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Développement durable comme fondement des générations futures : cas de la préservation du lac Tanganyika

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par Jean Baptiste NSABIMANA
Madison International Institute and Business School - Master en Développement Durable et environnemental 2016
  

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Section 4 : La régulation de la pêche

La pêche est régie par l'article 7 de la Convention de Dar-es Salam du 12 juin 2003 sur la gestion durable du lac Tanganyika.

Au Burundi, la principale loi sur les pêcheries est le décret du 21 avril 1937 portant règlementation de la chasse et de la pêche.170

Les autres textes régissant la pêche sont :

-Le Décret du 12 juillet 1932 portant réglementation des concessions de pêche ; -L'Ordonnance n°103/Agri du 04 octobre 1937 ;

-L'ordonnance n°325/Agri du 16 octobre 1947 relative à l'introduction d'espèces de poissons étrangères ;

-L'arrêté ministériel n° 050/44 du 16decembre 1961 portant règlementation de la dans le lac Tanganyika171 ;

-L'ordonnance n°710 /163 du 28 juillet 1982 portant création de la taxe sur le poisson vendu172.

Il s'agit de :

-La loi sur la pêche et l'aquaculture ;

-Un décret sur les droits d'usage territorial ;

-La réglementation de la pêche (ordonnance) ;

-Une ordonnance sur l'immatriculation des bateaux ;

- Une ordonnance sur la création d'un fonds de pêche et d'aquaculture173.

Tous ces textes stipulent que l'exercice du droit de pêcher exige une autorisation préalable délivrée par le ministre de l'autorité compétente.

169 Art.258 du Code Civil Livre III

170 BELLON,R. ;DELFOSSE,P .,Codes et lois de Burundi ,Bruxelles,Larcier,1970 ,p.606

171 Tous ces textes se trouvent dans le Code et lois du Burundi, dans la partie « pêche », pp.611-617

172 B.O.B. n° 9/82 du 1er septembre 1982, p.20

173 A-M n°050/44 du 16 décembre 1961 portant réglementation de la pêche au lac Tanganyika, Codes et lois du Burundi, p.615

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§1 : La réglementation des engins de pêche

L'arrêté Ministériel du 16 décembre 1961174 sur la pêche au lac Tanganyika amélioré après celle de 191958 sur les engins de pêche au lac Tanganyika, identifie et règlemente trois catégorie d'Operations de pêche ; la pêche industrielle, la pêche artisanale et la pêche individuelle. Chaque catégorie est qualifiée en fonction du type d'unité de pêche. Une unité dispose de deux composantes : un bateau ou embarcation d'une part et quelque type d'engins de pêche d'autre part175.

Les désignations des engins sont les suivantes :

Tout d'abord, une unité de pêche industrielle : un ou plusieurs bateaux motorisés ou pas utilisant soit une senne, un ou plusieurs paquets de filets dont la taille ou le total combiné n'excède pas 5000m ou des carrelets176.

Ensuite, une unité de pêche artisanale : un ou plusieurs bateaux motorisés ou pas utilisant soit des carrelets ou paquets de filets dont la longueur totale combinée est de plus de 1000m mais inférieur à 2500 m.177

Enfin, une unité de pêche coutumière : une pirogue ou tronc en bois creux utilisant des engins de pêche traditionnels incluant la senne de plage, paquets de filets dont la longueur totale combinée est de 1000m ou le lusenga (engin piège traditionnel : cadre en bois supportant le filet.178

§2. La réglementation de la pratique de la pêche

1. La législation existante

La réglementation faite sous le décret de 1937 inclut une ordonnance de 1937179 qui interdit la pêche par explosifs, engins électriques et les substances toxiques sauf pour des raisons de recherches avec autorisation spéciale de l'autorité habilitée.

2. Le comportement des pêcheurs

La législation sur la pêche comporte des dispositions qui régissent tous les cas inventoriés qui constituent des menaces à l'environnement du lac Tanganyika consécutifs aux comportements des pêcheurs.

La pêche dans les frayères et la destruction des larves de poissons et le juvénile sont strictement interdites. Le décret de 1937 sur la chasse et la pêche permet aux autorités compétentes (aujourd'hui le directeur de pêche) de s'assurer du respect de l'interdiction de pêcher dans les frayères et la destruction des juvéniles180.

Quant à l'aire réglementaire de pêche, la loi ministérielle sur la pêche au lac Tanganyika interdit la pêche industrielle à moins de 5 kilomètres de la cote181. La plupart des cas de non-respect par les pêcheurs de la réglementation sur la pêche sont liés à l'ignorance et leur faible niveau de formation. Pour y remédier, le département des pêches organise régulièrement des séminaires de formations

174 Art .1

175 Idem

176 Idem

177 Art.6

178 Art.6

179 Art.7

180 Information recueillie auprès d'un cadre du département des pêches au moins d'aout 2005.

181 Art.14

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pour expliquer aux pêcheurs la loi sur la pêche, le bien-fondé de son respect et privilégie la participation des pêcheurs à la gestion durable. Ils se sont constitués actuellement en associations182.

