ABSTRACT
This study focuses on "agricultural policy and food
security measures in Benin: case of agricultural inputs and subsidies." The
general objective is to analyze the effects of the subsidy for agricultural
inputs on food availability in Benin. Specifically, it is firstly to analyze
the effects of agricultural input subsidies on food production and on the
other, to assess the effects of agricultural input subsidies on food
availability Benin. The analysis covers the period from 1990 to 2013 and used
secondary data. It was developed as a first step, a model 1 error correction
determinants of domestic food production, estimated by the approach of
cointegration to Hendry and in a second time it was developed, a model 2
correction food availability error, estimated by ARDL approach. Results from
Model 1 show that farm input subsidies and agricultural value added has a
positive effect on food production in Benin. As for the results of Model 2,
they reveal that the agricultural input subsidies, net food imports, the
agricultural labor force and agricultural investment have a positive impact on
food availability while domestic food production, food aid and the index of
food prices have a negative impact on food availability per person per
day.
Keywords: agricultural policy
measures, food security, cointegration to Hendry, ARDL.
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION GENERALE
INTRODUCTION
L'agriculture fut et reste une source de richesses
incontestable pour les pays de l'Afrique alors même que la concurrence
mondiale ne cesse de s'exercer en leur défaveur. Nombres d'observateurs
considèrent en effet que ces pays ont souvent été
lésés par les subventions agricoles à la production et
à l'exportation engagées par les pays du Nord (Goreux, 2003 ;
Tockarik, 2003 ; ODI, 2004). En tant que politique commerciale agricole, les
subventions ont été utilisées pour stabiliser dans
certains cas les revenus des agriculteurs et dans d'autres relancer la
production. C'est le cas par exemple de la communauté
Européenne (CE) en 1970, qui dans le cadre de la politique Agricole
Commune (PAC) garantissait des prix élevés aux agriculteurs
européens en rachetant les produits agricoles chaque fois que les prix
tombaient en dessous d'un certain seuil d'intervention. Cette politique a eu
pour conséquence la stabilisation des revenus des agriculteurs et la
stimulation de la production, en l'occurrence celle du blé où des
stocks furent constitués afin de maintenir stable les prix.
Prenant conscience du rôle important des subventions
dans le développement de l'agriculture, le gouvernement béninois
a introduit ces mesures dans sa politique agricole. Ces mesures vont prendre
d'ampleur dans les années 2000 puisque l'Etat a injecté entre les
campagnes agricoles 2000-2001 et 2008-2009 globalement 67,126 Milliards de FCFA
dans la filière coton pour garantir le prix au producteur du
coton-graine suite à l'effondrement des cours sur le marché
international, pour maintenir le prix des engrais à un niveau incitatif
et pour apurer les dettes qui paralysaient la filière. Ces subventions
ont été efficaces dans la mesure où elles ont permis de
rétablir l'équilibre financier de la CSPR et de redonner
confiance aux producteurs et égreneurs et à accroitre la
production en moyenne de 26% (Gossou et al. 2010).
Plus spécifiquement, ces mesures ont été
prises en 2008-2009 pour le compte des produits vivriers à travers le
Programme d'Urgence d'Appui à la Sécurité Alimentaire
(PUASA) mis en place par le gouvernement en décembre 2007 pour juguler
la crise alimentaire. Ce qui a permis d'aider les producteurs en termes de
distribution gratuite de semences, de subventions pour l'aménagement
sommaire des bas-fonds, de l'encadrement rapproché...
Malgré ces efforts, le phénomène
d'insécurité alimentaire reste un problème au
Bénin. Classé 165è sur 187 pays selon l'indice de
développement humain (IDH), le Bénin fait partir des pays les
plus pauvres du monde (RNDH, 2013-2014). Les statistiques font état de
ce que 23% des ménages ont une consommation alimentaire
inadéquate ne leur permettant pas de vivre une vie saine et
active : 5% ont une consommation alimentaire pauvre et 18% une
consommation alimentaire limite (AGVSA, 2014). En 2012, le Bénin occupe
la 38è place sur 79 pays suivant le classement de l'IFPRI avec un indice
de la faim (GHI) de 14,2 contre 16,8 en 2001 (IFPRI, 2012).
C'est dans le but d'apporter une
contribution à l'analyse de l'efficacité des mesures de politique
agricoles dans la promotion de la sécurité alimentaire au
Bénin que cette étude est envisagée. Elle vise surtout
à montrer l'incidence des subventions d'intrants agricoles sur la
disponibilité alimentaire. Pour ce faire, le travail est divisé
en deux chapitres.
Le premier chapitre porte
essentiellement sur la problématique et la méthodologie de
l'étude.
Le deuxième chapitre est
consacré à la présentation et à l'analyse des
résultats de l'étude puis aux recommandations de politiques
économiques qui en découlent.
