3.2.4.
Saisonnalité de l'évolution des cas de diarrhées
aiguës
3.2.4.1. Augmentation des cas en saison
pluvieuse
Dans notre étude, les périodes de fortes
proportions se retrouvent au CHR deGaoua : en Juin, Juillet et Août,
au CHR de Fada N'Gourma : en Juillet, Août, Septembre ; et au
CHR de Ouahigouya : en Aout, Septembre, Octobre. Nos pics de
diarrhées aiguës sont intervenus d'abord au CHR deGaoua, suivi du
CHR de Fada N'Gourma et de celui de Ouahigouya. Ces observations se rapprochent
de l'ordre d'installation de la saison pluvieuse au Burkina Faso, ces 03 CHR
étant situés dans des zones climatiques différentes.Soumah
et al [101] au Niger ont remarqué une fréquence
élevée des hospitalisations pour diarrhée durant les mois
de mai, juin, juillet avec un pic en juin correspondant au début de la
saison pluvieuse.La diarrhée aiguë a un profil saisonnier [70]. Les
températures élevées favorisent la multiplication des
bactéries dans les aliments non protégés et dans les eaux
stagnantes. Ensuite les fortes pluies et le vent facilitent leur dispersion et
leur diffusion. Des études ont révélé que le pic de
diarrhées bactériennes retrouvé pendant la saison chaude
pourrait s'expliquer par une sensibilité des bactéries au
changement de la température, de l'humidité, et de la
lumière favorisant leur multiplication et leur survie. Ceci aurait un
impact sur les réservoirs provoquant une augmentation de
l'excrétion puis de la durée de transmission [31,96]. Comme les
aliments constituent les véhicules de ces bactéries, tout ce
mécanisme a un impact sur le risque de transmission des maladies
d'origine alimentaire [23]. Ce qui explique, une plus grande morbidité
de la diarrhée aiguë en saison pluvieuse.
Nos 03 CHR se répartissent également dans les 03
zones de transmission du paludisme au Burkina Faso. Ce sont la zone de
transmission permanente (CHR de Gaoua), la zone de transmission
saisonnière longue (CHR de Fada N'Gourma) et la zone de transmission
saisonnière courte (CHR de Ouahigouya). Ainsi la résurgence du
paludisme, souvent accompagné de diarrhée, pendant la saison
pluvieuse (Figure 14) pourrait également être la cause de la forte
morbidité de la diarrhée dans cette période.
Une résurgence de cas de diarrhées aiguës
associées aux infections respiratoires aiguës (Figure n°15) a
été notée en Juillet (CHR de Gaoua), Septembre (CHR de
Fada N'Gourma) et Octobre (CHR de Ouahigouya). Ces périodes
correspondent au début de la saison pluvieuse dans nos
différentes zones climatiques. Des études ont
démontré que dans les régions tropicales et subtropicales,
le Virus Respiratoire Syncytial (VRS) se développe en saison humide
particulièrement en début de saison pluvieuse [35,98,99,106]. La
résurgence de diarrhée en saison humide pourrait s'expliquer par
les IRA dues au VRS.
Les travaux champêtres sont l'occupation principale de
nos populations, surtout pendant la saison pluvieuse. De nombreux
ménages se déplacent ainsi des villes et de leurs
périphéries vers les villages et hameaux de cultures. Ce
changement de l'environnement immédiat s'accompagne d'une
dégradation des conditions de vie (promiscuité intra et inter
ménages), de difficulté d'accès à l'eau potable
(approvisionnement en eau dans les mares, rivières et puits
contaminés) et d'assainissement (inexistence d'un mode
d'évacuation des excréments et ordures) pouvant expliquer la
diarrhée.
Ainsi, la saison des pluies est une période de crise
où trois facteurs interviennent conjointement pour fragiliser la
santé des enfants. Premièrement, il s'agit de la période
de soudure avec une pénurie alimentaire et financière.
Deuxièmement, les maladies tropicales, notamment le paludisme et les
pneumopathies, se multiplient chez ces mêmes enfants dont la
résistance est déjà minée par la malnutrition.
Finalement, les parents, débordés par des travaux
champêtres, diminuent leur vigilance sur les enfants, les laissant
à la charge de frères ou soeurs, de voisins ou de personnes
âgées qui ne peuvent pas travailler dans les champs. Ce concours
de facteurs et les synergies biologiques et sociales qu'il traduit,
n'expliqueraient-ils pas, en partie, la particularité de la
mortalité infanto-juvénile africaine [72] ?
3.2.4.2. Diminution des cas en saison
sèche
Nous avons également noté une tendance globale
à la diminution de cas en période sèche (Figure n°11,
12, 13). Cependant des pics sont apparus aux mois de Janvier (CHR de Ouahigouya
et Fada N'Gourma) et Février (CHR de Gaoua). Ces pics pourraient
s'expliquer par une incidence élevée des IRA qui sont source de
diarrhée, au cours desdites périodes [102]. De plus, les
infections à rotavirus au Burkina Faso ont un caractère
saisonnier marqué sous forme épidémique durant la
période froide de Décembre à Janvier [10]. Sanou et al ont
retrouvé au Burkina Faso, 70,73% de cas de diarrhées aiguës
à rotavirus recensés entre décembre et février
[93]. Ces pics de diarrhées aiguës pendant la saison froide dans
notre étude pourraient également correspondre à des
épidémies de diarrhées à rotavirus. En effet,
contrairement aux diarrhées d'origine bactérienne, les
diarrhées d'origine virale sont plus fréquentes au cours des
saisons sèches et froides [86]. Cependant, cette saisonnalité est
plus marquée dans les pays à climat tempéré que
dans les pays tropicaux. Ces observations pourraient être dues aux
faibles variabilités climatiques dans les pays tropicaux par rapport
à celles des pays tempérés. La fréquence
élevée de rotavirus pendant la saison sèche s'explique par
une baisse de l'humidité et des précipitations favorisant
l'assèchement du sol. Cet assèchement augmenterait le transport
aérien de particules fécales sèches contaminées. Ce
changement pourrait favoriser également la formation de
poussières porteuses des substrats aux particules virales [45]. La
baisse des matières organiques pendant la saison sèche peut
également augmenter la quantité des particules dans l'air pouvant
contaminer l'eau ou les surfaces de l'environnement ou pouvant être
ingérées[45].
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