II. HISTORIQUE DE LA REDEVABILITE ET LES RAISONS DE SON
EMERGENCE, SES OUTILS
L'intéressement et l'attachement d'importance à
la question de la redevabilité par les acteurs humanitaires a
commencé depuis au XIXe siècle.
La redevabilité dans
le secteur humanitaire est très vite apparue comme un
enjeu clé lorsque les budgets de l'aide humanitaire
augmentèrent significativement durant la seconde moitié
des années 1980. Toutefois, il a fallu le génocide rwandais
de 1994 pour qu'un consensus international émerge sur la
nécessité d'une plus grande redevabilité non plus
uniquement envers les bailleurs de fonds mais
également vis-à-vis des populations affectées.
L'incapacité des acteurs internationaux à
prévenir et répondre au génocide a alors montré de
façon dramatique les dommages que les humanitaires pouvaient causer
lorsqu'ils ne réussissaient pas à tenir leurs promesses
d'assistance et de protection. C'est ainsi que la communauté humanitaire
internationale a lancé plusieurs initiatives inter agences visant
à optimiser la redevabilité, la qualité et les
performances du travail humanitaire au cours de la dernière
décennie du 20ème siècle. Ces projets sont
parfois désignés sous l'appellation initiatives Q&A (pour
Quality and Accountability).
L'Evaluation conjointe de l'aide d'urgence
au Rwanda (ECAUR) a recommandé que les organisations
renforcent l'efficacité de leurs mécanismes de
redevabilité vis-à-vis des bénéficiaires de l'aide.
De l'avis de l'équipe d'évaluation, il s'agissait
d'établir des mécanismes de consultation des populations
affectées par des crises humanitaires. Pour atteindre cet objectif, les
populations affectées avaient besoin d'une organisation ou d'un
réseau d'organisations, respecté(e) et indépendant(e), qui
agirait en leur nom, et d'une personne ou d'un organisme, qui serait à
l'écoute de leurs préoccupations en matière
de sécurité et d'assistance. C'est la raison pour
laquelle a été lancé en 1997 le Projet
Mediateur Humanitaire (Humanitarian Ombudsman Project).
Le projet, organisé par la Croix-Rouge
britannique, avait pour objectif de
démontrer l'applicabilité des systèmes de
médiation dans les situations humanitaires. Deux ans plus tard, il
fut admis qu'un médiateur humanitaire international
n'était pas une approche réaliste pour répondre
à la problématique de la redevabilité dans le secteur
humanitaire. Il fut donc conclu que les systèmes de médiation
n'étaient efficaces que dans des sociétés disposant de
services publics bien établis et de systèmes judiciaires
équitables, efficaces et accessibles.
a)Origine de la redevabilité, la naissance du
Partenariat International pour la redevabilité Humanitaire (HAP)
Sachant qu'on ne peut pas parler de la redevabilité
sans la norme HAP, nous allons voir comment est né le HAP et pourquoi
parle t- on de ses normes.
Après la clôture du Projet
Médiateur Humanitaire, les organisations restèrent
conscientes du déficit de redevabilité dans les situations
humanitaires. Le Projet pour la redevabilité humanitaire fut
créé pour identifier, recommander et tester des
approches alternatives en matière de redevabilité. De 2001
à 2003, quelques soixante-dix travailleurs humanitaires et consultants
ont ainsi conduit des opérations de terrain en Sierra Leone, Afghanistan
et Cambodge, entrepris cinq projets de recherche et collaboré à
diverses activités de plaidoyer sur la redevabilité. Ce fut
à partir de ce projet que le Partenariat international pour la
Redevabilité Humanitaire en anglais :
HumanitarianAccountibilityPartenaireship (HAP) fut fondé en
tant qu'organisation.
Immédiatement après son lancement en 2003, HAP a
commencé à développer ses Principes de
Redevabilité. Ceux-ci ont résumé pour la première
fois les éléments fondamentaux des bonnes pratiques liées
à la redevabilité en situations humanitaires. HAP a
néanmoins constaté que les organisations n'étaient pas en
mesure de démontrer la qualité et la redevabilité de leurs
actions, en se basant uniquement sur les principes. Ainsi, en 2005, les membres
de HAP ont demandé au Secrétariat de développer un
ensemble de critères et d'indicateurs sur la redevabilité et
la gestion de la qualité de l'action humanitaire. HAP a
alors consulté des communautés affectées par des
crises et le personnel de plus de 120 organisations sur une période de
deux ans. Le résultat de ce processus fut la Norme HAP 2007 sur la
redevabilité et la gestion de la Qualité qui a
été révisée en 2010.
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