CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS
« La percée fulgurante de l'Inde
entamée au tournant des années 1990 ne semble pas faiblir
malgré le séisme provoqué par la crise mondiale
» Leroy (2011). Depuis le tournant des années 1980 marquant
l'entrée de l'Inde dans la mondialisation, la politique monétaire
continue d'être un outil important de financement de l'économie
nationale. Elle a été conduite de manière pragmatique dans
la plupart du temps et demeure cruciale dans l'explication de la croissance
économique du pays.
La problématique générale de cette
étude consistait à analyser l'impact de la politique
monétaire sur les performances macroéconomiques de l'Inde. Pour
cela il a été supposé les hypothèses suivantes :
(i) il existe une corrélation entre le PI3 et la masse monétaire
; (ii) le crédit bancaire domestique contribue significativement au PI3,
(iii) la croissance est malheureusement faiblement créatrice d'emplois.
Pour vérifier ces hypothèses, des données provenant de
diverses sources agrées ont été mobilisées. Le
traitement de ces données a été rendu possible grâce
à l'usage des outils statistiques standards tels que les
représentations graphiques avec le logiciel Excel et les tabulations.
Les résultats de l'étude suggèrent que la
politique monétaire a un impact certain sur les performances
économiques de l'Inde sur l'ensemble de la période
d'étude. Une expansion monétaire d'une année donnée
affecte la croissance de l'année suivante. De plus, le crédit
bancaire domestique destiné au secteur privé devient de plus
important dans le PI3. Cela s'explique par le fait que les petites et moyennes
entreprises qui dominent l'économie indienne dépendent fortement
du crédit bancaire pour leur activité. Cependant,
l'accélération de la croissance économique ne s'est pas
accompagnée d'une accélération de la création
d'emplois et de réduction des inégalités. L'importance
grandissante de l'industrie et des services faiblement intensifs en main
d'oeuvre, la rigidité de la réglementation du travail à
l'égard des entreprises du secteur organisé sont les principales
causes élucidées par l'étude. Cette étude confirme
l'ensemble des hypothèses de recherche émises dès le
début. Enfin, l'ouverture économique et le faible niveau
d'inclusion financière, sont des contraintes majeures qui limitent
l'efficacité des actions des autorités monétaires
indiennes.
Ce travail de recherche a eu le mérite d'explorer un
thème peu étudié ou partiellement étudié
dans la littérature. En effet, comme cela l'a déjà
été dit en introduction, la plupart des études sur la
politique monétaire indienne se focalisent sur ses canaux de
transmission à l'activité économique sans chercher
à évaluer son impact de long terme sur les performances
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macroéconomiques du pays. Cette étude constitue
donc une tentative de contribution à la recherche sur les impacts de
long terme des décisions de la banque centrale indienne.
Les résultats de ce travail de recherche, aussi
modestes soient-ils, permettent de tirer des leçons et de faire quelques
recommandations pertinentes en vue d'améliorer l'efficacité de la
politique monétaire de la plus grande démocratie au monde. C'est
pourquoi, il est particulièrement recommandé aux autorités
indiennes de mettre l'accent sur :
(i) L'inclusion financière afin que le plus grand
nombre de personnes présentement exclues du système bancaire,
puisse avoir accès aux services financiers de base pour améliorer
la transmission de la politique monétaire
(ii) Réformer la législation du travail pour
faire en sorte que les grandes entreprises du secteur organisé
emploient davantage. Sur ce point le gouvernement pourrait accorder des primes
sous formes d'exonérations fiscales aux entreprises qui emploient le
plus de personnes. A l'inverse, le gouvernement pourrait prendre des mesures
pour lutter contre la précarité des emplois dans le secteur
inorganisé en soutenant davantage les acteurs de ce secteur.
(iii) Il est absolument indispensable d'accroître les
investissements dans le secteur agricole si les autorités veulent
lutter contre le chômage et le sous-emploi de masse. Au regard de la part
importante de l'agriculture dans l'emploi en Inde, sa marginalisation ne fera
que renforcer les inégalités au sein de la société
;
(iv) Enfin, il s'avère important que les
autorités monétaires puissent adaptés leurs actions
à la mondialisation qui a créé une forte
interdépendance entre l'économie indienne et le reste du monde.
Par exemple, l'inflation ne peut plus être expliquée uniquement
par des facteurs internes. Les fluctuations du prix des matières
premières et les politiques monétaires des pays
développés affectent aussi l'évolution des prix dans les
économies émergentes.
Dans le cadre du nouveau référentiel de
développement adopté par les Nations unies en septembre 2015,
quel rôle doivent jouer les autorités monétaires indiennes
dans l'atteinte des objectifs de développement durable (ODD) ?
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