Relation inflation-chômage: une vérification empirique de la courbe de Phillips en RDC de 1990 à 2011( Télécharger le fichier original )par Junior NDUAYA MATUNGA Université de Kinshasa - ECONOMIE MATHEMATIQUE 2013 |
LISTE DES GRAPHIQUES ET FIGURESGraphique I.1 - courbe de Phillips : Question d'arbitrage Graphique I.2 - courbe de Phillips revisitée par les Keynésiens Graphique I.3 - courbe de Phillips revisitée par M. Friedman Graphique I.4 - courbe de Phillips revisitée par R. Lucas Graphique II.1- évolution du taux d'inflation de 1990 à 2011 Graphique II.2- évolution du taux de chômage de 1990 à 2011 Graphique II.3- ajustement entre l'inflation et le chômage Figure II.5.1 - output du test de normalité de Jarque-Bera Figure II.5.2 - output du test CUSUM Figure II.5.3: - output du test CUSUMSQ INTRODUCTIONDepuis la seconde moitié du 20iéme siècle, notamment vers les années 1970, l'inflation et le chômage constituent les maux les plus importants des sociétés, la relation entre eux est le principal problème économique intérieur des présidents et des premiers ministres, et le secteur majeur de controverse et d'ignorance en macroéconomie (Tobin 1972)1(*). La courbe de Phillips (1958) 2(*)qui met en exergue la relation entre les deux variables constitue ainsi une référence en matière de politique économique, en ce sens qu'elle permet de saisir les effets d'une orientation de politique économique représentée par le taux d'inflation sur l'activité économique réelle saisie par la variable chômage3(*). En R.D. Congo comme ailleurs, les fluctuations des prix4(*) (comme conséquence des déséquilibres macroéconomiques) se sont généralement accompagné des sérieux remous sociaux. Ce sont toujours les ménages qui payent le plus lourd tribut, d'abord ils observent leurs pouvoirs d'achat diminuer, ensuite ils perdent leurs postes de travail à cause de fermeture des entreprises (car le cadre macroéconomique est jugé instable). Les fluctuations des prix se posent donc comme un réel problème macroéconomique aux lourdes conséquences sociales auxquelles font constamment face les décideurs politiques. L'importance accordée aujourd'hui à la lutte contre l'inflation dans les pays en voie de développement trouve son origine dans les épisodes d'hyperinflation qui ont sévi dans plusieurs de ces pays au cours des années 1990. Compte tenu des méfaits de l'inflation sur l'activité économique, certains analystes orthodoxes préconisent que la lutte contre l'inflation soit retenu comme l'objectif primordial de la politique économique afin d'éviter les effets pervers auxquels les fluctuations intempestives de prix pourraient donner lieu. Cependant, il faut noter que les avantages de maintenir un taux d'inflation peu élevé doivent compenser les coûts d'une telle mesure. En effet, quel que soient les instruments spécifiques utilisés, la lutte contre l'inflation entraîne généralement une augmentation du taux de chômage, du moins dans le court terme5(*), avec un risque de ralentissement de la croissance à moyen terme. De ce qui précède nous avons saisi le dilemme majeur de la politique économique, qui est celui de choisir entre l'objectif de plein-emploi et de stabilité des prix en fonction de la situation macroéconomique en présence. Pour tenter de résoudre ce dilemme, nous nous referons aux récents développements en macroéconomie qui ont donné lieu à des mesures de politique économique qui concilient la croissance soutenue, le plein-emploi et la stabilité des prix6(*). Les faits et phénomènes observés en RD. Congo, depuis 1990 constituent un champ d'applications opportun7(*) à la mise en oeuvre de tels modèles. En effet, depuis 1990, une série d'événements se sont succédé et ont porté préjudice au tissu économique8(*). Cependant, depuis 2001 une série des mesures ont été arrêtées par les différents gouvernements centraux de la R.D. Congo, notamment : la thérapie des chocs en 2001 (la quasi - libéralisation du cadre macroéconomique) et la mise en oeuvre du programme économique du gouvernement en 2002. Ces réformes ont formellement, été motivées par la volonté de mettre à profit toutes les potentialités de la RD. Congo afin d'inscrire la marche de l'économie sur un sentier de croissance économique stable et de développement économique soutenable (Tsasa JP, 2012)9(*). A la suite de chacune de ces mesures, la R.D.Congo a enregistré des