CHAPITRE I : GENERALITES SUR LA FILIERE AVICOLE AU
BURKINA FASO
I. Rôle socio-économique de la production
avicole
L'aviculture constitue une source de revenus réguliers
et facilement mobilisables pour l'acquisition de nourriture en cas
d'insuffisance de céréales. En milieu rural, ces animaux sont
communément perçus comme une épargne et une assurance
contre les risques de baisse de production alimentaire et de revenus (MRA,
1997).
Selon le CILSS et al. (2006), les revenus des ventes
de la volaille permettent d'acheter de la nourriture toute l'année et
surtout en période de soudure dans les ménages ruraux.
La consommation moyenne de volailles est de 13 poulets par
ménage par an, avec une taille moyenne des ménages au Burkina
Faso de 6,3 personnes (MRA, 2005).
II. Les systèmes de production
avicole
Au Burkina on distingue essentiellement deux types de
systèmes de production avicole : le système extensif et le
système intensif.
2.1. Le système extensif
Ce système repose essentiellement sur l'aviculture
familiale, avec des moyens d'élevage rudimentaires, peu
d'investissements et une productivité faible.
Dans ce système, le secteur urbain ne représente
que 0,8 % environ des effectifs totaux relevés (DSAPIMARA, 1997). La
production est réalisée grâce à des élevages
villageois, avec des races rustiques adaptées aux conditions du
milieu.
Ce système est basé sur une très faible
allocation d'intrants hors ferme. L'alimentation est basée sur la
divagation avec une consommation de grains de céréales et de
légumineuses, de résidus de récoltes, des sous-produits de
transformation des céréales, de termites.
5
Les interventions sanitaires sont généralement
irrégulières et surtout insuffisantes entrainant ainsi de fortes
mortalités au niveau des élevages (OUEDRAOGO et ZOUNDI, 1999).
L'aviculture familiale se caractérise par le
mélange des espèces et des catégories et un manque ou
faible contrôle de la reproduction (KONDOMBO et al., 2003).
Tableau I : Paramètres zootechniques de
l'aviculture familiale au Burkina Faso
paramètres (poule) valeur
Nombre d'oeufs par femelle/an 27
Rendement carcasse, % 80
Age des femelles à la commercialisation, jours 120
Poids des femelles à la commercialisation, kg 1,25
Source : (MRA, 2005)
2.2. Le système intensif
Il s'agit de l'aviculture moderne qui est présente
seulement en milieu urbain et périurbain, spécialisée dans
la production d'oeufs et de poulets de chairs destinés à la
vente. C'est un système qui repose essentiellement sur l'achat des
intrants : poussins, aliments, produits vétérinaires, main
d'oeuvre, etc. Ces élevages modernes bien que productifs,
nécessitent un investissement important (OUEDRAOGO et ZOUNDI, 1999). Il
use de standards techniques (santé, alimentation, hygiène,
habitat, souches sélectionnées, etc) et utilise des
infrastructures en matériaux durables, gère selon des principes
rigoureux de production, de commercialisation et de marketing. En ce qui
concerne la production de chair, le système intensif est embryonnaire
car l'élevage avicole est encore essentiellement traditionnel. En effet,
la commercialisation du poulet de chair cause un problème : le circuit
de vente en vif étant insuffisant, le circuit de vente en carcasse est
peu organisé et insuffisamment intégré dans les habitudes
de consommation (PRIN et RENAULT, 1999).