3 .Les problèmes liés à la nature

Le principal problème identifie est celui de la prolifération des plantes aquatiques flottantes.183 Ces plantes favorisent l'eutrophisation qui est dangereuse pour la vie du lac. Ces plantes constituent également une entrave à la circulation des bateaux à moteur.

Les méthodes de lutte contre ces plantes envahissantes à envisager sont l'arrachage de ces plantes et la promotion d'une législation qui empêche la commercialisation d'une essence exotique le « jacinthe d'eau » qui pourrait perturber l'écosystème du lac Tanganyika184.

§3. La Conférence de Paris de 2015

La Conférence de Paris de 2015 sur le climat a eu lieu du 30 novembre 2015 au 11 décembre 2015 au Bourget en France. Elle est à la fois la 21e conférence des parties (d'où le nom COP21) à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et la 11e conférence des parties siégeant en tant que réunion des parties au protocole de Kyoto (CMP-11).

Chaque année, les participants de cette conférence se réunissent pour décider des mesures à mettre en place, dans le but de limiter le réchauffement climatique185.

Ce sommet international se tient au Parc des expositions de Paris-Le Bourget et réunit 195 pays. La conférence qui devait se terminer le 11 décembre 2015, est finalement prolongée jusqu'au lendemain : le 12 décembre 2015, un accord international sur le climat, applicable à tous les pays, est validé par tous les participants, fixant comme objectif une limitation du réchauffement mondial entre 1,5 °C et 2 °C d'ici 2100. Le choix du pays hôte de la COP relève de règles précises.

D'un point de vue géographique, le lieu de la COP est déterminé pour se dérouler par rotation annuelle dans l'un des pays des cinq groupes régionaux de l'ONU que sont l'Asie-Pacifique, l'Europe de l'Est, l'Amérique latine-Caraïbes, l'Europe de l'Ouest élargie (GEOA) et l'Afrique. Une fois ce groupe régional désigné pour accueillir telle édition de la COP, le choix du pays hôte est finalisé en interne au groupe.

C'est en septembre 2012 que François Hollande, président de la République française, a rendu publique l'intention de la France d'accueillir la COP21 en 2015. Cette candidature a été prise en compte par le groupe régional de la France à l'ONU en avril 2013, puis entérinée via une désignation officielle lors de la COP19 de Varsovie en novembre 2013186.

La COP21 se tient du 30 novembre au 11 décembre 2015 sur le site de l'Aéroport de Paris - le Bourget. Ce site est retenu pour sa capacité d'accueil et son accessibilité, paramètre indispensable pour une manifestation qui devrait réunir entre 20 000 et 25 000 personnes pour la conférence même, et plus de 40 000 si l'on inclut les visiteurs ne prenant pas directement part aux négociations.

Le centre de conférences est appelé « zone bleue ». Il est régi par les règles de d'accès et de sécurité propres aux Nations unies, la COP étant une conférence organisée par l'ONU. La zone bleue sera ainsi accessible uniquement à des personnes accréditées par le secrétariat général de la CCNUCC.

182 Information recueillie auprès d'un cadre du département des pêches. 183KANYARU, R., Les pratiques de pêche au Burundi, p.4

184 KANYARU,R.,op.cit.,p.4

185 Conférence de Paris de 2015

186 Conférence de Paris de 2015(COP 21).

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Malgré les attentats du 13 novembre, Laurent Fabius annonce rapidement le maintien de la COP21 : « c'est une action absolument indispensable contre le dérèglement climatique.»187

Trois ministres français sont impliqués au premier plan dans l'organisation et la présidence de la COP21. Il s'agit de Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international et président de la COP21, Ségolène Royal, ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie, Annick Girardin, secrétaire d'État chargée du développement et de la francophonie.

Ces trois ministres sont à la tête d'un collectif interministériel chargé de superviser l'organisation de la COP21. Ce collectif est scindé en deux équipes, une équipe de négociation et un secrétariat général. Nommé début 2013, le secrétaire général est Pierre-Henri Guignard, qui a la charge de l'animation d'une équipe du ministère de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie.

Le Burundi a été représenté par une forte délégation composée du 2ème Vice-Président, du Ministre ayant l'environnement en charge, des différents directeurs ainsi que les chefs de services. Cela permettra de bien restructurer les règles de préservation du lac Tanganyika.

