I.1.1.1. Les fonctions monétaires
Une panoplie de terminologies est utilisée pour
décrire les fonctions monétaires. En règle
générale, la théorie économique
« traditionnelle » les regroupe en trois catégories
principales qui sont : (1) unité de compte, mesure des valeurs ou
étalon des valeurs, (2) intermédiaire des échanges ou
moyen de paiement. (3) réserve de valeurs.
I.1.1.1.1. Unité de compte, mesure ou étalon de
valeurs
La monnaie est une unité de
compte parce qu'elle constitue un équivalent général
des échanges qui permet :
(1) d'exprimer, en termes de prix, les biens, prestations et
dettes,
(2) de compter ou de nombrer les biens et services en
circulation,
(3) d'exprimer et de mesurer, de manière abstraite, des
réalités concrètes.
La monnaie est une mesure ou étalon de valeurs
parce qu'elle permet de fixer les rapports de valeurs économiques entre
biens et en cela constitue un facteur d'homogénéisation ou de
standardisation des biens marchands. Elle constitue une
référence commune pour exprimer la valeur de tous les biens.
I.1.1.1.2.
Intermédiaire des échanges ou moyen de paiement
La monnaie est
considérée comme un intermédiaire qui s'interpose
dans l'échange entre deux biens, contournant ainsi une des
difficultés du troc, à savoir : la double coïncidence
des besoins de coéchangistes.
En effet, dans une économie de troc chaque individu
doit trouver un partenaire qui soit prêt à lui vendre les biens
qu'il désire et soit également prêt à lui acheter se
propres biens. La monnaie contribue ainsi à réduire les
coûts de transaction dans une économie. On échange un bien
contre de la monnaie et avec la monnaie on peut acquérir un autre
bien.
En principe la monnaie est utilisée comme monnaie de
paiement universel. Mais dans des situations exceptionnelles
caractérisées par une crise économique ou politique, une
monnaie peut être refusée comme moyen de paiement. Ce fut le cas
de la RDC dans les années 1990.
I.1.1.1.3. Réserve de
valeurs
En tant que réserve de valeurs,
la monnaie est considérée comme une richesse au même titre
que d'autres biens ou actifs financiers ; dans le sens où elle est
porteuse d'une valeur qui peut-être transférée dans le
temps. Autrement dit, elle peut être conservée pour décaler
dans le temps les paiements de biens et services.
Mais à la différence d'autres biens et actifs
financiers, la monnaie a l'avantage d'être plus liquide que les autres
c'est-à-dire qu'elle constitue un pouvoir d'achat mobilisable
très rapidement et à faible coût. En tant que telle, elle
est donc la liquidité par excellence
I.1.2. Définition de la
monnaie par ses pratiques
Définir la monnaie par ses
pratiques, c'est considérer ce qu'elle permet de
faire, ou mieux, des actes qu'elle permet
d'accomplir.
Jérôme BLANC est celui qui a su formaliser, avec
force, cette approche. Pour cet auteur c'est l'emploi de l'objet dans les
pratiques monétaires qui détermine sa qualité
monétaire. Et il définit les pratiques monétaires comme
des « actes quotidiens qui impliqueraient la dimension
monétaire ».
On voit bien que l'approche de la monnaie par ses pratiques
aboutit également à un raisonnement tautologique
similaire à l'approche fonctionnelle. Un acte ne peut être
qualifié de monétaire que si l'on dispose au préalable
d'une définition de la monnaie qui lui donne cette qualification.
Ainsi, à l'instar de l'approche de la monnaie par les
fonctions, celle par les pratiques monétaires occulte la nature
même de la monnaie, et par conséquent, est encore loin de la
définir. Or, définir un être ou un objet, c'est
décrire sa nature, ses caractéristiques, donner ses
qualités propres, énoncer ce qu'il est, et non ce qu'il fait ou
permet de faire.
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