4.2. Densité apparente du sol (Da)
La densité apparente (Da) du sol est un
paramètre important pour la description de la qualité du sol et
de ses fonctions écologiques. Elle est une des variables la plus
importante dans les études portant sur la structure du sol et ; est en
effet, liée à la nature et à l'organisation des
constituants du sol (CHAUVEL, 1977). Elle permet, en outre, de calculer la
porosité et d'apprécier ainsi indirectement la
perméabilité, la résistance à la
pénétration des racines (MAERTENS, 1964), la cohésion des
horizons (YORO, 1983 ; YORO et ASSA, 1986) et la réserve en eau du sol
(HENIN, MONNIER et GRAS, 1969).
Elle est généralement faible
(=1.3kg/dm3) dans «les sols à structure grumeleuse
stable» comme le chemozem (DU CHAUFOUR, 1970). Les horizons
humifères des sols tropicaux, relativement structurés (DE
BOISSEZON, 1965) se caractérisent par des densités apparentes
plus faibles que celles des horizons minéraux sous-jacents à
structure massive (KOUAKOU, 1981 ; YORO, 1983).
Il existe plusieurs méthodes de mesure de la
densité apparente : celles de laboratoire et celles de terrain qui
comprennent essentiellement la méthode au sable, la méthode au
cylindre, la méthode densimètre.
Mémoire master Motondo M, 2010 Page 37
Les descriptions, les avantages et les limites d'utilisation
de ces méthodes, sont repris dans le Bulletin de Groupe de Travail
édité par I'ORSTOM (AUDRY et al., 1973). Ce bulletin
n'aborde malheureusement pas le problème de l'uniformité ou de la
dispersion des densités apparentes déterminées dans un
même sol ou horizon à partir de plusieurs méthodes.
Certains travaux comme ceux de BLIC (1987) s'appuient sur les densités
apparentes obtenues en utilisant alternativement deux méthodes. Or, les
études réalisées par YORO (1983) ; GODO et al.
(1989) ont montré que pour un même horizon on obtient des
valeurs de la densité apparente sensiblement différentes
lorsqu'on utilise simultanément la méthode au sable et la
méthode au densitomètre à membrane. Ces constatations
n'étant pas fondées sur une analyse statistique ne permettaient
pas de dégager l'influence de la méthode sur la valeur de la
densité apparente.
Une seule méthode fut retenue pour réaliser ce
travail à savoir, la méthode au cylindre. Les principes de cette
méthode sont fondés sur la détermination du poids
spécifique apparent d'un volume de sol prélevé. Le volume
est estimé immédiatement sur le terrain alors que le poids est
évalué au laboratoire après séchage (105°C) et
pesée. La connaissance de ces deux variables permet de calculer la
densité apparente du sol.
Des deux variables, le volume apparaît le plus important
car sa détermination nécessite beaucoup d'attention et de
doigté (AUDRY et al., 1973). Un geste en plus ou en moins et le
volume est surestimé ou sous-estimé. Cette mesure simple et peu
couteuse est une pratique courante lors de la caractérisation des
horizons d'un sol. Cependant, plusieurs mesures doivent être faites pour
obtenir une bonne estimation de la densité et sa variabilité
(CASSER et BAUER, 1975).
Au regard de nos résultats, la densité apparente
faible est notée sous forêt par rapport aux autres classes
d'occupation du sol dans la série Yangambi. Dans cette série de
sol et dans la tranche entière de 0-30cm, les valeurs de la
densité apparente varient de 1,04 g/cm3 (sous forêt)
à 1,32 g/cm3 (sous la jachère). Cet intervalle des
valeurs de la densité apparente est caractéristique des sols
à structure grumeleuse stable. La même tendance fut
enregistrée dans la série Yakonde où la densité
apparente du sol varie entre 1,21 g/cm3 (sous forêt) à
1,34g/cm3 sous la jachère. Au regard de ces résultats
on peut déduire que le sol de Yangambi s'est montré plus meuble
que celui de la série Yakonde. Néanmoins, toutes les valeurs
enregistrées dans les deux paysages et sous trois classes d'occupation
du sol s'inscrivent dans la fourchette des sols tropicaux cultivés et
non cultivés (BRADY et al., 2002).
