2. ENJEUX
La redevabilité commence au niveau des engagements que
prennent les acteurs humanitaires, en informant les communautés
concernées, y compris les autorités compétentes, de leur
identité, de leurs engagements, et de la manière dont elles ont
l'intention de les remplir. De cette manière, les populations
concernées sont à même de leur demander des comptes. Les
organisations veillent également à ce que les engagements sur les
questions de redevabilité soient intégrés dans les plans
d'action et stratégies collectifs et individuels.
La qualité des programmes dépend dans une large
mesure des travailleurs humanitaires qui les mettent en oeuvre. Dans une
situation d'urgence, les organisations doivent souvent recruter de nouvelles
personnes, tant à l'international que dans le pays d'intervention, avec
des équipes d'urgence qui entraînent souvent un turnover
élevé. Cette situation comporte des risques en termes de
capitalisation des expériences, de pertinence des programmes, et de
redevabilité individuelle. Pour garantir le respect des normes en termes
de protection contre l'exploitation et les abus sexuels, il est dès lors
important que les recrutements respectent les procédures de
vérification et de référencement et qu'ils veillent
à ce que les personnes recrutées disposent non seulement des
compétences techniques nécessaires, mais aussi des bons
comportements. A cet effet, une orientation initiale sur le code de conduite,
ainsi que les engagements de l'organisation en termes de redevabilité
est capitale.
Les personnes affectées par une situation de crise
peuvent avoir perdu leurs proches, leurs moyens d'existence ou leurs maisons.
Ils sont souvent plongés dans une situation chaotique et ont un besoin
urgent de sécurité et d'assistance, de même que des
informations claires sur les opérations d'aide en cours. Il est
dès lors essentiel que les organisations humanitaires partagent au plus
vite des informations précises, sous une forme appropriée, aux
communautés touchées par la crise. De cette manière,
celles-ci savent à quelle aide elles ont droit, et comment y avoir
accès.
Bien que les populations affectées par une crise
doivent faire face à de grandes épreuves, elles ne sont pas des
bénéficiaires passifs et sans ressources. C'est pourquoi elles
doivent être activement impliquées dans les décisions qui
les concernent. Une approche participative dans la conception et mise en oeuvre
des programmes soutient l'implication des communautés locales dans la
programmation de l'aide, ce qui leur permet de garder leur dignité, et
rend l'aide plus efficace et appropriée.
Les organisations d'aide visent à améliorer les
conditions de vie de personnes et populations parmi celles les plus
vulnérables. Toutefois, malgré la meilleure volonté, il se
peut que des problèmes surviennent. Lorsque c'est le cas, les personnes
concernées doivent avoir à disposition un moyen de faire entendre
leur voix. A cet effet, les organisations humanitaires sont appelées
à mettre en place des mécanismes de gestion des plaintes
appropriés au contexte. Ces outils aident à prévenir la
corruption, les abus de pouvoir et les abus sexuel. Certains sont plutôt
informels, et permettent, dans le cadre d'un dialogue continu d'identifier et
de régler les problèmes les plus simples. D'autres offrent une
manière plus formelle de soulever des problèmes individuels ou
plus graves. En cas de problème avéré, ils doivent
permettre d'offrir un moyen de porter plainte et d'obtenir réparation.
En prenant connaissance des problèmes, les organisations
concernées sont également à même d'apprendre et
d'améliorer leurs procédures et leur pratique, ce qui constitue
un autre des piliers de la redevabilité.
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