CONCLUSION PARTIELLE
La deuxième partie de notre étude nous a permis
de faire une analyse des instruments du COPAX. Le COPAX a été
crée dans un contexte où la spirale de conflits hantaient la
quasi-totalité des pays de la sous-région. Le MARAC et la FOMAC
qui sont les deux instruments de mise en oeuvre ce COPAX ont pour objectif de
régler le problème de la conflictualité en Afrique
centrale. Mais depuis leur mise en place effective, ces deux organes
fonctionnent à demi-teinte du fait des grosses difficultés
qu'ils connaissent et qui ne leur permet pas de jouer pleinement leur
rôle. La résurgence des conflits en RCA et en RDC nous montre
l'incapacité de la CEEAC d'asseoir une paix durable dans la
sous-région. Outre cette problématique de conflits, la
sous-région fait face à d'autres menaces qui sont un danger
majeur pour la paix et la sécurité sous-régionale. Les
instruments traditionnels du COPAX ne sont pas en adéquation avec ces
nouveaux enjeux sécuritaires. C'est la raison pour laquelle la CEEAC a
crée d'autre institutions afin de lutter contre la criminalité
sous toutes ces formes. Mais seulement, ces autres institutions ne sont pas
partie intégrante du COPAX. C'est pourquoi il est important de revoir
les textes du COPAX afin d'inclure ces autres organes qui seront
considérés de nouveaux instruments de mise en oeuvre du COPAX.
Enfin pour rendre le COPAX efficace il faudrait que le Etats membres puissent
relever certains défis : l'indépendance financière
vis-à-vis des partenaires étrangers, avoir une perception commune
de la menace, et régler le problème de la multi appartenance
à plusieurs communautés économiques et
régionales.
CONCLUSION générale
Au terme de ce travail sur «Les instruments du COPAX
face aux enjeux sécuritaires en Afrique centrale » nous
pouvons retenir pour l'essentiel que depuis les indépendances, la
dimension régionale de l'insécurité en Afrique centrale
n'a eu de cesse de rappeler la nécessité pour les gouvernements
de coopérer en matière de sécurité et
d'élaborer les institutions à même de soutenir et faciliter
une telle entreprise commune. Cependant, la confiance entre Etats a
été continuellement érodée par les conflits
récurrents et par la concurrence entre eux. Dans un vaste mouvement
amorcé à l'orée des années 1990, une redynamisation
des organisations d'intégration régionale a eu lieu en Afrique.
Elle s'est traduite par la relance formelle d'un certain nombre d'organisations
régionales jusque-là en sommeil afin d'en faire les instruments
stratégiques au service du développement et de la
stabilité. Pour atteindre cet objectif, le credo en vigueur consiste
à ne pas dissocier l'économique et le politique en assignant
à des organisations régionales qui avaient historiquement une
finalité économique un rôle dans la prévention, la
gestion et le règlement des conflits. L'Afrique centrale a suivi ce
mouvement d'ensemble en procédant à la réforme de ses deux
principales organisations d'intégration. L'Union douanière et
économique de l'Afrique centrale (UDEAC) qui regroupait six de ses Etats
a été dissoute en 1994 pour donner naissance à la
Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale
(CEMAC). Créée en 1983, la Communauté économique
des Etats de l'Afrique Centrale (CEEAC) regroupant les six Etats de la CEMAC
plus cinq autres pays a été sortie de sa léthargie en
1998. Avec la mise en place, en février 1999, du Conseil de paix et de
sécurité en Afrique centrale (COPAX), la CEEAC s'est muée
en forum politique et sécuritaire sans abandonner son mandat d'origine,
l'intégration économique. Cette organisation a été
choisie pour être le maître d'oeuvre de l'architecture de paix et
de sécurité en Afrique centrale au moment où la
région était le théâtre d'une guerre
continentale.
Le Conseil de paix et de sécurité en Afrique
centrale (COPAX), crée le 25 février 1999, est l'organe de
concertation politique et militaire de la CEEAC en matière de promotion,
de maintien et de consolidation de la paix et la sécurité. En
effet, la réunion de Yaoundé, des 25 et 26 février 1999,
met en chantier une étude en vue de la création d'un «
organe chargé de la prévention et du règlement des
conflits dans la sous-région » dénommé conseil de
paix et de sécurité de l'Afrique centrale en abrégé
« COPAX ». Son objectif est de contribuer à la
prévention et au traitement des conflits dans la sous-région.
Celui-ci dispose de deux instruments de mise en oeuvre : le MARAC et la
FOMAC.
Le MARAC, créé en 2000 est censé
conseiller le COPAX sur la situation sécuritaire de la
sous-région. Mais cette structure souffre d'un réel manque de
personnel et de matériel ce qui rend difficile la surveillance de la
sous-région. Mieux encore, de 2000 à 2014 soit 14 ans plus tard,
les structures devant composer le MARAC à savoir le bureau chargé
de la veille permanente et de la collecte des informations, le bureau
chargé de l'analyse et de l'évaluation de l'information et le
bureau chargé de la banque de données, les zones d'observation
sont inexistantes et ce qui existe ne fonctionne pas parfaitement..
