1.2.2. Généralités sur la
vulnérabilité des écosystèmes forestiers face aux
changements climatiques
Les forêts sont très sensibles au changement
climatique. Cela a été montré par les observations du
passé, des études expérimentales, et modèles de
simulation basés sur la compréhension écophysiologique et
écologique actuelle. Au cours des 30 dernières années, le
monde a connu d'importantes hausses de température, en particulier dans
l'hémisphère nord.
En attendant, une plus grande variabilité du climat est
prévue, avec des précipitations augmentées dans certaines
zones et les périodes sèches et chaudes extrêmes dans
d'autres régions. Ces événements auront un effet important
sur les forêts.
On note présentement une migration de nombreux
organismes vivants vers les zones habituellement plus froides à cause de
la hausse des températures. Ces mouvements impliquent toutes les
espèces, y compris les plantes. Certaines espèces vont chercher
des altitudes plus élevées, d'autres vont se déplacer vers
les pôles. Dans les régions tempérées, les
espèces de plantes et d'arbres peuvent migrer naturellement sur 25
à 40 km chaque siècle. Toutefois, si, par exemple, il y avait une
augmentation de la température de 3 °C sur une période de
cent ans dans une région donnée, les conditions dans ce domaine
vont subir un changement radical, équivalent en termes
écologiques à un déplacement de plusieurs centaines de
kilomètres (Jouzel et Debroise, 2007).
Au cours des dernières décennies, les
scientifiques ont observé les premiers signes de ce processus dans
l'hémisphère nord causé, semble-t-il, par l'augmentation
de la température en relation avec les changements climatiques. Diverses
études ont constaté qu'un certain nombre d'espèces
d'oiseaux, arbres, broussailles et d'herbes ont migré en moyenne de six
kilomètres tous les dix ans, ou ont cherché des altitudes plus
élevées entre un et quatre mètres (Parmesan, 2003).
Les botanistes ont également noté que de
nombreux arbres et plantes de l'hémisphère nord ont tendance
à fleurir plus tôt (en moyenne progresser de deux jours tous les
dix ans) ce qui augmente le risque de bourgeons tués par des
gelées tardives.
Des températures légèrement plus
élevées et une plus grande accumulation de CO2 dans
l'atmosphère accélèrent les taux de croissance des
espèces dans les écosystèmes
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forestiers (WRI, 2008). On estime que les forêts des
régions tempérées ont vu un gain de 15% de la
productivité depuis le début du 20ème siècle
(Medlyn et al., 2000). En outre, les amendements de CO2 ainsi que les niveaux
d'azote accrus et plus d'humidité du sol, ont tous contribué
à une plus grande productivité de la forêt au cours du
siècle dernier.
Paradoxalement, alors que les niveaux de CO2 ont
augmenté et d'autres facteurs ont conduit à la croissance des
forêts dans certaines régions, la situation actuelle de
l'environnement (fortement influencé par le changement climatique)
pourrait conduire à une destruction massive des forêts et à
l'extinction de nombreuses espèces.
Le réchauffement climatique est susceptible d'augmenter
l'étendue des feux de forêt, comme ce qui est arrivé
récemment en Russie, Europe du Sud et en Californie. Une étude
récente de diverses conditions forestières en Russie
suggère qu'une augmentation de 2°C de la température
pourrait augmenter la zone touchée par les feux de forêt par un
facteur compris entre un et demi et deux (Mollicone et al., 2006).
La variabilité du climat peut aussi causer la baisse de
productivité. Lors de la vague de chaleur de 2003 en Europe, il y avait
une baisse de 30% de la productivité des plantes en Europe continentale
dans son ensemble.
Les divers changements dans le cours normal du climat seraient
donc la cause de divers bouleversements dans les écosystèmes, en
particulier les écosystèmes forestiers.
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