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Politique monétaire, crédit et croissance en Inde

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par Josué BANGA
Université Grenoble Alpes - Gouvernance des organisations pour le développement international (Godi) 2015
  

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3. Les instruments

Les divers instruments de la RBI peuvent être divisés en deux grandes catégories : les instruments quantitatifs et les instruments qualitatifs. Ces instruments permettent à l'institution monétaire de gérer la liquidité et la distribution du crédit dans le court, moyen et long terme.

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6 Voir RBI (2015), Agreement on Monetary Policy Framework, February, New Dehli.

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A. Les instruments quantitatifs

Parmi les instruments quantitatifs de la banque centrale indienne, les principaux sont : (i) les opérations d'open-market, (ii) les facilités d'ajustement de liquidité (Liquidity Ajustment Facility), (iii) les facilités permanentes, (iv) le ratio de liquidités statutaire (Statutory Liquidity Ratio), (v) le taux d'escompte (bank rate), (vi) le taux de réserve obligatoire, (vii) le plafonnement du crédit.

Les opérations d'open-market se rapportent à l'achat et la vente de titres publics par la banque centrale sur le marché secondaire. Bien que le marché des titres publics soit faiblement développé en Inde, ces opérations jouent un rôle important dans la conduite de la politique monétaire. Effectuées aux conditions du marché, elles permettent de piloter les taux d'intérêt de court terme, de gérer la liquidité bancaire et d'envoyer un signal au marché sur l'orientation de la politique monétaire.

Dans le cas de l'Inde, elles sont plutôt utilisées pour réguler la liquidité de l'économie sur le long terme. Ainsi, lorsqu'il y a un excès de liquidités dans l'économie, la RBI vend des titres, ce qui conduit à une contraction de la masse monétaire et du crédit et par conséquent, le ralentissement de l'activité économique. De même, lorsque la monnaie se fait rare dans l'économie les autorités monétaires interviennent en achetant des titres publics sur le marché secondaire. Cela se traduit in fine par une expansion monétaire, une hausse des dépôts bancaires et une expansion du crédit. Les débordements de la politique monétaire (excès ou insuffisance de la quantité de monnaie) constatés sont gérés par des mécanismes de facilité d'ajustement de liquidité.

En effet, la facilité d'ajustement de liquidité (Liquidity Ajustment Facility) est la première arme utilisée par la banque centrale indienne pour d'une part absorber (compenser) les excès (insuffisances) de liquidités constaté(es) suite à une politique monétaire expansionniste (restrictive) et d'autre part, pour envoyer les signaux de ses actions sur les taux d'intérêt du marché. Elle a été introduite pour la première fois en juin 2000.

A la faveur de la révision générale des instruments de la politique monétaire intervenues en 2001 et 2004, il a été recommandé que le soutien de la banque centrale au marché passe par la facilité d'ajustement de liquidité (FAL). Celle-ci comporte deux composantes principales : le repo rate et le reverse repo rate. Le premier permet d'injecter de la liquidité dans l'économie en cas d'insuffisance tandis que le second permet d'en retirer lorsqu'il y a en excès. Il s'agit des mécanismes de correction des débordements de la politique monétaire.

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En effet, le repo rate est le taux auquel les banques empruntent auprès de la banque centrale pour répondre aux besoins de trésorerie (court terme). Elles y apportent des titres publics comme garantie. Entre mai 2011 et décembre 2014, ce taux a fluctué entre 7% et 8%.

Quant au reverse repo rate (taux de prise en pension), c'est le taux auquel la banque centrale indienne emprunte de l'argent aux banques commerciales en leur prêtant de titres. En décembre 2014, ce taux s'élevait à 7%. Le reverse repo rate et le repo rate sont liés : le premier est inférieur de 1% (soit 100 points de base) au deuxième. Toutes les banques commerciales indiennes exceptée la Regional Rural Bank sont concernées par ces deux instruments. Ils sont actionnés par la RBI pendant les jours ouvrables de la semaine.

D'autres mécanismes quantitatifs tels que les facilités permanentes (Marginal Standing Facility) ont été rendus publics par la RBI en mai 2011.

Cette Marginal Standing Facility (MSF) constitue en quelque sorte une nouvelle Liquidity Ajustement Facility (LAF) et a été mise en place par la RBI pour la conduite de sa politique de crédit. Il s'agit d'un taux auquel les banques commerciales peuvent emprunter au jour-le-jour auprès de la banque centrale contre des titres publics approuvés.

Elle se distingue de la LAF, en ce qu'elle permet aux banques d'emprunter auprès de la RBI seulement dans les situations d'urgence, c'est-à-dire lorsque la liquidité interbancaire s'assèche complètement ou lorsqu'il y a une forte volatilité des taux d'intérêts journaliers. Pour freiner cette volatilité, la RBI autorise les banques commerciales à mettre en gage des titres publics pour bénéficier davantage de liquidités par le mécanisme de la MSF mais à un taux d'intérêt supérieur de cent points de base au repo rate. Il existe en effet, une relation entre la MSF, le repo rate et le reverse repo rate.

