Problématique de la mobilité urbaine et de l'insécurité routière à dakar: le cas des accidents des usagers de deux roues-motorisées( Télécharger le fichier original )par Stephen Elmer SANGALA Ecole Supérieure d'Economie Appliquée (ESEA, ex-ENEA) de Dakar au Sénégal - Master 1 en Aménagement du territoire, Environnement et Gestion Urbaine 2015 |
CHAPITRE 3 : PROBLEMATIQUEDe tout temps, l'être humain a éprouvé le besoin, la nécessité de se déplacer pour réaliser les actions de la vie courante (travail, loisir, achat, visite, etc). Par ailleurs, sortir de chez soi et pouvoir y revenir sans problème est une préoccupation pour les familles. Selon les statistiques de l'OMS contenues dans le rapport 2013, Chaque année, 1,24 millions de personnes trouvent la mort sur la route ; c'est-à-dire plus de 3300 morts par jour. Au moins 10 millions de blessés graves avec des séquelles à vie. 90% de tués sont localisés dans les pays à revenus faibles ou modérés. Et un quart de tués sont des usagers de 2 roues motorisés. Cela montre combien de fois la route tue.46(*) Dans les pays riches comme les Etats-Unis, les deux-roues
représentent entre 3 et 5 % des véhicules en circulation, mais de
12 à 20 % des accidents mortels. En Asie, épicentre de ce
phénomène, les véhicules à deux roues
représentent près d'un tiers des morts sur En France, selon le baromètre Axa Prévention de la Sécurité Routière48(*), les conducteurs de 2 roues motorisées, en 2011, représentaient en effet 2% du trafic routier, mais 25% des tués. La même année, 25.000 conducteurs de 2RM ont aussi été blessés lors d'accidents nécessitant l'intervention des forces de l'ordre. En Afrique, le taux de mortalité est le plus élevé du monde dans les accidents de la route, soit 28 décès pour 100000 habitants, c'est quatre fois plus que dans des pays comme la Suède, la Grande Bretagne et la Norvège. Le coût de ces accidents est estimé à 7,3 milliards de dollars américains par an, soit 1% de son Produit intérieur brut (PIB). 49(*) Au Sénégal, les accidents de 2 roues sont devenus un phénomène préoccupant dans ce sens où ils font trop de victimes. En effet, on retrouve cette situation dans presque toutes les villes du pays. Selon la NPRS et les organisations des usagers de deux-roues, au moins 80 personnes perdent la vie chaque mois et on note aussi près de7 000 blessées. Cela constitue une hécatombe lorsqu'on répertorie le bilan de 2014 avec 960 morts. Par ailleurs, les études faites par le Ministère des Transports dans la période allant de 2013 à 2014 ont répertorié 1 604 accidents dont la plupart sont des jeunes de sexe masculin.50(*) Dans la région de Dakar, selon les statistiques de l'Hôpital Général de Grand Yoff, on a recensé 141 accidents dont 99 dans la banlieue. Sur ces 141 accidents 50% des tués sont des motocyclistes51(*). De plus, selon les statistiques du Bilan Général des interventions de la Brigade Nationale des Sapeurs-Pompiers52(*) à Dakar, le nombre d'accidents de 2 roues en 2013 s'élevait à 1 333 dont 1 735 victimes et 22 morts. En 2014, la capitale Dakar a enregistré à elle seule 1 827 accidents impliquant ces engins avec 30 morts et 2 262 blessés sur un total régional de 5653 accidents de la circulation.53(*) A la lecture de ces statistiques alarmantes, il est nécessaire et urgent d'y faire face à ce problème. En effet, le désastre de santé publique le plus préoccupant dans le monde n'est pas le sida, ni Ebola ou le paludisme, mais l'explosion du nombre d'accidents mortels en deux-roues motorisés, qui coûte des milliards aux pays riches et aux pays en voie de développement. En essayant de cerner la problématique de la sécurité routière, la NPRS (Nouvelle Prévention Routière de Sénégal) estime pour sa part que la vulnérabilité des usagers de deux-roues à Dakar pourrait s'expliquer tout d'abord par le comportement des conducteurs de deux-roues. En effet, ils multiplient les infractions entre les véhicules pour gagner du temps : sens interdit, arrêt au stop non marqué, circulation sur les trottoirs, circulations entre les véhicules. Ensuite, par le fait que ces usagers de 2 roues-rouleraient sans permis de conduire. Or, un accident de moto est plus dangereux qu'un accident de voiture dans ce sens où il n'y a pas de carrosserie pour les protéger. 54(*) Quant à la Société Sénégalaise de Chirurgie Orthopédique et Traumatologique (SO.SE.COT), elle explique les causes de ces accidents selon quatre ordres que sont : les causes de l'Homme, de l'engin, de l'état des infrastructures et de l'environnement (la chaussée glissante lors des pluies par exemple). Or, on sait que les accidents engendrent des impacts au niveau sanitaire, financier et économique. Par conséquent, c'est autour de la problématique de la sécurité routière des usagers de 2 roues motorisées à Dakar que s'articule notre étude. Dès lors, pour avoir des réponses exactes aux problèmes qui ne cessent de prendre de l'ampleur, on se pose comme question de recherche : Pourquoi les accidents de la route impliquant les deux-roues motorisées sont-ils courants à Dakar ? * 46 Sécurité des deux-roues motorisées dans les pays émergents ; forum international des transports, 15 et 16 octobre 2013. Lyon-Bron. * 47 www.foreignpolicy.com/ * 48 SECURITE ROUTIERE : Le Baromètre Axa prévention paru le mardi 17 Mai 2011 ; souligne le paradoxe des conducteurs de deux-roues motorisés, qui sont conscients des dangers de la route mais continuent à prendre des risques... * 49 FANAF-DAKAR 20-25 février 2011 ; rapport présenté par Monsieur Mactar FAYE, Docteur en sciences de la ville. * 50Posté par allodakar in NEWSGRAMS, le 11 mai 2015. * 51Posté par allodakar in NEWSGRAMS, le 11 mai 2015. * 52 Rapport 2014 de la BNSP sur les statistiques des accidents de deux-roues motorisées à Dakar. * 53 Magazine SOLDAT DU FEU : Revue semestrielle de la BNSP-N°06 Avril 2015 ; Page 8. * 54 Magazine de la NPRS, spécial deux-roues motorisées ; N°2 Décembre 2014. |
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