§4. Le renforcement et la surveillance

Actuellement, les agents du Ministère de l'environnement et celui de l'intérieur sont habilités à renforcer la réglementation sur la pêche188.Le rapport sur les aspects institutionnels et légaux relatifs aux pêcheries du lac Tanganyika a montré que les autorités en charge de l'aménagement des pêches autour du lac Tanganyika ont des ressources très limités pour mener des opérations de surveillance sur le lac et à la cote.189

Par conséquent, les mécanismes de surveillance traditionnelle comme des patrouilles devraient être renforcées ou envisager des options alternatives .Une attention particulière doit être faite pour l'implication des communautés des pêcheurs dans les activités de contrôle et l'accès aux pêcheries doit être contrôlé par les communautés locales.190

La première option serait facile à atteindre là où les pêcheurs participent activement dans le processus de prise de décision, comme ils tendent à assumer de grandes responsabilités pour la surveillance .L'adoption d'une telle approche devrait aussi recueillir une reconnaissance locales comme « inspecteurs de surveillance »191 . Les autorités d'aménagement des pêches devraient donc designer les procédures où les individus pourraient être mobilisés comme inspecteurs locaux de renforcement.

Ces mesures se manifestent concrètement par des obligations d'identification et de surveillance scientifiques et techniques192 des éléments constitutifs de la diversité biologique importants pour sa conservation et son utilisation durable, prévues à l'article 7 de la Convention et assignées aux différents Etats parties à celle-ci, qui s'engagent à les mettre en oeuvre dans leurs politiques gouvernementales.

Il s'agit précisément de mesures directes de conservation in situ (article 8 de la Convention) notamment en établissant un système de zones protégées ou de zones où des mesures spéciales et en réglementant ou procédant à la gestion des ressources biologiques présentant une importance pour la conservation de la diversité biologique à l'intérieur comme à l'extérieur des zones protégées afin d'assurer leur conservation et leur utilisation durable.

187 Idem

188 Idem

189 CACAUD, P., Rapport sur les aspects institutionnels et légaux relatifs aux pêcheries du lac Tanganyika. », Rapport de terrain, Rome, FAO, 1999, p.18

190 CACAUD, P., Rapport sur les aspects institutionnels et légaux relatifs aux pêcheries du lac Tanganyika. », Rapport de terrain, Rome, FAO, 1999, p.18

191 CACAUD, P., Rapport sur les aspects institutionnels .... , p.18

192 En principe les moyens techniques de surveillance doivent être donnés par les pays à haute technologie.

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Il est question aussi des mesures de conservation ex situ (article 9 de la Convention) venant compléter les mesures de conservation in situ, par la mise en place et l'entretien des installations de conservation ex situ et de recherche pour les plantes, les animaux et les microorganismes, de préférence dans le pays d'origine des ressources génétiques.

En ce qui concerne tout particulièrement l'utilisation durable des éléments constitutifs de la diversité biologique, il faut recourir à l'article 10 de la Convention dont il ressort notamment que les Etats ont l'obligation d'intégrer les considérations relatives à la conservation et à l'utilisation durable des ressources biologiques dans leurs différents processus décisionnels nationaux, ce qui impliquera nécessairement l'adoption de mesures de précaution telles les études d'impact environnementales193

sur les éventuels projets de développement, la formation et l'éducation des populations locales proches de des ressources biologiques et témoins privilégiés et souvent responsables ignorants de leur érosion. Elles doivent aussi déterminer l'étendue des pouvoirs à conférer à ces inspecteurs. Ces pouvoirs devraient être clairement définis dans la loi.194

La deuxième option est basée sur la reconnaissance des droits coutumiers locaux. Leur application exige en conséquence une évaluation de l'existence de ces droits autour du lac et une évaluation de la capacité des autorités traditionnelles de renforcer ces droits.195

En définitive, le renforcement des capacités de contrôle et d'encadrement du département des pêches et en dotant de moyens matériels et humains suffisants conduiront à un aménagement adéquat pour une gestion durable des pêcheries du lac. Il faudra surtout promulguer le projet de loi qui pourra fournir une base juridique efficace et actualisée pour une bonne gestion .La mise en place de police environnementale pourra aider à entrecarrer les menaces venant des pécheurs.

Un autre problème qui est assez spécifique au Burundi est celui de la dégradation de la frange semi inondable en bordure du lac (zone supra littorale).

Pour protéger cette zone, il faut une gestion participative et une valorisation non destructrice des ressources naturelles. Il faut également un contrôle strict de l'exploitation du sable et des roseaux et une interdiction de la pratique du brulis. L'établissement d'un plan d'occupation des sols pourra interdire l'extension de l'habitat et des industries.

Le destin de la terre c'est le destin de l'homme. Ce n'est pas l'homme qui a tissé la toile de la vie, il n'est lui-même qu'un simple fil. Tout ce qu'il fait à cette toile, c'est à lui qu'il le fait »196

193 Prévu au titre de l'article 14 de la Convention sur la Diversité Biologique, l'étude d'impact environnemental est un mécanisme d'évaluation environnementale qui est relatif au principe de précaution.

194 Information recueillie auprès d'un cadre du département des pêches, art.40

195 Codes et lois du Burundi, p.617

196 Propos attribués à un chef indien d'Amérique du nord, chef des Dwamish en 1834. Chouzenoux (P.) « Protection de l'Environnement : de la contrainte au contrat », 90ème congrès des notaires de France Tome 1 et Tome 2, Nantes du 8 au 11 mai 1994, p.187.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe