Les fondements de l'émergence économique de la République Démocratique du Congo : défis et perspectives.( Télécharger le fichier original )par Merseign LUZONZO Université Catholique du Congo - Licence 2016 |
3.3 Quid de l'émergence en 2030 : analyse comparative RDC, BRIC et BENIVMDans cette partie, nous allons tenter d'analyser l'objectif de l'émergence en 2030 que le gouvernement de la République s'est donné dès 2012, dans le cadre du programme de la Révolution de la modernité. Pour ce faire, nous allons partir des observations faites sur les pays émergents et les prochains émergents (BENIVM notamment), afin de voir dans quelle mesure les performances économiques de la RDC sur les prochaines 15 années pourraient lui permettre de prétendre à l'émergence au même titre que les BENIVM ou d'être émergent comme les BRICS. Il s'agit de voir si avec les prévisions de croissance en ce qui concerne notamment les éléments du diptyque exportations-investissements et le produit intérieur brut, la RDC pourrait atteindre le niveau de ces 11 pays. Pour l'atteinte de l'émergence à l'horizon 2030, la RDC s'est dotée d'un nouveau plan national stratégique de développement 2017-2021, qui succède au PAG 2012-2016. En effet, les précédents plans (DSRP I, DSCRP I, DSCRP II, PAG) ont atteint leurs objectifs principaux (stabilité macroéconomique et reconstruction, réduction de la pauvreté, croissance économique, renforcement des institutions, création d'emplois, etc.). « La période 2012-2016 correspond à la phase de préparation de l'émergence, avec la consolidation de la paix et de la démocratie, la stabilisation macroéconomique. La période 2017-2021 devrait correspondre, d'après le plan national stratégique de développement, à la phase de décollage vers l'émergence. Des transformations structurelles et économiques sont prévues, ainsi qu'une amorce de la transition pour l'inclusion sociale. La période 2022-2031 devrait correspondre à un développement socioéconomique soutenu, l'inclusion sociale et la réduction des inégalités. Dans l'immédiat, le plan national stratégique de développement se décline en huit objectifs, à savoir : - La stabilisation, la reconstruction des zones affectées par les conflits ; - Le renforcement de la démocratie et de la gouvernance politique, judiciaire et administrative ; - L'accélération de la diversification économique ; - Le développement des infrastructures économiques ; - Le développement du secteur privé et du secteur financier ; - Le développement et la valorisation des ressources humaines ; - Le développement social et l'inclusion des groupes vulnérables ; - Le développement durable et la mobilisation des ressources pour le financement privé et public de la stratégie 76(*)». Le rendez-vous ayant été pris pour 2030, nous avons tenté d'analyser dans quelles mesures l'émergence pourrait être atteinte d'ici cette date fatidique. Il ressort de notre analyse que sur le plan économique, la RDC ne pourra pas atteindre le niveau des pays aujourd'hui émergents. En effet, même avec un taux de croissance moyen de 11% (moyenne de la période 2005-2015) par an sur la période 2016-2030, la RDC ne réaliserait que 201 milliards USD de PIB en 2030, soit 1.861 USD par habitant pour une population qui aura cru elle aussi de 2,6% en moyenne par an, si le taux d'accroissement démographique reste le même que celui de la période 2005-2015. Ce qui donne un revenu intermédiaire (certes inférieur à celui de 2000 USD par habitant visé par le plan national stratégique de développement), et un revenu de 5 USD par habitant par jour, nettement en dessous de la moyenne des BRICS, dont les PIB par habitant varient entre 15 et 25 USD par jour. En appliquant la même formule pour les exportations, on constate qu'avec un taux de croissance annuel moyen de 18%, en 2030 la RDC exporterait pour environ 216,4 milliards USD, pas loin du niveau actuel du Brésil (231 milliards). Et si on considère la valeur des exportations mondiales en 2014, les exportations congolaises pèseraient pour 1,13% dans ce total. Pour ce qui est des IDE entrants, ils ont cru en RDC de 22% entre 2005 et 2015. Avec le même taux de croissance pour la période 2016-2030, le niveau des IDE en 2030 serait d'environ 50 milliards USD, ce qui représente environ 4% du total mondial des flux d'IDE entrants en 2015. Tableau 3.6 : Estimations de certains indicateurs en 2030 en comparaison avec ceux des BRIC en 2015.
Source : Elaboré sur base des données de la CNUCED, UNCTAD Stats. Tableau 3.7 : Estimations de certains indicateurs en 2030 en comparaison avec ceux des BENIVM en 2015.
Source : Elaboré sur base des données de la CNUCED, UNCTAD Stats. Graphique 3.1 : Evolution du PIB dans les BRICS, BENIVM et en RDC, en milliards USD (2005-2015) Source : Elaboré sur base des données de la Banque mondiale. Graphique 3.2 : Evolution des exportations des BRICS, BENIVM et RDC en milliards USD (2005-2015) Source : Elaboré sur base des données de la Banque Mondiale. Le graphique 3.2 montre l'évolution des exportations des BRICS, des BENIVM et de la RDC entre 2005 et 2015, ainsi que les prévisions pour 2016 et 2017. L'on constate que les exportations de la RDC sont encore trop faibles en comparaison avec celles des pays émergents et des futurs pays émergents. D'où la nécessité de redoubler d'efforts pour améliorer la valeur des exportations. Le graphique 3.3 représente l'évolution des flux d'IDE des ces mêmes pays entre 2005 et 2014, et le constat est que les flux d'IDE entrants en RDC sont en évolution depuis 2005, mais encore trop faibles pour avoir un impact significatif sur le processus d'émergence. Le graphique 3.4 représente quant à lui l'évolution de l'IDH dans les BRIC, BENIVM et en RDC, entre 2000 et 2014. On constate que l'IDH de la RDC a sensiblement évolué, mais reste faible, en comparaison avec celui des pays émergents comme la Russie qui affiche un IDH élevé, et des futurs émergents comme le Mexique ou l'Indonésie qui affichent des IDH élevés ou moyens. Graphique 3.3 : Evolution des flux d'IDE entrants dans les BRICS, BENIVM, RDC en milliards USD (2005-2014) Source : Elaboré sur base des données de la CNUCED, UNCTAD Stats. Graphique 3.4 : Evolution de l'IDH des BRICS, BENIVM et RDC entre 2000 et 2014. Source : Elaboré sur base des données du RDH 2014, PNUD. Au regard des prévisions et des comparaisons que nous venons d'établir entre la RDC, les BRICS et les BENIVM, nous pouvons conclure que si la croissance du PIB, des IDE en faveur de la RDC et de ses exportations reste identique à celle de la période 2005-2015, le pays pourrait atteindre le niveau actuel des BENIVM en 2030, c'est-à-dire celui des futurs pays émergents. Autant dire que l'objectif d'un Congo émergent en 2030 ne peut être atteint que si l'économie congolaise connaît un développement sans précédent sur les prochaines années, en privilégiant notamment la diversification des activités économiques. Une situation invraisemblable, au vu de la conjoncture économique mondiale morose, marquée notamment par un ralentissement de la demande mondiale, ce qui n'est pas pour arranger les affaires d'une économie congolaise fortement tributaire de cette demande. En 2030, la RDC sera donc au mieux un pays à revenu intermédiaire, contrairement à ce que prévoit le Plan National Stratégique de Développement, qui table sur l'atteinte du stade de pays à revenu intermédiaire en 2021. * 76 PNUD, Note technique : Priorités de développement 2017-2021, République Démocratique du Congo. |
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