réexamens,
la Communauté peut augmenter l'enveloppe programmable du pays
concerné ou sa dotation pour les besoins imprévus, compte tenu de
nouveaux besoins ou de performances exceptionnelles:
a) les nouveaux besoins font référence aux
besoins qui peuvent résulter de circonstances exceptionnelles, telles
que les situations de crise et d'après-crise, ou de besoins
imprévus visés au paragraphe 2, point b); et b) la performance
exceptionnelle fait référence à une situation dans
laquelle, en dehors du réexamen à mi-parcours et en fin de
parcours, l'enveloppe programmable d'un pays est totalement engagée et
un financement additionnel du programme indicatif national peut être
absorbé sur la base de politiques efficaces de lutte contre la
pauvreté et d'une gestion financière saine.
ARTICLE 4
Préparation et adoption du programme indicatif
1. Dès qu'il a reçu les informations
mentionnées ci-dessus, chaque État ACP établit et soumet
à la Communauté un projet de programme indicatif, sur la base de
ses objectifs et priorités de développement et en
conformité avec ceux-ci, tels qu'ils sont définis dans le DSP. Le
projet de programme indicatif indique:
a) l'appui budgétaire général et/ou un
nombre limité de secteurs ou domaines sur lesquels l'aide doit se
concentrer;
b) les mesures et actions les plus appropriées pour la
réalisation des objectifs et cibles dans le ou les secteurs ou domaines
de concentration de l'aide;
c) les ressources éventuellement
réservées à un nombre limité de programmes et
projets s'inscrivant en dehors du ou des secteurs ou domaines de concentration
et/ou les grandes lignes de telles actions, ainsi que l'indication des
ressources à consacrer à chacun de ces éléments;
d) l'identification des types d'acteurs non étatiques
éligibles à un financement conformément aux
critères fixés par le Conseil des ministres, des ressources qui
leur sont attribuées et du type d'activités à soutenir,
qui doivent être de nature non lucrative;
e)
88
les propositions relatives à une participation
éventuelle aux programmes et projets régionaux; et
f) une provision éventuelle au titre de l'assurance
contre les réclamations éventuelles et pour couvrir les
dépassements de coûts et les dépenses imprévues.
2. Le projet de programme indicatif
comprend, le cas échéant, les ressources affectées au
renforcement des capacités humaines, matérielles
et institutionnelles des États ACP, nécessaires à la
préparation et à la mise en oeuvre des programmes indicatifs
nationaux, à la participation éventuelle aux programmes et
projets financés par les programmes indicatifs régionaux, et
à l'amélioration de la gestion du cycle des projets
d'investissement public des États ACP.
3. Le projet de programme indicatif fait
l'objet d'un échange de vues entre l'État ACP
concerné et la Communauté. Il est adopté
d'un commun accord par la Commission au nom de la Communauté et de
l'État ACP concerné. Il engage tant la Communauté que
l'État concerné lorsqu'il est adopté. Ce programme
indicatif est joint au DSP et contient en outre:
a) une indication des opérations spécifiques et
clairement identifiées, particulièrement celles qui peuvent
être engagées avant le réexamen suivant;
b) un calendrier indicatif pour l'exécution et le
réexamen du programme indicatif, concernant notamment les engagements et
les déboursements; et
c) des critères orientés vers les
résultats pour les réexamens.
4. La Communauté et l'État ACP
concerné prennent toutes les mesures nécessaires pour
que le processus de programmation soit achevé dans les
meilleurs délais et, sauf circonstances exceptionnelles, dans les douze
mois suivant l'adoption du cadre financier pluriannuel de coopération.
Dans ce contexte, la préparation du DSP et du programme indicatif doit
faire partie d'un processus continu conduisant à l'adoption d'un
document unique.
5. Quand un État ACP est
confronté à une situation de crise résultant d'une guerre
ou d'un
autre conflit ou de circonstances extraordinaires ayant un
effet comparable empêchant l'ordonnateur national d'exercer ses
fonctions, la Commission peut utiliser et gérer elle-même les
ressources allouées à cet État conformément
à l'article 3, pour des appuis particuliers. Ces appuis particuliers
pourront concerner des politiques en faveur de la paix, la gestion et
résolution des conflits, l'appui post-conflit, y compris le renforcement
institutionnel et les activités de développement
économique et social, en tenant compte, notamment, des besoins des
populations les plus vulnérables. La Commission et l'État ACP
concerné reviennent à la mise en oeuvre et aux procédures
de gestion normales dès que la capacité des autorités
compétentes à gérer la coopération est
rétablie.
ARTICLE 5
Processus de revue
1. La coopération financière entre l'État
ACP et la Communauté doit être suffisamment souple pour assurer
l'adéquation permanente des actions aux objectifs du présent
accord et pour tenir
89
compte des modifications pouvant survenir dans la situation
économique, les priorités et les objectifs de l'État ACP
concerné. Dans ce contexte, l'ordonnateur national et la Commission:
a) procèdent annuellement à une revue
opérationnelle du programme indicatif; et
b) procèdent, à mi-parcours et à la fin,
à une revue de la stratégie de coopération (SC) et du
programme indicatif, compte tenu des besoins actualisés et des
performances.
2. Dans les circonstances exceptionnelles visées à
l'article 3, paragraphe 4, un réexamen ad hoc peut être
réalisé à la demande de l'une ou l'autre partie afin de
prendre en considération les nouveaux besoins ou la performance
exceptionnelle.
3. L'ordonnateur national et la Commission:
a) prennent toutes les mesures nécessaires pour
garantir le respect des dispositions du programme indicatif et notamment pour
faire en sorte que le calendrier des engagements et des décaissements
convenu lors de la programmation soit respecté; et
b) déterminent les causes des retards dans la mise en
oeuvre et proposent des mesures appropriées pour y remédier.
4. Les réexamens opérationnels annuels à
mi-parcours et en fin de parcours du programme indicatif consistent en une
évaluation conjointe de la mise en oeuvre du programme et prennent en
considération les résultats des activités correspondantes
de suivi et d'évaluation. Ces réexamens sont effectués
localement et doivent être finalisés par l'ordonnateur national et
la Commission en consultation avec les parties prenantes concernées, y
compris les autorités et les acteurs non étatiques locaux et, le
cas échéant, les parlements des États ACP. Ils comportent
notamment une évaluation:
a) des résultats obtenus dans le ou les domaines de
concentration mesurés par rapport aux objectifs et aux indicateurs
d'impact identifiés ainsi qu'aux engagements en matière de
politique sectorielle;
b) des programmes et projets s'inscrivant en dehors du ou des
domaines de concentration;
c) de l'utilisation des ressources réservées
pour des acteurs non étatiques;
d) de l'efficacité de la mise en oeuvre des
opérations en cours et de la mesure dans laquelle le calendrier des
engagements et paiements a été respecté; et
e) d'une prolongation de la perspective de
programmation pour les années suivantes.
5. La Commission soumet une fois par an au
comité ACP-CE de coopération pour le
financement du développement un rapport de
synthèse sur les conclusions du réexamen opérationnel
annuel. Le comité examine ce rapport dans le cadre de ses
compétences et de ses attributions prévues par le présent
accord.
90
6. Sur la base de ces réexamens opérationnels
annuels, l'ordonnateur national et la
Commission peuvent, à l'occasion des réexamens
à mi-parcours et en fin de parcours, revoir et adapter le DSP:
a) lorsque les réexamens opérationnels
révèlent des problèmes spécifiques; et/ou
b) sur la base d'une évolution de la situation dans un
État ACP.
Une modification du DSP peut également être
décidée dans le cadre du réexamen ad hoc prévu au
paragraphe 2.
Le réexamen final peut également prévoir
des adaptations pour le nouveau cadre financier pluriannuel de
coopération, en ce qui concerne tant l'allocation des ressources que la
préparation du programme suivant.
7. Après avoir effectué les réexamens
à mi-parcours et en fin de parcours, la Commission, au nom de la
Communauté, peut augmenter ou réduire la dotation d'un pays
compte tenu des besoins actualisés et des performances de l'État
ACP concerné.
À la suite d'un réexamen ad hoc prévu au
paragraphe 2, la Commission, au nom de la Communauté, peut
également augmenter la dotation d'un pays compte tenu des besoins
nouveaux ou de la performance exceptionnelle de l'État ACP
concerné, comme le prévoit l'article 3, paragraphe 4.