Mémoire master Motondo M, 2010 Page 38
Les tests de signification de Tukey et de Newman-Keuls, ont
révélé que dans la tranche de 0-10cm de profondeur il
existe une différence significative entre les trois classes d'occupation
du sol de la série Yangambi (p = 0.02 < 0.05) ; l'hypothèse
nulle étant rejetée, il s'y dégage deux groupes
homogènes dans ce paysage : Le sol de lisière est plus
rattaché au sol forestier qu'à la jachère. Les valeurs
moyennes de la densité apparente (Forêt = 0.93g/cm3,
Lisière = 0.98g/cm3, Jachère =1.18g/cm3)
démontrent bien l'influence mutuelle de la forêt et jachère
dans la zone de contact ; mettant ainsi en évidence l'effet
d'anthropisation sur ce parametre. Quant à la série Yakonde et
pour cette tranche de profondeur du sol, il n'y a pas de différence
significative entre ces trois classes d'occupation du sol (p = 0.96 > 0.05).
La tendance des moyennes de la densité apparente trouvée selon
ces tests (Forêt =1.20g/cm3, Lisière
=1.19g/cm3, Jachère = 1.21g/cm3) met en exergue
l'impact d'anthropisation du jardin systématique de Yangambi.
Dans la tranche de 10-20 cm, il n'existe pas de
différence significative entre les trois classes d'occupation du sol de
la série Yangambi (p = 0.05 = 0.5). Quant à la série
Yakonde, il existe une différence très significative entre les
trois classes d'occupation du sol (p = 0.007 < 0.05). Deux groupes
homogènes son identifiés : La lisière avec la valeur
moyenne de la densité apparente de 1.15g/cm3 est
apparentée à la forêt (1.25g/cm3) isolant ainsi
la jachère (1.40g/cm3). Cette différence très
significative observée dans la série Yakonde, met en
évidence l'influence de l'anthropisation des paysages forestiers sur
l'évolution de la densité apparente du sol dans les horizons
superficiels.
Dans la tranche 20-30 cm, pas de différence
significative observée entre les trois classes d'occupation du sol de la
série Yangambi (p = 0.68 > 0.05). Ce fait serait du à
l'accumulation en profondeur des argiles lessivées et au fait que cette
tranche est faiblement influencée par la matière organique de
surface. Quant à la série Yakonde, les tests montrent une
différence très significative entre nos trois classes
d'occupation du sol (p = 0.006 < 0.05). Il se dégage deux groupes :
La forêt (1.31g/cm3) s'apparente à la zone de
lisière (1.30g/cm3) et la jachère
(1.43g/cm3) constitue une classe à part. Les faibles valeurs
observées en forêt et dans la lisière peuvent être
attribuées aux processus d'humification et de décomposition
(pourriture des troncs, des brindilles, des feuilles et ventis d'arbres) ayant
lieu préférentiellement dans les horizons supérieurs du
sol ; et aussi, à l'incorporation de la litière ainsi qu'au
renouvellement racinaire (BOA, 1990; J. M. ARMAND, C. F. NUTTI, 1998), ajouter
à cela les tracés des racines et l'activité de la
pédofaune.
Mémoire master Motondo M, 2010 Page 39
Ce fait infirme notre hypothèse selon la quelle la zone
de lisière s'approche plus de la jachère. En outre, la valeur
moyenne de la densité apparente trouvée sous forêt
(1.31g/cm3) reste élevée et fait preuve de l'impact
d'anthropisation dans le jardin systématique de Yangambi.
Il faut noter enfin que les faibles valeurs de la
densité apparente observées dans la jachère en surface
(0-10 cm) dans cette série, sont dues au fait qu'après les
récoltes, le sol a été homogénéisé et
les débris de la récolte sont enfuis dans le sol. Ce qui veut
dire que la jachère tout comme le reboisement améliore la
structure du sol en surface.
Considérant la tranche entière de 0 - 30 cm, une
différence très significative est observée entre les
valeurs moyennes de la densité apparente sous les trois classes
d'occupation du sol de la série Yangambi. Trois groupes homogènes
sont identifiés : La lisière influence différemment la
densité apparente du sol que le ferait la jachère et la
forêt. Ce fait met en exergue les effets tampons de la zone de
lisière sur ce paramètre du sol et confirme notre
hypothèse selon la quelle la valeur de la densité apparente du
sol de lisière se diffère de celle des autres classes
d'occupation du sol adjacentes. Quant à la série Yakonde, pas de
différence significative entre les moyennes de la densité
apparente du sol des trois classes d'occupation du sol. Les valeurs moyennes de
la densité apparente du sol forestier et de la lisière
s'approchent donc de celle de la jachère, ce qui fait preuve de
l'origine commune de la densité apparente du sol de la série
Yakonde et le niveau élevé de l'anthropisation de ce site.
|