I.5.3.DENDROGENINE
La dendrogénine est une molécule issuedu
cholestérol aux propriétés anti-cancéreuses et
découverte le 15 mai 2013. Si le cholestérol, en trop grande
quantitédans l'organisme, est bien connu pour seseffets néfastes
sur la santé, deschercheurs pourraient réhabiliter
saréputation via l'un de ses dérivés. En
effet,l'équipe de chercheurs de l'Inserm et duCNRS dirigée par
Marc Poirot et SandrineSilvente-Poirot au "Centre de recherche
encancérologie de Toulouse" (Inserm / CNRS /Université Toulouse
III - Paul Sabatier),vient non seulement de découvrir unenouvelle
molécule issue du cholestérol, ladendrogénine A, mais,
elle apporte en plusla preuve, chez la souris, que celle-cipossède des
propriétés anti-cancéreuses.Ces travaux sont
publiés dans la revueNature Communications.
Le cholestérol est impliqué dans
diversespathologies chroniques telles que les maladiescardiovasculaires et dans
le cancer. Lesconnaissances actuelles laissaient supposer unrôle
négatif du cholestérol sur les cancersprincipalement pour deux
raisons. D'une part,le cholestérol est un précurseur
desandrogènes et des oestrogènes qui sont tousdeux
associés au développement des cancersdit
"hormono-dépendants". D'autre part, lavoie de synthèse du
cholestérol (qui comporteplus de 20 étapes différentes)
conduit àl'activation de gènes pro-tumoraux.Le blocage en amont
de la voie de biosynthèsedu cholestérol par des inhibiteurs tels
que lesstatines aurait dû conduire à une protectioncontre la
survenue de cancer voire à uneefficacité anticancéreuse,
ce qui n'a pas étéconfirmé par des études cliniques
impliquantde très larges cohortes de patients. Cecisuggère une
complexité plus importante de sonmétabolisme.
L'équipe de chercheurs dirigée par MarcPoirot et
Sandrine Silvente-Poirot s'est
doncprécisément intéressée au métabolisme
ducholestérol. Grâce à des techniques de criblageet de
synthèse chimique, les chercheurs ont puétablir que le produit de
la réaction chimiqued'un dérivé du cholestérol avec
l'histaminegénérait une nouvelle classe de stérols
appeléeDendrogénine A (DDA). Cette molécule, obtenue en
laboratoire, présente despropriétés remarquables
d'induction de ladifférenciation et de la mort de
cellulescancéreuses.Ces observations les ont conduits à
recherchercette molécule dans les tissus de mammifères.Ils ont
découvert que la DDA est présente dansles tissus et cellules
saines chez l'homme tandis qu'elle n'est pas détectable dans les
cellulestumorales. Chez la femme, son taux est 5 foisplus faible dans les
tissus de tumeursmammaires comparé au tissu normal.
Leurs résultats suggèrent que la DDA
protègeles cellules des processus de cancérisation"souligne Marc
Poirot.Pour tester cette hypothèse, les chercheurs sont ensuite
tenté de restaurer la déficience dela DDA dans des tumeurs
implantées chez lesanimaux. Chez ces derniers, l'administration dela DDA
conduit à un contrôle de laprolifération tumorale et
prolonge leur vie.
Pour les chercheurs, cette découverte estimportante car
elle constitue la preuve del'existence d'une nouvelle voie
métaboliquechez l'homme, à la croisée entre
lemétabolisme du cholestérol et celui del'histamine, mais
également parce que la DDA,grâce à ses
propriétés anticancéreuses,pourrait être
utilisée pour le traitement des différents cancers(B.D. HAMMOCK
et coll. 2013).
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