La population communale est passée de 73 662 habitants
en 2002 à 104.341 habitants en 2013, soit un taux de croissance de 3.2%
(recensement 2013). L'importance de cette croissance démographique
s'explique certes par le niveau fort du taux de fécondité chez
les femmes ainsi que l'exode rural, mais elle peut aussi être
causée par les différentes fonctions dévolues à la
ville : capitale politique et administrative, centre de petite production
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marchande, (biens et services), de production agricole, de
fourniture de services (santé, éducation, hydraulique,
énergie, etc.).
Cependant, comme la montre la carte ci-dessus, la
répartition de la population dans le territoire communal est très
inégale. En effet, si la densité démographique dans
certains grands quartiers comme Keur Serigne Louga, Grand Louga Sud et
Santhiaba Centre peuvent dépasser les 9000 habitants, d'autres
territoires comme Grand Louga et Santhiaba Nord, cependant, n'atteignent
même pas les 5000 habitants. Toutefois, la population de cette ville se
caractérise par son extrême jeunesse en ce sens que la population
de moins de 20 ans représentait 53,5 % lors du recensement de 2013.
Cependant, la répartition de la population par sexe laisse
apparaître dans l'ensemble une majorité de femmes : on
dénombre 91 hommes pour 100 femmes (recensement 2002). Dans les tranches
d'âges de 25 à 54 ans, la supériorité
numérique des femmes atteint des dimensions démesurées du
fait notamment de la migration largement plus fréquente chez les hommes
qu'au niveau des femmes. Au delà de 55 ans vers les 80 ans, on rencontre
plus d'hommes, ce qui pourrait découler des retours de migration
Cependant, cette population est essentiellement composée de Wolofs
(64,4%) et de Pulaar (29,5%) en plus des groupes minoritaires que sont les
maures et les sérères6 .
Essentiellement de religion musulmane, les Lougatois, comme
la grande majorité des Sénégalais, adhèrent
à l'Islam soufi, dont les principales communautés
confrériques sont les Mourides, Tidianes, les Khadres et les
Layènes etc.
L'économie de la ville est basée principalement
sur différentes catégories d'activités
génératrices de revenus. Cependant, la ville de Louga a
progressivement perdu sa vocation économique au profit d'un rôle
purement administratif. En effet, les statistiques du Ministère du
Travail montrent que l'essentiel des emplois de la ville sont assurés
par l'administration. En effet, le secteur de l'emploi est plongé dans
une crise chronique. En l'absence d'activités agricoles urbaines
à l'exception d'une zone de maraîchage située près
de la station
6 (ARD Louga, 2010).
Mémoire Mbossé BADIANE, ESEA/DECOF 2015
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dans les territoires d'origines : Cas de la Commune de Louga
d'épuration des eaux usées, les Lougatois
s'investissent dans les activités de commerce, de transport, d'artisanat
ou émigrent.
Aussi, le secteur industriel, qui compte trois (3) grandes
unités industrielles, a toujours été très peu
développé à Louga. La privatisation des entreprises
publiques (comme Sonacos en 2002) et la fermeture des unités
industrielles (comme la société de textile « Sotexka »)
semblent être les maux qui affectent le tissu industriel de la
région. Toutefois, du fait des faibles performances du secteur agricole,
les secteurs de l'artisanat concentrent beaucoup de travailleurs, tout comme le
secteur du bâtiment et de la construction, qui est le secteur qui
consomme le plus les ressources financières des migrants du fait de
l'investissement de ces derniers dans l'immobilier (Tall, 2002 ; Mboup,
2000).
De même, le commerce se présente comme un
secteur très attractif au même titre que l'investissement
immobilier des migrants à Louga grâce à la manne
financière investie par ces derniers pour permettre aux membres de leurs
familles d'exercer des activités génératrices de revenus
et par là d'être moins dépendants d'eux. Les boutiques et
les petites échoppes, les centres de télécommunications,
les cybercafés etc. sont extrêmement nombreux et sont pour la
plupart des entreprises financées par les émigrés pour les
membres de la famille.
Les activités commerciales se caractérisent par
un dynamisme certain avec l'existence de trois (3) marchés quotidiens
mobilisant près de deux mille sept cent cinquante-trois vendeurs tous
types d'abri confondus dont 67 vendeurs de produits agricoles et 491 vendeurs
de fruits et produits maraichers, 241 vendeurs d'alimentation
générales et divers produits manufacturés, 171 vendeurs de
produits d'élevage et de pêche, avec 538 vendeurs d'articles
d'habillement, 186 artisans et 155 vendeurs de cosmétiques et produits
de beauté entre autres, mais surtout, avec 996 points d'activités
économiques répartis dans les onze quartiers de la commune
urbaine et qui évoluent dans la production (industrie chimique,
boulangerie, couture, bijouterie), le commerce (alimentation
générale, quincaillerie, produits céréaliers et
vivriers, matériels audiovisuels et accessoires, prêt à
porter, station d'essence) et les services (établissements financiers,
transport et entreposage etc.)7.
7 RAPPORT DIAGNOSTIC SAFIC DE LA COMMUNE URBAINE DE
LOUGA, JANVIER 2015
Mémoire Mbossé BADIANE, ESEA/DECOF 2015
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Le secteur du transport joue un rôle non
négligeable dans l'économie locale même s'il faut
déplorer la qualité du réseau de transport urbain qui
n'est pas très développé. En effet, en plus des
véhicules de transports urbains, Les calèches et les charrettes
assurent aussi le transport des passagers et marchandises à
l'intérieur de la ville où la qualité de certaines routes
n'est pas des meilleures. On peut aussi noter l'irruption récente des
motos « Djakarta » qui tendent à se substituer aux autres
moyens de transports.
Il faut également notifier que la ville de Louga
souffre d'un énorme déficit en termes d'infrastructures. En
effet, l'Etat du Sénégal n'a véritablement pas
réussi à doter de cette commune d'infrastructures dignes d'une
capitale régionale. Les infrastructures les plus importantes de la ville
ont été réalisées grâce au concours financier
de feu Djily Mbaye qui était un marabout très riche originaire de
Louga. Ce dernier a énormément contribué au
développement de sa ville en appuyant le financement de l'essentiel des
constructions comme le lycée Malick Sall, l'hôpital
régional Amadou Sakhir Mbaye, le stade Alboury Ndiaye, les HLM Bagdad,
le site d'accueil et de manifestation « Keur Mouhamed », son
somptueux palais, les usines SPIA et SOTEXKA, la gouvernance, des
mosquée, le marché etc.
Eu égard à ces potentialités et
contraintes du milieu, les Lougatois ont très tôt manifesté
leur culture du voyage en prenant le chemin de l'émigration à la
recherche d'une meilleure situation socioéconomique.
En effet, en réponse à la crise du monde rural
avec le dépérissement du bassin arachidier dans les années
1970, les Lougatois ont vite choisi la voie de la migration pour faire face aux
contraintes socioéconomiques de leur milieu. Ce fut d'abord un exode
à destination des grands centres urbains pu pays (Dakar, Saint Louis)
avant d'être une émigration tournée vers l'Europe et les
Etats-Unis.
En définitive, les montants envoyés par les
émigrés du terroir couvrent l'essentiel des dépenses
domestiques dans les maisons de la ville. Ce qui permet la survie de la plupart
des familles défavorisées qui ne comptent que sur cette manne
financière envoyée. Ces sommes transférées ont
aussi transformé l'architecture de la ville avec la construction de
villas et bâtiments par les émigrés qui tend à
moderniser la morphologie de la ville.