En ce qui concerne la FOMAC, il est difficile d'évaluer
ses capacités étant donné que les troupes
désignées restent dans leur propre pays tant qu'elles ne sont pas
appelées à effectuer un exercice de formation ou à
répondre à une crise. Mais depuis que la CEEAC s'occupe des
problèmes de paix et de sécurité dans la
sous-région, la FOMAC a mené une opération de maintien de
la paix (OMP) en République centrafricaine, opération
dénommées MICOPAX. La MICOPAX est jusqu'ici la plus importante
réalisation de la CEEAC dans le domaine de la paix et de la
sécurité, mais l'organisation ne peut se prévaloir de
l'avoir initiée étant donné qu'il s'agit d'un
héritage des précédentes missions multinationales en RCA :
la MISAB et la FOMUC. A la différence de ses
prédécesseurs, la mission comporte en théorie plusieurs
dimensions. En réalité, son personnel est presque
intégralement militaire. Le représentant spécial a une
petite équipe civile de moins de dix personnes, alors que la MICOPAX
représente une force de 521 soldats de maintien de la paix et de 31
observateurs militaires et une composante policière de 125 hommes. En
permanence, quatre compagnies (environ 120 soldats) sont
déléguées, chacune par un Etat membre, et sont
censées être relevées par d'autres, venant chacune d'un
pays différent, tous les six mois. Là aussi, plusieurs
difficultés sont observées, la force n'a pas suffisamment de
véhicules et de personnel pour assurer la protection des civils dans le
Nord, où les rebelles, les bandits et les bergers armés menacent
les villageois. De plus, la France a fourni toute la logistique et même
les vêtements pour les armées. Malgré la MICOPAX II, les
OMP en RCA sont un échec car le pays a sombré dans des violences
sans précédent à tel enseigne que la communauté
internationale, plus précisément l'Union Africaine et la France
se sont saisies du dossier. Un Etat-Major Régional a été
crée Son rôle premier est de superviser la création, la
formation et les opérations de la FOMAC. l'EMR organise celle des
officiers supérieurs à Libreville pour développer une
compréhension commune du rôle de la FOMAC et pour uniformiser les
structures de commandement et de contrôle et les procédures. L'EMR
a aussi organisé des exercices de formation de terrain dans les Etats
membres d'abord Bar El-Ghazel au Tchad en 2007, puis, Kwanza en Angola en 2010
pour tester l'aptitude de la Force à déployer.
On comprend aisément que depuis les débuts de la
coopération sous-régionale en matière de
sécurité, les Etats de la sous-région ont le plus mis
l'accent sur le curatif. Or l'espace CEEAC, connait désormais des
nouvelles menaces qui sont sources d'instabilité pour la
sous-région et pour lutter contre l'insécurité et la
criminalité sous toutes ses formes, certaines reformes vont être
apportées. D'abord sur le plan institutionnel nous aurons la
création de la Direction de la Sécurité humaine, la
Direction d'Actions Politique et Diplomatiques couplée au MARAC. Sur le
plan juridique, nous avons l'adoption de la Convention de Kinshasa qui porte
sur les armes légères et de petits calibres et
l'élaboration du Programme Frontière et enfin sur le plan
opérationnel, les Plans Secmar 1 et 2. En dehors des Plans Secmar dont
le travail s'effectue au sein de l'EMR, il est nécessaire d'introduire
ces directions dans les textes du COPAX sans oublier de faire également
participer les Organisations des sociétés Civiles dont le
rôle est aussi très important dans la lutte contre
l'insécurité et la conflictualité. D'où une reforme
des textes du COPAX que nous avons présentée dans ce
mémoire. Au-delà de l'introduction de ces reformes dans les
textes du COPAX, nous pensons que le MARAC doit fonctionner de façon
autonome tout comme la Direction des affaires politiques et diplomatiques afin
d'éviter une dispersion des responsabilités. Les Etats de la
CEEAC doivent oeuvrer pour rendre efficaces le COPAX et ses instruments de mise
en oeuvre. Pour ce faire ils doivent rendre fonctionnelles nouvelles directions
et le mécanisme d'alerte rapide en les dotant des ressources à la
fois humaines, matérielles et financières. De plus, il faudra
redynamiser la FOMAC pour que celle-ci soit plus efficace dans les OMP au
niveau sous-régional.
Dans l'ensemble, les initiatives en matière de paix et
de sécurité en Afrique sont très riches mais pauvres et
décevant en résultats. Car, à l'instar des deux
traditionnels instruments du COPAX, la Directions Actions Politique et
Diplomatique et la Direction de la Sécurité Humaine sont quasi
sinon inopérationnelles, le Programme Frontière reste une simple
formule incantatoire car son application reste au point mort. Nous
l''expliquons par le fait que la volonté politique ne suit pas. Car les
Etats n'ont pas une même perception de la menace. Cela s'illustre tout
d'abord par les alliances bilatérales qui se nouent entre eux mais aussi
la multiple appartenance à d'autres institutions sous régionales.
De plus, les Etats ne contribuent presque pas sur le plan financier, ce qui
rend le volet sécuritaire de la CEEAC dépendant de l'aide
extérieure. Les crises en RDC et en RCA doivent interpeller les chefs
d'Etats de la sous-région puisque la relation
sécurité/développement n'est plus à
démontrer.
Si les efforts ne sont pas faits, l'Afrique centrale restera
toujours dans cette spirale de conflits et d'insécurité. Il est
donc nécessaire que les choses bougent que les Etats s'investissent
pleinement afin de rendre fonctionnel ces instruments de mise en oeuvre du
COPAX.
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