Tableau II : Paramètres zootechniques en
aviculture semi industrielle au Burkina Faso
Paramètres (poule) Valeur
Nombre d'oeuf par femelle/an 208
Rendement carcasse, % 80
Age des femelles à la commercialisation, jours 520
Poids des femelles à la commercialisation, kg 1,9
Consommation journalière d'aliments, g/tête
105
Source : (MRA, 2005)
III. Performances zootechniques des souches pontes
introduites au Burkina Faso
Tableau III : Performances des pondeuses (élevage
au sol)
Elevage pondeuse Performances typiques en climat chaud
Pic de ponte
Poids entrée en ponte
Poids adulte
Consommation entre 0-18 semaines
Consommation en ponte
Nombre d'oeufs cumulés à 72 semaines
d'âge
Poids moyen d'un oeuf
Indice de Consommation (g aliment/g oeuf)
24-40 semaines 1400 g/16 semaines à 1550 g/18
semaines 1750-1900 g 5,6-6,2 kg 100 g/jour à 35°c ; 108
g/jour à 30°c 280-300 oeufs (17-18 kg) 58-60 g 2-2,4
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Source : ITAVI, AFSSA, CIRAD, 2002
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Tableau VI : Performances zootechniques type pondeuse
enregistrées en Afrique
Paramètres Côte d'Ivoire Sénégal
|
Maroc
|
Durée de ponte, jours
|
360
|
400
|
365
|
Nombred'oeufs/poule
|
240
|
255
|
280
|
Taux de ponte, %
|
66,7
|
63,6
|
77,8
|
Poids moyen de l'oeuf, g
|
55
|
52
|
63
|
Masse d'oeufs, g
|
13,2
|
13,5
|
17,6
|
Aliment consommé/jour/poule
|
120
|
115
|
118
|
Indice de conversion
|
3,27
|
3,11
|
2,44
|
Source : GALLOT, 2006
|
|
|
|
Tableau V : Normes pondérales en
catégories de poids des oeufs
|
|
|
Classe Super Très gros Gros
|
Standard Moyen
|
Petit
|
Déclassé
|
Calibre 1 2 3
|
4 5
|
6
|
7
|
Poids (g) >70 70-65* 65-60*
|
60-55* 55-50*
|
50-45*
|
<45
|
* exclus
Source : MILORD (1987)
3.1. La souche ISA
C'est une souche dont le produit commercial est la Warren.
Elle dispose d'un bon potentiel génétique avec une bonne
productivité, une bonne rusticité et une faible consommation
alimentaire. Elle a une viabilité en élevage égale
à 95 %, celle en ponte 90 % (301 oeufs à 72 semaines
d'âge), avec un poids moyen de l'oeuf de 62 g sur l'ensemble d'oeufs
pondus. Le poids à la réforme est de 2,3 à 2,5 kg
(BARANSAKA, 1998).
3.2. La souche Shaver
Elle a pour produit commercial la Starcross trouvée sous
trois phénotypes :
Une poule rousse à oeufs bruns avec une production
comprise entre 240 à 260 oeufs en 52 semaines. Le poids moyen de l'oeuf
est de 62 à 64 g ;
Une poule noire à oeufs colorés avec une
production comprise entre 245 et 265 oeufs par an. Le poids moyen de l'oeuf est
de 63 g ;
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Une poule blanche légère à oeufs blancs,
avec une production de 270 à 280 oeufs par an. Le poids moyen de l'oeuf
est de 60,5 à 62,5 g.
3.3. La souche Lohmann
Cette souche donne deux produits commerciaux :
? Une poule blanche légère à oeufs roux,
avec une production d'oeufs supérieurs à 270 par an. Le poids
moyen est de 61,5 g ;
? Un super Brown à oeufs teintés et pattes
jaunes.
3.4. La souche Euribrid
Cette souche donne également deux produits :
? -Une Hissex rousse à oeufs roux qui donne 285 oeufs
en 14 mois. Le poids moyen de l'oeuf est de 63,5 g ;
? -Une Hissex blanche à oeufs blancs, qui donne 295
à 305 oeufs en 14 mois. Le poids moyen de l'oeuf est de 65 g.
3.5. La souche Hubbard
Cette souche donne la Golden comme produit commercial et donne
245 à 255 oeufs en 76 semaines.
3.6. La souche Derco
C'est une poule rousse avec un plumage blanc dont la
production est de 245 à 265 oeufs par an. Le poids moyen de l'oeuf est
de 62 à 65 g. Le poids moyen à la réforme est de 2,3
kg.
3.7. La souche Harco
La femelle est toute noire avec des oeufs roux et le mâle
à une tache blanche sur la tête.
La production est de 245 à 265 oeufs par an avec un
poids moyen de 63 à 68 g (BARANSAKA, 1998).
