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Le design comme moyen de reconstruction d'une identité territoriale. Cas de la ville de Saint-Etienne.

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par Inès Marandon
Kedge Business School - Master Ecole Supérieur de Commerce 2016
  

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CONCLUSION

Durant cette recherche, l'objectif était de comprendre comment la politique territoriale tournée vers le design améliore l'image de la ville de Saint-Etienne et quels en sont les enjeux. Nous allons tenter de conclure sur la place du design à Saint-Etienne afin de constater si son pari est sur la bonne voie.

Dans la partie théorique, nous avons réalisé un aperçu du design et de son histoire notamment sa présence dans les villes créatives de design. Par une tentative de définition du design, nous avons vu qu'il existait plusieurs écoles. En effet, certains pensent que le design existerait depuis toujours et que ce concept est un nouveau mot pour qualifier les inventeurs et concepteurs. Pour d'autres, le design est de l'art et sa préoccupation esthétique. On peut encore évoquer bien d'autres pensées, comme la visée productive purement industrielle, à l'inverse de l'artisanat où les objets sont uniques. Bref, le design serait encore un concept complexe ayant une multitude d'approches. D'ailleurs, le concept évolue constamment et le métier du designer est amené à évoluer avec les changements sociétaux.

La notion du design aurait explosé depuis les années 1980. En effet, s'il on regarde son historique, l'Etat français semble réellement s'intéresser, soutenir et promouvoir le design depuis cette période. Au fil du temps, beaucoup d'initiatives en faveur de cet art ont vu le jour : écoles, musées, galeries d'art, associations, événements, délégations... Citons par exemple le département « Design » crée en 1980 à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris ou encore, la première quadriennale internationale du design en 1986 dans la région de Lyon. Cependant, le design demeure un secteur d'activité méconnu du grand public, sans doute à causes de certaines confusions à son égard.

Les villes se sont intéressées au design pour créer une dynamique unificatrice qui rassemblerait la population autour d'un projet porteur et pour faire face à un contexte où les villes rassemblent 3/4 de l'activité économique et la moitié de la population mondiale. La qualification de villes créatives par l'Unesco est appuyée sur la notion d'économie créative, où les créateurs seraient un moyen de développement urbain. L'intérêt du réseau mondial de l'Unesco des villes créatives crée en 2004 est de promouvoir le développement culturel,

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économique et social des villes dans les pays développés et ceux en voie de développement. Montréal est entrée dans le réseau de l'Unesco en 2006 grâce à son potentiel créatif (plus de 450 000 employés dans le secteur créatif dont 20 000 designers). La ville aurait intégré du design dans des secteurs très divers. Pour Berlin, le design est également au coeur de l'économie urbaine, avec 11 000 travailleurs dans le design. Montréal et Berlin ont naturellement axées leur politique de développement territorial par le design et peuvent être considérées comme exemplaires étant donné les retombées positives.

On assiste depuis plusieurs années à la transformation de la ville de Saint-Etienne, notamment autour du design. Nous avons donc tenté de cerner ce qui a amené Saint-Etienne à se reconvertir grâce au design, puis nous en avons identifié les moteurs et les freins. Afin de comprendre les raisons d'une telle directive, il suffit de regarder dans le passé de cette ville : son dynamisme industriel révèle que la créativité a été le noyau dur pour son développement depuis la fin du 18ème siècle. Nommons par exemple la rubanerie, les industries minières, l'armement et les cycles. Le déclin industriel laisse la ville avec divers enjeux : pénurie démographique, crise économique, etc. La ville rebondit, toujours grâce à la créativité, en utilisant son héritage industriel pour créer du patrimoine et des musés. Elle se tourne très vite vers de nouveaux secteurs et pôles d'excellence comme le design en 1994, dont la politique est de placer le design au coeur de la transformation urbaine, des équipements, infrastructures et des espaces publics.

Parmi les moteurs de cette orientation, la ville souhaite se positionner d'un point de vue marketing, pour se créer une marque de fabrique, et ainsi, améliorer son image. Saint-Etienne voit également le design comme source de développement économique et pour lutter contre la crise économique, par le secteur privé, les investisseurs, le tourisme, etc. Le design pourrait également avoir un impact favorable sur les habitants pour construire une ville adaptée à ces citoyens. Les difficultés que la ville devait affronter sont son image de ville « vieillissante et noire », pauvre, qui n'aurait pas changé depuis son effondrement industriel. De plus, la proximité avec la ville de Lyon également tournée vers le design pourrait concurrencer la ville.

