2.2.2.3- Analyse des effets
des subventions d'intrants agricoles sur la production alimentaire par habitant
au Bénin de 1990 à 2013
De l'examen des résultats du modèle de
production alimentaire, nous pouvons dégager les conclusions ci-
après :
v La valeur ajoutée
agricole par travailleur a une influence positive et significative au seuil de
1% sur la production alimentaire nationale par habitant. Une augmentation de 1%
de la valeur ajoutée par travailleur entraine une hausse de la
production alimentaire par habitant de 4,63%. Ce résultat conforme aux
attentes théoriques suggère que les décisions de
production des agriculteurs béninois sont fortement liées aux
bénéfices qu'ils en tirent de leur activité agricole.Cela
signifie que les produits alimentaires servent pour la plupart de
spéculation. Ceci peut se traduire par une hausse courante des prix des
produits alimentaires et rendre ces produits inaccessibles aux populations.
v Les subventions d'intrants
agricoles ont une influence positive et significative au seuil de 10% sur la
production alimentaire. Ce résultat conforte les théories sur
l'intensification de l'utilisation des intrants agricoles à travers les
subventions. Cependant, pour le compte du Bénin cette influence est
négligeable. En effet, une hausse de 1% des subventions d'intrants
agricoles ne se traduit que par une augmentation de 0,08% de la production
alimentaire.
2.2.2.4- Analyse des effets des
subventions d'intrants agricoles sur la disponibilité alimentaire par
habitant au Bénin de 1990 à 2013
De l'examen des résultats du modèle de
disponibilité alimentaire par personne, nous pouvons dégager les
conclusions ci- après :
v La production alimentaire nationale par habitant (PALH) a
une incidence négative et significative au seul de 1% sur la
disponibilité alimentaire par habitant au Bénin. Le fait que la
production alimentaire nationale soit négativement liée à
la disponibilité alimentaire ne comble pas nos attentes
théoriques mais conforte les prédictions de Sen (1981), selon
lesquelles, des situations d'insécurité alimentaire peuvent
coexister avec une abondante production. Ce résultat peut être
expliqué par le fait que la disponibilité alimentaire prend en
compte outre le fait que l'alimentation est disponible physiquement,
l'accessibilité équilibrée aux populations et la
qualité nutritive de la nourriture disponible. Ceci est dû au
phénomène de pauvreté qui prend de l'ampleur et ne permet
pas à tous les citoyens béninois d'avoir accès à la
nourriture faute de moyens financiers. Ceci interpelle les acteurs à
divers niveaux de prendre des mesure dans ce sens pour rendre beaucoup plus
accessible l'alimentation à la population.
En effet, Amartya Sen (1981) à travers ses travaux sur
les famines, aborde la sécurité alimentaire dans une approche
plus globale basée sur la notion de droit d'accès à
l'alimentation. L'idée étant que même dans le cas où
l'offre alimentaire est suffisante, certains ménages peuvent avoir un
accès limité à la nourriture du fait de conditions
d'échange défavorables ou d'une insuffisance de moyens.
v Les importations alimentaires nettes (IMPORTnet) influence
positivement et significativement au seuil de 1% la disponibilité
alimentaire par habitant. Cela peut s'expliquer par le fait que les aliments
importés sont beaucoup plus accessibles à la population et rentre
beaucoup plus dans leurs habitudes alimentaires. Ceci pose un problème
de souveraineté alimentaire d'autant plus que les importations
alimentaires sont devenues une composante essentielle de la
sécurité alimentaire au Bénin. Par ailleurs, la
sécurité alimentaire contrairement à l'autosuffisance
alimentaire ne fait pas référence à une stratégie
de développement autocentré mais s'inscrit dans une logique de
développement fondée sur la spécification internationale
et les avantages comparatifs (Azoulay et Dillon, 1993)
v Les aides alimentaires (AAL) ont une incidence
négative et significative au seuil de 10% sur la disponibilité
alimentaire par personne. Ce résultat contraire à la
théorie économique peut être expliqué par le fait
que les aides alimentaires ont un caractère marginal dans l'offre
alimentaire disponible au Benin. Cela est dû au fait que ces aides
alimentaires sont beaucoup plus orientées vers les centres d'orphelinat,
de refugiés ou parfois sont nécessaires qu'en cas de catastrophes
naturelles (inondations surtout).
v La population active agricole (POPA) a une incidence
positive et significative au seul de 1% sur la disponibilité alimentaire
par habitant. Ce résultat conforme aux attentes théoriques
explique bien le fait que la majeur partie des béninois vivent dans les
campagnes et s'adonnent beaucoup plus aux activités du monde rural.
v L'investissement agricole (INVEST) a une influence positive
et significative au seuil de 1% sur la disponibilité alimentaire par
habitant. Ce résultat peut s'expliquer par le fait que le gouvernement
accorde beaucoup plus d'intérêt à l'agriculture et du fait
que des investisseurs privésse dirigent beaucoup plus vers le secteur
agricole compte tenu des atouts dont dispose le Bénin en matière
de potentiels agricoles.
v Les subventions d'intrants agricoles (SUBV), variable
pertinente de cette étude a une incidence positive et significative au
seul de 1% sur la disponibilité alimentaire. Une augmentation de
1.000.000 FCFA du montant des subventions d'intrants agricoles engendre une
hausse de la disponibilité alimentaire de 893,5 kilocalories par
personne et par jour. Ce résultat très pertinent
révèle le fait que les interventions publiques sont
nécessaires dans le secteur agricole. Ceci rentre dans le cadre de
l'amélioration de la productivité agricole ce qui peut conduire
à la réduction des prix des produits agricoles et les rend
beaucoup plus accessibles. Ces résultats confirment la théorie de
Fontaine (1991), sur l'intensification de l'utilisation des intrants agricoles
à travers des politiques de soutien public via la subvention.
v L'indice des prix des produits vivriers a une influence
négative sur la disponibilité alimentaire par habitant. Ce
résultat conforme aux attentes théoriques révèle
que lorsque les prix des produits vivriers augmentent, cela les rend
inaccessibles et peut aggraver l'insécurité alimentaire. Cela
interpelle les autorités et tous les acteurs du monde rural à
veiller au bon fonctionnement du marché des produits agricoles. Plus
clairement, l'instabilité des prix contribue à accroitre le
nombre de personnes ayant une consommation alimentaire insuffisante au sens de
la FAO. Ce résultat peut s'expliquer par le fait que, face à des
situations d'instabilité des prix alimentaires sur les marchés,
les consommateurs, généralement «Price Taker», adoptent
des comportements visant à ajuster leur niveau de consommation.
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