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IV. Les pathologies des pondeuses
4.1. Les pathologies parasitaires 4.1.1. La
coccidiose
C'est une maladie très courante des poulets due
à différentes espèces d'Eimeria, parasites de la
paroi intestinale des poulets. Elle est caractérisée par des
diarrhées, des chutes de production et des mortalités.
La coccidiose ne se développe jamais toute seule, il faut
des facteurs favorables. Ce sont :
- une forte densité animale entraînant un nombre
élevé d'oocystes,
- la présence de maladies diverses affaiblissant les
volailles,
- une mauvaise ambiance dans le poulailler (litière
absente ou insuffisante, humidité
excessive) ;
- le non-respect du vide sanitaire, le mauvais nettoyage des
locaux et du matériel.
Pour le traitement, les sulfamides sont très efficaces
quand la maladie est identifiée tôt.
4.1.2. L'ascaris et le
hétérakis
Ce sont des vers parasites du tube digestif des volailles. Ces
parasites sont responsables de chutes de ponte.
Pour les hétérakis, la contamination est
réalisée par ingestion d'oeuf embryonnés de parasite, pour
les ascaris, elle a lieu par ingestion d'oeufs embryonnés ou de vers de
terre contaminés par les parasites.
Dans le tube digestif des volailles, les larves
pénètrent dans la paroi de l'intestin et deviennent adultes. Les
Ascaris sont localisés dans l'intestin grêle (vers de 3 à
10 cm de long sur 1 à 2 mm de diamètre).
4.2. Les pathologies bactériennes 4.2.1. Les
colibacilloses
Elles sont très courantes en aviculture. Elles sont
dues à une bactérie du genre Escherichia coui, qui est
un hôte normal du tube digestif et devient pathogène le plus
souvent sur des animaux affaiblis.
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Les volailles s'infectent par l'intermédiaire des
fientes, de l'eau souillée par les déjections ou en respirant des
poussières contaminées.
II peut également y avoir contamination du poussin
à l'éclosion par la coquille sale. L'infection se
généralise dans la volaille par contact à
différents organes.
4.2.2. La mycoplasmose
C'est une maladie très pathogène avec une
morbidité élevée. Elle se traduit par des
éternuements avec des écoulements nasals et oculaires, des
inflammations des sacs aériens, une pneumonie et aussi une baisse de
production (VILLATE, 1997).
4.3. Les pathologies virales
4.3.1. La maladie de Newcastle
Cette maladie infectieuse provoquée par un virus est
très contagieux.
Elle doit son nom à sa découverte en 1926 dans
la région de Newcastle en Angleterre. Elle se caractérise par des
troubles respiratoires, une diarrhée, une baisse de la ponte, une
torsion du cou, et une septicémie hémorragique provoquant 90
à 100 % de mortalités parmi les oiseaux atteints, et affecte la
volaille en toute saison (BULDGEN et al.,1996). La transmission du
virus se fait par l'oeuf ou par contact direct. Comme toute maladie virale, il
n'existe aucun traitement contre la maladie de Newcastle.
Pour la prévention on utilise des vaccins tués
qui sont injectés par voie intramusculaire, et des vaccins vivants dans
l'eau de boisson.
4.3.2. La maladie de Gumboro
La maladie de Gumboro, décrite pour la première
fois en 1962 aux Etats Unis, est une maladie infectieuse, contagieuse,
transmise par un virus de la famille des Birnavirus, spécifique de
l'espèce poule (BULDGEN et al.,1996).
Depuis sa découverte près du village de Gumboro
dans l'état de Delaware aux Etats Unis, cette maladie a
été observée dans la plupart des pays du monde dès
que la densité avicole devient importante. Elle se caractérise
par une diarrhée, des ailes tombantes et le bec dans la
litière.
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4.3.3. La maladie de Marek
C'est une maladie spécifique des poules
provoquée par un virus Herpès. Elle constitue un grave danger
économique car elle persiste dans les élevages contaminés.
Cette maladie, caractérisée par le développement des
tumeurs, se déclare chez les volailles adultes et touche surtout les
poules pondeuses.