Enfin, nous avons émis les conséquences sur ce que le design apportait à la ville, en terme d'images mais également dans d'autres domaines. L'exemple de la ville de Saint-Etienne a montré que le bilan du développement de la ville par le design est intéressant. Le

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design est une réalité à Saint-Etienne, il lui donne beaucoup de sens, nous pouvons même dire que la ville est « design » de manière globale (divers secteurs d'activité, entreprises, habitants, écoles, projets urbains...). Notons par exemple la Biennale Internationale du Design, événement fédérateur de la ville et réussite indéniable. Cette identité de la ville évolue de manière qualitative notamment grâce à la Biennale dont les résultats économiques pour le territoire sont de l'ordre de 1,25 euros de retombées pour 1 euro investi. La culture design est un levier de croissance majeur pour la ville.

Dans la recherche empirique, nous avons interrogé certains professionnels du design de la ville de Saint-Etienne pour cerner quelle était leur vision des choses concernant cette reconversion par le design et ses réalités.

Globalement, le design apparaît comme un nouveau souffle pour la ville, c'est un vecteur de développement incroyable. Pour les professionnels, la désignation de ville de design par l'Unesco a permis de positionner le territoire même si ce n'est pas seulement un label. En effet, le design est logique et cohérent à Saint-Etienne, de par son histoire, et il a une répercussion forte. La Cité du Design est d'ailleurs un lieu unique en France, une sorte d'écosystème du design qui caractérise également la ville. Saint-Etienne arrive à montrer que le design peut s'inscrire sur des espaces inattendus, et que le design dans cette ville n'est pas seulement beau, mais stratégique, participatif, innovant.

Les designers qui font partie intégrante de la dynamique territoriale, ont leur place sur le territoire, avec des structures qui les aide et les encourage à exercer sur le territoire. Des actions de sensibilisation auprès des entreprises et du grand public sont menées dans cette directive. Toutefois, il semble y avoir une ambiguïté concernant l'identité du design à Saint-Etienne, étant donné que l'une des problématique essentielle est celle des habitants. Ces derniers semblent encore considérer le design comme élitiste, abstrait, et ne pas être conscient de ce que par exemple, la Biennale Internationale apporte à la ville. Des efforts de communication et de sensibilisations doivent être poursuivis auprès des habitants, mais également auprès des acteurs du secteur privé dont l'utilisation du design reste encore perçue comme accessoire. De même, la ville doit porter son attention aux créateurs, un moteur essentiel pour la mutation de la ville. Enfin, même si Saint-Etienne a été précurseur, d'autres villes commencent à s'y intéresser ce qui pourrait éventuellement la concurrencer.

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Pour terminer, nous avons confronté les données théoriques et empiriques pour cerner les idées communes et celles qui divergent.

Toutes les sources évoquent le fait que la décision politique est cohérente avec son passé industriel. De plus, la ville rayonne au niveau national et internationale, notamment grâce à la Biennale Internationale du Design, en plus d'être un levier de développement économique important. Certaines entreprises du territoire font appel aux designers où le design permet d'apporter de nouvelles solutions stratégiques pour que ces structurent perdurent.

Lyon ne semble pas être un obstacle à cette régénération urbaine, bien au contraire, elle est partenaire de la Cité du Design et permet ainsi de toucher de nouveaux publics. La théorie du design social semble minime à Saint-Etienne malgré quelques actions de design participatif auprès des citoyens et des efforts de communication pour le démocratiser. Le caractère unique de la ville serait également à nuancer, puisque d'autres villes le font aussi, comme Berlin et Montréal, et à Paris, il y a le Lieu du Design, les meilleures écoles de design, etc. L'image ancienne de ville « noire » ne semble pas être une difficulté pour la ville, au contraire, les visiteurs en repartent avec une bonne image. Notons enfin, que le design est encore un peu « dirigé » à Saint-Etienne puisqu'une Design Manager oblige la collectivité territoriale à mettre du design dans la ville, ce qui permet en outre de faire travailler les designers locaux. Pour finir, même si certains enjeux demeurent, la ville semble être sur la voie d'un changement d'identité profond.

Mener ce mémoire de recherche m'a beaucoup intéressée, j'ai apprécié le fait de mener ce travail de recherche en autonomie complète. Il m'a permis d'approfondir mes connaissances sur cette question et de mieux cerner les enjeux de cette discipline qui présente un potentiel futur incroyable. En effet, je fais partie de cette ville et j'ai d'ailleurs hâte de découvrir les prochains projets comme la « rue de la République du design », un projet d'expérimentation pour que questionner les nouveaux modes d'occuper et d'habiter les centre-ville, qui sera présenté à l'occasion de la Biennale Internationale du Design de 2017 ayant pour thématique « Les mutations du travail ». Par ailleurs, nous pouvons nous interroger sur l'avenir de la ville : A quoi ressemblera Saint-Etienne demain ? Qu'est-ce que le design va apporter comme transformation majeure à la ville ?

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon