V/ Conclusion
À travers notre analyse, nous avons mis en
lumière la façon dont la gastronomie française s'est
imposée comme un des éléments constitutifs de son
identité culturelle au fil des siècles, pour devenir aujourd'hui
une source de fierté nationale. La cuisine américaine, quant
à elle, tire ses origines des Amérindiens, des esclaves et des
vagues d'immigrés qui se sont installés depuis des siècles
sur le continent, apportant avec eux des pratiques alimentaires qui font
dorénavant partie intégrante du patrimoine culturel du pays. Nous
avons également établi que même si les comportements
alimentaires des deux pays diffèrent en de nombreux points car
façonnés par l'histoire, la religion, l'économie ou la
politique, le fait de rester objectif nous a permis d'aller au-delà des
idées préconçues pour identifier quelques décalages
de perception ainsi que des mutations réciproques dans les habitudes.
Cependant, depuis de nombreuses années, nous assistons
à une uniformisation incontestable des pratiques alimentaires des deux
côtés de l'Atlantique avec, d'une part, l'arrivée massive
de mets américains sur le marché français et, d'autre
part, l'introduction timide de la gastronomie française dans quelques
grandes villes américaines. Au sens large, la mondialisation alimentaire
peut être perçue à la fois comme une menace envers les
usages traditionnels, comme la réponse à un besoin exprimé
par la société moderne, comme une façon de
découvrir de nouvelles expériences culinaires, ou encore comme un
moyen de renouer avec son patrimoine culinaire, exprimé par le rejet de
ladite mondialisation ou par l'adaptation de ces nouveaux produits aux
goûts locaux.
Face à ces préoccupations, les agences de
communication ont tout intérêt à incorporer les valeurs
culturelles ancrées au sein de chaque pays dans l'élaboration de
leurs stratégies de vente, en veillant à éviter d'aller
à l'encontre des sensibilités de leurs cibles. Force est de
constater qu'à l'heure de la mondialisation, plus que jamais, la
publicité doit impérativement respecter les identités
sociales et culturelles propres à chaque marché et s'adapter
à l'évolution de la pensée commune, ainsi qu'aux attentes
des consommateurs.
Aujourd'hui, dans les quatre coins du monde, de nouveaux
phénomènes culinaires font leur apparition dans les
supermarchés et restaurants. Cosmétofood, régimes sans
gluten, sans lactose, végétalien ou crudivore, ces nouvelles
façons de se nourrir gagnent toujours plus d'assiettes et pourraient bel
et bien changer la donne quant à nos comportements alimentaires à
l'avenir et contribuer à élargir davantage la standardisation
culinaire dans le monde.
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Mais le marché alimentaire le plus porteur actuellement
est sans conteste celui des produits biologiques. En effet, les produits bio
ont envahi les rues et ne cessent de gagner du terrain. Cet enthousiasme se
fait d'ailleurs ressentir des deux côtés de l'Atlantique, les
États-Unis et la France se retrouvant respectivement en première
et troisième position dans le classement mondial des pays les plus
consommateurs de produits biologiques (données statistiques du FiBL et
de l'IFOAM). Désormais, le secteur du bio ne se contente plus de l'image
traditionnelle d'un agriculteur isolé labourant ses champs pour cueillir
des fruits et légumes, mais se transforme en une industrie de grande
envergure qui se diversifie pour conquérir toujours de nouvelles cibles,
parmi elles, l'alimentation infantile, la nourriture pour animaux ou encore les
produits cosmétiques ou d'entretien. Pour de nombreux
spécialistes, ce marché a toutes ses chances de prospérer,
car il est en mesure de dépasser les barrières culturelles
culinaires, en proposant des spécialités qui s'adaptent à
chaque pays, telles que des hamburgers, des cassoulets ou des sushis bio.
Au-delà d'une homogénéisation alimentaire, nous assistons
à un rassemblement autour d'une seule et unique pensée, celle du
rejet de l'industrie intensive, trop souvent impliquée dans des
scandales alimentaires qui érodent, petit à petit, la confiance
des consommateurs. Le bio devient donc une philosophie de vie.
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