O. INTRODUCTION
La coutume universitaire oblige à tout étudiant
finaliste de rédiger et défendre son travail de fin
d'étude appelé communément
« mémoire » avant de briguer son titre ou
diplôme. C'est dans cette optique d'idée que nous élaborons
ce travail qui a comme titre : « Evaluation des Effets de
Financement du programme national Village et Ecole assainis sur la tendance
évolutive de la morbidité dans la zone de santé de
NSELE ».
O.1. Enoncé du
problème
L'homme est un être pensant et
réfléchissant ; ce qui lui pousse à la
création et au goût de découvrir l'univers. Il projette et
concentre tout son temps afin de réaliser un fruit utile à
l'amélioration de son environnement. Le monde social est un
environnement utile avec tous les avantages et toute la rentabilité
qu'il garantit à la population de travailler mutuellement pour
améliorer les milieux de vie, car le développement d'un pays
dépend de la capacité d'un peuple à penser et à
travailler sur son avenir. Seule la programmation des activités
sanitaires à base de projet de développement social, est une voie
de sortie pour le peuple.
La problématique du financement de la santé se
pose souvent en termes de non intégration de l'objectif de la
santé pour tous dans la stratégie globale du développement
du pays. Ce fait a alors un impact négatif en termes de mobilisation,
allocation et utilisation des ressources au niveau du secteur de la
santé.
La République Démocratique du Congo fait de la
santé une de ses priorités de son développement
socio-économique. Pour financer ce secteur dont les
bénéficiaires forment l'ensemble de la communauté
nationale et demeurant en cela fidèle aux exigences de la politique des
soins de santé primaires, elle opte pour une approche susceptible de
mobiliser aussi bien les ressources financières publiques,
privées et extérieure que celles de la communauté. L'Etat
restant toutefois tenu, en sa qualité de garant de la santé de la
collectivité, d'assurer l'essentiel de ce financement tel que
déterminé dans le plan directeur financier résultant de
tout environnement spécifique donné. Les ressources
financières mobilisées dans le cadre de l'effort national et
international ainsi spécifiées seront affectées et
utilisées selon des normes qui en assureront l'efficience et
l'efficacité (PDF, 2002).
En adoptant l'objectif de la santé pour tous pour l'an
2000, les autorités de la République Démocratique du Congo
ont voulu y parvenir par la stratégie des soins de santé
primaires. Pour devenir une approche crédible susceptible de conduire au
résultat escompté (la santé pour tous à l'an 2000),
le financement des soins de santés primaires devait répondre
à un certain nombre d'exigences dont l'équité, la
qualité et l'efficacité.
A l'heure actuelle, des indices sérieux, indiquent que
non seulement ces conditions n'ont pas été respectées,
mais que surtout la santé n'a pas bénéficié des
stratégies adéquates de financement. Le déficit de
financement est aujourd'hui à la base de certaines contre-performances
justifiant la mise en place urgente des réformes. Une liste exhaustive
de ces contre-performances peut se présenter en ces termes :
ü l'insuffisance globale du budget alloué à
la santé ;
ü la démotivation du personnel de santé
souvent accablé sous le poids des arriérés de salaires
par ailleurs insignifiants ;
ü la dégradation des infrastructures et des
équipements sanitaires ;
ü l'insuffisance de couverture sanitaire au plan global
et sectoriel ;
ü le dysfonctionnement des services sanitaires
aggravé par des nombreuses ruptures de stock des médicaments et
autres consommables ;
ü l'inexistence de normes et standard dans l'organisation
et la gestion des services de santé ;
ü l'inaccessibilité financière de la
population aux soins de santé.
Dans ce contexte la réforme devient une
nécessité inéluctable, pour autant qu'elle soit entrevue
comme un ensemble de changements destinés à apporter des
solutions viables permettant de rétablir l'équilibre rompu entre
les fins et les moyens.
Dans la perspective de financement, l'histoire sanitaire de
notre pays retient 4 époques spécifiques à savoir :
· la période coloniale caractérisée
par des budgets de santé suffisants financés essentiellement par
le trésor public avec l'appui du secteur privé et des confessions
religieuses ; L'efficacité de ce système s'était notamment
traduite par l'éradication des maladies telles que la trypanosomiase et
la variole.
· la période de l'après-indépendance
(1960-1980) durant laquelle les troubles politiques et la crise
socio-économique provoquèrent un amenuisement de plus en plus
drastique de la contribution du gouvernement ;
· la période dite de «l'âge d'or »
des soins de santé primaires (1982-1988) durant laquelle le pays
reçu un flot de ressources extérieures contre balançant
les effets négatifs du désengagement de l'Etat hôte ;
· la période du retour des ténèbres
(1990-1997) caractérisée par une absence quasi complète de
la contribution du secteur public au financement de la santé et la
suspension de la coopération bilatérale. Durant cette
période, le secteur de la santé expérimenta à fond
l'arme de l'autofinancement.