91
ANNEXE 2 :
CODE DE BONNES PRATIQUES EN MATIÈRE DE TRANSPARENCE DES
FINANCES PUBLIQUES (2007)
DÉFINITION CLAIRE DES ATTRIBUTIONS ET DES
RESPONSABILITÉS
1.1 Le secteur de l'administration publique doit
être distinct du reste du secteur public
et du reste de l'économie, et la
répartition des attributions au sein du secteur public en matière
de décision et de gestion doit être claire et rendue
publique.
1.1.1 La structure et les fonctions de l'administration publique
doivent être claires.
1.1.2 Les prérogatives des pouvoirs exécutif,
législatif et judiciaire en matière de finances publiques doivent
être bien définies.
1.1.3 La répartition des compétences entre les
différents échelons de l'administration publique, et leurs
relations entre eux, doivent être clairement spécifiées.
1.1.4 Les relations entre l'administration publique et les
sociétés publiques doivent être régies par des
dispositions claires.
1.1.5 Les relations entre l'administration publique et le
secteur privé doivent être menées de manière ouverte
et en suivant des règles et des procédures claires.
1.2 La gestion des finances publiques doit s'inscrire
dans un cadre juridique,
réglementaire et administratif clair et
ouvert.
1.2.1 La mobilisation, l'engagement et l'emploi des fonds
publics doivent être régis par une législation, une
réglementation et des procédures administratives exhaustives en
ce qui a trait au budget, à la fiscalité et aux autres domaines
des finances publiques.
1.2.2 La législation et la réglementation
liées à la mobilisation des recettes fiscales et non fiscales et
les critères qui régissent la marge de manoeuvre administrative
pour leur application doivent être aisément accessibles, clairs et
compréhensibles. Les appels liés aux obligations fiscales et non
fiscales doivent être examinés dans des délais
opportuns.
1.2.3 Il faut accorder des délais suffisants aux
consultations sur les projets de loi et d'amendement réglementaire et,
dans la mesure du possible, sur les changements plus vastes de politique
économique.
1.2.4 Les dispositions contractuelles convenues entre
l'administration publique et les entités publiques ou privées, y
compris les entreprises d'exploitation de ressources naturelles et les
exploitants de concessions publiques, doivent être claires et à la
disposition du public.
1.2.5 La gestion des engagements et des actifs publics, y
compris la concession de droits d'utilisation ou d'exploitation d'actifs
publics, doit s'appuyer sur des bases juridiques explicites.
PROCESSUS BUDGÉTAIRES OUVERTS
2.1 La préparation du budget doit suivre un
calendrier établi et obéir à des objectifs
de politique budgétaire et macroéconomique
bien définis.
92
2.1.1 Il faut établir un calendrier budgétaire
et y adhérer. Il faut prévoir des délais suffisants pour
permettre aux autorités législatives d'examiner le projet de loi
de finances.
2.1.2 Le budget annuel doit être réaliste et
être préparé et présenté dans un cadre global
de politique macroéconomique et budgétaire à moyen terme.
Les objectifs budgétaires et les règles budgétaires
éventuelles doivent être clairement énoncés et
expliqués.
2.1.3 Une description des principales mesures de
dépenses et de recettes doit être fournie, en précisant
leur contribution aux objectifs de politique économique. Des estimations
doivent également être données sur leur incidence
budgétaire présente et future et sur leurs répercussions
économiques plus générales.
2.1.4 La documentation budgétaire doit comprendre une
évaluation de la viabilité du budget dans la durée. Les
principales hypothèses sur l'évolution de la situation et des
politiques économiques doivent être réalistes et clairement
énoncées, et elles doivent être accompagnées des
résultats d'une analyse de sensibilité.
2.1.5 Dans le cadre global de la politique budgétaire
il faut établir des mécanismes clairs de coordination et de
gestion des activités budgétaires et extrabudgétaires.
2.2 L'exécution, le suivi et l'information
budgétaires doivent faire l'objet de
procédures claires.
2.2.1 Le système comptable doit offrir des
repères fiables pour faire le suivi des recettes, des engagements, des
paiements, des arriérés, des passifs et des actifs.
2.2.2 Un rapport de situation budgétaire doit
être soumis en temps opportun aux autorités législatives en
milieu d'exercice, et des mises à jour plus fréquentes, au moins
trimestrielles, doivent être publiées.
2.2.3 Dans le courant de l'exercice, les propositions de
recettes et de dépenses supplémentaires doivent être
présentées aux autorités législatives selon des
modalités conformes à la présentation du budget
initial.
2.2.4 Les comptes définitifs audités et les
rapports d'audit, y compris les rapprochements avec le budget approuvé,
doivent être présentés aux autorités
législatives et publiés dans un délai d'un an.
ACCÈS DU PUBLIC À L'INFORMATION
3.1 Le public doit être pleinement informé
de l'activité financière passée, présente
et
prévue et des principaux risques
financiers.
3.1.1 La documentation budgétaire, y compris les
comptes définitifs et les autres rapports sur les finances publiques
publiés doivent couvrir l'ensemble des activités
budgétaires et extrabudgétaires de l'administration centrale.
3.1.2 Des informations comparables à celles qui ont
trait au budget de l'année en cours doivent être fournies sur
l'exécution des budgets des deux exercices précédents au
moins; doivent également être fournies des prévisions sur
les principaux agrégats budgétaires, et les résultats
d'une analyse de sensibilité y afférente pour, au moins, les deux
exercices suivant le budget de l'année en cours.
3.1.3 Des états décrivant la nature et les
conséquences budgétaires des dépenses fiscales, des
éléments de passif éventuels, et des activités
quasi-budgétaires de l'administration
93
centrale doivent faire partie de la documentation
budgétaire, au même titre qu'une évaluation des tous les
autres principaux risques financiers.
3.1.4 Le produit des principales sources de recettes, y
compris celles liées aux activités de mise en valeur des
ressources naturelles et l'assistance extérieure, doit apparaître
séparément dans la présentation du budget annuel.
3.1.5 L'administration centrale doit publier des
renseignements sur le niveau et la composition de son endettement et de ses
actifs financiers, de ses principales obligations non liées à la
dette (dont droits acquis par les retraités, garanties accordées
et autres obligations contractuelles) et de ses avoirs en ressources
naturelles.
3.1.6 La documentation budgétaire doit rendre compte de
la situation budgétaire des collectivités territoriales et des
finances des sociétés publiques.
3.1.7 L'administration publique doit publier un rapport
périodique sur les finances publiques à long terme.
3.2 Les informations financières doivent
être présentées de manière à satisfaire
aux
besoins de l'analyse des politiques et à
promouvoir la responsabilisation.
3.2.1 Un guide synoptique budgétaire clair et simple
doit être amplement diffusé à l'occasion du budget
annuel.
3.2.2 Les données financières doivent être
présentées sur une base brute, en distinguant les recettes, les
dépenses et le financement, avec une ventilation économique,
fonctionnelle et administrative des dépenses.
3.2.3 Le solde global et l'endettement brut de
l'administration publique, ou leur équivalent en droits
constatés, doivent être des indicateurs récapitulatifs
standards de sa situation financière. D'autres indicateurs
budgétaires, dont le solde primaire, le solde du secteur public et
l'endettement net, doivent être présentés, le cas
échéant, à titre complémentaire.
3.2.4 Une comparaison des résultats et des objectifs
des principaux programmes budgétaires doit être communiquée
aux autorités législatives chaque année.
3.3 L'engagement doit être pris de diffuser en
temps voulu des informations sur les
finances publiques.
3.3.1 La publication, dans des délais opportuns,
d'informations sur les finances publiques doit être une obligation
légale de l'administration publique.
3.3.2 Le calendrier de diffusion des informations sur les
finances publiques doit être annoncé à l'avance et
respecté.
GARANTIE D'INTÉGRITÉ
4.1 Les données budgétaires doivent
être conformes aux normes de qualité reconnues.
4.1.1 Les prévisions budgétaires et les
données actualisées doivent rendre compte des tendances
récentes d'évolution des recettes et des dépenses, des
courants macroéconomiques sous-jacents et des engagements bien
précis des pouvoirs publics.