Le Repo rate est un taux symétrique entre Reverse repo rate- inférieur de 100 points de base-et le taux d'intérêt de la MSF qui est supérieur de 100 points de base au repo rate. Cela veut dire que la différence entre le Reverse repo rate et la Marginal standing Facility est de deux cent (200) points de base. Formellement, lorsque le Repo rate est de x%, le Reverse repo rate vaut (x -1) % alors que le taux de la MSF est donné par (x+1) %.

La MSF vise donc à contenir la volatilité journalière du taux d'intérêt interbancaire. Sous cet instrument, les banques sont autorisées à emprunter auprès de la banque centrale indienne jusqu'à un pour cent (1%) de leurs dépôts à vue et à terme.

L'un des instruments quantitatifs les plus anciens de la RBI est le ratio de liquidité statutaire (Statutory Liuididty Ratio). Il a servi au financement monétaire du déficit public pendant la période pré-réforme. Par ce mécanisme, les banques et les autres institutions financières sont tenues de conserver une partie du total de leur passifs et engagements sous

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forme d'actifs liquides (titres publics, métaux précieux, etc.) auprès de la banque centrale. Le rapport entre ces actifs et le total du passif de la banque est appelé le ratio de liquidité statutaire (Statutory Liquidity Ratio). Il s'agit du montant des actifs liquides hors dépôts que les banques doivent conserver sous formes de réserves, rapporté au total des dépôts à vue et à terme.

Il doit être déterminé chaque jour à la fermeture de comptes. Lorsque les banques échouent à respecter ce ratio, elles sont pénalisées par la banque centrale qui leur fait payer un intérêt pour leur manquement. Au début des années 1980, ce ratio était très élevé et à même atteint même le pic de 38,5% en 1990. A la suite des recommandations du premier comité Narasimham sur la politique monétaire, les autorités ont abaissé ce ratio pour le ramener à 25% et depuis février 2015 il est de 21,5%.

En outre, le taux d'escompte (Bank rate), est le taux auquel la RBI fournit de la liquidité à l'ensemble du système financier (banques commerciales, banques de développement, banques coopératives etc.). Cette liquidité peut être prêtée de façon directe aux banques et aux autres institutions financières ou indirectement à travers un mécanisme de réescompte par lequel la RBI achète les titres de créance des banques et les bons du Trésor. Lorsque le taux d'escompte augmente, le coût de l'emprunt des banques commerciales auprès de la banque centrale augmente aussi, conduisant ainsi à une baisse du volume de crédit et partant de la quantité de monnaie en circulation dans l'économie. A l'inverse, lorsque la banque centrale abaisse ce taux, les banques empruntent à moindre coût et peuvent par conséquent augmenter leurs prêts aux agents économiques.

La grande différence entre le Bank rate et le Repo rate est que le premier est un instrument de gouvernance de la politique monétaire dans le long terme tandis que le deuxième vise à contrôler la quantité de monnaie sur le marché à court terme. Le taux d'escompte était de 8,50% en mars 2015 contre 10% dans les années 1980.

L'autre instrument permettant de réguler l'offre de crédit des banques commerciales est le taux de resserve obligatoire ou Cash Reserve Ratio. Ce taux n'est rien d'autres que le ratio de fonds propres rapportés au volume de crédits. C'est un instrument que la RBI utilise pour assurer la stabilité financière et contrôler l'offre de crédit des banques commerciales. Entre 1992 et 1997, il a été réduit de 15% à 10% et valait 4% en mars 2015 contre 5% en 2004. Il fait également partie des anciens instruments de la RBI et reste toujours utilisé dans les situations qui requièrent une forte mobilisation de la politique monétaire (excès de liquidité par exemple) ou dans des situations où tous les autres instruments ont été utilisés.

Enfin, la RBI peut aussi décider de plafonner le volume de crédit accordé aux banques commerciales. A travers le mécanisme de plafonnement du crédit, la banque centrale informe

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les banques commerciales des limites de crédit qu'elles pourront obtenir auprès d'elle. Ainsi, en plafonnant le crédit, la RBI conduit les banques commerciales à réduire leur offre de crédit au public. Elle peut aussi décider de l'orientation du crédit bancaire vers des secteurs spécifiques jugés prioritaires par les autorités politiques comme cela est inscrit dans ses statuts. En Inde, ces secteurs concernent notamment l'agriculture, l'industrie et les services.

Au-delà des instruments quantitatifs, la banque centrale indienne peut également faire recours à des instruments qualitatifs.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo