SOMMAIRE
AVERTISSEMENT ii
REMERCIEMENTS iii
LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES iv
SOMMAIRE v
LISTE DES ILLUSTRATIONS v
LISTE DES TABLEAUX v
INTRODUCTION GENERALE 6
CHAPITRE I : LES FONDEMENTS DE LA POLITIQUE MONETAIRE INDIENNE
12
I. CADRE GENERALE 12
II. INTERACTION ENTRE LA POLITIQUE MONETAIRE ET LE SECTEUR
BANCAIRE
INDIEN 23
CHAPITRE II : POLITIQUE MONETAIRE ET PERFORMANCES
MACROECONOMIQUES 30
I. EVALUATION DE L'IMPACT DE LA POLITIQUE MONETAIRE 30
II. LES DEFIS DES AUTORITES MONETAIRES 42
III. DISCUSSION DES RESULTATS 44
CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS 46
ANNEXES 48
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 49
TABLE DE MATIERES 54
RESUME 56
LISTE DES ILLUSTRATIONS
Figure 1: Evolution de l'inflation annuelle (en %) 17
Figure 2: Composition du secteur bancaire indien 24
Figure 3: Evolution des taux de croissance du PIB et de M3 (en
%) 31
Figure 4: Croissance sectorielle du PIB (en %) 32
Figure 5: Part de l'agriculture dans le PIB (en %) 33
Figure 6: Part du secteur industriel dans le PIB (en %) 35
Figure 7: Part des services dans le PIB (en %) 37
Figure 8: Contribution du crédit domestique au PIB (en
%) 38
Figure 9: Répartition de l'emploi par secteur
d'activité (en %) 40
Figure 10: Evolution de l'IDH 42
Figure 11: Taux d'accès aux services financiers 44
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1: Croissance de la production dans les services (en
%) 35
Tableau 2: Taux de croissance de l'emploi par secteur
d'activité (en %) 40
Tableau 3: Transmission de la politique monétaire par
les taux 48
6
INTRODUCTION GENERALE
« L'économiste a tendance au début,
lorsqu'il travaille sur l'Inde, à utiliser les recettes de ses livres
d'école. Mon expérience en Inde et en Chine, m'a appris qu'il
fallait faire attention et essayer de comprendre les raisonnements locaux, les
croyances collectives, les
instituions », Jean Joseph Boillot in
Chemin A., Gélard J. P. (2010), L'émergence de la
puissance indienne : mythes et réalités, Rennes, Presses
Universitaires de Rennes, p. 218.
L'émergence de l'Inde comme une puissance
économique prend le relai sur son image traditionnellement
associée à une pauvreté de masse. Cataloguée il y a
deux décennies à peine comme l'un des pays les plus pauvres du
monde, longtemps marginalisée sur la chaine internationale, l'Inde
s'affirme aujourd'hui comme une puissance économique brillante et
incontournable avec laquelle il faut désormais composer.
L'accélération de la croissance du PIB constitue sans doute l'un
des traits marquants de son régime de développement
économique. En effet, l'Inde a enregistré au cours de ces trois
dernières décennies une croissance annuelle moyenne
supérieure à 8% et, selon le Fonds monétaire international
elle devrait dépasser la Chine au cours des prochaines années.
Ces performances ont été réalisées, en partie,
grâce à une réforme « mesurée, graduelle,
précautionneuse et progressive » (Mohan, 2013) du secteur
financier et de la politique monétaire.
La politique monétaire constitue en effet, selon
Stiglitz et Greenwald (2005) le moyen le plus efficace par lequel les
décideurs publics peuvent agir sur le niveau de l'activité
économique. Pour Landais (2008), elle est « à la fois
capable de causer un préjudice réel à l'économie
lorsqu'elle ne convient pas et en mesure de lui apporter un
bénéfice appréciable lorsqu'elle est judicieusement
conduite ». Si conformément aux recommandations des
institutions du Consensus de Washington, la plupart des banques centrales des
pays émergents ont adopté des politiques de ciblage d'inflation
en Inde, c'est le pragmatisme qui a longtemps guidé et continue de
guider la mise en oeuvre de la politique monétaire.
Créée le 1er avril 1935, la banque
centrale indienne (Reserve Bank of India) est l'institution
monétaire au coeur de l'émergence actuelle de l'Inde. Ses statuts
stipulent qu'elle a pour but d'assurer une provision adéquate du
crédit aux secteurs productifs de l'économie sans compromettre la
stabilité des prix. Bien que la stabilité des prix soit un
objectif important, la RBI vise aussi le financement de l'économie
à travers sa politique de crédit. Comme le souligne Reddy (2007)
: « dans le cas de l'Inde, l'accroissement de l'output et la
stabilité des prix sont tous deux, des objectifs importants cependant,
selon les circonstances particulières de chaque année la
priorité sera donnée à l'un ou l'autre ».
