CHAPITRE PREMIER : ANALYSE DES NOTIONS DE SYSTEMES DES
PARTIS POLITIQUES ET DE LA STABILITE INSTITUTIONNELLE
Comme susmentionné, vrai est de dire que le
présent chapitre porte sur les généralités en ce
qui concerne les notions des systèmes des partis politiques et de la
stabilité institutionnelle.
C'est ce qui nous amène à scinder notre premier
chapitre en deux différentes sections à savoir : LA NOTION DES
SYSTEMES DES PARTIS (section première) et La notion du bon ou du normal
fonctionnement des institutions dite LA STABILITE INSTITUTIONNELLE (section
deuxième).
SECTION PEMIERE : LA NOTION DES SYSTEMES DES PARTIS
POLITIQUES
Pour éviter tout esprit d'amphibologie, il nous est
important de signaler à première vue que parlant des
systèmes des partis politiques, il ne faut jamais s'imprégner
dans une confusion qu'a tendance à créer le langage courant en
voulant tenir pour synonymes cette notion et celle de système politique
et quelques fois avec celle du régime politique.
Avant d'aborder ce qui nous concerne, qui est la notion des
systèmes des partis politiques, précisons qu'évitant toute
confusion, il faut entendre par régime politique l'ensemble des
institutions ou d'organes politiques fonctionnant dans un Etat donné et
pendant une période donnée ; et par système politique, il
faut aller au-delà du régime politique en disant qu'il ne s'agit
non seulement des institutions politiques, mais aussi des institutions
financières , socioculturelles et de toute autres formes qui
fonctionnent dans un Etat donné et pendant une période
donnée ; donc nous pouvons affirmer que le régime politique se
voit inclus dans le système politique.
Quant au système des partis politiques, disons que la
clarification sur la compréhension de cette expression, oblige à
ce que nous puissions scinder ladite expression en deux c'est-à-dire que
d'une part nous dégagions un éclaircissement sur le concept
système et que d'autre part nous dégagions aussi un
éclaircissement sur l'expression parti politique.
En ce qui est du concept système, le dictionnaire le
Larousse propose les définitions suivantes :
- Ensemble ordonné des principes formant un corps, une
doctrine.
- Combinaison des parties qui se coordonnent pour former un
ensemble (exemple :
système mécanique)
- Le mode de gouvernement (exemple : le système
républicain)
- Mode d'organisation, structure (exemple : système
alphabétique)
- Une classification
[9]
- Ensemble des méthodes, des procédés
destinés à assurer une fonction, à produire un
résultat (exemple : système d'éducation)
- Des moyens ingénieux (exemple : système pour
faire fortune).5
Comme nous pouvons le constater, le point commun entre ces
différentes définitions c'est qu'elles font toute allusion
à u ensemble ordonné.
Sur cette même optique, le système peut
être défini comme étant un ensemble
d'éléments indépendants formant un bloc et entretenant des
relations ou des rapports de réciprocité ; cela revient à
dire que ces éléments en formant un bloc ou un ensemble
deviennent interdépendants et liés entre eux par des relations de
sorte que si l'un est modifié, les autres sont eux aussi
transformés et par conséquent c'est tout l'ensemble qui est
modifié.6
En ce qui concerne l'expression parti politique, disons que
George BURDEAU circonscrit un parti politique comme étant un groupe
d'individus qui, professant la même vie politique (idéologie,
philosophie), s'efforcent de la faire valoir, à la fois en reliant le
plus grand nombre possible des citoyens et en cherchant à
conquérir le pouvoir et l'exercer (afin d'appliquer les vues politiques
en tant que programme du gouvernement) ou du moins influencer ses
décisions lorsqu'on est à l'opposition.7
D'après le site
perspective.com, le parti politique
est une organisation durable qui vise à conquérir et à
exercer le pouvoir politique, tout en défendant un certain nombre
d'idées définies dans un programme.8
Un parti politique peut aussi être compris comme
étant une organisation structurée rassemblant les personnes d'une
même nation, lesquelles partagent une même vision en ce qui
concerne la gestion politique d'un Etat et qui de ce fait, se voit une bonne
part du fonctionnement du parti politique.
Selon Joseph LAPALOMBARA et Myron WEINER, un parti politique
est une organisation durable, agencée du niveau national au niveau
local, visant à conquérir et à exercer le pouvoir et
recherche à cette fin le soutien populaire.9
Analysant cette définition, force est de soulever qu'il
en ressort quatre éléments ou critères pour parler d'un
parti politique à savoir :
- Il doit s'agir d'une organisation durable, organisation dont
l'espérance de vie dépasse celle de ses animateurs.
5 Dictionnaire Le Larousse 2015, v°
système
6 A. Bavanda, cours d'Introduction à la science
politique, U.K, 2013-2014, p.37.
7 Georges BURDEAU, cité par A. Bavanda op.cit,
p.44.