avancées remarquables sur le front de la lutte contre l'inflation et la réduction des déficits budgétaires et de balance des paiements courants. Elles n'ont pourtant pas réussi ni à stabiliser la production macroéconomique ni à réaliser une croissance durable10(*). Or, si l'objectif de la politique économique est d'optimaliser le bien-être de la société à long-terme et de manière équitable11(*), on constate cependant que la plupart des débats de politique économique en R.D.Congo se sont centrés sur les variables intermédiaires, telles que la stabilité des prix ou la balance des paiements, alors que les variables intermédiaires ne sont pas très importantes en soi. De ce fait, le présent mémoire voudrait jeter les bases d'un cadre conceptuel pour une politique macroéconomique axée sur la stabilité macroéconomique réelle, associée à la croissance. Ce cadre est fondé sur la vision privilégiant la nécessité d'élargir les objectifs et de développer des instruments complémentaires au-delà des politiques budgétaires et monétaires pour considérer les questions relatives à la gestion de la balance des opérations en capital, aux les réglementations et autres instruments microéconomiques. L'objectif de ce travail est d'appliquer le modèle de la courbe de Phillips pour tester l'existence d'une relation de long terme entre l'inflation et le chômage en R.D.Congo et d'en saisir les effets réciproques. Le but est de mettre à la disposition des autorités économiques un instrument de conduite de la politique économique, qui met en exergue les conséquences de l'orientation de la politique monétaire sur le chômage. Eu égard à la mission lui assignée, ce travail tente de répondre à une préoccupation majeure, résumée en 3 questions : comment la politique économique agit sur l'économie congolaise ? Quelle est l'orientation qui lui assurerait une certaine efficacité en vue d'atteindre l'objectif de consolidation de la croissance ? Existe-t-il des alternatives aux politiques de stabilité macroéconomique menées en R.D.Congo, dans la vision de promouvoir l'emploi ? Ce travail suppose qu'il existe une relation entre la variation de l'inflation et le niveau d'emploi dans l'économie. Les hypothèses suivantes seront vérifiées : (i) la politique de stabilité a concouru à stabiliser relativement le cadre macroéconomique mais ses effets sont insignifiants sur l'activité économique réelle ; (ii) la relation positive entre l'inflation et le chômage est faible, par conséquent, la politique monétaire agit passivement sur l'activité économique globale ; (iii) à mesure que le gouvernement central apprend à mieux s'acquitter de son rôle en matière de conduite de politique économique, la relation positive de la courbe de Phillips s'estompe graduellement, pour devenir négative. L'approche adoptée dans ce travail se base sur les récents progrès de la recherche économétrique dans l'étude des séries temporelles non stationnaires, qui ont permis de développer une méthodologie autour des concepts clefs de cointégration, de modèle à correction d'erreur et de causalité. Le concept de cointégration permet de préciser la réalité et la nature des divergences entre deux séries théoriquement liées entre elles, et le modèle à correction d'erreur permet d'en expliquer et d'en déduire le mécanisme. La notion de causalité, associée à la cointégration et au modèle à correction d'erreur, offre aujourd'hui un cadre assez rigoureux pour étudier la direction de la causalité (unidirectionnelle ou bidirectionnelle) entre deux variables, qu'elle soit de long ou de court terme12(*). Outre l'introduction et la conclusion, le présent travail est reparti en deux chapitres, le premier chapitre portera sur la dynamique entre la théorie de la courbe de Phillips et la politique économique, tandis que le second portera sur l'analyse économétrique de la relation inflation-chômage en RDC de 1990 à 2011. * 1 James Tobin publia dans l'American Economic Review son discours présidentiel traitant de l'inflation et du chômage. Cet article remettait en cause certaines notions véhiculées dans le milieu économique. * 2 Il convient de préciser que l'écriture de la théorie générale de Keynes avait entretenu pendant la période 1936 - 1958 un trou noir concernant la relation salaire et emploi. En effet, la faute reprochée à Keynes (1936), c'est de vouloir appréhender l'interaction existant