Décrié par le FMI et clamé par des auteurs
7
8
9
comme Bhattacharya (2006) et Mohan (2008), le pragmatisme des
autorités monétaires indiennes suscite de plus en plus
d'engouement pour les chercheurs.
Malgré la libéralisation économique et
financière progressive entamée par le pays au début des
années 1980, la politique monétaire est restée un puissant
outil de financement de l'économie nationale parfois même au
détriment de l'objectif de stabilité des prix. C'est pourquoi
certains économistes comme Zane (2012) qualifient la RBI de «
banque centrale à l'ancienne » c'est-à-dire une
banque centrale sans un objectif précis d'inflation et toujours
dépendante du gouvernement central. Son indépendance a
été discutée dès sa création en 1935 mais
n'a jamais été respectée par le gouvernement indien
(Rothermund, 1993).
La politique de la RBI est intrinsèquement liée
aux choix du modèle de développement économique du pays
depuis son indépendance en août 1947. En effet, à la fin
des années 1940, la plus grande démocratie au monde a opté
pour un modèle socialiste de développement économique. La
politique monétaire était alors subordonnée à la
politique budgétaire et servait principalement à financer le
déficit de l'Etat par le mécanisme du ratio de liquidité
statutaire (Statutory Liquidity Ratio, SLR). Même si l'ouverture
économique du pays dans le tournant des années 1980 a introduit
des changements importants dans la conduite de la politique monétaire,
les statuts de la banque centrale indienne sont restés les
mêmes.
La place accordée par la RBI au financement de
l'économie est d'autant plus importante que l'Inde fait partie des pays
émergents où le nombre de pauvres reste élevé
malgré une croissance moyenne annuelle qui oscille entre 7% et 8%. Dans
un tel contexte, l'accès des banques aux liquidités de la banque
centrale ainsi que leur activité d'approvisionnement du reste de
l'économie en liquidités permet d'expliquer la dynamique
d'expansion économique (Stiglitz, 2010).
Pour assurer le bon fonctionnement de l'économie
indienne, les banques commerciales, sous le contrôle de la RBI, assurent
le financement des agents économiques opérant dans les secteurs
clés de l'économie nationale. La politique de crédit
constitue à cet effet, une composante essentielle de la politique
monétaire indienne. Grâce à elle, les agents
économiques n'ayant pas accès aux marchés financiers
peuvent développer et financer leurs projets en contractant un
crédit auprès des institutions bancaires. En Inde, ce sont
principalement les PME (petites et moyennes entreprises) et certaines grandes
entreprises n'ayant pas accès au marché qui dépendent du
crédit bancaire domestique pour le financement de leur activité
d'investissement.
C'est au regard de l'importance de la politique
monétaire indienne dans le financement de l'économie nationale,
qu'il est apparu nécessaire d'essayer d'évaluer son impact sur
cette
dernière à travers le thème : «
Politique monétaire, crédit et croissance en Inde
». En effet, il serait injuste de prétendre que les
économistes ont négligé d'examiner les relations entre la
politique monétaire et la croissance économique. Pourtant, force
est de constater selon Landais (2008) qu'il n'existe pas de travail
synthétique dans ce sens. En Inde, les études se sont
focalisées sur l'analyse des canaux de transmission de la politique
monétaire sans véritablement explorer les liens qui existent
entre cette dernière et la croissance économique.
Quels sont les fondements de la politique monétaire
indienne ? Quel a été son impact sur les performances
macroéconomiques de l'Inde entre 1980 et 2014 en termes de croissance
économique, de création d'emplois, de réduction de la
pauvreté et des inégalités ? Quel est l'importance du
crédit bancaire domestique dans le Produit Intérieur Brut (PIB)
indien ? Quels sont les grands défis liés à la gestion de
la politique monétaire dans la période actuelle ?
Bien avant la présentation de l'architecture
générale du mémoire, il s'avère important de
préciser le cadre d'analyse dans lequel s'insère la
présente étude, les objectifs poursuivis, les hypothèses,
la méthodologie utilisée pour collecter et traiter les
données et enfin, les difficultés rencontrées.
L'analyse de l'impact de la politique monétaire sur la
croissance économique via le crédit bancaire, s'appuie
sur les travaux d'économistes néokeynésiens comme Bernanke
et Blinder (1988 ; 1992) qui ont mis en évidence une transmission de la
politique monétaire à l'activité économique via
le canal du crédit bancaire. Les travaux de Stiglitz et Weiss
(1981) sur les asymétries d'information pouvant conduire à un
rationnement du crédit viennent compléter cette proposition
d'analyse.
