III.2. Pathologies parasitaires :
III.2.1. Cryptosporidioses :
La cryptosporidiose est une parasitose émergente
opportuniste. Le plus souvent asymptomatique, elle peut parfois se manifester
cliniquement par des troubles digestifs chez les sujets
immunodéprimés en présence d'affections intercurrentes.
L'agent causal est un protozoaire intracellulaire de la famille des coccidies
appartenant au genre Cryptosporidium (Chermette et Boufassa-Ouzrout,
1990). Plusieurs espèces ont pu être isolées d'un grand
nombre de vertébrés, y compris l'homme chez lequel
l'intérêt porté à ce parasite est
34
Chapitre III Partie bibliographique
directement lié à la survenue
d'épidémies dès les années 80. Plus de 90% des 165
épidémies liées à l'eau contaminée sont
survenues aux USA et en Europe parmi lesquelles celles de Milwaukee (USA,
1993), de Sète (France, 1998), de Dracy-le-Fort (France, 2001) et de
Divonne-les-Bains (France, 2003) (Derouin, 2010). L'épidémie la
plus récente ayant incriminé le génotype du lapin a eu
lieu au Royaume Uni en 2008. Cet épisode souligne que le risque
zoonotique dû à la contamination du réseau d'eau de boisson
ne doit pas être négligé (Robinson et Chalmers, 2009).
Plusieurs espèces animales ont fait l'objet d'investigations
limitées à l'Europe, à l'Amérique du nord et
à l'Australie (Nolan et al., 2010).
Chez le lapin de population locale, les études
effectuées par Mezali et al. (2015) montrent que sur les 102
prélèvements examinés, l'ensemble des échantillons
de matières fécales de groupe sont positifs aux cryptosporidies,
représentant ainsi une prévalence de 100%. Sur les 42 frottis de
côlon, 35 sont positifs, soit une prévalence de 83,33%. Le taux
d'infestation est de 87,5% chez les mâles contre 77,78% chez les femelles
et n'est pas significativement différent entre les deux sexes (Mezali
et al., 2015).
III.2.3. Coccidioses :
Les coccidies, ce sont des protozoaires, phylum le plus
primitif du règne animal, et des sporozoaires, presque toutes les
coccidies du lapin font partie du genre Eimeria. Ces Eimeria
se développent dans les cellules des épithéliums de
l'appareil digestif (intestin, foie), au moins 11 espèces parasitent le
lapin, une seule parasite le foie, les 10 autres sont à localisation
intestinale. Une revue complète a été faite par Coudert
(1989). Les coccidioses, comme toute maladie, peuvent laisser un certain nombre
de séquelles, rénales ou hépatiques en particulier, qui ne
sont pas sans conséquences soit sur l'état d'engraissement
l'abattage, soit sur l'avenir de l'animal si celui-ci est conserve comme
reproducteur. En outre, une maladie se complique souvent d'autres affections.
En effet, ces observations ont été obtenues sur des lapins
élevés dans des conditions particulièrement favorables,
c'est à dire qu'il n'y avait pratiquement pas de surinfections
bactériennes (Tableau 15) (Lebas et al.,
1996).
Chapitre III Partie bibliographique
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Tableau 15 : Pouvoir pathogène
comparé des différentes coccidies intestinales du
lapin (Lebas et al., 1996).
Pathogénicité Espèce d'Eimeria
Symptômes
Non pathogène ou peu pathogène
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E. coecicoia
F. oxlgua
E. perforans E. vejdovskyi
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Aucun signe de maladie ou
légère chute du GMQ
Pas de diarrhée
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Pathogène E. media
E. mogno E. irresidua E. piroformis
Chute du GMQ
Diarrhée inconstante Peu ou pas de mortalité
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Très pathogène E. intestinalis
E. flavescens
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Sévère chute GMQ Diarrhée importante
Mortalité élevée
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Les travaux effectués par Hennab et Aissi (2013) dans
quatre élevages (Bordj Ménaiel (N°1), Khemis El Khechna
(N°2), Draa Ben Khedda (N°3) et Ouaguenoune (N°4)) sur 19
lapines de population locale algérienne montrent que l'excrétion
oocystale moyenne n'a pas varié significativement entre les
élevages étudiés. Cependant, elle diffère
significativement entre les deux périodes étudiées
(gestation et lactation). En effet, Chez les lapines gestantes,
l'excrétion oocystale moyenne était nulle dans l'élevage
(2) et faible dans les élevages (1), (3) et (4). Ces résultats
sont comparables à ceux obtenus par Gallazzi (1977) et Papeschi et
al. (2013) qui indiquent que les femelles gestantes, dans les conditions
naturelles, sont excrétrices d'oocystes. Une excrétion d'oocystes
durant le dernier tiers de gestation, peut être liée au bilan
énergétique négatif durant cette période, ce qui
favorise la baisse de l'immunité. Dès la mise-bas,
l'excrétion oocystale moyenne était importante dans les
élevages (1) et (3) ; cette excrétion diminuait progressivement
en allant vers la période de tarissement seulement pour l'élevage
(1). Dans les élevages (2) et (4), l'excrétion était
faible. Les mêmes résultats ont été obtenus par
Gallazzi (1977) indiquant, que pendant le début de lactation, une
augmentation de l'excrétion oocystale est observée avec un pic
vers la 3ème
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Chapitre III Partie bibliographique
semaine de lactation. Un pic d'excrétion oocystale a
été constaté vers la dernière semaine de lactation
chez les lapines de l'élevage (3). Ceci pourrait être lié
à une baisse de l'immunité liée elle-même à
une dégradation de l'état général, engendrée
par l'existence de plusieurs infections intercurrentes, d'une part, et le
mauvais entretien de l'élevage d'autre part. Une diminution de
l'excrétion oocystale entre les périodes de gestation et
lactation a été constaté au niveau de l'élevage (4)
ce qui pourrait être lié à l'application des bonnes
conditions d'élevages. Chez les lapereaux, dès le
19ème et le 25ème jour d'âge, une
excrétion oocystale a été constatée dans les
élevages (1) et (3), avec un taux inférieur à 50 OPG. La
présence prématurée des oocystes dans les crottes des
lapereaux âgés de 19 jours, pourrait être probablement le
résultat d'une forte contamination précoce des lapereaux et/ou au
statut immunitaire déficient (Drouet-Viard et al., 1997).
Aussi, Sur les 160 oocystes sporulés et
identifiés, une prédominance des espèces intestinales et
une association de 2 à 4 espèces d'Eimeria a
été notée dans les 4 élevages (Tableau
16). L'espèce dominante est Eimeria magna (43%)
(Hennab et Aissi, 2013).
Tableau 16 : Oocystes sporulés
d'Eimeria isolés. (Hennab et Aissi, 2013)
Espèces de coccidies Pourcentage (%)
E. stiedai 23%
E. magna 43%
E. coecicola 3%
E. perforans 9%
E. media 19%
E. exigua 3%
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