1.2.2
Les causes internes de l'inflation
A ce niveau, les causes et l'évolution des prix qui
rendent la vie chère selon les différentes raisons liées
au déséquilibre entre la demande et la production, le
libéralisme économique seront analysées.
L'écart entre la production effective et la production
potentielle est traditionnellement présenté comme un facteur
important dans les tensions inflationnistes. En effet, au Niger la production
des biens et services est l'un des facteurs clés du problème de
l'inflation à cause de son niveau insuffisant pour satisfaire la
demande. La production est de type primaire tandis que le secteur secondaire et
tertiaire n'ont jamais atteint un niveau capable de permettre une bonne
croissance économique. En outre, la demande de plus en plus croissante
exprimée par la population joue inévitablement un rôle dans
la formation des prix. Pour cerner l'impact de la demande, il serait
impératif d'introduire la production réelle par habitant dans
l'analyse.
Par ailleurs, pour des pays comme le Niger dont le rythme de
production est perturbé par des facteurs naturels comme la
pluviométrie, il serait pertinent de voir l'état de la production
agricole.
1.2.2.1 La production au
Niger
Au Niger, la zone agricole ne représente que le quart
de la superficie du territoire entre les isohyètes 350 et 650 mm. Elles
forment une longue bande de terres plus ou moins aptes à la culture
s'allongeant sur plus de 1500 kilomètres d'Est en Ouest. Les terres
cultivables n'occupent que 12% de la superficie totale tandis que les terres
cultivées s'élèvent à 2.5%. Plusieurs facteurs
expliquent la faiblesse de la production, on peut néanmoins citer la
continentalité, l'irrégularité pluviométrique, la
pauvreté des sols, les moyens de culture rudimentaires, des ressources
financières réduites et la poussée démographique
qui raréfie les terres cultivables. Les principales cultures sont:
v Les cultures vivrières composées de
céréales de base que sont le mil, le riz, le sorgho
où 90% des terres cultivées leurs sont consacrées;
v Les céréales secondaires: maïs,
niébé, blé;
v Les tubercules et autres: manioc, patate douce, pomme de
terre, cultures potagers;
v Les cultures commerciales: arachide, oignon, souchet,
poivron.
Face au taux de croissance rapide de la population (3,3%), la
superficie cultivée des principales cultures vivrières a
été augmentée, le rendement également. Toutefois,
l'agriculture est essentiellement de régime pluvial et la production
dépend des précipitations. En 2004 en particulier, une petite
sécheresse est survenue grâce à une mauvaise
pluviométrie à diminuer les rendements des terres
cultivées. Les plantes légumineuses comme le niébé
et l'arachide sont principalement plantées comme intercalaires
d'accompagnement du mil et du sorgho. Le maïs et le riz sont
cultivés dans les zones où l'eau est facilement disponible y
compris dans les zones situées le long du fleuve Niger et dans les
régions du sud avec une pluviométrie abondante. En somme au
Niger, la hausse des prix due à la faiblesse de la production agricole
se résume à:
· La pluviométrie qui conditionne la bonne ou la
mauvaise campagne agricole;
· La pauvreté des sols car les paysans ne
pratiquent pas la jachère;
· Les moyens de production archaïques: le pays ne
dispose pas des moyens modernes de production (moissonneuses, batteuses,
tracteurs de production);
· Le manque d'engrais nécessaire au
renouvellement des sols pour une production prospère;
· L'insécurité aux frontières.
Certains produits tels que le lait, le sucre et autres produits importés
clandestinement du Maghreb ont connu une hausse scandaleuse depuis
l'éclatement de l'insécurité au Nord et les
soulèvements populaires dans certains Etats de l'Afrique du Nord;
· Le niveau d'instruction des agriculteurs qui les incite
à ne pas quitter leur mode de production ancestrale et le mode
d'appropriation des terres;
· Les coutumes: pendant les périodes
d'organisation des cérémonies, on assiste à un
épuisement des stocks des aliments d'où une hausse des prix.
C'est le cas des périodes de la fête où les prix montent en
raison de la demande élevée;
· La position géographique car les prix
diffèrent selon les régions. Ainsi une région dont le
terrain est favorable à une culture d'un produit alimentaire comme le
mil par exemple aura des prix de mil moindres par rapport à celles dont
le sol est moins favorable;
· Les voies de communication qui permettront
l'acheminement de la production vers des zones de transformation ou de
commercialisation;
· Les frais de transport qui entrainent une hausse des
prix due aux coûts de l'acheminement des produits et à la pratique
des «faux frais».
En général, on remarque que la cherté de
la vie se fait généralement sentir lorsqu'il y a un
déséquilibre entre le besoin céréalier et la
disponibilité céréalière en raison soit d'un
résultat de la campagne agricole, soit d'une hausse des prix à
l'importation d'où l'introduction de la disponibilité
céréalière dans les variables
explicatives de l'inflation. Le graphique ci-dessous montre le bilan
céréalier.
Graphique 3 : Bilan céréalier au Niger
de 1962 à 2010
Source : Direction de la Statistique
du Ministère de l'Agriculture (2011)
On constate sur ce graphique que le bilan
céréalier n'est pas généralement positif; ce qui
reflète un niveau de production faible pour répondre à la
demande. Par conséquent le niveau de la production agricole est un
facteur clé qui contribue à rendre la vie chère au
Niger.
Par ailleurs, la production industrielle est aussi l'une des
causes qui favorisent l'importation en raison de son bas niveau. En effet,
cette dernière répond insuffisamment à des niveaux de
demande exprimés par la population. A ce niveau, ce sont les coûts
de production qui demeurent la principale source de la cherté des
produits manufacturés. Aussi, les taxes à l'importation
déclenchent une hausse des prix d'autant plus que les entrepreneurs
répercutent ces dernières sur les prix des biens, et finalement,
c'est les consommateurs qui supportent le fardeau. La hausse des prix des
produits industriels est donc due à une inflation par les structures des
coûts de production d'autant plus que, la cherté des intrants
utilisés dans le processus de fabrication est pris en compte dans les
coûts. Toutefois, seules les industries laitières sont
suffisamment compétentes. En somme, au Niger les problèmes de
l'industrie se résument comme suit:
ü Insuffisance des ressources financières;
ü Moyens de communication limités;
ü Etroitesse du marché intérieur tant pour
le nombre d'habitant que pour leur pouvoir d'achat;
ü Concurrence des produits clandestinement
importés du Nigeria;
ü Enclavement;
ü Le taux de pression fiscale élevé.
L'ensemble de ces problèmes constituent les principales
sources du faible niveau de la production industrielle. Par conséquent,
il est évident de faire face à une inflation par les coûts
de production qui contribuent à rehausser les prix.
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