En effet, les travaux menés par Bernanke et Blinder
(1988, 1992) aux Etats-Unis ont permis de mettre en évidence une
transmission de la politique monétaire par le canal du crédit
bancaire appelé « lending channel ». Ce canal
résulte d'une part, des effets de la politique monétaire sur le
secteur bancaire et d'autre part, du au rationnement d'équilibre du
crédit développé par Stiglitz et Weiss (1981).
Dans le modèle IS/LM traditionnel, les crédits
sont assimilés à des titres financiers, ce qui rend inutile la
prise en compte du marché du crédit. Cependant, Bernanke et
Blinder (1988) ont construit un modèle dans lequel ils intègrent
le crédit et obtiennent un modèle CC (commodities and
crédit) /LM. Dans ce modèle, ce sont les banques qui offrent
plus ou moins les crédits selon les circonstances et qui transmettent
ainsi les impulsions de la politique monétaire (Landais, 2008) ; alors
que dans le modèle traditionnel ce sont les agents économiques
qui s'adressent aux banques pour avoir du crédit. En outre, les sources
de financement ne sont pas substituables dans le cadre de ce modèle de
sorte qu'une politique
monétaire restrictive se traduise par une baisse de
l'offre du crédit bancaire. Ce mécanisme de transmission au
secteur bancaire repose en fait sur le multiplicateur monétaire qui
relie la base monétaire à la masse monétaire, (Drumetz et
Pfister, 2010). Les réserves des banques commerciales auprès de
la banque centrale constituent dans le cadre de cette approche, la cible
privilégiée de la politique monétaire. Les banques
commerciales ne peuvent recevoir des dépôts de leur
clientèle que dans la mesure où elles détiennent
suffisamment de réserves à la banque centrale. Cette contrainte
crée évidemment un lien entre la base monétaire et les
fonds prêtables des banques car elle affecte la quantité de
crédits distribuée par ces dernières. Par exemple, une
politique monétaire restrictive réalisée par une vente de
titres à l'open market, se traduit par une contraction des
réserves des banques commerciales auprès de la banque centrale,
ce qui entraine une réduction de leurs fonds prêtables et donc du
volume de crédits distribués dans l'économie nationale.
Comme par hypothèse il n'y a pas une parfaite substituabilité
entre les différentes sources de financement, les banques auront des
difficultés à émettre de nouveaux titres pour compenser la
contraction de leurs réserves. Cette contrainte les conduit à
réduire leur offre crédit. Les ménages et les entreprises,
en particulier les PME qui ne peuvent se financer sur le marché se
trouvent alors évincés. La conséquence directe de cela est
la baisse de l'activité d'investissement des entreprises suivie d'un
ralentissement de l'activité économique (Barran et al.,
1994). Il s'agit là d'une remise en cause du théorème de
Modigliani-Miller (1958) selon lequel il existe une équivalence entre
les différentes sources de financement pour les entreprises.
Aussi, depuis les travaux de Stiglitz et Weiss (1981), il est
reconnu que les banques commerciales ne sont pas des intermédiaires
passives entre la banque centrale et les utilisateurs finals de la monnaie.
Elles peuvent rationner le crédit selon la qualité des bilans de
leurs clients sans modifier les taux d'intérêts. Il y a en effet
rationnement du crédit lorsqu'un prêt n'est pas accordé
à un demandeur qui en accepte toutes les conditions légales et
financières (Landais, 2008). Plus précisément, une hausse
des taux d'intérêt au-delà d'un certain seuil peut se
traduire par une hausse du nombre d'emprunteurs très risqués.
Dans ces conditions, il vaut mieux rationner le crédit et limiter la
hausse des taux. Ainsi, lorsque le crédit bancaire n'est pas
substituable par d'autres sources de financement- c'est le cas pour les PME
indiennes- le rationnement du crédit amplifie les effets
récessifs d'une politique monétaire restrictive et affecte
davantage la croissance économique. Dans ces deux approches, une
contraction de la masse monétaire (politique monétaire
restrictive) se traduit par une diminution de l'offre de crédit qui
affecte à son tour la croissance économique.
L'objectif principal de la présente recherche consiste
à analyser l'impact de la politique monétaire sur les
performances macroéconomiques de l'Inde. Celle-ci n'étant pas la
seule
variable qui affecte la croissance économique indienne,
il va de soi qu'il est difficile, sans certaines hypothèses
restrictives, d'isoler la contribution spécifique due à celle-ci.
