4.3.2.2 Phytomasse
L'évolution du nombre de feuille dans les bassins
d'expérimentation est présentée sur la Figure 50.

Nombre de feuille
400
900
800
700
600
500
300
200
100
0
24-juin 24-juil. 24-août 24-sept. 24-oct. 24-nov.
24-déc.
K A
L B
C
Figure 50.- Evolution du nombre de feuilles de Pistia
dans les bassins (juin-décembre 1994) Les équations des
courbes de tendance du nombre de feuilles dans les bassins A, B, C et D :
YA= 3,3019X - 133320
|
R2A= 0,8884
|
Yc= 3,8112X - 153803
|
R2 c= 0,9326
|
YB= 4,5129X - 182186
|
R2B= 0,9061
|
YD= 3,6138X - 145762
|
R2D= 0,9513
|
Les pesées de phytomasse ont donné les
résultats consignés dans le tableau 25.
169
Tableau 25 - Phytomasse de Pistia stratiotes dans le lac
de Guiers
|
Poids Frais
(en g/m2)
|
Poids Frais. F
(en g/m2)
|
Poids Frais R.
(en g/m2)
|
Poids Sec. F.
(en g/m2)
|
Poids Sec R.
(en g/m2)
|
Eau
(en g/m2)
|
Phytomasse totale
(g/m2)
|
1 F
|
15 091,4
|
n.d
|
n.d
|
1 543,5
|
1 383,8
|
12 164,1
|
2 927,3
|
2 F
|
14 694,5
|
n.d
|
n.d
|
1 144,1
|
1 344,5
|
12 205,9
|
2 488,6
|
3 F
|
16 295,9
|
n.d
|
n.d
|
1 545,9
|
2 091,4
|
12 658,6
|
3 637,3
|
4 F
|
15 086,8
|
7 548,7
|
6 992,1
|
498,7
|
542,1
|
13 500,0
|
1 040,8
|
5 F
|
15 388,8
|
7 091,0
|
6 998,9
|
541,0
|
898,9
|
12 650,0
|
1 439,9
|
6 F
|
13 481,1
|
n.d
|
n.d
|
538,4
|
589,0
|
n.d
|
1 127,4
|
7 F
|
16 888,9
|
8 144,5
|
7 786,8
|
844,5
|
1 086,8
|
14 000,0
|
1 931,3
|
8 F
|
15 893,9
|
6 381,1
|
7 399,1
|
981,2
|
1 549,2
|
11 249,8
|
2 530,4
|
9 F
|
16 092,8
|
7 378,6
|
7 133,8
|
384,7
|
441,1
|
13 686,6
|
825,8
|
10 F
|
15 378,5
|
6 393,9
|
6 995,9
|
543,9
|
546,0
|
12 299,9
|
1 089,9
|
MOY.
|
15 429,3
|
7 156,3
|
7 217,8
|
856,6
|
1 047,3
|
12 712,8
|
1 903,9
|
MAX
|
16 888,9
|
8 144,5
|
7 786,8
|
1 545,9
|
2 091,4
|
14 000,0
|
3 637,3
|
MINI.
|
13 481,1
|
6 381,1
|
6 992,1
|
384,7
|
441,1
|
11 249,8
|
825,8
|
Légende: - P.F: Poids Frais; P.F.F.:
Poids Frais Feuille; P.F.R.: Poids Frais Racine ; P.S.F.: Poids Sec Feuille ;
P.S.R.: Poids Sec Racine ; n.d: non déterminé
2
La phytomasse moyenne de Pistia est de l'ordre de
1900 g de matières sèches par msoit 19 tonnes de matières
sèches par hectare. La phytomasse souterraine est
légèrement plus élevée que la phytomasse
aérienne. Elles représentent respectivement 55 % et 45 % de la
phytomasse sèche totale. Le poids sec représente en moyenne le
1/10 ème du poids frais. Petr (1968) a trouvé des valeurs de
phytomasse fraiche variant entre 169 g et 505,8 g par m2 dans le Lac
Volta. En revanche en Inde, des valeurs de phytomasses sèches de
Pistia variant entre 1198 et 1840 g/m2 ont
été rapportées (Rao and Reddy, 1984). Ces valeurs sont
proches de celles trouvées dans le lac de Guiers. Odum (1957) a
estimé à 15,3 g/m2/jour la productivité de
Pistia stratiotes à Silver Spring en Floride aux Etats Unis.
