1-2 Les évènements pluvieux
Les pluies exceptionnelles définissent des
évènements pluvieux. Ces pluies sont en général
à l'origine des inondations observées dans les villes. Leur
définition est subjective et dépend de l'auteur et des
observations disponibles19.
Dans cette étude, nous avons choisi de nous consacrer
aux données journalières du mois d'août de 2000 à
2011.
Le choix du mois d'août tient du fait qu'au
Sénégal comme dans notre zone d'étude, les pluies les plus
importantes sont observées durant ce mois et il correspond au maximum
des pluies à Thiès (Figure 18). Il correspond
aussi à la plupart des inondations notées au
Sénégal comme dans notre zone d'étude.
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
Pluies en mm
400,0
250,0
200,0
350,0
300,0
150,0
100,0
50,0
0,0
années
Figure 18: Evolution des pluies du mois d'août de
2000 à 2011
La période de référence (2000-2011) que
nous avons choisie n'est pas anodine, elle répond à la
problématique de ce travail. Elle ne peut pas renseigner sur la nature
des précipitations journalières de la station de Thiès car
ne prend pas en compte la période d'avant sécheresse ni celle de
la sécheresse.
Toutefois, nous avons jugé nécessaire de la
choisir en fonction du point de départ des inondations à
Thiès (2007) et de la caractéristique humide de cette
période. D'aucuns choisiraient une période assez longue pour
définir des périodes de retour des précipitations.
19 M. Balme, T. Lebel, A. Amani, 2006:
Années sèches et années humides au Sahel : quo vadimus ?,
Journal des sciences hydrologiques, 51 (2) avril 2006, pp 254-271
55
Mais quoique courte, la période 2000-2011 renseignerait
à plusieurs égards sur le contexte pluviométrique
indexé dans les inondations.
Pour déterminer l'existence de pluies dites très
fortes dans notre zone d'étude, nous avons défini des classes en
fonction des précipitations journalières (Tableau
3). Depuis le début du siècle, le mois d'août
enregistre des pluies importantes et coïncide avec les inondations dans la
commune d'arrondissement de Thiès-nord.
Tableau 3: Classes de précipitations
journalières
Classes
|
signification
|
0,1 à 1mm
|
bruine
|
1,1 à 10mm
|
faible pluie
|
10,1 à 20mm
|
pluie modérée
|
20,1 à 50mm
|
forte pluie
|
>50mm
|
Très forte pluie
|
La répartition par classes des précipitations
journalières permet de vérifier si les inondations
observées dans la zone correspondent à des cumuls journaliers
extrêmes ou bien s'il y a lieu de chercher la cause de ce
phénomène dans les autres éléments qui
caractérisent le milieu urbain.
L'analyse à partir de fréquences des classes de
pluies journalières pour la période 2000 à 2011 à
la station de Thiès montre nettement la supériorité des
faibles pluies (Figure 19). Elles représentent 38,5%
des pluies journalières observées pour la période 2000
à 2011.
Elles sont suivies par les fortes pluies qui
représentent 26,7%. Les pluies modérées et les pluies
fines ou bruines représentent respectivement 18,5 et 9,6 % des
pluies.
Les pluies que nous qualifions de très fortes sont
rares et représentent la plus faible fréquence sur l'ensemble des
classes observées pour la période 2000-2011. Elles
représentent 6,7% des pluies enregistrées au cours du mois
d'août de la période considérée.
0,1 à 1 1,1 à 10 10,1 à 20 20,1 à 50
>50
Fréquence en %
45
40
25
20
35
30
15
10
5
0
Classes en mm
56
Figure 19: Fréquences des pluies
journalières d'août selon les classes de 2000 à
2011
De cette analyse fréquentielle des pluies
journalières, il ressort que les pluies observées à
Thiès n'ont pas un caractère très fort à
l'exception des quelques neuf jours répertoriés sur la
période 2000-2011. De même, les pluies fortes n'ont pas une grande
fréquence dans la ville de Thiès nonobstant la tendance à
la hausse de la pluviométrie. Or nous notons que les inondations se
suivent et prennent une tournure de récurrence.
Les pluies sont en général indexées
lorsqu'il s'agit des inondations et même si elles ne sont pas exclues
dans le phénomène, il demeure certain qu'elles accompagnent
d'autres éléments inhérents aux milieux urbains. Des
éléments, qui peuvent participer à la construction du
risque d'inondation dans Thiès-nord.
Les pluies ne constituent qu'un aléa
si l'on tient compte de l'analyse faite sur la pluviométrie
dans notre zone d'étude. Elles n'ont pas un caractère de pluie
très forte qui permet d'affirmer qu'elles sont à l'origine des
inondations à Thiès-nord.
Donc, le problème ne pourrait pas être seulement
lié à de fortes pluies et des pluies très fortes, car
elles sont rares.
Ainsi, nous considérons les pluies comme une
occurrence aux inondations mais elles ne peuvent, à
elles seules, expliquer les inondations à Thiès-nord.
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Que serait-il de cette zone si la station revenait aux pluies
des années 1950 et 1960 ? Serait-elle inondée comme elle l'est
aujourd'hui ?
L'analyse de la dynamique urbaine que nous envisageons sur ce
qui suit, pourrait permettre de comprendre la
vulnérabilité de Thiès-nord face aux
inondations car elle est aussi, une occurrence au risque.
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