94
4.1.2 Le budget annuel et les comptes définitifs
doivent préciser la base comptable utilisée pour
l'établissement et la présentation des données
financières. Les normes comptables généralement reconnues
doivent être suivies.
4.1.3 Les données des rapports budgétaires
doivent présenter une cohérence interne et elles doivent
être rapprochées des données pertinentes d'autres sources.
Les principales révisions aux données financières
historiques et tout changement apporté à la classification des
données doivent être expliqués.
4.2 Les activités financières doivent
être soumises à des sauvegardes et à un
contrôle
interne effectif.
4.2.1 Le comportement des agents de l'État doit
être régi par des règles déontologiques claires et
bien diffusées.
4.2.2 Les procédures et les conditions d'emploi dans la
fonction publique doivent être documentées et à la
disposition des parties intéressées.
4.2.3 La réglementation applicable aux passations de
marché doit être aux normes internationales et elle doit
être accessible et observée dans la pratique.
4.2.4 Les achats et les ventes de biens publics doivent
s'effectuer de manière ouverte, et les grandes transactions doivent
être signalées séparément.
4.2.5 Les activités et les finances de l'administration
publique doivent être soumises à un audit interne, et les
procédures d'audit doivent pouvoir être revues.
4.2.6 L'administration fiscale doit être
protégée par la loi de toute influence politique, elle doit
veiller au respect des droits des contribuables et elle doit rendre
publiquement compte de ses activités à intervalles
réguliers.
4.3 Les informations relatives aux finances publiques
doivent être soumises à un
examen extérieur.
4.3.1 Les finances publiques et les politiques mises oeuvre
doivent être soumises au contrôle d'une instance nationale d'audit
ou d'un organisme analogue indépendant du pouvoir exécutif.
4.3.2 L'instance nationale d'audit ou l'organisme analogue
doit présenter tous les rapports, y compris son rapport annuel, aux
autorités législatives et les rendre publics. Des
mécanismes doivent être établis pour le suivi des mesures
à entreprendre.
4.3.3 Des experts indépendants doivent être
invités à évaluer les prévisions
budgétaires, les prévisions macroéconomiques sur
lesquelles elles se fondent et les hypothèses sous-jacentes.
4.3.4 Un organisme national de statistique doit avoir un
statut d'institution indépendante pour vérifier la qualité
des données de finances publiques.
95
ANNEXE 3 :
Extrait de la Déclaration de Paris sur
l'efficacité de l'aide au développement
Appropriation, harmonisation, alignement,
résultats et responsabilité mutuelle Exposé des
résolutions
1. Nous, ministres de pays développés et de
pays en développement chargés de la promotion du
développement, et responsables d'organismes bilatéraux et
multilatéraux d'aide au développement, réunis à
Paris le 2 mars 2005, prenons la résolution de mener des actions
ambitieuses, se prêtant à un suivi, afin de réformer nos
modalités d'acheminement et de gestion de l'aide dans la perspective du
bilan après cinq ans, qui doit être effectué plus tard dans
l'année dans le cadre des Nations unies, de la mise en oeuvre de la
Déclaration du millénaire et des Objectifs du millénaire
pour le développement (OMD). Comme à Monterrey, nous
reconnaissons que si la réalisation de ces objectifs suppose un
accroissement des volumes d'aide et d'autres ressources affectées au
développement, une augmentation significative de l'efficacité de
l'aide est également nécessaire pour soutenir les efforts
déployés par les pays partenaires en vue de renforcer la
gouvernance et d'améliorer les résultats obtenus sur le front du
développement. Cela importera d'autant plus si les initiatives actuelles
et à venir conduisent à d'autres augmentations significatives de
l'aide.
2. Lors de ce Forum de haut niveau sur l'efficacité de
l'aide, nous sommes partis de la déclaration adoptée au Forum
de haut niveau sur l'harmonisation tenu à Rome (en février 2003)
et des principes-clés proposés à la Table ronde sur la
gestion axée sur les résultats en matière de
développement qui a eu lieu à Marrakech (en février 2004),
car nous estimons qu'ils augmenteront les effets de l'aide sur la
réduction de la pauvreté et des inégalités, la
consolidation de la croissance, le renforcement des capacités et
l'accélération des avancées vers les OMD.
Redoubler d'efforts pour accroître
l'efficacité de l'aide
3. Nous réaffirmons l'engagement que nous avons pris
à Rome d'oeuvrer à l'harmonisation et à l'alignement de
l'aide. Nous nous félicitons que de nombreux donneurs et pays
partenaires fassent de l'efficacité de l'aide une priorité
première et nous réaffirmons l'engagement que nous avons pris
d'accélérer les progrès liés à la mise en
oeuvre, en particulier dans les domaines suivants :
i. Renforcement des stratégies nationales de
développement des pays partenaires et des cadres opérationnels
correspondants (plans, budgets et cadres d'évaluation des performances,
par exemple).
ii. Alignement de l'aide sur les priorités,
systèmes et procédures des pays partenaires et soutien au
renforcement de leurs capacités.
iii. Renforcement des obligations mutuelles des donneurs et
des pays partenaires à l'égard des citoyens et des instances
parlementaires concernant leurs politiques et leurs stratégies de
développement, et les résultats obtenus.
iv.
96
Suppression des doubles emplois dans les efforts des donneurs
et rationalisation de leurs activités pour en optimiser la
rentabilité.
v. Réforme et simplification des politiques et
procédures des donneurs dans un sens qui encourage la collaboration et
l'alignement progressif sur les priorités, systèmes et
procédures des pays partenaires.
vi. Définition de mesures et de normes de performance
et de reddition de comptes pour les pays partenaires dans les domaines de la
gestion des finances publiques, de la passation des marchés, des
garanties fiduciaires et de l'évaluation environnementale,
conformément aux bonnes pratiques généralement
acceptées, et mise en application rapide et
généralisée de celles-ci.
4. Nous nous engageons à prendre des mesures
concrètes et efficaces pour lever les
obstacles qui subsistent, à savoir en particulier :
i. Les défaillances des institutions des pays
partenaires, qui les empêchent de mettre au point et d'appliquer des
stratégies nationales de développement axées sur les
résultats.
ii. L'incapacité des donneurs de fournir aux pays
partenaires des engagements pluriannuels qui amélioreraient la
prévisibilité des apports d'aide.
iii. La délégation insuffisante de pouvoir au
personnel de terrain des organismes donneurs et le manque d'incitations de
nature à favoriser des partenariats efficaces au service du
développement entre les donneurs et les pays partenaires.
iv. L'intégration insuffisante des initiatives et
programmes mondiaux dans les objectifs plus généraux de
développement des pays partenaires, y compris concernant des sujets
graves tels que le VIH/sida.
v. La corruption et l'absence de transparence, qui
hypothèquent l'adhésion de la population, représentent un
obstacle à la mobilisation et à l'affectation efficaces des
ressources et détournent des ressources d'activités essentielles
pour faire reculer la pauvreté et instaurer un développement
économique durable. Là où elle existe, la corruption
empêche les donneurs de s'appuyer sur les systèmes des pays
partenaires.
5. L'amélioration de l'efficacité de l'aide est
réalisable et nécessaire quelles que soient les
modalités de l'aide. Les donneurs doivent être
guidés dans leur choix des modalités de l'aide les plus efficaces
par les stratégies et les priorités de développement
définies par les pays partenaires. Nous nous efforcerons, à titre
individuel et collectif, de choisir et de concevoir des modalités
appropriées et complémentaires dans le but d'optimiser leur
efficacité globale.
6. Dans le prolongement de la présente
Déclaration, nous redoublerons d'efforts afin de
faire en sorte que l'aide au développement, y compris
les apports accrus promis à Monterrey, soient fournis et utilisés
selon des modalités propres à rationaliser la dispersion souvent
excessive des activités des donneurs menées aux niveaux local et
sectoriel.
S'adapter à des situations nationales
diverses
7. L'amélioration de l'efficacité de l'aide est
également nécessaire dans les situations
complexes soulevant des problèmes particuliers, comme
celle qui a résulté du tsunami qui a frappé les pays
bordant l'Océan Indien le 26 décembre 2004. Dans ces situations,
il y a lieu de
97
veiller à l'harmonisation de l'aide humanitaire et au
développement venue du monde entier, dans le respect des objectifs de
renforcement de la croissance et de réduction de la pauvreté des
pays partenaires. Dans les États fragiles, à l'occasion de nos
actions d'appui au renforcement des institutions et à la fourniture des
services essentiels, nous veillerons à ce que les principes
d'harmonisation, d'alignement et de gestion axée sur les
résultats soient adaptés aux environnements
caractérisés par la déficience des structures de
gouvernance et le manque de capacités. De manière
générale, nous accorderons une attention accrue à ces
situations complexes dans nos efforts d'amélioration de
l'efficacité de l'aide.