8
www.perspective.usherbrook.ca/pp.
le parti politique, lu le 28 Mai 2016.
9 J. LAPALOMBARA et M. WEINER cités par B.
OMEONGA, cours de droit constitutionnel et institutions politiques, U.K,
2014-2015, p.127.
[10]
- Une organisation ayant des structures bien établies au
niveau national et au niveau
local et ces différentes structures entretiennent des
rapports réguliers et variés;
- Le souci ou la volonté pour les dirigeants des
différentes structures locales et nationales de prendre et d'exercer le
pouvoir politique ; et en fin
- La recherche d'un soutien populaire à travers les
élections ou toute autre manière.
Tous ces critériums ou caractéristiques
permettent à ce que nous établissions la démarcation du
parti politique des groupes de pression et autres organisations et structures
de la société civile (syndicat, chambre de commerce, corporation
professionnelle, etc.) dans la mesure ou le parti politique vise à
former un gouvernement par le fait de vouloir conquérir et exercer le
pouvoir politique et non pas simplement à influencer ou faire pression
sur le gouvernement comme le font les groupes de pression.
Au regard des différentes précisions et
éclaircissements que nous venons de faire sur le concept système
et l'expression parti politique, nous pouvons enfin répondre à la
question de savoir, qu'est-ce qu'il faut entendre par système des partis
politiques ?
En effet, par système des partis politiques, il faut
entendre ces différentes relations ou bien ces différents
rapports entre différentes organisations partisanes appelées
partis politiques, dans un Etat donné et pendant un période
donnée.
Quant à la compréhension de l'expression
système des partis politiques, la formule de Barthelemy OMEONGA est plus
claire et dégage une précision quant à ce ; cette formule
s'annonce de la manière suivante :
« De même qu'il existe divers types d'organisations
partisanes, il existe aussi divers types de relations inter-partisanes. Dans
chaque pays, le nombre des partis politiques, leur dimension respective, leurs
alliances et leurs stratégies forment un ensemble des rapports
relativement stables ; on appelle système des partis cet assemblage,
cette structure. »10
Pour le dire autrement, le système des partis
politiques désigne donc cet ensemble des rapports, des relations entre
les partis politiques dans un Etat donné et pendant une période
donnée, compte tenu de leur nombre et de leur dimension respective,
lesquels rapports doivent s'échange dans un climat de
stabilité.
Par là, nous pouvons affirmer qu'il existe plusieurs
types des systèmes des partis politiques, c'est ce qui nous amène
à scinder la présente section en deux points principaux savoir :
La typologie ternaire des systèmes des partis (I) et la Typologie
binaire (II).
10 B. OMEONGA, op.cit, p. 132.
[11]
Paragraphe premier : Typologie ternaire des systèmes
des partis politiques
Cette classification traditionnelle ou ancienne des
systèmes des partis politiques est dite ternaire parce que (ter du latin
signifie trois) elle distingue trois différents types des
systèmes des partis politiques à savoir :
- Les systèmes mono-partisans ou le monopartisme - Les
systèmes bipartisans ou le bipartisme ; et enfin - Les systèmes
multi-partisans ou le multipartisme
A. Les systèmes mono-partisans ou le
monopartisme
Comme le titre l'indique, ces types des systèmes des
partis politiques excluent le pluralisme soit explicitement (système de
partis unique) soit de manière indirecte (proscription des partis
d'opposition).11 Autrement dit, les systèmes mono-partisans
renvoient donc à l'existence constitutionnelle ou de fait, d'un seul
parti politique qui influe sue l'ensemble de la scène politique.
Partant de cette logique de l'existence constitutionnelle ou
de facto d'un seul parti politique qui influence l'entièreté de
la scène politique, nous pouvons établir un distinguo entre trois
différentes formes de monopartisme à savoir :
- Le parti unique de droit
- Le parti unique de fait, et enfin
- Le parti-Etat.
a. Le parti unique de droit
Comme le nom l'indique, il faut comprendre par parti unique de
droit, l'existence sur la scène politique d'un seul parti politique,
laquelle existence se voit consacrée et garantie par la constitution ou
autre texte fondamental de l'Etat.
Avant de citer quelques exemples pouvant faciliter la
compréhension de cette notion de parti unique de droit, rappelons que
l'instauration d'un parti unique fait croire que ce dernier demeure
l'instrument d'intégration nationale et permet de concilier
l'unité nécessaire d'un peuple, en se présentant comme un
creuset ou doivent se fondre tous les particularismes.
En termes d'exemple pour élucider cette notion de parti
unique de droit, nous pouvons citer :
- Au Ghana, le parti de la convention du peuple fondé par
le Président Nkwame
Nkrumah, est décrété parti unique par
referendum en 1964. Le renversement de Nkrumah en 1966 met un terme au
système de parti unique.
11B. Omeonga, op.cit, p.132.