Ainsi, pour des commodités d'analyse il sera supposé
cétéris paribus que la politique monétaire est
l'instrument principal de la politique économique en Inde. Ce n'est
qu'à ce prix qu'on peut l'attribuer la paternité des performances
économiques de l'Inde. Cette hypothèse n'est pas fortuite car
Bhaumik et al. (2011) ont montré que les pays émergents
comme l'Inde font face à des contraintes budgétaires de sorte que
la politique monétaire devient le seul instrument disponible pour les
décideurs publics pour agir sur la croissance.
Plus spécifiquement, cette étude vise à :
(i) explorer les fondements de la politique monétaire indienne, (ii)
analyser les réactions des banques commerciales aux décisions des
autorités monétaires, (iii) évaluer les performances
accomplies par l'économie indienne en termes de croissance
économique, de création d'emplois, de réduction de la
pauvreté et des inégalités et enfin, (iii) identifier les
contraintes qui réduisent l'efficacité de la politique
monétaire.
L'hypothèse principale de l'étude stipule que la
politique monétaire influence significativement la croissance
économique indienne.
Plus concrètement, il s'agira de tester les
hypothèses suivantes : (i) il existe une corrélation
décalée d'une année au moins entre la croissance de la
masse monétaire au sens large (M3)1 et celle du PIB de
l'année courante ; autrement dit, la croissance de la masse
monétaire de l'année courante est positivement
corrélée avec la croissance du PIB de l'année suivante ;
(ii) la part du crédit bancaire domestique dans le PIB augmente
année après année malgré l'accès de
certaines entreprises indiennes aux financement extérieurs grâce
à l'ouverture économique et, (iii) la croissance
économique indienne se traduit par une faible création d'emplois
et une faible de réduction de la pauvreté et des
inégalités. Pour la vérification de ces hypothèses
de départ, il convient de préciser la méthodologie
adoptée.
La présente étude s'intéresse à la
politique monétaire de l'Inde, l'un des pays membres du groupe des BRICS
(Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). L'Inde constitue en
effet, un « pays continent » d'Asie du Sud et fait partie aujourd'hui
des pays les plus dynamiques de la planète selon le Fonds
monétaire international. Avec une histoire économique
teintée de socialisme depuis son indépendance, l'Inde se
caractérise par une politique monétaire distincte de la plupart
des autres pays émergents. D'où, la nécessité de
mieux s'en imprégner pour mieux comprendre le dynamisme et les
défis actuels de la plus grande démocratie au monde.
10
1 M3= M2 + divers placements monétaires
avec, M2= M1+ les crédits à court terme, M1= pièces et des
billets circulation + les dépôts bancaires à vue.
11
Cette étude est exclusivement basée sur des
données secondaires. Celles-ci proviennent de plusieurs sources
différentes dont les rapports, les bulletins et les publications
temporaires de la banque centrale indienne ; le rapport 2015 de la Banque
mondiale sur les indicateurs de développement ; du rapport 2015 du PNUD
sur le développement humain ; le rapport du Bureau international du
travail (BIT) ; des ouvrages et des articles de divers auteurs portant sur
l'Inde en générale et sur son économie en particulier. Les
données sont annuelles et couvrent la période allant de 1980
à 2014. Cette délimitation temporelle permettra de voir
l'évolution de certaines variables sur le long terme. Pour ce faire, il
est apparu nécessaire de recourir aux outils statistiques standards tels
que les représentations graphiques et les tabulations. Les
représentations graphiques contenues dans ce mémoire ont
été réalisées par l'auteur grâce au logiciel
Excel à partir des données des sources ci-dessus
mentionnées.
Comme pour toute oeuvre humaine, la réalisation de ce
travail a rencontré quelques difficultés et insuffisances qu'il
convient de préciser. La première grande difficulté tient
à la faible expérience de l'auteur en matière de recherche
scientifique et à sa connaissance encore insuffisante de
l'économie indienne. En outre, n'ayant pas pu collecter des
données primaires sur le terrain, l'étude a été
fondée exclusivement sur des données secondaires qui peuvent
cacher des biais d'estimations des valeurs de certaines variables. Enfin,
l'absence de séries longues pour certaines variables de l'étude a
constitué une contrainte majeure pour notre analyse.
Pour répondre à la question principale de
recherche à savoir : quel est l'impact de la politique monétaire
sur les performances économiques de l'Inde, le mémoire se
décompose en deux grands chapitres. Le premier d'approche
théorique, s'attelle à étudier les fondements de la
politique monétaire indienne. Le deuxième, plus quantitatif,
évalue les performances enregistrées par l'Inde en termes de
croissance économique, de création d'emplois, de réduction
de la pauvreté et des inégalités. Il identifie
également quelques facteurs qui limitent l'efficacité de la
politique monétaire dans l'Inde contemporaine.
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