Section 2 : Organisation du
système bancaire ivoirien
Au cours des années 60, l'Etat procède à
la création de banques et institutions
financières pour impulser le développement
économique. Ces banques enregistrent non seulement la participation
financière de l'Etat, mais également celle de banques
étrangères, notamment françaises comme
la Société Générale, le Crédit
Lyonnais et la Banque Nationale de Paris.
Des banques spécialisées sont
créées pour favoriser les investissements, soutenir l'agriculture
ou l'acquisition de biens de consommation.
La conjoncture économique difficile qui survient
à partir des années 80 entraîne la fermeture de plusieurs
d'entre elles. La politique de privatisation adoptée dans les
années 90 réduit alors la participation de l'Etat dans le secteur
bancaire.
La stratégie nouvelle adoptée consiste à
encourager la création de nouvelles banques s'appuyant sur
l'actionnariat privé. Aussi, la Bourse des
Valeurs d'Abidjan (BVA) est-elle restructurée et
transformée en Bourse Régionale des Valeurs
Mobilières (BRVM), l'objectif étant de faire
d'Abidjan le pôle financier de la sous-région. En 2005, 39
sociétés sont cotées à la BRVM.
À fin décembre 2010, le système bancaire
ivoirien comprenait vingt-et-un établissements de crédit (nombre
inchangé par rapport à 2009), dont vingt banques, à la
suite des agréments accordés à la Banque
sahélo-saharienne pour l'investissement et le commerce (BSIC) et
à la Caisse nationale des caisses d'épargne (CNCE), et un
établissement financier, après les retraits d'agrément du
Fonds de garantie des coopératives café-cacao (FGCC) et du
Crédit solidaire. Les autorités monétaires et de
contrôle ont par ailleurs délivré en fin d'année
2010 deux nouveaux agréments aux groupes BGFI Bank (Gabon) et Guaranty
Trust Bank (Nigeria) pour l'implantation de filiales en Côte d'Ivoire.
Début 2010, la Bank of Africa Côte d'Ivoire a
été introduite à la cote officielle de la BRVM par une
opération d'augmentation de capital. Le total de bilan du système
bancaire a progressé de 17,8 % par rapport à l'exercice
précédent. Cette évolution tient principalement à
la hausse des dépôts collectés auprès de la
clientèle (+ 20,3 %), qui ont atteint environ 2 816 milliards de francs
CFA. Les encours de crédits bruts se sont également accrus de
13,8 % pour s'établir à 2 545 milliards de francs CFA. Les
concours à court terme sont ceux qui ont le plus fortement
augmenté (+ 13,7 %), suivis des crédits à long terme (+
12,1 %) et des crédits à moyen terme (+ 9,5 %).
La qualité du portefeuille est restée
globalement insuffisante et s'est même légèrement
dégradée en 2010 : les créances en souffrance brutes
(créances douteuses et impayés) ont représenté en
2010 16,2 % du total des encours de crédits bruts, contre 15 % en 2009.
Le montant des créances brutes en souffrance a atteint 413 milliards de
francs CFA, en hausse de 23,1 % par rapport à l'exercice 2009. Le taux
de provisionnement des créances douteuses est resté stable,
s'élevant à 87,7 % (87,0 % en 2009).
Dans un contexte marqué par une forte progression du
coût du risque, le système bancaire ivoirien a enregistré
une nette détérioration de sa rentabilité.
Si le produit net bancaire a augmenté de près de
10,4 % par rapport à l'exercice 2009, grâce aux bons
résultats de l'activité d'intermédiation, la hausse de
plus de 16 % des frais généraux et surtout la forte progression
des dotations nettes aux provisions, qui ont représenté 44,6
milliards de francs CFA (après des reprises de provision pour 16
milliards en 2009), se sont traduites par une forte chute du résultat
d'exploitation, ramené à 1,3 milliard de francs CFA, après
69,3 milliards de francs CFA en 2009. Au total, un résultat net
cumulé de 945 millions de francs CFA a été
enregistré en 2010, après un bénéfice de 62,5
milliards en 2009. Les principaux indicateurs de rentabilité du
système bancaire se sont ainsi nettement repliés. Cette
évolution traduit principalement la dégradation de la situation
financière de nombreux établissements, en particulier à
capitaux publics, à la gestion des risques peu rigoureuse.
Le secteur de la microfinance en Côte d'Ivoire est
particulièrement fragile et en cours de restructuration, plusieurs
établissements étant sous administration provisoire. Le secteur
comprenait, à fin 2009, neuf principales institutions financières
décentralisées pour environ 1,4 million de
bénéficiaires directs (+ 10,4 % par rapport à fin 2008).
L'encours des crédits bruts s'est contracté de 8,5 % par rapport
au 31 décembre 2008, pour ressortir à environ 30 milliards de
francs CFA, soit 1,5 % des encours de crédit du secteur bancaire. Les
dépôts collectés par les institutions de microfinance
étaient évalués à 88 milliards de francs CFA (+ 0,5
% sur un an), représentant environ 4 % des dépôts bancaires
du pays. La qualité du portefeuille est restée très
fortement dégradée, avec un taux de créances douteuses
brutes rapportées aux encours de crédit de 14 % à fin
2009, contre 12,7 % en 2008.
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