Aussi héroïque qu'elle fût, cette
expérience fut loin d'assurer un fonctionnement normal du secteur (moins
de 100 zones de santé restèrent fonctionnelles contre 175 en
1989). Pour être viable, le système de financement de la
santé doit être conçu de manière à reposer
sur une réelle mise à contribution des ressources
intérieures. De même un tel système doit viser la prise en
compte des besoins sanitaires des couches les plus pauvres de la population.
Ces deux considérations militent en faveur d'une présence
renforcée de l'Etat et non pour son désengagement.
Dans cette perspective, le système de financement vise
l'amélioration de la mobilisation, de l'affectation et de l'utilisation
de toutes les ressources financières tant publiques que celles provenant
des autres sources (partenaires, population) dans le domaine de la santé
(OMD, 2015).
En 2000, lors de l'adoption des Objectifs du Millénaire
pour le Développement (OMD), la communauté internationale s'est
engagée à réduire de moitié, la proportion des
personnes n'ayant pas accès à des services d'assainissement de
base d'ici à 2015 (OMD). En outre, en 2010, l'assemblée
générale des Nations unies a reconnu le droit à l'eau
potable et à assainissement comme un droit de l'homme. Pourtant, l'OMD
pour l'assainissement sera loin d'être atteint en 2015. Même si 1,8
milliards des personnes ont accédé à des Installations
améliorées depuis 1990. Au rythme actuel de progression, la
couverture ne sera que de 67% en 2015, bien loin des 75% nécessaire pour
atteindre la cible.
Dans le monde, 1,5 milliard de personnes n'ont pas
accès à l'eau en quantité et en qualité
suffisante ; près de 2,5 milliards ne disposent pas
d'assainissement. On estime que 15 millions de décès par an sont
dus à des infections bactériologiques liées à la
mauvaise qualité de l'eau. Selon une étude récente, cette
crise de l'eau pourrait toucher 4 milliards de personnes en 2025(conseil
mondial de l'eau, 2011).
Il ne suffit pas d'améliorer l'accès à
l'eau et à l'assainissement, il faut aussi renfoncer l'accès
à la gestion des services d'eau et d'assainissement, qui
déterminera la durabilité des progrès
réalisés.
En France, l'eau, ainsi que l'assainissement, la collecte des
ordures ménagères, le service des pompes funèbres, le
chauffage, les transports collectifs de voyageurs, sont des services publics
locaux. La gestion de ces services relève de la compétence des
communes (ou de regroupements des communes). Le choix du mode d'organisation en
gestion directe (la régie) ou la gestion à la concurrence
relève de la décision des élus (AITEC, 1994).
Par ailleurs, aujourd'hui, avoir l'accès à des
toilettes est loin d'être assuré dans des nombreuses
régions du monde : 2,5 milliards de personnes en sont
privées, soit 47% de la population mondiale. Un problème qui a
des répercussions sanitaires alarmantes : chaque année dans
le monde, 2 millions d'enfants de moins de cinq ans décèdent de
la diarrhée, causée principalement par un manque d'assainissement
et hygiène.
A l'absence de toilettes, la manière alternative de se
soulager (en plein aire, dans des sacs en plastiques, à
proximité d'habitations ou des points d'eau) engendre des graves risques
sanitaires. Les excréments, réservoir des microbes, se retrouvent
à la portée des adultes et des enfants, des animaux et des
insectes et contaminent les cours d'eau. Cette ingestion ou ce contact avec une
eau polluée par les excréments est mortelle. Les maladies
hydriques (comme la diarrhée, le choléra, la fièvre
typhoïde, etc....) font chaque année des millions des victimes
(PNVEA/D9 RDC, 2010).
L'absence d'assainissement a aussi un effet néfaste sur
la scolarité des enfants, surtout des filles qui, à l'âge
de la puberté, quittent l'école car leur dignité n'est
plus assurée. (OMD, 2010). En effet, pour répondre à la
crise du secteur de l'eau et de l'assainissement en R.D.C ; le
gouvernement avec l'appui de ses partenaires a mis en place depuis 2006 le
programme national village et école assaini (PNEVA) avec l'objectif
principal « la réduction de la mobilité et
mortalité liées aux maladies d'origine hydrique et au manque
d'assainissement de base, par la création d'un environnement sain et
l'adoption des bons comportements d'hygiène individuel et
collective » (Unicef, 2008).
