1. Phase descriptive :
1.1 Description de la situation d'appel :
Pendant ma formation infirmière, j'ai été
amenée à faire un stage dans un cabinet d'infirmier
libéral dans une commune à proximité de Bordeaux. Les
soins se font essentiellement au domicile des patients et la population
concernée est composée en grande majorité de personnes
âgées vivant soit seules, soit avec leur époux et parfois
avec leurs enfants. C'est dans ce contexte que j'ai accompagné les
Infirmiers Diplômes d'État (IDE) dans la prise en soin de Mme. B.
C' est une dame de 95 ans patiente du cabinet depuis dix ans.
Elle vit dans sa maison avec sa fille, son gendre, sa petite
fille et son arrière-petite-fille. Mme B. est atteinte d'une
démence vasculaire en plus des comorbidités liées à
l'âge telles que le diabète, l'hypertension artérielle,
l'hypoacousie, une cyphose très marquée... Elle présente
une confusion spatio-temporelle mais reconnaît les visages qui lui sont
familiers. Mme B. est très dépendante au quotidien, ce qui
nécessite l'aide d'une auxiliaire de vie pour ses repas de midi,
étant donné que les aidants vaquent à leurs occupations
tôt le matin et rentrent le soir. Pour son suivi médical, elle
bénéficie du passage d'une infirmière 3 fois par jour et
ce, tous les jours.
Le passage de l'infirmière le matin consiste au
réveil, à la toilette, à la prise de médicaments,
à l'aide à la prise du petit déjeuner et l'installation
dans une chaise qui lui est dédiée. Mme B. a pour consigne de ne
pas se lever et d'attendre le passage d'un des professionnels qui la prennent
en soin.
A midi, l'infirmière la conduit aux toilettes car Mme
B. souffre d'hypotonie musculaire et est sujette aux chutes ; ce qui
nécessite le passage d'un kinésithérapeute 2 fois par
semaine.
Le passage du soir consiste aux soins de nursing avant le
coucher et à la préparation des traitements que sa fille lui
donnera ultérieurement.
La fille de Mme B. enfant unique, est très
présente dans la prise en soin de sa mère; elle lui a fait
aménager une chambre médicalisée adaptée à
son confort et aux soins. Entre Mme B. et les infirmières, il s'est
tissé au fil du temps une relation soignant-soigné
«particulière». Celle-ci s'est instaurée tout
naturellement dans la mesure où ce sont les
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personnes qu'elle voit tous les jours depuis près de
dix ans en dehors de sa famille et qui lui apportent une aide totale dans la
réalisation de ses besoins quotidiens.
Ce matin là à notre arrivée,
l'infirmière l'appelle « mamie» et celle-ci
répond « ma fille d'adoption». L'infirmière ne
lui demande plus son avis pour le choix de ses vêtements, ni pour ses
aliments, de même pour le choix d'une douche ou d'une toilette au lavabo.
Elle l'informe juste du déroulement du soin. Lorsque Mme B
rétorque : « je ne veux pas prendre une douche ce matin
», l'infirmière par son attitude lui fait entendre raison et
souvent sans avoir besoin d'un échange verbal. La communication non
verbale est la plus utilisée dans cette relation à travers le
toucher, le sourire... Parfois, l'infirmière lui dit : « vous
savez que je m'occupe de vous comme de ma propre mamie». A cela, Mme
B hoche les épaules et lui dit : « je sais, je sais »
avec un grand sourire.
A la fin de chaque soin, Mme B. demande toujours : «
vous partez déjà? Je vais encore rester seule ici ?
Pouvez-vous encore rester avec moi ? ». Avant chaque départ,
le rituel est toujours le même, un câlin et la promesse de se
revoir très bientôt. Elle passe la journée au fauteuil,
à attendre la visite des professionnels et le retour de sa famille.
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