Petr (1968) a trouvé une productivité de 7,1 g/m2/jour
dans le Lac Volta
170
Très peu de données ont été
trouvées dans la littérature sur les valeurs de la phytomasse de
Pistia en milieu naturel. Celle-ci a surtout été
évaluée dans des expériences de détermination de la
valeur épuratrice des eaux usées domestiques par la plante
(Agendia et al., 1997 ; Diop 2002 ; Koné 2002). Une
productivité de 144 tonnes/ha/an pour des Pistia vivant d'eaux
usées a été trouvée à
Cambéréne aux environs de Dakar (Diop, 2002). Au Cameroun, des
Pistia stratiotes soumis à des effluents d'eaux usées
domestiques ont montré des croissances de l'ordre de 8.5 g de
matières sèches par jour et une productivité annuelle de 3
102 g de matières sèches par m2 (Fonkou et al.
2002).
Pistia stratiotes est une espèce commune des
cours d'eau tropicaux et on la trouve en abondance dans de nombreux lacs
africains (Cabora Bassa, Kariba, Volta, partie nord des lacs de Kossou, Taabo,
Buyo, Ayamé,... Elle se développe également dans les
plaines d'inondation des fleuves d'Afrique centrale et d'Afrique du Sud
(Dejoux, 1988). Des situations de développement exubérant de la
plante ont été signalées dans différentes
régions en Afrique et dans le Monde à différentes
époques. C'est ainsi, qu'une forte expansion de l'espèce a eu
lieu dans la lagune Ebrié en Côte d'Ivoire lors d'une crue
exceptionnelle du Comoé en 1933. Le niveau de la lagune se situait alors
à 1,4 m au-dessus de son niveau normal (Guiral et Etien, 1991). Le lac
Ayamé, un lac de barrage au sud-est de la Côte d'Ivoire, a
été complètement couvert par Pistia stratiotes
causant ainsi un manque d'oxygène dans l'eau et une production de
H2S (Mulligan, 1972). Au sud du Tchad dans les
années 80, Pistia s'est
beaucoup étendue et est devenue gênante dans les
canaux d'irrigation. Elle a complètement recouvert les canaux diminuant
ainsi l'écoulement des eaux. Il a été signalé des
problèmes de Pistia stratiotes et de Nymphaea sp dans
les canaux d'irrigation dans les champs de riz en Gambie (Mitchell et
al., 1990). Au Togo, la plante a envahi de nombreux plans d'eau à
la fin des années 80 (Akpagana, 1993). Le macrophyte peut
également constituer un problème sérieux de mauvaises
herbes par endroits. On la retrouve dans les champs de riz au Vietnam, en Inde,
aux Philippines (Gopal, 1990a). Pistia stratiotes est un support pour
les populations de moustiques. Selon Gangstad et Cardelli (1990), les
moustiques Mansonia, responsables de la transmission de filariose et
d'encéphalite ont des larves et des nymphes qui prélèvent
leur oxygène en piquant les flotteurs situés sur la tige et la
racine des plantes au moyen d'un tube à air spécial. Le moustique
Anophèle, responsable de la transmission du paludisme, trouve
dans les masses de Pistia un abri approprié (Dunn, 1934;
Bennett, 1975; Holm and al., 1977; Lounibos and Dewald,1989).Au
même moment, des peuplements étendus de Potamogeton
171
schweinfurthii, un macrophyte aquatique fixé
et submergé, sont également apparus massivement dans la
région centrale et nord du lac de Guiers. Nous les étudions
ci-après.
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