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Impact de l'anthropisation du paysage forestier sur le phosphore disponible et la densité apparente du sol. Cas des séries Yangambi et Yakonde dans la réserve de biosphère de Yangambi /RD Congo : effet de lisière.

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par Aimé MOTONDO MOSUKA
Institut Facultaire des sciences Agronomiques de Yangambi/IFA - YANGAMBI - DEA/DES en Aménagement durable des forêts 2010
  

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1.2. Catégorie d'éléments du paysage

En écologie du paysage, le paysage est consideré comme un écocomplexe c'est-à-dire,un espace géographique dynamique composé d'écosystèmes en interaction (BOGAERT, 2009) ; ou encore comme une mosaique d'unités fonctionnelles (Forman et Godron, 1986 ; Burel et BAUDRY, 2000 ; IOGULESCU et SHCLAEPFER, 2000) (figure 1). Ces unités représentent les conditions environnementales homogènes et leurs frontières se distinguent par la discontinuité dans les variables d'état d'une magnitude (amplitude) qui est significative pour le processus écologique ou

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l'organisme consideré. L'ensemble des taches ayant des caractéristiques similaires pour un processus considéré est appelé type ou « classe ».

Parmi ceux-ci, la matrice est le type le plus repandu et le moins fragmenté (IOGULESCU et SHCLAEPFER, 2000). Elle peut également être considérée comme l'arrière plan du paysage dans lequel se situent les autres éléments du paysage.

Les « corridors » sont des unités ayant une forme linéaire caractéristique et remplissent les fonctions écologiques de conduit (passage) ou de filtre (barrière). Ils sont dans le paysage en forme de réseau. La subdivision du paysage en taches, corridors et matrice est connue comme modèle « patch-corridor-matrix » (FORMAN et GODRON, 1981 ; FORMAN et GODRON, 1986 ; FORMAN, 1997). Ce modèle sert souvent de base de référence pour les mesures de la configuration spatiale.

Figure 1: Les catégories d'éléments du paysage.

Source : FORMAN Á GODRON 1986

Ce qui importe au niveau du paysage est la façon dont ces éléments sont connectés. On parlera de connectivité pour décrire leurs relations, en distinguant une connectivité structurale qui s'applique aux relations spatiales et une connectivité fonctionnelle pour tout ce qui a trait aux échanges entre les éléments du paysage (KING, 1999).

1.3. Fragmentation forestière

La fragmentation forestière se réfère à la réduction des surfaces de forêt par suite de la déforestation, entraînant l'existence d'îlots forestiers plus ou moins grands, plus ou moins isolés les

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uns des autres et plus ou moins éloignés des massifs forestiers plus vastes. La caractérisation de la fragmentation forestière constitue un élément essentiel pour la compréhension et la quantification de la déforestation et surtout pour la préservation des massifs forestiers résiduels. Les ouvertures du couvert forestier, considérées comme perturbatrices des continuités écologiques sont loin d'être uniformes ; il en existe plusieurs types, avec des formes spécifiques qui résultent de l'origine de la déforestation. Dans notre zone d'étude, l'agriculture itinérante et l'exploitation forestière constituent les principales causes de ces ouvertures (KOMBELE, 2004 ; ALONGO, 2007), chacune d'elles imprimant un « modèle » de fragmentation. En plus des activités anthropiques, les conditions naturelles telles que le climat, le relief, la pente, la topographie, la roche-mère et le sol influent sur le modèle de fragmentation.

La définition de la fragmentation d'habitat implique l'existence de quatre effets dans ce processus (FAHRIG, 2003) : la perte d'habitats, l'augmentation du nombre de taches, la diminution de la taille des taches, et l'augmentation de l'isolement des taches. Ces quatre effets forment la base de la plupart des mesures quantitatives de la fragmentation.

1.4. Problématique

La problématique autour de la déforestation en tant que phénomène perturbateur des continuités des systèmes écologiques a commencé depuis le vingtième siècle quand les chercheurs ont pris conscience de la fragilité des écosystèmes naturels (CNUED, 1992). La transformation et la fragmentation des habitats naturels, conséquences des changements globaux, entraînent une érosion et une perte de biodiversité. Dans les pays d'Afrique tropicale, l'évaluation du couver forestier de 2006 a révélé que le continent a perdu environ 4.106 ha de forêt par an entre 2000-2005 (FAO, 2008). Cette perte énorme dont la majeure partie concerne les pays où la superficie forestière est relativement importante (FAO, 2009), s'explique par le fait que l'économie et la survie des populations à majorité rurales s'appuient essentiellement sur l'exploitation des ressources naturelles, notamment les sols pour l'agriculture impliquant localement le défrichage des vastes superficies des couverts forestiers (DEFOURNY, 1983). Les menaces et les disparitions d'espèces et d'espaces, résultant des perturbations générées par les activités humaines dans le fonctionnement des systèmes écologiques, nous obligent à remettre en question les relations que l'homme entretient avec les ressources naturelles.