1.1 CONTEXTE, JUSTIFICATION ET PROBLEMATIQUE
L'activité économique du Bénin est
essentiellement basée sur l'agriculture qui constitue la principale
source de création de richesse et d'entrée de devises importantes
(RNDH, 2013-2014). Lesecteur agricole occupe 70% de la population active et
contribue en moyenne à 34,3% du PIB. Il procure environ 88% des recettes
d'exportation du pays et participe à hauteur de 15% aux recettes de
l'Etat. Le taux de croissance du secteur a varié de 4,2 à 1,4%
entre 2007 et 2010 puis atteint 5,2 et 6,4% respectivement en 2011 et 2012
avant de s'infléchir légèrement à 6,3 en 2013
(MAEP, 2013).
Malheureusement cette hausse de la production n'est pas le
résultat de l'amélioration de la productivité mais est due
plutôt à l'augmentation des superficies cultivées.En effet
la contribution qu'une amélioration de la productivité a
apporté à l'accroissement de la production agricole a
été limitée, voire nulle. La principale source de
croissance demeure l'expansion horizontale, c'est-à-dire la mise en
culture de nouvelles terres. Etant donné les pressions de plus en plus
intenses qui s'exercent sur les ressources agricoles, une
accélération de l'augmentation de la production agricole,
particulièrement là où les possibilités d'expansion
des terres sont limitées, exigera une amélioration continue de la
productivité agricole, qui est actuellement relativement faible. Une
telle amélioration est possible à condition de s'attaquer
efficacement à des contraintes comme le manque d'incitations favorables,
des investissements publics limités en milieu rural et l'insuffisance de
l'appui institutionnel(RNDH, 2013-2014).
Le consensus sur l'intensification de l'utilisation des
intrants agricoles n'est pas récent. Dès les années 1950,
selon Fontaine (1991), il a donné lieu à des politiques de
soutien à l'utilisation des intrants via la subvention, suivant les
raisonsque Lele et al (1989) ont avancé : les justifications de la
subvention étaient a) permettre l'apprentissage dans l'utilisation d'un
intrant nouveau b) réduire le risque lié à l'utilisation
et aider à limiter les contraintes de liquidité c) aider les
paysans pauvres d) aider au maintien de la fertilité des sols e)
compenser les effets d'une politique de taxation des prix agricoles. Par
ailleurs, il était admis que la distribution des intrants par les
organismes publics était la solution la plus simple (Fontaine, 1991).
Au Bénin, les subventions d'intrants agricoles
étaient beaucoup plus orientées vers la culture du coton. Les
autres cultures particulièrement les spéculations
vivrières ont bénéficié de moins d'intrants
spécifiques en 2012 comparativement à l'année 2009 avec la
mise en oeuvre du Programme d'Urgence d'Appui à la
Sécurité Alimentaire (PUASA). Dans ce cadre, Soulé et al
(2011) ont montré qu'avec la mise en oeuvre au Bénin du PUASA qui
a permis la distribution de semences améliorées et des engrais
spécifiques aux producteurs agricoles en 2008-2009, la production de
produits vivriers particulièrement du riz a augmenté de 113% par
rapport à son niveau de 2007 et de 187% par rapport à son niveau
de 2003. Selon le RNDH (2013-2014), les taux d'accroissement du tonnage
d'engrais mis à la disposition des producteurs sont de 11% pour le
coton, -4,61% pour les cultures vivrières et -94,78% pour les intrants
halieutiques. Ces résultats reflètent les attentes du programme
d'ajustement structurel intervenu dans les années 1990 avec un fort
intérêt pour la production du coton.
Les dépenses publiques affectées au secteur
agricole pendant la période 2006-2011 ont atteint en moyenne 8,91% des
dépenses publiques (MDAEP/DGIFD/DIP, 2013). On peut noter que ce niveau
est encore faible par rapport à la cible de l'Union Africaine retenue en
2003 lors des accords de Maputo en Mozambique renouvelé en 2014 à
Malabo en Guinée Equatoriale, qui est d'allouer au moins 10% des budgets
à l'agriculture pour une croissance agricole d'au moins 6%.
Face à cette réalité, et dans le contexte
national, le Gouvernement béninois a mis en oeuvre une série de
réformes visant à créer les bases d'une croissance
accélérée à travers le développement d'une
agriculture efficiente dans le but d'améliorer les conditions de vie des
populations.
Lesecteur agricole est doté spécialement d'un
Plan Stratégique de Relance qui met en relief trois défis majeurs
portant sur (i) la couverture des besoins alimentaires, (ii) l'accroissement
des revenus, et (iii) l'amélioration de l'attractivité de
l'activité agricole et du milieu rural. Ces trois défis
confèrent au secteur agricole le double rôle
d'accélération de la croissance économique et de la
contribution à la réduction de la pauvreté, d'où la
vision de "Faire du Bénin, une puissance agricoledynamique à
l'horizon 2015, compétitive, attractive, respectueuse del'environnement,
créatrice de richesse répondant aux besoins
dedéveloppement économique et social de la population"
(SCRP3, 2011-2015).