Préciser des indicateurs, un calendrier et des
objectifs-cibles
8. Nous reconnaissons que les réformes
préconisées dans la présente
Déclaration nécessiteront le soutien persistant des plus
hautes sphères politiques, une pression des pairs et une action
coordonnée aux niveaux mondial, régional et local. Nous nous
engageons à accélérer le rythme des changements
grâce à la mise en oeuvre, dans un esprit de responsabilité
mutuelle, des engagements de partenariat présentés dans la
Section II, et à mesurer les progrès accomplis à l'aune
des 12 indicateurs spécifiques dont nous sommes convenus ce jour et qui
figurent dans la section III de la présente Déclaration.
9. Nous convenons de la nécessité de fixer des
objectifs-cibles pour 2010 afin d'accélérer les
progrès. Ces objectifs-cibles, qui impliqueront des actions de la part
des donneurs comme des pays partenaires, sont conçus pour suivre et
encourager les progrès réalisés au niveau mondial par les
pays et organismes qui ont souscrit à la présente
Déclaration. Ils n'ont pas pour vocation de préjuger des
objectifs-cibles que les pays partenaires pourraient souhaiter définir
à titre individuel, ni de se substituer à eux. Nous sommes
convenus aujourd'hui de fixer cinq premiers objectifs-cibles sur la base des
indicateurs figurant dans la Section III. Nous sommes convenus également
de réexaminer ces premiers objectifs-cibles et d'adopter les objectifs
cibles correspondant aux autres indicateurs mentionnés dans la Section
III avant l'Assemblée générale des Nations unies de
septembre 2005. Nous demandons en conséquence à la structure
fondée sur un partenariat entre donneurs et pays partenaires
hébergée par le CAD d'engager de toute urgence les travaux
à cet effet. Nous nous félicitons par ailleurs des initiatives
mises en place par les pays partenaires et les donneurs en vue d'établir
leurs propres objectifs-cibles d'amélioration de l'efficacité de
l'aide dans le cadre des engagements de partenariat et des indicateurs
convenus. Un certain nombre de pays partenaires ont par exemple
présenté des plans d'action et un grand nombre de donneurs ont
annoncé de nouveaux engagements importants. Nous invitons tous les
participants qui souhaitent communiquer sur ces initiatives à fournir,
avant le 4 avril 2005, les informations correspondantes pour publication.
Contrôler et évaluer les progrès
dans la mise en oeuvre
10. Parce ce qu'il est impératif d'apporter la preuve
que des progrès tangibles sont réalisés sur le terrain,
nous procéderons, sous la conduite du pays partenaire, à une
évaluation périodique tant qualitative que quantitative de nos
progrès mutuels au niveau national dans la mise en oeuvre des
engagements convenus à l'appui de l'efficacité de l'aide. Dans ce
contexte, nous mettrons à profit les mécanismes appropriés
existant au niveau des pays.
11. Au niveau international, nous appelons la structure
fondée sur le partenariat entre donneurs et pays partenaires
hébergée par le CAD à élargir le nombre de pays
partenaires participant au processus et, d'ici la fin 2005, à proposer
des dispositifs pour le suivi à moyen terme des engagements
énoncés dans la présente Déclaration. En attendant,
nous chargeons la structure de coordonner le suivi international des
indicateurs de progrès qui figurent dans la Section III, d'affiner les
objectifs-cibles en tant que de besoin, de fournir les orientations
98
appropriées pour l'établissement de
données de référence, et d'aider à
l'élaboration de méthodes cohérentes d'agrégation
des informations relatives à différents pays dont une
synthèse sera présentée dans un rapport périodique.
Nous utiliserons également les mécanismes existants d'examen par
les pairs et les études régionales pour accroître les
chances de progresser dans cette voie. Nous étudierons par ailleurs la
possibilité d'effectuer des exercices indépendants de suivi et
d'évaluation à l'échelle internationale - sans pour autant
imposer une charge de travail supplémentaire aux partenaires - afin que
soient réunies des informations plus complètes sur la
contribution qu'apporte l'amélioration de l'efficacité de l'aide
à la réalisation des objectifs de développement.
12. Afin de confirmer l'importance accordée à
la mise en oeuvre, nous prévoyons de nous retrouver en 2008 dans un
pays en développement et d'effectuer deux exercices de suivi avant de
faire le point sur les progrès accomplis dans la mise en oeuvre de la
présente Déclaration.
Engagements de partenariat
13. Conçus dans un esprit de responsabilité
mutuelle, les présents engagements de partenariat s'appuient sur les
enseignements tirés de l'expérience. Nous sommes conscients
qu'ils doivent être interprétés à la lumière
de la situation propre à chaque pays partenaire.
Appropriation
Les pays partenaires exercent une réelle
maîtrise sur leurs politiques et stratégies de
développement et assurent la coordination de l'action à l'appui
du développement
14. Les pays partenaires s'engagent à
:
? S'investir du premier rôle dans l'élaboration
et la mise en oeuvre de leurs stratégies nationales de
développement, dans le cadre d'un vaste processus de consultation.
? Traduire ces stratégies nationales de
développement en programmes opérationnels axés sur les
résultats intégrant une hiérarchisation des
priorités, tels qu'exprimés dans
les cadres de dépenses de moyen terme et les budgets
annuels (Indicateur 1).
? Assurer la conduite de la coordination de l'aide à
tous les niveaux et des autres ressources affectées au
développement, en consultation avec les donneurs et en encourageant la
participation de la société civile et du secteur privé.
15. Les donneurs s'engagent à :
? Respecter le rôle prédominant des pays
partenaires et les aider à renforcer leur capacité à
exercer ce rôle.
Alignement
Les donneurs font reposer l'ensemble de leur soutien sur
les stratégies nationales de développement, les institutions et
les procédures des pays partenaires
Les donneurs s'alignent sur les stratégies des
pays partenaires
16. 99
Les donneurs s'engagent à :
? Faire reposer l'ensemble de leur soutien -
stratégies-pays, dialogue sur les politiques à suivre et
programmes de coopération pour le développement - sur les
stratégies nationales de développement des pays partenaires et
les rapports périodiques sur l'avancement de l'exécution de ces
stratégies (Indicateur 3).
? Tirer autant que possible leurs conditionnalités des
stratégies nationales de développement des pays partenaires ou
des examens annuels de l'avancement de la mise en oeuvre de ces
stratégies. L'inclusion de conditions supplémentaires doit
être dûment justifiée et leur application doit se faire de
manière transparente et en consultation étroite avec les autres
donneurs et parties prenantes.
? Lier leur financement à une série unique de
conditions et/ou à un ensemble raisonnable d'indicateurs
dérivés des stratégies nationales de développement.
Tous les donneurs ne sont pas pour autant tenus d'imposer des conditions
identiques, mais les conditions appliquées par chaque donneur doivent
être dérivées d'un cadre commun rationnel ayant pour
objectif l'obtention de résultats durables.
Les donneurs utilisent des systèmes nationaux
consolidés
17. L'utilisation des structures institutionnelles et des
systèmes nationaux pour la gestion de l'aide, lorsque ceux-ci permettent
d'être raisonnablement sûr que cette dernière sera
effectivement mise au service des objectifs convenus, accroît
l'efficacité de l'aide en renforçant durablement la
capacité des pays partenaires d'élaborer et de mettre en oeuvre
des politiques, et de rendre des comptes à la population et aux
instances parlementaires. Par systèmes et procédures des pays
partenaires, il faut généralement entendre, mais pas seulement,
les dispositifs et procédures en vigueur à l'échelon
national en matière de gestion des finances publiques, de
comptabilité, d'audit, de passation des marchés,
d'élaboration de cadres de résultats et de suivi.
18. Les études de diagnostic sont une source
importante - et croissante - d'information, pour les pouvoirs publics et les
donneurs, sur l'état des systèmes nationaux des pays partenaires.
