Slow media : émergence d'un journalisme narratif sur le web.( Télécharger le fichier original )par Elena JOSET Université Sciences Humaines et Arts Poitiers - Master Information-Communication, Web éditorial 2016 |
Deuxième partieDonnées récoltées de l'étude comparative de deux pure players de temps long : Le Quatre Heures et Les Jours.Alors que l'attention d'un lecteur est a priori plus volatile sur le support web, il convient de s'interroger sur les stratégies mises en oeuvre par des pure players proposant des contenus long-format pour capter l'attention de l'internaute. Pour ce faire, nous nous appuierons sur une étude contrastive de deux pure players, Le Quatre Heures et Les Jours. Dans un premier temps, nous présenterons la méthodologie convoquée pour mener à bien cette étude comparative et déterminerons les objectifs et attentes de celle-ci afin de baliser le terrain analysé. Alors que la méthodologie employée repose sur une analyse de contenu complétée d'entretiens, nous présenterons le corpus retenu pour cette étude contrastive ainsi que les outils mobilisés pour élaborer notre la grille d'analyse. Par ailleurs, nous préciserons les caractéristiques des pure players retenus, en nous appuyant à la fois sur les entretiens passés auprès des professionnels des deux médias, mais également sur nos observations personnelles. Ces caractéristiques portent sur la forme et le fond des pure players, sur leurs revendications et motivations respectives, ainsi que sur leur manière de travailler. Enfin, nous présenterons les données issues de notre analyse de contenus. Notre objectif sera de repérer les éléments permettant de comprendre en quoi ces contenus s'inscrivent dans le registre narratif tout en s'interrogeant sur l'apport du web au sein de ces productions journalistiques. 31 2.1- Présentation de la méthodologie convoquée pour l'étude comparative 2.1.1- Objectifs et attentes de l'étude comparativeDepuis 2013, de nombreux pure players français ont vu le jour. Leurs revendications s'articulent autour d'une information de qualité et payante, des formats innovants et longs et l'adoption d'un temps de l'information allant à l'encontre des médias de flux et des réseaux sociaux. D'une part, le développement de tels médias pose question dans la mesure où ceux-ci proposent des contenus long format sur le web, alors que l'attention d'un utilisateur est a priori plus volatile sur ce support. D'autre part, lorsque la presse grand public parle du développement de ces médias en ligne, celle-ci les associe souvent au concept de Slow media, « slow info », ou « slow journalisme ». Mais cette association de journalisme long format et concept de Slow media est-elle pertinente ? Pourquoi associer un concept, dont le manifeste a été rédigé en 2010, à une forme de journalisme héritier d'un genre journalistique datant de la fin du XIXe siècle ? Que dire du fait qu'une terminologie mobilise la dimension temporelle (slow) et l'autre, la dimension spatiale (long) ? Par ailleurs, est-ce que les pure players qui exploitent les possibilités du web pour raconter des histoires long-format se présentent-ils eux-mêmes comme des Slow media ? Ainsi, c'est à travers une analyse comparative de deux pure players français, Le Quatre Heures et Les Jours, que nous souhaitons interroger cette association entre Slow media et journalisme long-format, et plus précisément le journalisme narratif. Dans un premier temps, nous procéderons à une analyse de contenus issus de ces deux pure players, en s'appuyant tant sur le fond que sur la forme des productions. Il s'agit d'une part de dresser les caractéristiques qui permettent d'identifier ces contenus comme relevant du registre narratif ; et d'autre part, de s'interroger sur ce qu'apporte le web à ce type de contenus journalistiques. De plus, nous réaliserons des entretiens auprès des fondateurs des deux pure players pour en savoir davantage sur leurs revendications et sur leur manière de travailler. Comment les professionnels du journalisme exploitent-ils le web pour « capter, séduire, emporter dans l'histoire [le lecteur] 137» ? Comment sont conçus les reportages publiés par les pure players ? À quels choix éditoriaux sont soumis les contenus ? Ces derniers répondent-ils à un cahier des charges précis ? Nous tenterons de dégager des invariants dans la stratégie de contenus de chacun des médias, mais également de recueillir leurs partis pris dans la mise à disposition de l'information. Par ailleurs, en s'appuyant sur les entretiens passés ainsi que sur les données de notre analyse de contenu, on s'interrogera sur le rapport entre le journalisme narratif et le concept de Slow media. Nous tenterons ainsi de dégager des tendances d'évolution du Slow media selon trois axes d'analyse : la terminologie du concept et les différentes interprétations dont il fait l'objet ; son processus (qui emploie le terme, qui ne l'emploie pas, pourquoi, ceux qui l'employaient il y a deux ans envisagent-ils le concept toujours de la même manière ?) Enfin, on s'interrogera sur les effets 137 VANOOST, Marie. Éthique et expression de l'expérience subjective en journalisme narratif. Sur le journalisme, vol. 2, n°2. [En ligne]. 15 décembre 2013. [Consulté le 31 décembre 2015]. Disponible à l'adresse : http://surlejournalisme.com/rev/index.php/slj/article/view/102/44 32 que produit le concept auprès des professionnels du journalisme et nous verrons si des médias plus « traditionnels » tendent à exploiter le Slow media, du moins un journalisme long format. Ainsi, à travers cette étude comparative, il s'agit, de mettre en tension un concept encore récent et sujet à diverses interprétations, avec un genre journalistique à part entière inscrit dans l'histoire du journalisme, mais dont la présence sur le web interroge. |
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