Au Bénin, l'insécurité alimentaire, mesurée
par le score de consommation alimentaire (SCA) du PAM, s'est aggravée
entre 2008 et 2010. Elle touche en particulier les ménages
dirigés par les femmes et les populations rurales. L'Analyse Globale de
la Vulnérabilité, de la Sécurité Alimentaire et de
la Nutrition (AGVSAN) conduite en novembre et en décembre 2008 a permis
d'estimer à 972.000 le nombre de personnes en situation
d'insécurité alimentaire, soit 12% des ménages. En outre,
1.048.000 personnes (13,2% des ménages) sont en risque
d'insécurité alimentaire.
En 2010, la situation s'est considérablement
détériorée. La proportion de ménages en
insécurité alimentaire a presque triplé pour se situer
à 33,6% et ceux à risque s'est accru à 21,6%. Ainsi, plus
du tiers des ménages béninois sont touchés par
l'insécurité alimentaire et un peu plus d'un ménage sur
cinq est en risque d'insécurité alimentaire (EMICoV, 2010). Selon
le Rapporteur Spécial du droit à l'alimentation (de Schutter,
2009) suite à une visite effectuée du 12 au 20 Mars 2009 à
l'invitation du Gouvernement béninois, la couverture des besoins
journaliers en énergie ne dépasse guère 1300 kilocalories
au lieu des 2400, minimum nécessaire à un adulte moyen de 65 kg
pour une vie active normale et 33 des 77 Communes que compte le Bénin
sont en insécurité alimentaire et nutritionnelle chronique.
En 2013, l'Analyse Globale de la Vulnérabilité
et de la Sécurité Alimentaire (AGVSA) a montré que par
rapport à 2008 les ménages avec une consommation alimentaire
inadéquate ont presque doublé. Au niveau national, 23% des
ménages ont une consommation alimentaire inadéquate ne leur
permettant pas de vivre une vie saine et active : 5% ont une consommation
alimentaire pauvre et 18% une consommation alimentaire limite (AGVSA, 2014).
Face à la vulnérabilité de l'agriculture
due aux aléas climatiques et la persistance de la récente crise
alimentaire mondiale au Bénin, le gouvernement a pris des mesures de
politique agricole qui sont entre autre selon le Rapport National sur le
Développement Humain (RNDH, 2010-2011) :
ü La mise en oeuvre du Programme d'Urgence d'Appui
à la Sécurité Alimentaire (PUASA) dont les objectifs sont
: (i) la croissance des volumes de production vivrière, surtout le riz,
le maïs et les principales racines et tubercules (ii)
l'amélioration des techniques de conservation et de transformation (iii)
la constitution d'un stock de sécurité pour 12 mois de 80,000 t
de riz blanchi et 150,000 t de maïs
Les activités du PUASA se présentent comme suit:
(i) distribution de semences améliorées et des engrais
spécifiques aux producteurs agricoles déjà actifs sur des
superficies de plus de 5 ha pour les champs individuels et plus de 10 ha pour
les groupements (ii) Système des crédits avec caution solidaire
(iii) mise en place des motopompes. Aussi, Le PUASA a permis de doter les
agriculteurs des intrants spécifiquement destinés aux cultures
vivrières (riz et maïs), de mettre en place des crédits
subventionnés et d'effectuer des aménagements de bas-fonds. La
production vivrière s'est alors accrue de 39,5%. Cependant, la baisse
des appuis du PUASA aux producteurs agricoles au regard des contraintes
budgétaires n'a pas permis à l'élan ainsi insufflé
de se poursuivre.
ü La mise en ouvre du Programme de Diversification
Agricole par la Valorisation des Vallées (PDAVV) qui vise à
apporter un appui à 500 entrepreneurs agricoles dans les vallées
du Niger et de l'Ouémé à travers deux différentes
composantes : l'aménagement hydro agricole des vallées et
l'apport des mesures d'accompagnement.
De tout ce qui précède, il ressort clairement
que la sécurité alimentaire reste un grand problème au
Bénin, malgré les énormes efforts d'intensification de
l'agriculture en passant par la promotion des filières.Il urge donc de
mener des réflexions sur l'efficacité des multiples mesures de
politique agricole mises en oeuvre au Bénin. C'est pourquoi le
thème de cette étude se focalise sur : Mesures de
politique agricole et sécurité alimentaire au Bénin :
cas des subventions d'intrants agricoles. Ainsi, on se pose la
question de savoir : Quels sont les effets des politiques agricoles sur la
sécurité alimentaire au Bénin ? Cette question
principale fait naître d'autres questions spécifiques à
savoir :
ü Les subventions d'intrants agricoles ont-elles permis
une amélioration de la production alimentaire au Bénin ?
ü Les subventions d'intrants agricoles ont-elles permis
d'améliorer le niveau de sécurité alimentaire au
Bénin ?
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