Les pays partenaires et les donneurs ont les uns comme les autres,
intérêt à pouvoir surveiller les progrès accomplis
au fil du temps dans l'amélioration de ces systèmes. Ils y seront
aidés par la mise en place d'un cadre d'évaluation des
performances, et d'un ensemble associé de réformes, s'appuyant
sur les informations fournies dans les études de diagnostic et les
travaux d'analyse connexes.
19. Les pays partenaires et les
donneurs s'engagent conjointement à :
? OEuvrer ensemble à la mise en place de cadres
définis d'un commun accord, propres à permettre une
évaluation fiable de la performance et de la transparence des
systèmes des pays partenaires ainsi que des obligations de compte qu'ils
comportent (Indicateur 2).
? Intégrer les études de diagnostic et les
cadres d'évaluation des performances dans des stratégies de
renforcement des capacités placées sous la conduite des pays
partenaires.
20. Les pays partenaires s'engagent à
:
? Réaliser des études de diagnostic fournissant
une évaluation fiable des procédures et systèmes
nationaux.
100
? Entreprendre, sur la base de ces études de
diagnostic, des réformes de nature à garantir
l'efficacité, la responsabilité et la transparence des
systèmes, institutions et procédures de gestion de l'aide et
autres ressources affectées au développement en place à
l'échelon national.
? Entreprendre les réformes, dans le domaine de la
gestion publique par exemple, qui peuvent s'avérer nécessaires
pour enclencher des processus de renforcement durable des capacités.
21. Les donneurs s'engagent à :
? Utiliser dans toute la mesure du possible les
systèmes et procédures des pays partenaires. Lorsqu'il n'est pas
possible d'utiliser les systèmes des pays partenaires, il convient de
prévoir des garde-fous et autres mesures de sauvegarde qui contribuent
à consolider, et non à affaiblir, les systèmes et
procédures des pays partenaires (Indicateur 5).
? Éviter dans toute la mesure du possible la mise en
place de structures spécifiquement chargées de la gestion
quotidienne et de la mise en oeuvre des projets et programmes financés
par l'aide (Indicateur 6).
? Adopter des cadres harmonisés d'évaluation
des performances des systèmes des pays partenaires afin de ne pas
proposer à ces derniers un nombre excessif d'objectifs,
éventuellement contradictoires.
Les pays partenaires renforcent leurs propres
capacités de développement avec le
concours des donneurs
22. La capacité de planifier, gérer et mettre
en oeuvre les politiques et programmes et de rendre compte de leurs
résultats est un élément essentiel pour la
réalisation des objectifs de développement, depuis l'analyse et
le dialogue jusqu'à la mise en oeuvre, au suivi et à
l'évaluation. Le renforcement des capacités est une
responsabilité qui revient aux pays partenaires, les donneurs ayant un
rôle de soutien. Il doit s'appuyer sur des analyses techniques
rigoureuses, mais aussi s'adapter à l'environnement social, politique et
économique général, y compris à la
nécessité de développer les ressources humaines.
23. Les pays partenaires s'engagent à
:
? Intégrer des objectifs spécifiques de
renforcement des capacités dans leurs stratégies nationales de
développement et suivre leur mise en oeuvre par le biais, en tant que de
besoin, de stratégies de renforcement des capacités
placées sous la conduite des pays.
24. Les donneurs s'engagent à :
? Aligner le soutien qu'ils apportent (qu'il s'agisse
d'analyses ou d'aides financières) sur les objectifs et les
stratégies des partenaires en matière de renforcement des
capacités, utiliser efficacement les capacités existantes et
harmoniser en conséquence leur programme d'appui au renforcement des
capacités (Indicateur 4).
Consolider les capacités de gestion des finances
publiques
25. Les pays partenaires s'engagent à
:
? Redoubler d'efforts pour mobiliser des ressources
nationales, consolider la viabilité des finances publiques et
créer un environnement favorable à l'investissement public et
privé.
101
? Publier des informations fiables, transparentes et à
jour sur l'exécution du budget.
? Conduire le processus de réforme de la gestion des
finances publiques.
26. Les donneurs s'engagent à :
? Fournir une liste indicative fiable d'engagements au titre
de l'aide qui s'inscrivent dans un cadre pluriannuel, et verser l'aide en temps
voulu et selon un calendrier prévisible en respectant les
échéances convenues (Indicateur 7).
? Se caler dans toute la mesure du possible sur les
mécanismes budgétaires et comptables transparents des pays
partenaires (Indicateur 5).
27. Les pays partenaires et les
donneurs s'engagent conjointement à :
? Harmoniser les études de diagnostic
effectuées et les cadres d'évaluation des performances
utilisés dans le domaine de la gestion des finances publiques.
Renforcer les systèmes nationaux de passation des
marchés
28. Les pays partenaires et les
donneurs s'engagent conjointement à :
? Utiliser les normes et procédures convenues d'un
commun accord pour établir des
diagnostics, mettre au point des réformes viables et
suivre leur mise en oeuvre.
? Engager des ressources suffisantes à l'appui du
renforcement des capacités et de réformes de la passation de
marchés s'inscrivant dans un horizon de moyen à long terme.
? Partager au niveau des pays les enseignements tirés
de l'expérience accumulée sur les approches recommandées
de façon à pouvoir y apporter progressivement des
améliorations.
29. Les pays partenaires s'engagent à
prendre en main le processus de réforme de la passation des
marchés.
30. Les donneurs s'engagent à :
? Recourir de plus en plus aux systèmes des pays
partenaires pour la passation des marchés lorsque des normes et
procédures convenues d'un commun accord sont appliquées
(Indicateur 5).
? Adopter des approches harmonisées lorsque les
systèmes nationaux ne répondent pas aux normes de performance
convenues d'un commun accord ou lorsque les donneurs ne les utilisent pas.
Délier l'aide pour une meilleure utilisation des
ressources
31. De manière générale, le
déliement de l'aide accroît son efficacité en
réduisant les coûts de transaction à la charge des pays
partenaires et en favorisant l'appropriation au plan local et l'alignement sur
les stratégies nationales. Les donneurs du CAD
poursuivront leurs avancées sur la voie du déliement de
l'aide, comme ils sont encouragés à le faire par la
Recommandation du CAD de 2001 sur le déliement de l'aide publique au
développement aux pays les moins avancés (Indicateur
8).
102
Harmonisation
Les actions des donneurs sont mieux harmonisées et
plus transparentes, et permettent une plus grande efficacité
collective
Les donneurs mettent en place des dispositifs communs et
simplifient leurs procédures
32. Les donneurs s'engagent à :
? Appliquer les plans d'action qu'ils ont
élaborés dans le prolongement du Forum de haut niveau de Rome.
? Mettre en place, lorsque c'est possible, dans les pays
partenaires, des dispositifs communs pour la planification, le financement
(montages financiers conjoints, par exemple), les versements, le suivi,
l'évaluation et la notification aux pouvoirs publics de leurs
activités et apports d'aide. Un recours plus grand aux modalités
d'acheminement de l'aide fondées sur les programmes peut contribuer
à cet effort (Indicateur 9).
? OEuvrer ensemble à réduire le nombre de
missions sur le terrain et d'études de diagnostic, susceptibles de faire
double emploi (Indicateur 10), et encourager la formation
conjointe afin de partager les enseignements de l'expérience et de
créer une communauté de pratiques.
Complémentarité : une division du travail
plus efficace
33. L'excessive fragmentation de l'aide au niveau mondial,
national ou sectoriel nuit à son efficacité. Une approche
pragmatique de la division du travail et du partage des tâches permet de
renforcer la complémentarité et de réduire les coûts
de transaction.
34. Les pays partenaires s'engagent à
:
? Fournir des avis clairs sur les avantages comparatifs des
donneurs et sur les moyens de rendre les actions des donneurs
complémentaires au niveau national ou sectoriel.
35. Les donneurs s'engagent à :
? Tirer pleinement parti de leurs avantages comparatifs
respectifs au niveau sectoriel ou national en déléguant, le cas
échéant, à des donneurs chefs de file les pouvoirs
afférents à l'exécution de programmes, d'activités
et autres tâches.
? OEuvrer ensemble à l'harmonisation des
procédures.