[12]
- En Guinée Conakry, dès le premier scrutin
électoral, consécutif en 1958 à l'indépendance du
pays, tous les candidats sont élus sur une liste nationale unique. Le
Parti Démocratique de Guinée (PDG) du Président Ahmed
Sékou Touré remporte 88 pourcents des suffrages. Le PDG s'impose
progressivement en tant que parti unique, en éliminant l'opposition et
contrôlant tous les aspects de la vie politique. L'article 1 de la
constitution révolutionnaire du 14 mai 1982 dispose « La
République populaire Révolutionnaire de Guinée est
dirigé par le Parti Démocratique de Guinée, expression
suprême de la force du pays » en avril 1984 après la mort de
Sékou Touré l'armée prend le pouvoir et dissout le parti
unique.12
b. Le Parti unique de fait
Par cette forme de monopartisme, il faut entendre l'imposition
d'un seul parti sur la scène politique qui laisse croire à sa
seule existence parce que le parti d'opposition est proscrit.
Autrement dit, la constitution ou autre texte fondamental,
régissant le fonctionnement de l'Etat reconnait du moins un nombre
restreint des partis politiques mais sur la scène ou le marché
public, un seul parti prime et influe en ce que la manifestation de l'autre ou
des autres devienne impossible ou sinon difficile.
Comme pour la forme de monopartisme traitée
précédemment, il ne demeure pas moins important pour nous
d'éclairer cette notion de parti unique de fait en évoquant
quelques exemples ; et en termes d'exemples nous pouvons citer :
- En Egypte, sous la présidence de Camel Abdel Nasser,
la dissolution des partis d'opposition le 13 janvier 1953, donne au parti du
gouvernement (Rassemblement de la libération puis Union nationale puis
union socialiste arabe) un statut de parti unique. Sous la présidence
d'Anouar El-Sadate, les partis d'opposition réapparaissent en 1976 ; une
loi du 2 juillet 1977 autorise explicitement le pluripartisme. L'année
suivante, le parti national démocratique est fondé pour remplacer
l'Union socialiste arabe.
- Au Cameroun, sous la présidence d'Ahmadou Ahidjo,
l'Union nationale camerounaise devient en 1966 l'unique parti du pays. Le 24
mars 1985 sous la présidence de Paul Biya, L'UDC
considérée comme trop liée à l'ère Ahidjo,
est remplacée par un nouveau parti unique, le Rassemblement
démocratique du peuple camerounais (RDPC). Face à la contestation
politique, Paul Biya renonce au monopole politique du RDPC par un discours du 4
juillet 1990. En décembre de la même année,
l'Assemblée adopte une série de lois garantissant le pluralisme
au Cameroun.
- Au Sénégal, en 1966, le président
Léopold Sédar Senghor achève d'obtenir par diverses
manoeuvres la dissolution des tous les partis d'opposition ; l'Union
progressiste sénégalaise devient donc parti unique de fait mais
non de droit, les articles consacrant le multipartisme continuant de figurer
dans la constitution. La situation dure jusqu'en 1976, date à laquelle
une révision constitutionnelle autorise le multipartisme, tout en
12 B. Omeonga, op.cit, p.136.
[13]
limitant à trois le nombre des partis politiques. En
1978, une nouvelle révision porte le nombre de trois à quatre. En
1981, sous la présidence d'Abdou Diouf, le Sénégal passe
à un « multipartisme intégral ».
- En Cote d'ivoire, le parti du président Félix
Houphouët-Boigny, est resté parti unique de 1960 à
1990.13
c. Le Parti-Etat
La notion de Parti-Etat renvoi sans doute à une
confusion entre les organes de du parti et ceux de l'Etat. Cela revient
à dire que le Parti politique et particulièrement sa gestion, se
confond avec la gestion de la chose publique qui est l'Etat. Sous cette
optique, le Président du parti est de droit Président de la
République.
Pour élucider cette notion de Parti-Etat, nous nous
servirons des exemples comme pour d'autres formes de monopartismes
déjà traitées et en particulier l'exemple du mouvement
populaire de la révolution du feu Marechal Mobutu.
- Le MPR du président Marechal Mobutu présente
la particularité d'être à sa création en 1967, un
parti unique de fait, avant d'être consacré constitutionnellement
lors de la révision constitutionnelle de 1970 ; mais, le couronnement de
son évolution sera son mariage avec l'Etat, en 1974, devenant ainsi
Parti-Etat. En effet, la constitution de 1967 prévoit pour le pays un
système de bipartisme, soit un nombre des partis limité à
deux, dont un d'opposition. Dans les faits, le MPR est le seul parti
existant.
- En 1972, le comité du parti et le gouvernement
fusionnent pour former le conseil exécutif national ; de ce fait tout
citoyen est d'office membre du parti, un slogan affirmant que « même
ceux qui sont encore dans les ventres de leurs mères sont eux aussi
concerné. » Le mouvement populaire de la révolution est la
Nation zaïroise organisée politiquement.
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