Elle touche les pondeuses à l'entrée en ponte
(12 et 30 semaines) et se manifeste par des paralysies des pattes avec des
doigts crochus, des paralysies des ailles et du cou et un amaigrissement
progressif et intense qui aboutit à la mort de la volaille.
4.3.4. La variole aviaire
C'est une maladie virale causée par un Poxvirus et
caractérisée par la formation de croûtes principalement sur
la tête (autour du bec, des yeux et sur les barbillons). Parfois, des
membranes diphtériques peuvent se développer dans la bouche et
l'oesophage. La variole existe partout dans le monde et tous les oiseaux, quel
que soit leur âge, sexe ou race, sont sensibles au virus.
La transmission du virus se fait par contact entre les
volailles à la faveur des blessures de la peau. Les moustiques peuvent
également transmettre la maladie.
V. La prophylaxie sanitaire et
médicale
5.1. La prophylaxie sanitaire
? La désinfection
Elle a pour objectif de diminuer la pression microbienne,
virale et parasitaire liée à la présence des animaux et au
milieu favorable de développement que représente la
litière. En pratique, elle est réalisée après le
retrait de la litière et en l'absence des animaux.
Dans les conditions d'élevage traditionnel, le
crésyl (facile à trouver et bon marché) semble le produit
le plus indiqué car il est actif sur les virus, les bactéries et
de nombreux parasites (VILLATE, 1997). Le produit dilué à 4 % est
utilisé pour nettoyer les murs, le sol, les nids, les perchoirs, le
matériel d'élevage (abreuvoirs, mangeoires) à une
fréquence variable. Pour le matériel d'élevage servant
à l'alimentation, un rinçage à l'eau propre et un
séchage au soleil sont préconisés après la
désinfection. Il faut sortir le matériel et la litière
(réservoir potentiel de plusieurs maladies) juste après le
départ des animaux. La litière doit être
évacuée hors de
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l'élevage ou, mieux encore, brûlée ; il ne
faut pas oublier de nettoyer également les déchets
présents aux abords du bâtiment, ceux-ci devant être
considérés comme partie intégrante du poulailler.
Enfin, il est nécessaire de racler le sol et de
procéder à un premier balayage du poulailler. Il est possible
d'utiliser de la soude caustique à 1 % ou une solution de formol
à 10 % (VILLATE, 1997).
? Le vide sanitaire
C'est seulement après cette première
désinfection que commence le vide sanitaire proprement dit. Pendant
cette période le désinfectant prolonge son action qui est
renforcée par un bon assèchement du sol et du bâtiment.
L'humidité résiduelle dans le bâtiment est un facteur de
développement des microbes accentué par la chaleur des
régions tropicales. La durée moyenne d'un bon vide sanitaire est
de quinze à vingt jours (temps de séchage complet du
bâtiment) (VILLATE, 1997). Pendant ce laps de temps, il faut
éviter une contamination à nouveau du poulailler qui
détruirait tout le travail effectué. Il est donc
nécessaire de mettre en place des pédiluves et de prévoir
des bottes et des vêtements propres réservés aux
employés et servant uniquement au travail effectué dans les
poulaillers.
5.2. La prophylaxie médicale Il existe
deux types de vaccins :
y' des vaccins vivants très fragiles administrés
en eau de boisson (vaccination de groupe) ou par trempage du bec ou
instillation oculaire (vaccination individuelle), voire en nébulisation
sur les animaux ;
y' des vaccins tués injectables.
Il importe de respecter certaines règles pour assurer
une vaccination efficace : bonne conservation du vaccin (entre +2°C et
+8°C, à l'obscurité), utilisation d'eau de reconstitution
potable sans antiseptique (attention à l'eau chlorée des
réseaux publics), administration vaccinale rapide (moins de deux heures
après reconstitution), utilisation de matériel propre. Lors de
vaccination en eau de boisson, il faut assoiffer les animaux, utiliser des
abreuvoirs en plastique propres mais sans trace de détergent ou
d'antiseptique, et enfin vérifier que le nombre d'abreuvoirs est
suffisant pour le nombre d'animaux (VILLATE, 1997).
Les programmes de vaccination doivent être
établis en fonction de la situation épidémiologique et il
n'existe pas de protocole à toutes épreuves.
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