entre salaire et emploi, sans toutefois disposer d'une théorie de la relation inflation - fluctuation. A ce sujet, l'économiste américain Hansen (1967) estime que le Maître ne traite pas d'éventuelles conséquences inflationnistes d'un programme systématique de plein - emploi. Ainsi, Phillips (1958), puis Samuelson - Solow (1960), en voulant sonder ce mystère, sont parvenus à établir une corrélation négative entre le taux de salaire et le taux de chômage, puis un lien négatif entre taux d'inflation et taux de chômage, c'était la naissance de la plus célèbre courbe en macroéconomie : la courbe de Phillips. * 3 Sous l'hypothèse qu'un taux d'inflation élevée exprime la volonté délibérée des autorités économiques de stimuler l'activité économique et l'emploi, et un taux d'inflation faible ou modérée exprime la volonté des autorités de stabiliser le cadre macroéconomique après un choc. * 4 Ces fluctuations sont dues, soit aux mauvaises prévisions économiques soit aux chocs qui affectent l'économie. On distingue généralement les chocs de demande (une augmentation de la consommation, des exportations...) et les chocs d'offre (une baisse de la productivité, une augmentation des prix des biens importés...). * 5 Certains affirment qu'il n'y a aucune contrepartie à long terme (La courbe de Phillips est supposée être verticale). Bien qu'il y ait peu de preuves empiriques convaincantes à l'appui de cette hypothèse, et même si celle-ci était véridique, elle ne pourrait pas exclure l'existence d'une contrepartie à court terme. * 6 La courbe de Phillips tel que défini par les keynésiens puis complétée par de récentes critiques offre un cadre idéal dans cette optique, sa pertinence réside dans l'analyse et l'évaluation des politiques économiques, et plus spécifiquement, eu égard à la contrainte des données, à celles de la politique monétaire. * 7 « Opportun » également puisque, l'application du modèle de la courbe de Phillips permettrait de mettre par la suite et en évidence des recommandations compatibles aux réalités des économies en développement et aux exigences de relance que présente l'économie congolaise en particulier. * 8 La décennie 1990-2000 a été marquée par plusieurs faits négatifs ayant conduit à la destruction du tissu économique. Nous avons assisté d'abord aux pillages au cours des années 1993 et la guerre de « libération » en 1998. Ces faits ont contribué à plonger le pays à une crise économique grave. Le taux d'inflation se fixait à 2105,25% en moyenne annuelle, le PIB en régression se fixait à 4% en moyenne annuelle. L'instabilité politique et économique fut les sources majeures de cette débâcle macroéconomique. * 9 Toutes ces mesures se sont soldées par une stabilité relative du cadre macroéconomique. En 2005 déjà, le taux d'inflation fut ramené à 21,3%, le pays a retrouvé une croissance économique positive avec un taux de 7,8% à la fin de la même année, le taux de croissance de la masse monétaire en baisse se fixait à 24,2%. Le domaine des finances publiques a également été encourageant, les recettes sont passées de 6,2% du PIB en 2001 à 12,3% fin 2006. * 10 Ceci est en grande partie imputable aux politiques de stabilisation centrées sur la stabilité des prix, bien que la stabilité réelle et non la stabilité des prix soit ultimement l'objectif le plus important pour assurer une croissance économique soutenue à long terme. * 11 Richard A. Musgrave définis trois fonctions de la politique macroéconomique : [i] l'affectation ou l'allocation des ressources, elle consiste à fournir des services non marchands qui correspondent à la politique structurelle [justice, infrastructures, éducation, santé] - [ii] la redistribution ou la répartition des revenus et des patrimoines, cette fonction consiste à fournir une protection contre les risques essentiels, tout en corrigeant les inégalités engendrées par le marché [politique sociale] - [iii] la stabilisation ou la régulation du cadre macroéconomique au travers des politiques conjoncturelles et structurelles. * 12 Le concept de cointégration est introduit par Granger (1981), Granger et Weiss (1983) puis Engle et Granger (1987), le modèle à correction voir (Sargan, 1964 ; Davidson, Hendry et ali, 1978 ; Salmon, 1982 ;Njiki, 1998).) Quant à la notion de causalité voir (Granger, 1969 ; Sims, 1972, 1980) |
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