Incitations à l'action en
coopération
36. Les donneurs et les pays
partenaires s'engagent conjointement à :
? Réformer les procédures et multiplier,
à l'intention des décideurs et des agents des organismes d'aide,
les incitations à oeuvrer en faveur de l'harmonisation, de l'alignement
et du ciblage sur les résultats, y compris dans les domaines du
recrutement, de l'évaluation et de la formation.
Renforcer l'efficacité de l'aide dans les
États fragiles
37. Le dessein à long terme de l'engagement
international dans les États fragiles est la mise en place
d'institutions nationales ou autres qui soient légitimes, efficaces et
solides. Si les
103
principes directeurs à la base d'une aide efficace
valent également pour les États fragiles, il convient de les
adapter aux situations où l'appropriation à l'échelon
local et les capacités nationales font défaut, et à la
nécessité urgente de fournir des services essentiels.
38. Les pays partenaires s'engagent à
:
? Progresser dans la mise en place d'institutions et de
structures de gouvernance propres à assurer une bonne gestion des
affaires publiques et à garantir à leur population protection,
sécurité et accès équitable aux services sociaux de
base.
? Engager un dialogue avec les donneurs sur
l'élaboration d'outils simples de planification, tels que des matrices
de résultats pour la transition, lorsque des stratégies
nationales de développement n'ont pas encore été
adoptées.
? Encourager une large participation d'acteurs nationaux
très divers à la définition des priorités en
matière de développement.
39. De leur côté, les donneurs
s'engagent à :
? Harmoniser leurs activités. Cette harmonisation est
d'autant plus importante que l'État n'assume pas pleinement son
rôle. Elle doit reposer avant tout sur une analyse en amont, des
évaluations conjointes, des stratégies communes, une coordination
de l'engagement politique, ainsi que des initiatives concrètes comme la
création de bureaux communs à plusieurs donneurs.
? S'aligner dans toute la mesure du possible sur des
stratégies conduites par l'administration centrale du pays partenaire
et, lorsque ce principe ne peut s'appliquer, utiliser au maximum les
systèmes nationaux, régionaux, sectoriels ou non
gouvernementaux.
? Éviter les activités qui nuisent au
renforcement des institutions nationales, comme celles qui ont pour effet de
court-circuiter les procédures budgétaires nationales ou
d'assurer des salaires très élevés au personnel local.
? Utiliser une gamme appropriée d'instruments d'aide.
Ils peuvent comprendre le soutien du financement des coûts
récurrents, notamment dans les pays qui se trouvent dans une phase de
transition prometteuse, mais à haut risque.
Encourager une approche harmonisée des
évaluations environnementales
40. Les donneurs ont déjà accompli d'immenses
progrès en matière d'harmonisation autour des études
d'impact sur l'environnement (EIE), par exemple en ce qui concerne les
questions de santé et les questions sociales que peuvent soulever les
projets. Ces progrès doivent aller plus loin et porter notamment sur les
conséquences possibles de problèmes environnementaux de dimension
planétaire comme le changement climatique, la désertification et
l'appauvrissement de la biodiversité.
41. Les donneurs et les pays
partenaires s'engagent conjointement à :
? Renforcer l'application des EIE, utiliser plus
systématiquement des procédures communes dans le cadre des
projets, notamment par le biais de consultations avec les
104
parties prenantes, élaborer et appliquer des approches
communes de « l'évaluation environnementale stratégique
» aux niveaux sectoriel et national.
? Continuer de développer les capacités
techniques et stratégiques spécialisées nécessaires
pour effectuer des analyses environnementales et assurer le respect de la
législation.
42. Des efforts d'harmonisation doivent également
être accomplis dans d'autres domaines transversaux comme
l'égalité entre hommes et femmes et sur d'autres sujets
thématiques, y compris ceux qui bénéficient du financement
de fonds spécialisés.
Gestion axée sur les
résultats
Gérer les ressources et améliorer le
processus de décision en vue d'obtenir des résultats
43. Axer la gestion sur les résultats signifie
gérer et mettre en oeuvre l'aide en se concentrant sur les
résultats souhaités et en utilisant les données
disponibles en vue d'améliorer le processus de décision.
44. Les pays partenaires s'engagent à
:
? Raccorder plus étroitement les stratégies
nationales de développement et le cycle budgétaire, sur une base
tant annuelle que pluriannuelle.
? S'efforcer de mettre en place des cadres
d'évaluation et de notification orientés vers les
résultats, à l'aide desquels suivre les progrès
réalisés dans la mise en oeuvre des principaux volets des
stratégies nationales et sectorielles de développement. Ces
cadres devront permettre de suivre l'évolution d'un nombre raisonnable
d'indicateurs pour lesquels il est possible de disposer de données
à un coût abordable (Indicateur 11).
45. Les donneurs s'engagent à :
? Relier la programmation et les ressources par pays aux
résultats obtenus et aligner cette programmation et ces ressources sur
les cadres d'évaluation des performances des pays partenaires. Les
donneurs doivent s'abstenir de demander l'adoption d'indicateurs de performance
qui ne soient pas en accord avec les stratégies nationales de
développement.
? Travailler avec les pays partenaires de façon
à pouvoir recourir autant que possible à leurs cadres de suivi et
de notification axés sur les résultats.
? Harmoniser leurs exigences en matière de suivi et de
notification. En attendant que les donneurs puissent s'en remettre plus
largement aux systèmes statistiques, de suivi et d'évaluation des
pays partenaires, ils doivent s'accorder dans toute la mesure du possible avec
ces derniers sur les modalités d'élaboration des rapports
périodiques.
46. Les pays partenaires et les
donneurs s'engagent conjointement à :
105
? Unir leurs efforts dans le cadre d'une approche
participative afin de renforcer les capacités des pays à
instaurer une gestion axée sur les résultats et de susciter une
demande plus forte à cet effet.
Responsabilité mutuelle
Les donneurs et les pays partenaires sont responsables
des résultats
obtenus en matière de
développement
47. Une priorité essentielle pour les pays partenaires
comme pour les donneurs est de renforcer la responsabilité mutuelle et
la transparence concernant l'utilisation qui est faite des ressources
affectées au développement. C'est également un moyen de
rallier l'adhésion de l'opinion publique aux politiques nationales et
à l'aide au développement.
48. Les pays partenaires s'engagent à
:
? Renforcer en tant que de besoin le rôle des instances
parlementaires dans l'élaboration des stratégies nationales de
développement et/ou des budgets.
? Faire davantage de place aux approches participatives en
associant systématiquement un large éventail de partenaires
à la formulation des stratégies nationales de
développement et à l'évaluation de leur état
d'avancement.
49. Les donneurs s'engagent à:
? Fournir en temps voulu des informations transparentes et
détaillées sur les apports d'aide, afin de permettre aux
autorités des pays partenaires de présenter des états
budgétaires complets à leur parlement et à leurs
citoyens.
50. Les pays partenaires et les
donneurs s'engagent à :
? Évaluer conjointement, au moyen des mécanismes
de plus en plus objectifs existant à l'échelon local, les
progrès qu'ils accomplissent respectivement dans l'exécution des
engagements pris concernant l'efficacité de l'aide, notamment les
engagements de partenariat (Indicateur 12).
106
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- VERSCHAVE (F. X), BOISGALLAIS (A. S), L'aide publique au
développement, Paris, SYROS 1994, 155P.
- VERSCHAVE (F.X), L'envers de la dette, Paris, Agone,
2001, 226P.
III. Thèse et Mémoire
-GRIVEL (V), « Aide publique au développement
: Quelle efficacité dans la réduction de la pauvreté ?
», Mémoire de Master sous la direction du Professeur Thierry
MADIES, présenté le 10 juillet 2008, Département
d'économie politique de la Faculté des Sciences Economiques et
Sociales de l'Université de Fribourg, 69P.
- YAHAYA (M) « L'impact de l'aide publique au
développement sur les politiques publiques des pays de l'Afrique de
l'Ouest : le cas du Niger et du Mali, Réflexion sur l'analyse des
politiques des bailleurs de fonds dans les domaines de la santé et de
l'éducation. », Thèse de doctorat en
Sécurité internationale et défense sous la direction de
Frédéric RAMEL, Présentée et soutenue publiquement
le 27 septembre 2010, Université Jean Moulin Lyon 3 (École
doctorale : Droit), 518P.
