II. LES DEFIS DES AUTORITES MONETAIRES
L'inde est confrontée à des faiblesses
structurelles de son économie qui constituent des freins à
l'efficacité de sa politique monétaire. Même si elle
connait aujourd'hui des taux de croissance les plus élevés au
monde, cela ne doit pas « occulter les contradictions et les paradoxes
qui accompagnent son développement actuel » (Leroy, 2011).
Plusieurs facteurs ont d'une certaine manière « lier les mains
de la RBI » (Pandit et Vashsisht, 2011) et empêchent la
politique monétaire d'être totalement opérante. Nous
aborderons seulement deux de ces facteurs à savoir : (i)
l'accélération de l'ouverture économique et
financière, (ii) le faible niveau d'inclusion financière.
1. L'ouverture économique et financière
Depuis l'entame de l'ouverture économique et
financière, la gestion de la politique monétaire est devenue une
question importante pour les autorités monétaires indiennes. Des
auteurs comme Kramer et al. (2008) ont montré que malgré
le faible degré d'ouverture de l'Inde, les conditions domestiques de la
politique monétaire sont fortement influencées par les facteurs
extérieurs tels que la volatilité du taux de change. La gestion
de l'afflux des capitaux a conduit les autorités monétaires
à faire face au problème de la « trinité impossible
» de Mundell (1968), entre la stabilité du taux de change, la
conduite d'une politique monétaire indépendante et l'ouverture
financière de l'économie. D'autres auteurs comme Pandit et
Vashsisht (2011) ont également montré que depuis la
libéralisation de l'économie indienne, la RBI a cessé
de
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financer l'économie nationale. Ils expliquent que
l'ouverture financière a d'une certaine façon « lier les
mains des banques centrales » des économies émergentes,
réduisant de facto l'efficacité de leurs actions. C'est
aussi la thèse défendue par Zane (2012) pour qui la RBI est
devenue débitrice nette de l'économie nationale et
créditrice net de l'étranger. La RBI aurait cessé, selon
lui, de prendre part au financement de l'économie locale via
des prêts au gouvernement centrale et aux banques commerciales, en
concentrant davantage ses efforts à la défense de la
parité extérieure de la monnaie nationale (la roupie). Les actifs
extérieurs de la RBI sont ainsi passés en moyenne de 19% entre
1949 et 1991 à 83% entre 2003 et 2011. Brahmi et Etoile (2012)
soutiennent que les transformations structurelles combinés avec une
intégration de plus en plus forte de l'Inde dans l'économie
mondiale ont affecté les mécanismes de transmission de la
politique monétaire et partant, son efficacité. Toutefois, pour
ses auteurs, la RBI n'a pas failli à sa mission mais celle-ci est
contrariée par d'autres facteurs sur lesquels elle n'a pas ou a peu de
contrôle.
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