CONCLUSION
Le présent mémoire s'est proposé
d'utiliser et d'estimer économétriquement le modèle de la
courbe de Phillips dans l'analyse des politiques macroéconomiques en
RDC. La démarche suivie comprend deux moments de développement.
Le premier moment s'est articulé autour des questions théoriques
portant sur les fondamentaux de la politique économique basés sur
la courbe de Phillips. Parallèlement au premier moment, le
deuxième moment a consisté à l'estimation de la courbe de
Phillips à l'aide du modèle à correction d'erreur. Au
regard de la contrainte de disponibilité des données
statistiques, l'application de ce modèle s'est rapportée
essentiellement à l'analyse de la conduite de la politique
monétaire par la Banque Centrale du Congo (BCC).
Notre étude est partie de l'idée selon laquelle,
la politique économique telle que menée depuis 2001, est certes
arrivée à stabiliser le cadre macroéconomique, mais elle
ne répond pas aux objectifs de plein-emploi, de croissance et de
compétitivité de l'économie. Il était donc
nécessaire de proposer des alternatives des politiques
économiques et structurelles, dans la vision de lui donner une
orientation susceptible d'impacter positivement et significativement
l'activité économique, en stimulant la
« stabilité macroéconomique
réelle ».
Pour y parvenir, nous avons éclaté notre travail
en deux chapitres principaux. Le chapitre premier a porté sur la
dynamique de la courbe de Phillips et la politique économique. Du point
de vue académique, ce chapitre apparait comme une boîte à
outils comprenant les principaux concepts qui constituent la toile de fonds de
la dynamique courbe de Phillips et politique économique. Ce chapitre a
démonté la pertinence de la courbe de Phillips dans l'analyse de
l'impact de la politique économique sur l'activité
économique réelle. Enfin, le chapitre deuxième a
porté principalement sur l'analyse économétrique de la
courbe de Phillips en R.D.Congo. Il convient de signaler qu'avant d'arriver
à l'estimation du modèle, ce chapitre a commencé par une
analyse de l'évolution des variables d'étude. Cet exercice a
permis, d'une part, la réalisation de l'analyse du cadre
macroéconomique en fonction de l'évolution de ces deux variables
(l'inflation et le chômage). L'analyse du cadre macroéconomique a
éclairé notre compréhension sur l'origine, la pertinence
et la prépondérance de différents chocs qui ont
affecté l'économie en cause. De l'autre côté, elle a
mis en évidence avant son évaluation, l'inefficacité de la
politique macroéconomique dans la régulation conjoncturelle. De
même, elle nous a permis de comprendre le retournement qu'a connu
l'économie congolaise, notamment en 2002.
A l'issu de nos investigations, on note les résultats
essentiels suivants : (i) la politique monétaire
restrictive a exercé un influence positive et faible sur
l'activité économique. Nous avons appréhendé cela
par la vérification empirique de la relation
inflation-chômage : les résultats de l'estimation attestent
que l'inflation agit positivement sur le chômage, donc elle est nocive
à l'activité économique. Et l'analyse en termes de
sous-période a révélé que comparativement aux
périodes d'hyperinflation, le comportement des indicateurs
macroéconomiques s'améliore pendant la période
d'inflation faible ; (ii) le test de causalité
révèle un manque de jointure entre l'activité
économique et la politique économique. Par conséquent
toutes mesures de politique économique visant à stimuler
l'activité n'aura que des effets négligeables ;
(iii) l'inflation et le chômage ne sont pas la source de la
crise de l'économie congolaise, ils sont plutôt les
conséquences des années de forte instabilité politique et
économique qui ont sévit dans le pays, ce qui rend inefficace les
mesures de politique économique destinées à les
endiguer ; (iv) la stabilité macroéconomique
observée est précaire du fait que d'une part, chômage est
un défis aussi bien qualitatif (amélioration des conditions de
travail, formation) que quantitatif (création d'emploi décents
dans le secteur formel, maximisation des efforts pour les
investissements), et d'autre part, le risque de réapparition des
tensions inflationnistes demeurent présent à cause de la non
défiscalisation de l'économie qui prive l'Etat des moyens
nécessaires à sa politique, de la forte extraversion de
l'économie, de la prédominance du secteur informel, fraude et
évasion fiscal.
De manière générale, l'instabilité
monétaire n'est pas le « problème de base »
de l'économie congolaise. Par conséquent, il faut donner
à la politique économique un contenu correspondant au
problème de base de cette économie. Un simple programme de
stabilisation financière ne permet pas de briser le cycle de la
contraction qui alimente la spirale inflationniste que l'on cherche pourtant
à résoudre. Il convient donc de donner à la politique
économique un contenu qui répond aux besoins du moment, entre
autre l'emploi et la consolidation de la croissance économique.
Dans cette perspective, les recommandations suivantes
s'imposent: (i) renforcer l'efficacité de la politique
monétaire par l'élargissement des marchés
financiers, le renforcement de l'efficacité du secteur bancaire, la
diversification de la base industrielle et l'amélioration du climat des
affaires ;(ii) réduire la fragilité des finances
publiques en les rendant moins sensibles à la volatilité des
revenus extérieurs par l'extension de la fiscalité
domestique, la réduction du caractère prépondérant
du secteur informel; (iii) impulser une industrie d'exportation dans
des activités à valeurs ajoutée élevée pour
prendre le relais des industries de substitution aux importations, afin de
réduire le caractère extravertie de l'économie, qui limite
les effets de la politique économique sur l'activité
économique ; (iv) améliorer les standards de
gouvernance et l'efficacité de l'administration publique par la
promotion de la stabilité sociale, la sécurité et la
pacification du pays et enfin, lutter contre la corruption et la fraude
(v) mener des politiques sectorielles et macroéconomique
favorisant une haute intensité de la main d'oeuvre et aussi encourager
l'auto-entreprise par : la formation, un accès accru au
crédit, améliorer le climat des affaires en vue d'élargir
le champ du secteur privé et de permettre l'émergence de
l'activité économique.
Comme nous l'avons expliqué tout au long de ce
mémoire, il existe plusieurs interventions auxquelles les
décideurs congolais peuvent recourir pour relancer l'économie,
et consolider la stabilité macroéconomique. Cette liste des
interventions est loin d'être exhaustive. Le point essentiel à
retenir est assez simple : il n'y a aucune raison de limiter les tentatives de
stabilisation de l'économie aux seules interventions
macroéconomique standards.
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