109
IV. Articles
-AZOULAY (G), « Les nouvelles formes de l'aide publique
au développement et l'éventuel retour de l'Etat dans les pays
d'Afrique subsaharienne », Mondes en développement, 2011/1
-n° 153, p.57-70.
-CHEVAUCHEZ (B), « Gouvernance budgétaire et
gestion des dépenses publiques : un domaine d'activité croissant
des organisations internationales », Gestion et finances
publiques, n° 7 -juillet 2010, pp. 551-554.
-COLLIER (P). And DOLLAR (D) (2002) «Aid Allocation and
Poverty Reduction», European Economic Review, n°45, pp.
1470-1500.
- DAIDJ (N) « L'aide à l'Afrique : situation et
évolution » in Afrique contemporaine n°188,
spécial, Les Aides à l'Afrique en questions,
octobre-décembre 1998, pp.15-35.
-DIOUKHANE (A), « La directive du 26 juin 2009 portant
loi de finances au sein de l'UEMOA», Gestion &Finances publiques
n° 3, mars 2012, p. 151 et s.
-GABAS (J-J), MAINGUY (C) « L'aide au
développement en Afrique : anciennes pratiques et nouveaux enjeux
», Afrique contemporaine n°188, spécial, Les Aides
à l'Afrique en questions, octobre-décembre 1998,
pp.36-56.
-GAULME (F), « Les nouvelles orientations de l'Aide
publique au développement », Afrique contemporaine
n°188, spécial, Les Aides à l'Afrique en questions,
octobre-décembre 1998. pp.101-118.
- JACQUEMOT (P), « Cinquante ans de coopération
française avec l'Afrique subsaharienne. Une mise en perspective »
(IIème Partie), Afrique contemporaine, n° 239-2011, pp. 29
-38.
- MEDE (N), « Réflexion sur le cadre
harmonisé des finances publiques dans l'espace UEMOA »,
Afrilex-2012 n°2 spécial Finances publique, pp.18-44.
-MOHS (R .M), « Ajustement structurel et
démocratisation en Afrique », Développement et
coopération, n°5 1992, pp.8-12.
-NEMO (J) « Aide au développement et
coopération française » Afrique contemporaine
n° 165, 3ème trimestre 1993, pp.3-9.
-N'SOULI (S), « Ajustement Structurel en Afrique
subsaharienne », Finances et développement, vol 3,
n°3 1993, pp 20-23.
110
-PACQUEMENT (F), « L'OCDE et l'évolution de l'aide
par prêt », Afrique contemporaine n°188
spécial, Les Aides à l'Afrique en questions,
octobre-décembre 1998, pp.160-171.
- RAMONET (F.), « Ingérence et souveraineté
», Géopolitique n° 68, 2000, pp. 51-55.
-SHARPLES (S), TELLIER (C), « Réformes de finances
publiques et nouveau mécanismes d'allègement de la dette »,
Afrique contemporaine n°223-224, 2007, pp.251-270.
- VAILLANT (L-J), « Crises, finances publiques et aide au
développement », RFFP, n° 108-octobre 2009, pp.
61-68.
- YONABA (S), « La difficile intégration des
règles budgétaires et comptables des Etats membres de l'Union
économique et monétaire ouest africaine (U.E.M.O.A.) », in
Revue Française de Finances Publiques, n° 79/2002 p.
231-s.
V. Rapports et études
-ADOU (J.M), Modernisation du circuit de la dépense
publique en Côte d'Ivoire et efficacité de la dépense,
Paris, ENA, 2005, 95P.
- Agence Française de Développement, les
privatisations en zone franc: synthèse des travaux du groupe
MINEFI/AFD, document de travail n° 28, septembre 2006. 48P.
-ATTA (K.H), Processus de mise en oeuvre des Cadres de
Dépenses à Moyen Terme (CDMT) en Côte d'Ivoire : Enjeux et
Défis, Etude réalisée dans le cadre du Programme de
Formation en Gestion de la Politique Economique, Université de Cocody
(UFR - SEG / CIRES), 2010, 71P.
-BALLEIX (C) Docteur en science politique de
l'Université Paris II-Panthéon-Assas Chargée de mission
pour la coopération à la Représentation permanente de la
France auprès de l'Union européenne, La politique
européenne de coopération au développement ,
(étude réalisé pour Fondation Robert Schuman) août
2005, 96P.
-BOUVIER (M), La gestion de la dépense publique dans
les pays de l'Afrique francophone subsaharienne (étude
réalisée à la demande du Ministère des affaires
étrangères et du Ministère de l'économie, des
finances et du développement), avril 2004, 398P.
111
-Commission des Communautés européennes,
«Communication de la Commission au Conseil, au Parlement
européen et au Comité économique et social.
Accélérer les progrès vers la réalisation des
Objectifs du Millénaire pour le développement. La contribution de
l'Union européenne», COM (2005), 132, final, 12 avril 2005.
-Commission européenne, Rapport annuel 2005 sur la
politique de développement et la mise en oeuvre de l'aide
extérieure en 2004, COM (2005), 292, final, 15 juillet 2005.
- COGNEAU (D), MESPLÉ-SOMPS (S), «La
Côte d'Ivoire peut-elle devenir un pays émergent ? »
IRD-DIAL Paris, Étude du Centre de Développement OCDE,
Programme "Emerging Africa", Etude Côte d'Ivoire, juin 1999,
188P.
-DIETER (F), La politique de développement de
l'Union européenne. Un regard personnel sur 50 ans de coopération
internationale, ECDPM (Centre européen de gestion des politiques de
développement), mars 2008, 74P.
-Direction générale du trésor et de la
comptabilité publique Direction de la dette publique, la dette
publique en côte d'ivoire, Rapport présenté M. GUEYE
Alioune (P) Directeur de la Dette Publique, 15 Février 2013, 63 P.
-EGOUME (P), Représentant Résident du FMI en
Côte d'Ivoire, Bonne gouvernance et croissance économique,
SD, 50 P.
- lnvestment Development Consultancy (IDC), Rapport
d'Evaluation de l'aide de l'UE aux pays ACP évaluation sur le
terrain étude de pays 3 : cote d'ivoire, Août 1998, 74P.
- Dia (M), Pour une meilleure gouvernance comme fondement
de la réforme de la Fonction publique en Afrique au sud du Sahara,
Banque mondiale, 1993.
-Ministère auprès du premier ministre,
chargé de l'économie et des finances et Ministère
auprès du premier ministre, chargé du budget, Les nouvelles
directives de l'UEMOA : quelles innovations dans la gestion des finances
publiques ? Acte du séminaire de réflexion et de
renforcement des capacités, présenté par BEUGRE (A) &
YAPI (G.S), Yamoussoukro, du 21 au 23 mai 2014, 60P.
112
- OCDE-Banque mondiale, Les bonnes pratiques
émergentes pour une gestion axée sur les résultats de
développement, Document de référence, 190P.
-OCDE, Transparence budgétaire - les meilleures
pratiques de l'OCDE, Revue de l'OCDE sur la gestion budgétaire,
Vol. 1, n°3, 2002, 15P.
- OFPA, Fonctions publiques africaines et bonne
gouvernance, document de travail, 2007.
- OUMAROU (M), Réformes de l'administration
publique des pays membres de l'UEMOA: impacts et perspectives, Document de
travail no2, Bureau international du Travail - Genève, Juin
2009, 70P.
-Rapport du FMI No. 13/92 Union Économique et
Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), Rapport des services du FMI sur
les politiques communes des pays membres, mars 2013.
Secrétariat du PEFA, Bonnes pratiques dans
l'application du cadre de mesure de la performance de la gestion des finances
publiques, (Note d'information à l'intention des responsables de la
planification et de l'évaluation), mars 2009, 31P.
VI. Documents institutionnels
-République de Côte d'Ivoire,
Stratégie de Relance du Développement et de Réduction de
la Pauvreté DSRP 2009-2013, janvier 2009.
-République de Côte d'Ivoire, Plan National
de Développement 2012-2015, mars 2012.
-République de Côte d'Ivoire - Communauté
européenne, Document de stratégie pays et Programme indicatif
national pour la période 2008-2013, 90P.
- République de Côte d'Ivoire - Communauté
européenne, Programme indicatif national pour la période
2014-2020, 34P.
- République de Côte d'Ivoire-FMI, Lettre
d'intention, Mémorandum de politique économique et
financière, et Protocole d'accord technique, 20 novembre 2013,
40P.