Devant ces menaces et excès qui constituent les fondements de la crise actuelle d'ampleur mondiale (LARRERE, 1997 ; GROOMBRIDGE ET JENKINS, 2002 ; POWLEDGE, 2002), la

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société s'interroge, se remet en question, et presse le monde scientifique d'apporter des éléments de réponse (DROUIN, 1991).

Si à l'heure actuelle, on peut disposer des éstimations chiffrées sur la disparition du couver forestier grâce à l'analyse des images satellitaires, la question sur l'évolution des paramètres pédologiques face à l'impact anthropique sur les paysages forestiers n'intéresse que peu des chercheurs en Afrique tropicale ; alors que, YORO, 1984 a reconnu que la dégradation des sols est l'un des problèmes cruciaux auxquels le monde et en particulier l'Afrique sont confrontés. En effet, les défrichements agricoles en ouvrant des saignées de plusieurs kilomètres de longueur, contribuent ainsi au recul des lisières du massif forestier. Cette manière d'utiliser l'espace façonne en profondeur le paysage et par conséquent, le substratum (FAO, 2006). DEFOURNY et al. (1983), signalent que la déforestation provoque des modifications des processus globaux comme la qualité de l'air et les cycles biogéochimiques. GALLOPIN (1991) ajoute que les changements globaux d'ordre physique, biochimique et/ou social provoquent à leur tour des répercutions plus ou moins prévisibles au niveau local.

La région de Yangambi (en RD Congo) qui fait l'objet de cette étude n'est pas épargnée de la pression anthropique actuelle. Les activités humaines dans les paysages forestiers y induisent des perturbations microclimatiques et pédologiques locales importantes mais dont les connaissances sont encore fragmentaires à ces jours. Il n'ya relativement pas d'études ressentes de l'impact des activités anthropiques sur les écosystèmes forestiers à Yangambi à part les travaux de KOMBELE (2004), ALONGO ET LITUCHA (2007) respectivement sur le diagnostic de la fertilité chimique du sol, effet de lisière sur la température et la teneur en eau du sol et effet de lisière sur le microclimat.

En particulier, les connaissances des relations qui s'établissent entre l'utilisation du sol par l'homme (land-use) et les changements affectant la couverture du sol (land-cover) (figure 2) sont rares dans la région de Yangambi et en cuvette centrale congolaise en générale.

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Figure 2: Processus du changement global en fonction de l'utilisation du sol

Source : BOGAERT, J.,2009.

Les perturbations environnementales résultant de la déforestation conduisent à des changements majeurs dans la structure et la composition de la végétation ; elles affectent ensuite la nature biophysique de l'écosystème (RANNEY et al., 1981 ; LAURANCE, 1989 et 1991) ; ce qui entraine enfin des bouleversements dans l'écologie des zones de transition freinant leur dynamique naturelle vers des écosystèmes plus stables.

LOVEJOY et al., 1986; CHEN et al., 1991 ; SAUNDERS et al., 1991; HOBBS, 1993; YOUNG, 1996 ont prouvé que le processus de l'anthropisation des paysages forestiers expose les communautés végétales aux perturbations biogéochimiques et écologiques.

Si les effets d'anthropisation sont associés avec la nature des écosystèmes, les modèles devant quantifier les impacts anthropiques sur les paramètres édaphiques sont aussi loin d'être universels (BERG et al., 1994; HANSKI et al., 1996; KREMSTER et BUNEL). Or les caractéristiques d'un sol régissent le développement de la végétation du point de vue quantitatif et qualitatif. Elles influent sur les espèces présentes et par conséquent sur la productivité que l'on peut attendre d'un peuplement forestier.

Il est dès lors essentiel d'appréhender les phénomènes qui peuvent conduire à une réduction des qualités d'un paysage forestier. MATLACK, 1993; MURCIA, 1995 reconnaissent que les études sur l'impact d'anthropisation sont indispensables pour évaluer les possibilités de la conservation et gestion rationnelle des ressources naturelles.

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C'est ici où nous situons l'objet du présent travail qui se préoccupe d'étudier l'impact de l'anthropisation des paysages forestiers sur le phosphore disponible (P2O5d) et le poids spécifique apparent (Da) du sol d'un ensemble d'écosystèmes interactifs, consécutifs à l'activité de l'agriculture itinérante sur les abattis brûlis.

La présente étude tente d'apporter les éléments de réponse aux différentes questions suivantes pour la gestion durable de la réserve de biosphère de Yangambi en particulier et du bassin du Congo en général :

1. Quelle est la réponse de différentes séries de sol de Yangambi face aux perturbations anthropiques sur les paysages forestiers dans la région ?

2. Quelle est l'évolution ou la sensibilité de certains paramètres de la fertilité (physique et chimique) du sol sous les différentes classes d'occupation du sol conséquence de la dégradation du paysage forestier sous l'action anthropique dans la région ?

3. En rapport avec la disponibilité du phosphore et le comportement de la densité apparente du sol quelle serait l'évolution des classes anthropisées au sein du massif forestier (classe la plus stable)?

4. Quelle est la disponibilité du phosphore et le comportement de la densité apparente du sol dans la zone de contact et leur évolution dans les classes d'occupation du sol adjacentes ?

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld