Paragraphe 2 : Le pouvoir financier libyen dans la
CEN-SAD
Nous retiendrons d'entrée que théoriquement,
chaque Etat dispose d'une voix dans le conseil décisionnel. Mais
pratiquement, le poids de chaque pays est proportionnel non seulement à
ses ressources et richesses financières, mais également aux
capacités de manoeuvre politique de son premier responsable. Cependant
il va sans dire que celui qui détient le pouvoir économique et
financier dans une organisation à vocation sous régionale en
influence forcément la politique. Et dans le cas d'espèce, c'est
la Libye qui détient le pouvoir économique et financier dans la
CEN-SAD. Par conséquent, c'est elle qui influence la politique de la
communauté. Ce pouvoir financier libyen dans la CEN-SAD se traduit,
d'une part, par sa contribution financière (A) ; puis
11 Article 1er du traité portant
création de la Communauté des Etats Sahélo-Sahariens
(CEN-SAD)
Réalisé par Olognidé Ronic Enoch
AKPONIKPE
Impact de la crise libyenne sur la Communauté des
Etats Sahélo-Sahariens (CEN-SAD)
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d'autre part, par son financement des programmes et projets de
la communauté (B).
A. Les contributions libyennes dans la CEN-SAD
La Libye a énormément contribué à
la survie et au fonctionnement de la CEN-SAD soit par des dons, soit
financièrement. Ainsi, pour apprécier la contribution
financière libyenne dans le fonctionnement et la survie de la CEN-SAD,
nous exposerons d'une part la contribution libyenne au capital social de la
Banque Sahélo-Saharienne pour l'Investissement et le Commerce (BSIC)
puis d'autre part la contribution libyenne au budget de l'organisation.
Banque communautaire, la BSIC est le fruit de la
coopération entre les pays membres de la CEN-SAD qui en
détiennent le capital. Elle a été créée en
Avril 1999 par la Conférence des Leaders et Chefs d'Etats de la CEN-SAD
qui lui ont fixé comme mission de contribuer au financement des
économies des Etats membres. Pour appréhender le pouvoir
financier libyen au sein de cette banque, nous nous référons aux
statistiques d'une étude effectuée en 2001 sur la part
d'actionnariat de chaque Etat actionnaire de la BSIC. Ainsi, l'actionnariat des
Etats a été élaboré en 2001 de la façon
suivante : Libye (45%), Soudan (10%), Mali (5%), Sénégal (5%),
Burkina Faso (5%), Gambie (5%), Bénin (5%), Tchad (5%),
République Centrafricaine (5%), Togo (5%), Niger (5%)12. De
cette étude sur l'actionnariat nous pouvons déduire que la
souscription de la part des Etats membres est libre. Toutefois, nous remarquons
très bien que la Libye est le plus gros actionnaire de la BSIC et
qu'à ce titre elle aura une grande autorité sur les autres Etats
actionnaires.
S'agissant de la contribution libyenne au budget de la
communauté, il convient de préciser que la Libye supporte
à elle seule une grande partie du
12Ces informations ont été
données par le Président Directeur Général de la
BSIC, Alhadi M. ALWARFALLI dans son rapport de mai 2008 au Conseil
Exécutif. Il y précise que le capital social est passé
depuis janvier 2008 de 250 à 500 millions d'euros et que l'actionnariat
au niveau des Etats devra être revu.
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budget communautaire puisque les autres Etats excepté
le Soudan, ne paient presque jamais leurs cotisations. En effet, à la
création de la CEN-SAD, son budget s'élevait à sept (07)
millions de dollars américains dont les 2/3 étaient
supportés par la Libye. En 2008, le budget communautaire s'est
élevé à plus de dix (10) millions13 de dollars
américains toujours supportés en grande partie par la Libye. Les
autres Etats doivent d'énormes arriérés qu'ils ne
remboursent que lorsqu'ils sont désignés pour abriter le sommet
de l'organisation. Pour illustrer cet état de chose, nous nous
référons aux contributions dues par certains états. Ainsi,
à la date du 31 mars 2008, le montant dû par certains Etats se
présente comme suit (ces montants sont libellés en euro) : -
Sénégal : 5 030 817,56 - Bénin : 1 196 986,68 - Burkina :
2 891 360,95 - Tchad : 1 956 292,49 - Gambie : 3 392 982,77 - Togo : 5 939
883,78 - République centrafricaine : 7 133 316,68 - Niger : 2 083
33314. Cette situation permet à la Libye d'affirmer son
autorité sur les Etats membres de la CEN-SAD et sur les Etats
débiteurs en particulier, vu qu'elle se trouve être le seul Etat
à jour vis-à-vis de la comptabilité communautaire.
Le poids financier de la Libye au sein de la CEN-SAD
s'appréhendera également à travers le financement des
programmes et projets communautaires par la Libye.
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