113
VII. Législation
A. Constitution et Traités
- Loi n° 2000-513 du 1er aout 2000 portant
Constitution de République la Côte d'Ivoire, in le journal
officiel du jeudi 03 aout 2000 ;
- Traité constitutif de l'UEMOA, signé à
Dakar le 10 janvier 1994, révisé le 29 janvier 2003, Source:
Commission de l'UEMOA.
- Traité sur l'union européenne, version
consolidée, in Journal officiel de l'Union européenne,
30 mars 2010.
-Traité sur le fonctionnement de l'union
européenne, version consolidée, in Journal officiel de
l'Union européenne, 09 mars 2008.
-Traité de Lisbonne, in Journal officiel de l'Union
européenne C 306 / 1, 2007.
-Accord de Cotonou, Signé à Cotonou le 23 juin
2000, Révisé à Luxembourg le 25 juin 2005,
Révisé à Ouagadougou le 22 juin 2010 et le cadre financier
pluriannuel 2014-2020.
B. Normes communautaires
-Acte additionnel N° 04/99 portant pacte de convergence,
de stabilité, de croissance et de solidarité entre les
États Membres de l'Union économique et monétaire
ouest-africaine (UEMOA).
-Déclaration conjointe du Conseil et des
représentants des gouvernements des États membres réunis
au sein du Conseil, du Parlement européen et de la Commission sur la
politique de développement de l'Union européenne »
intitulée « Le consensus européen pour le
développement», Journal Officiel de l'UE, C 46, 26 février
2006.
114
- Directive n°01/2009/CM/UEMOA du 27 mars 2009 portant Code
de transparence dans la gestion des finances publiques au sein de l'UEMOA.
- Directive n°06/CM/UEMOA du 26 juin 2009 relative aux lois
de finances.
-Directive n°07/CM/UEMOA du 26 juin 2009 portant
règlement général sur la comptabilité publique.
-Directive n°08/CM/UEMOA du 26 juin 2009 portant
Nomenclature budgétaire de l'Etat.
- Directive n°09/CM/UEMOA du 26 juin 2009 portant Plan
Comptable de l'Etat (PCE) au sein de l'UEMOA.
-Directive n°10/CM/UEMOA du 26 juin 2009 portant Tableau des
Opérations Financières de l'Etat (TOFE) au sein de l'UEMOA.
C. Lois
- Loi organique n°2014-337 du 05 juin 2014 portant Code de
transparence dans la gestion des Finances Publiques, in le journal officiel
de la république de Côte d'Ivoire du 06 juin 2014.
-Loi organique n°2014-336 du 05 juin 2014 relative aux lois
de Finances, in le journal officiel de la république de Côte
d'Ivoire du 06 juin 2014.
-Loi organique n°59-249 du 31 décembre 1959 relatives
aux lois de finances, in le journal officiel de la république de
Côte d'Ivoire du 1er janvier 1960.
- Loi n° 92-570 du 11 septembre 1992 portant statut
général de la fonction publique.
- Loi n° 2001-476 du 9 août 2001 d'orientation sur
l'organisation générale de l'administration territoriale
(Côte d'Ivoire).
115
TABLES DES MATIERES
DEDICACE I
REMERCIEMENTS .II
AVERTISSEMENT III
LISTE DES ABREVIATIONS IV
SOMMAIRE ..VII
INTRODUCTION 1
PREMIERE PARTIE : L'AIDE DE L'UNION EUROPEENNE, UN ATOUT
POUR LA
GESTION DES FINANCES PUBLIQUES EN COTE D'IVOIRE
7
CHAPITRE 1: LA BONNE GOUVERNANCE AU CENTRE DE LA
POLITIQUE D'AIDE 9
Section 1 : La démocratie, une
conditionnalité à l'attribution de l'aide 10
Paragraphe 1 : L'exigence du respect des règles
démocratiques ...10
A:Au niveau de l'organisation du pouvoir ...11
B : Au niveau des droits fondamentaux .13
Paragraphe 2 : La mise en oeuvre de la conditionnalité
démocratique .14
A : L'approche positive .15
B : L'approche négative 16
Section 2: La transparence, le nouveau credo de la
gestion financière publique .17
Paragraphe 1 : La fiabilité du système de gestion
des finances publiques 18
A : La définition claire des attributions et
responsabilités 19
B : L'intégrité du processus budgétaire
...20
Paragraphe 2 : L'accroissement du degré d'ouverture de la
gouvernance financière 22
A : L'ouverture du processus budgétaire 22
B : L'accès du public aux informations budgétaires
..24
116
CHAPITRE 2 : LA QUETE DE L'EFFICACITE DANS LA GESTION
DES FINANCES
PUBLIQUES ...26
Section 1 : La programmation conjointe de la
coopération financière .27
Paragraphe 1 : L'internalisation accrue des stratégies de
développement 27
A : Le renforcement des capacités de gestion des acteurs
nationaux ..28
B : L'amélioration de la viabilité des finances
publiques 29
Paragraphe 2 : Des stratégies axées sur
l'efficacité du développement 31
A : La convergence avec les Objectifs du Millénaire pour
le Développement 32
B : La référence aux engagements internationaux sur
l'efficacité de l'APD 34
Section 2 : La recherche de la performance dans la
gestion budgétaire ...35
Paragraphe 1 : Le cadrage budgétaire à moyen terme
36
A : La pluri-annualité dans la gestion budgétaire
36
B : L'allocation de ressources en fonction des priorités
stratégiques 38
Paragraphe 2 : L'approche par les résultats dans
l'exécution du budget ...39
A : Une nouvelle gestion comptable ...40
B : Un renforcement du contrôle budgétaire 41
117
DEUXIEME PARTIE : L'AIDE DE L'UNION EUROPEENNE, UNE
CONTRAINTE POUR LE SYSTEME DE GESTION DES FINANCES PUBLIQUES EN
COTE
D'IVOIRE
|
...44
|
CHAPITRE 1 : LES CONTRAINTES D'ORDRE BUDGETAIRE
|
46
|
Section 1 : Le contrecoup financier des aides
|
...47
|
Paragraphe 1 : L'APD: un goulot d'étranglement des
finances publiques
|
47
|
A : L'équilibre des finances publiques face au poids de la
dette extérieure ....48
|
B : La pratique des aides liées
|
50
|
Paragraphe 2 : la pratique des conditionnalités : une
source de volatilité des flux d'aide
|
51
|
A : Les incertitudes entourant la disponibilité des
financements
|
...52
|
B : La crainte de l'insécurité budgétaire
|
.53
|
Section 2 : La fragilisation des règles et
procédures de gestion budgétaire
|
55
|
Paragraphe 1 : Les facteurs extérieurs
|
55
|
A : Les pratiques divergentes des partenaires extérieures
|
56
|
B : La pluralité des instruments juridiques et plans
d'action
|
....57
|
Paragraphe 2 : Le contexte national :
|
.58
|
A : Les insuffisances du cadre normatif
|
59
|
B : L'absence de maitrise des nouvelles méthodes
budgétaires
|
..60
|
CHAPITRE 2 : LES CONTRAINTES D'ORDRE POLITIQUE
|
63
|
Section 1 : Les contraintes sur les acteurs et les
institutions
|
64
|
Paragraphe 1 : Des restructurations impromptues du secteur public
|
64
|
A : Des réformes institutionnelles inadaptées
|
.64
|
B : Un amenuisement du secteur parapublic aux effets inattendus
|
.66
|
Paragraphe 2 : Une fonction publique sous pression
|
67
|
118
A : L'emploi dans la fonction publique de moins en moins
attrayant 68
B : La difficile incorporation des méthodes de gestion du
secteur privé .70
Section 2 : La fragilisation du pouvoir étatique
72
Paragraphe 1 La souveraineté encadrée .72
A : La dépendance structurelle .73
B : La dépendance financière 75
Paragraphe 2 : L'instrumentalisation du concept de bonne
gouvernance ...77
A : L'émergence du concept de bonne gouvernance politique
.77
B : Le détournement de la bonne gouvernance à des
fins commerciales .79
CONCLUSION . ...82
ANNEXES ....84
ANNEXE 1 85
ANNEXE 2 91
ANNEXE 3 .95
BIBLIOGRAPHIE 106
TABLE DES MATIERES 115
119
|