Le programme village et école assainis vise les zones
rurales et périurbaines de la R.D.C, zones les plus touchées par
le manque de l'eau potable ; de l'hygiène et de l'assainissement.
Il accompagne les villages tout au long d'un processus, pas à
pas, pour que ceux-ci atteignent sept normes en manière d'eau,
d'hygiène et d'assainissement.
Ce programme village et école assaini est basé
sur une approche décisionnelle communautaire : il a pour objectif
de soutenir le droit de tous, en particulier des plus vulnérables
à accéder à une eau potable et à l'assainissement,
tout en insistant sur la responsabilité de la communauté dans sa
planification, sa mise en oeuvre, son suivi et son évaluation. Par
ailleurs, l'approche du programme village et école assainis permet de
renforcer les capacités des acteurs des niveaux national et provincial
en vue de consolider les structures locales et d'augmenter leur capacité
de réponse à la demande des communautés.
Pour ce faire, la persistance de la morbidité et de la
mortalité suite au manque d'hygiène et d'assainissement des
milieux de vie de la population, nous a donné l'opportunité de
s'interroger sur l'évaluation des effets de financement du programme
village et école assaini dans la Zone de Santé de N'SELE. Le
constat fait, selon le rapport annuel des maladies à potentielle
épidémiques (MAPEPI, 2013) diffusé par la division
provinciale de la santé (B4 et B9). Ce rapport a
dénombré les cas et décès des maladies dues
à une mauvaise hygiène de l'eau et assainissement. Elles sont
reparties comme suit pour l'année 20013 : 13262 cas de paludisme
soit 10,4% sur l'ensemble de la population ; 11858 cas de la
gastro-entérite soit 9,3% de la population et 10016 cas de la
fièvre typhoïde soit 7,9% de la population. Ce qui
inquiète, c'est que ce programme a un financement allant de la
période de 2006 jusqu'à nos jours que la R.D.C et ses partenaires
l'ont mis en place.
Le manque de financements nationaux et internationaux
consacrés à l'assainissement est un obstacle au
développent de programme d'accès au service d'hygiène.
Selon l'OMS, 2012 ,190 milliards de dollars d'investissements sont
nécessaires chaque année, jusqu'en 2015, afin d'atteindre la
cible eau et assainissement des OMD dans toutes les régions. Or, le
montant de l'aide au développement pour l'eau et assainissement
était seulement de 7.8 milliards de dollars en 2010.
Il est essentiel que les engagements de la communauté
internationale et des gouvernements nationaux soient respectés. Alors
que la RDC a multipliée les déclarations et engagements en faveur
de l'accès à l'eau potable et à l'assainissement de 559
millions de dollars. Un appui doit être porté à la mise en
oeuvre opérationnelle de plans d'action communautaire pour le secteur de
l'eau et l'assainissement. Ces plans établis par les communautés,
permettent de faire de l'eau et de l'assainissement une priorité de
rassembler tous les acteurs y compris les financeurs de coordonner et planifier
leur efforts en fonction des besoins de la communauté.
Selon E. Guévart (s.d), un faible niveau d'accès
à l'eau potable, un manque d'hygiène et l'absence
d'assainissement freinent le développement car, ils constituent des
problèmes majeurs de la santé publique. Tous ces problèmes
créent un risque permanent pour les populations ; Citons entre
autres : la tendance de boire n'importe quelle eau qui engendre les
maladies diarrhéiques (amibiase intestinale, teniase,
helmintose,...) ; habitude de faire ses besoins en dehors d'une
installation sanitaire qui engendre les maladies virales (polio,
choléra,...) ; bactériennes (fièvre typhoïde
,dysenterie Bacillaire ;...) et les maladies parasitaires
(verminose,...) ; le manque de propreté du corps, des mains, de la
cuisine ; la nécessité de travailler dans les eaux
Stagnantes et contaminées pour pêcher, cultiver ou encore se
laver ; l'insuffisance des bonnes sources d'eau ;
l'infertilité du sol.
De ce qui précède, si la concrétisation
du projet d'aménagement d'eau, d'hygiène et assainissement est
une réponse à une demande exprimée par la population dans
une approche participative au regard de déficiences sanitaires et
comportementales qui menacent leur santé, il est impérieux que
nous nous posons la question suivante :
ü Le financement du programme national village et
école assaini a-t-il des effets favorables à la résolution
des problèmes de santé liés aux comportements
néfastes de la population, à la gestion de déchets,
aménagement des sources d'eau, à la construction des latrines et
l'état morbide de la population de la Zone de Santé de
N'SELE
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